[27] (27a) Ἔοικεν γὰρ ὥσπερ αἴνιγμα συντιθέντι διαπειρωμένῳ “ἆρα γνώσεται
Σωκράτης ὁ σοφὸς δὴ ἐμοῦ χαριεντιζομένου καὶ ἐναντί᾽ ἐμαυτῷ
λέγοντος, ἢ ἐξαπατήσω αὐτὸν καὶ τοὺς ἄλλους τοὺς ἀκούοντας;” οὗτος
γὰρ ἐμοὶ φαίνεται τὰ ἐναντία λέγειν αὐτὸς ἑαυτῷ ἐν τῇ γραφῇ ὥσπερ ἂν
εἰ εἴποι· “ἀδικεῖ Σωκράτης θεοὺς οὐ νομίζων, ἀλλὰ θεοὺς νομίζων”. καίτοι
τοῦτό ἐστι παίζοντος.
συνεπισκέψασθε δή, ὦ ἄνδρες, ᾗ μοι φαίνεται ταῦτα λέγειν· σὺ δὲ ἡμῖν
ἀπόκριναι, ὦ Μέλητε. ὑμεῖς δέ, ὅπερ (27b) κατ᾽ ἀρχὰς ὑμᾶς παρῃτησάμην,
μέμνησθέ μοι μὴ θορυβεῖν ἐὰν ἐν τῷ εἰωθότι τρόπῳ τοὺς λόγους ποιῶμαι.
ἔστιν ὅστις ἀνθρώπων, ὦ Μέλητε, ἀνθρώπεια μὲν νομίζει πράγματ᾽ εἶναι,
ἀνθρώπους δὲ οὐ νομίζει; ἀποκρινέσθω, ὦ ἄνδρες, καὶ μὴ ἄλλα καὶ ἄλλα
θορυβείτω· ἔσθ᾽ ὅστις ἵππους μὲν οὐ νομίζει, ἱππικὰ δὲ πράγματα; ἢ
αὐλητὰς μὲν οὐ νομίζει εἶναι, αὐλητικὰ δὲ πράγματα; οὐκ ἔστιν, ὦ ἄριστε
ἀνδρῶν· εἰ μὴ σὺ βούλει ἀποκρίνεσθαι, ἐγὼ σοὶ λέγω καὶ τοῖς ἄλλοις
τουτοισί. ἀλλὰ τὸ ἐπὶ τούτῳ γε ἀπόκριναι· (27c) ἔσθ᾽ ὅστις δαιμόνια μὲν
νομίζει πράγματ᾽ εἶναι, δαίμονας δὲ οὐ νομίζει;
-- οὐκ ἔστιν.
ὡς ὤνησας ὅτι μόγις ἀπεκρίνω ὑπὸ τουτωνὶ ἀναγκαζόμενος. οὐκοῦν
δαιμόνια μὲν φῄς με καὶ νομίζειν καὶ διδάσκειν, εἴτ᾽ οὖν καινὰ εἴτε
παλαιά, ἀλλ᾽ οὖν δαιμόνιά γε νομίζω κατὰ τὸν σὸν λόγον, καὶ ταῦτα καὶ
διωμόσω ἐν τῇ ἀντιγραφῇ. εἰ δὲ δαιμόνια νομίζω, καὶ δαίμονας δήπου
πολλὴ ἀνάγκη νομίζειν μέ ἐστιν· οὐχ οὕτως ἔχει; ἔχει δή· τίθημι γάρ σε
ὁμολογοῦντα, ἐπειδὴ οὐκ ἀποκρίνῃ. τοὺς δὲ (27d) δαίμονας οὐχὶ ἤτοι
θεούς γε ἡγούμεθα ἢ θεῶν παῖδας; φῂς ἢ οὔ;
-- πάνυ γε.
οὐκοῦν εἴπερ δαίμονας ἡγοῦμαι, ὡς σὺ φῄς, εἰ μὲν θεοί τινές εἰσιν οἱ
δαίμονες, τοῦτ᾽ ἂν εἴη ὃ ἐγώ φημί σε αἰνίττεσθαι καὶ χαριεντίζεσθαι,
θεοὺς οὐχ ἡγούμενον φάναι με θεοὺς αὖ ἡγεῖσθαι πάλιν, ἐπειδήπερ γε
δαίμονας ἡγοῦμαι· εἰ δ᾽ αὖ οἱ δαίμονες θεῶν παῖδές εἰσιν νόθοι τινὲς ἢ ἐκ
νυμφῶν ἢ ἔκ τινων ἄλλων ὧν δὴ καὶ λέγονται, τίς ἂν ἀνθρώπων θεῶν
μὲν παῖδας ἡγοῖτο εἶναι, θεοὺς δὲ μή; ὁμοίως γὰρ (27e) ἂν ἄτοπον εἴη
ὥσπερ ἂν εἴ τις ἵππων μὲν παῖδας ἡγοῖτο ἢ καὶ ὄνων, τοὺς ἡμιόνους,
ἵππους δὲ καὶ ὄνους μὴ ἡγοῖτο εἶναι. ἀλλ᾽, ὦ Μέλητε, οὐκ ἔστιν ὅπως σὺ
ταῦτα οὐχὶ ἀποπειρώμενος ἡμῶν ἐγράψω τὴν γραφὴν ταύτην ἢ ἀπορῶν
ὅτι ἐγκαλοῖς ἐμοὶ ἀληθὲς ἀδίκημα· ὅπως δὲ σύ τινα πείθοις ἂν καὶ
σμικρὸν νοῦν ἔχοντα ἀνθρώπων, ὡς οὐ τοῦ αὐτοῦ ἔστιν καὶ δαιμόνια καὶ
θεῖα ἡγεῖσθαι, καὶ αὖ τοῦ αὐτοῦ
| [27] car il est venu ici justement comme pour me tenter,
en proposant une énigme, et se disant en lui-même :
Voyons si Socrate, cet homme qui passe pour si
sage, reconnaîtra que je me moque, et que je dis
des choses qui se contredisent, ou si je le tromperai,
lui, et tous les auditeurs. En effet, il paraît entièrement
se contredire dans son accusation ; c'est
comme s'il disait : Socrate est coupable, en ce qu'il ne
reconnaît point de dieux, et en ce qu'il reconnaît des
dieux; n'est-ce pas là, vraiment, se moquer? Voici
comment j'en juge; suivez-moi, je vous en prie,
Athéniens, et comme je vous en ai conjurés au
commencement, ne vous irritez pas contre moi, si je vous
parle à ma manière ordinaire.
Réponds-moi, Mélitus; y a-t-il quelqu'un dans le
monde qui croie qu'il y ait des choses humaines, et
qui ne croie pas qu'il y ait des hommes?... Juges,
ordonnez qu'il réponde et qu'il ne fasse pas tant de
bruit. Y a-t-il quelqu'un qui croie qu'il y a des régles
pour dresser les chevaux, et qu'il n'y a pas de
chevaux? qu'il n'y a point de joueur de flûte, et qu'il y
a pourtant des airs de flûte?... Il n'y a personne, excellent
Mélitus; car je répondrai pour toi, si tu ne veux
pas répondre. Mais réponds à ceci : Y a-t-il quelqu'un
qui croie qu'il y a des choses propres aux démons,
et qui croie pourtant qu'il n'y a point de démons?
MÉLITUS. Non, sans cloute.
SOCRATE. Qu'on a eu de peine à t'arracher ce mot! Tu
réponds enfin, mais il faut que les juges t'y forcent.
Tu dis donc que je reconnais et que j'enseigne des
choses propres aux démons? Qu'elles soient vieilles
ou nouvelles, il est toujours vrai, de ton propre aveu,
que je crois à des choses touchant les démons; et
c'est ainsi que tu l'as juré dans ton accusation. Si je
crois à des choses démoniaques, il faut nécessairement
que je croie aux démons, n'est-ce pas? Oui,
sans doute; car je prends ton silence pour un
consentement. Mais ces démons, ne croyons-nous pas
que ce soient des dieux, ou des enfants des dieux?
Est-ce ainsi, oui ou non?
MÉLITUS. Oui.
SOCRATE. Par conséquent, puisque je crois à des démons
de ton propre aveu, et que les démons sont des dieux,
voilà justement la preuve de ce que je disais, que tu
nous proposais des énigmes, pour te divertir à mes
dépens, en disant que je ne crois point aux dieux,
et que je crois pourtant aux dieux, puisque je crois
aux démons. Et si les démons sont enfants des dieux,
enfants bâtards si tu veux, puisqu'on dit qu'il les ont
eus de nymphes ou d'autres mortelles, quel est
l'homme qui peut croire qu'il y ait des enfants des
dieux, et qu'il n'y ait pas de dieux? Cela est aussi
absurde que de croire qu'il y a des mulets nés de
chevaux et d'ânes, et qu'il n'y a ni chevaux, ni ânes.
Ainsi, Mélitus, il ne se peut que tu ne m'aies pas
intenté cette accusation pour m'éprouver, ou, à défaut
de prétexte légitime, pour me citer devant ce
tribunal; car tu ne persuaderas jamais à qui que ce
soit d'un peu de sens, que le même homme qui
croira qu'il y a des choses qui concernent les dieux
et les démons puisse croire pourtant
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