HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Aristophane, Les grenouilles

Vers 900-999

  Vers 900-999

[900] προσδοκᾶν οὖν εἰκός ἐστι
τὸν μὲν ἀστεῖόν τι λέξειν
καὶ κατερρινημένον,
τὸν δἀνασπῶνταὐτοπρέμνοις
τοῖς λόγοισιν
ἐμπεσόντα συσκεδᾶν πολλὰς
ἀλινδήθρας ἐπῶν.
905 (Διόνυσος) ἀλλὡς τάχιστα χρὴ λέγειν· οὕτω δὅπως ἐρεῖτον
ἀστεῖα καὶ μήτεἰκόνας μήθοἷἂν ἄλλος εἴποι.
(Εὐριπίδης)
καὶ μὴν ἐμαυτὸν μέν γε τὴν ποίησιν οἷός εἰμι,
ἐν τοῖσιν ὑστάτοις φράσω, τοῦτον δὲ πρῶτἐλέγξω,
ὡς ἦν ἀλαζὼν καὶ φέναξ οἵοις τε τοὺς θεατὰς
910 ἐξηπάτα μώρους λαβὼν παρὰ Φρυνίχῳ τραφέντας.
πρώτιστα μὲν γὰρ ἕνα τινἂν καθῖσεν ἐγκαλύψας,
Ἀχιλλέα τιν Νιόβην, τὸ πρόσωπον οὐχὶ δεικνύς,
πρόσχημα τῆς τραγῳδίας, γρύζοντας οὐδὲ τουτί.
(Διόνυσος) μὰ τὸν Δίοὐ δῆθ᾽.
(Εὐριπίδης)
δὲ χορός γἤρειδεν ὁρμαθοὺς ἂν
915 μελῶν ἐφεξῆς τέτταρας ξυνεχῶς ἄν οἱ δἐσίγων.
(Διόνυσος)
ἐγὼ δἔχαιρον τῇ σιωπῇ, καί με τοῦτἔτερπεν
οὐχ ἧττον νῦν οἱ λαλοῦντες.
(Εὐριπίδης)
ἠλίθιος γὰρ ἦσθα,
σάφἴσθι.
(Διόνυσος)
κἀμαυτῷ δοκῶ. τί δὲ ταῦτἔδρασ δεῖνα;
(Εὐριπίδης)
ὑπἀλαζονείας, ἵν θεατὴς προσδοκῶν καθοῖτο,
920 ὁπόθ Νιόβη τι φθέγξεται· τὸ δρᾶμα δἂν διῄει.
(Διόνυσος)
παμπόνηρος, οἷἄρἐφενακιζόμην ὑπαὐτοῦ.
τί σκορδινᾷ καὶ δυσφορεῖς;
(Εὐριπίδης)
ὅτι αὐτὸν ἐξελέγχω.
κἄπειτἐπειδὴ ταῦτα ληρήσειε καὶ τὸ δρᾶμα
ἤδη μεσοίη, ῥήματἂν βόεια δώδεκεἶπεν,
925 ὀφρῦς ἔχοντα καὶ λόφους, δείνἄττα μορμορωπά,
ἄγνωτα τοῖς θεωμένοις.
(Αἰσχύλος) οἴμοι τάλας.
(Διόνυσος) σιώπα.
(Εὐριπίδης) σαφὲς δἂν εἶπεν οὐδὲ ἕν --
(Διόνυσος) μὴ πρῖε τοὺς ὀδόντας.
(Εὐριπίδης)
ἀλλ Σκαμάνδρους τάφρους πἀσπίδων ἐπόντας
γρυπαιέτους χαλκηλάτους καὶ ῥήμαθἱππόκρημνα,
930 ξυμβαλεῖν οὐ ῥᾴδιἦν.
(Διόνυσος)
νὴ τοὺς θεοὺς ἐγὼ γοῦν
ἤδη ποτἐν μακρῷ χρόνῳ νυκτὸς διηγρύπνησα
τὸν ξουθὸν ἱππαλεκτρυόνα ζητῶν τίς ἐστιν ὄρνις.
(Αἰσχύλος)
σημεῖον ἐν ταῖς ναυσὶν ὦμαθέστατἐνεγέγραπτο.
(Διόνυσος)
ἐγὼ δὲ τὸν Φιλοξένου γᾤμην Ἔρυξιν εἶναι.
(Εὐριπίδης)
935 εἶτἐν τραγῳδίαις ἐχρῆν κἀλεκτρυόνα ποιῆσαι;
(Αἰσχύλος)
σὺ δ θεοῖσιν ἐχθρὲ ποῖἄττἐστὶν ἅττἐποίεις;
(Εὐριπίδης)
οὐχ ἱππαλεκτρυόνας μὰ Δίοὐδὲ τραγελάφους, ἅπερ σύ,
ἃν τοῖσι παραπετάσμασιν τοῖς Μηδικοῖς γράφουσιν·
ἀλλὡς παρέλαβον τὴν τέχνην παρὰ σοῦ τὸ πρῶτον εὐθὺς
940 οἰδοῦσαν ὑπὸ κομπασμάτων καὶ ῥημάτων ἐπαχθῶν,
ἴσχνανα μὲν πρώτιστον αὐτὴν καὶ τὸ βάρος ἀφεῖλον
ἐπυλλίοις καὶ περιπάτοις καὶ τευτλίοισι λευκοῖς,
χυλὸν διδοὺς στωμυλμάτων ἀπὸ βιβλίων ἀπηθῶν·
εἶτἀνέτρεφον μονῳδίαις --
(Διόνυσος) Κηφισοφῶντα μιγνύς.
(Εὐριπίδης)
945 εἶτοὐκ ἐλήρουν τι τύχοιμοὐδἐμπεσὼν ἔφυρον,
ἀλλοὑξιὼν πρώτιστα μέν μοι τὸ γένος εἶπἂν εὐθὺς
τοῦ δράματος.
(Διόνυσος) κρεῖττον γὰρ ἦν σοι νὴ Δί τὸ σαυτοῦ.
(Εὐριπίδης)
ἔπειτἀπὸ τῶν πρώτων ἐπῶν οὐδὲν παρῆκἂν ἀργόν,
ἀλλἔλεγεν γυνή τέ μοι χὠ δοῦλος οὐδὲν ἧττον,
[900] Il faut donc s'attendre à ce que l'un ne dise rien que d'élégant
et de limé, et que l'autre, s'armant de paroles tout d'une pièce, fonde
sur son adversaire et mette en déroute les nombreux artifices de ses vers.
DIONYSOS. Mais il faut se hâter de prendre la parole.
Seulement n'usez que de termes polis, sans figures, et sans rien
de ce qu'un autre pourrait dire.
EURIPIDE. De moi-même et de mes titres poétiques je ne
parlerai qu'en dernier lieu, mais je veux d'abord le convaincre
d'être un hâbleur, un charlatan, qui trompe les spectateurs
grossiers, formés à l'école de Phrynichos. Et d'abord, par
exemple, il faisait asseoir un personnage voilé, Achille ou Niobé,
dont il ne montrait pas le visage, vrais figurants de tragédie, ne
soufflant pas un mot.
DIONYSOS. De par Zeus ! c'est tout à fait cela.
EURIPIDE. Le choeur, cependant, débitait des tirades de chants,
jusqu'à quatre de suite, et sans discontinuer ; mais eux se
taisaient toujours.
DIONYSOS. Moi, j'aimais ce silence ; il ne me déplaisait pas
moins que le bavardage d'aujourd'hui.
EURIPIDE. C'est que tu étais un imbécile, sache-le bien !
DIONYSOS. Je le crois aussi. Mais pourquoi le drôle agissait-il ainsi ?
EURIPIDE. Par charlatanisme, pour que le spectateur demeurât
dans l'attente du moment où Niobè parlerait ; en attendant, le
drame allait son train.
DIONYSOS. Le vaurien ! Que de fois j'ai été dupé par lui ! mais
pourquoi ces regards furieux, cette impatience ?
EURIPIDE. C'est parce que je le confonds. Puis, après ces
radotages, lorsque le drame était arrivé à la moitié, il lançait une
douzaine de termes beuglants, ayant sourcils et aigrettes,
affreux, épouvantables, inconnus aux spectateurs.
ESCHYLE. Malheur à moi !
DIONYSOS. Silence !
EURIPIDE. Il ne disait rien d'intelligible : pas un mot.
DIONYSOS. Ne grince pas des dents.
EURIPIDE. Ce n'étaient que Scamandre, abîmes, aigles à bec de
griffon sculptés sur l'airain des boucliers, mots guindés à cheval,
pas commodes à saisir.
DIONYSOS. De par les dieux ! il m'est arrivé, à moi, de veiller
une grande partie de la nuit, cherchant son hippalektryon jaune,
quel oiseau c'était !
ESCHYLE. Ignorant, c'était comme un emblème sculpté sur les
vaisseaux.
DIONYSOS. Moi, je croyais que c'était le fils de Philoxène, Éryxis.
EURIPIDE. Était-il donc nécessaire de mettre un coq dans des
tragédies ?
ESCHYLE. Et toi, ennemi des dieux, dis-nous ce que tu as fait.
EURIPIDE. Chez moi, j'en atteste Zeus ! jamais comme chez toi
de hippalektryons, ni de capricerfs, comme on en dessine sur les
tapis médiques. J'avais reçu de tes mains la tragédie, gonflée de
termes ampoulés et de propos pesants ; je l'ai tout d'abord
allégée, et j'ai diminué ce poids, à l'aide de petits vers, de
digressions, de poirées blanches, étendues de suc de sornettes
extrait des livres anciens; ensuite je l'ai nourrie de monodies,
dosées de kèphisophôn; puis je ne radotais pas au hasard, et je
ne brouillais pas tout à l'aventure; mais le premier qui sortait
exposait tout de suite l'origine du drame.
DIONYSOS. Cela valait mieux, de par Zeus! que de rappeler la tienne.
EURIPIDE. Alors, dès les premiers vers, nul ne restait inactif ;
mais tout le monde parlait dans ma pièce, femme, esclave
[950] χὠ δεσπότης χἠ παρθένος χἠ γραῦς ἄν.
(Αἰσχύλος)
εἶτα δῆτα
οὐκ ἀποθανεῖν σε ταῦτἐχρῆν τολμῶντα;
(Εὐριπίδης)
μὰ τὸν Ἀπόλλω·
δημοκρατικὸν γὰρ αὔτἔδρων.
(Διόνυσος)
τοῦτο μὲν ἔασον τᾶν.
οὐ σοὶ γάρ ἐστι περίπατος κάλλιστα περί γε τούτου.
(Εὐριπίδης)
ἔπειτα τουτουσὶ λαλεῖν ἐδίδαξα --
(Αἰσχύλος)
φημὶ κἀγώ.
955 ὡς πρὶν διδάξαι γὤφελες μέσος διαρραγῆναι.
(Εὐριπίδης)
λεπτῶν τε κανόνων ἐσβολὰς ἐπῶν τε γωνιασμούς,
νοεῖν ὁρᾶν ξυνιέναι στρέφειν ἐρᾶν τεχνάζειν,
κάχὑποτοπεῖσθαι, περινοεῖν ἅπαντα--
(Αἰσχύλος) φημὶ κἀγώ.
(Εὐριπίδης)
οἰκεῖα πράγματεἰσάγων, οἷς χρώμεθ᾽, οἷς ξύνεσμεν,
960 ἐξ ὧν γἂν ἐξηλεγχόμην· ξυνειδότες γὰρ οὗτοι
ἤλεγχον ἄν μου τὴν τέχνην· ἀλλοὐκ ἐκομπολάκουν
ἀπὸ τοῦ φρονεῖν ἀποσπάσας, οὐδἐξέπληττον αὐτούς,
Κύκνους ποιῶν καὶ Μέμνονας κωδωνοφαλαροπώλους.
γνώσει δὲ τοὺς τούτου τε κἀμοὺς ἑκατέρου μαθητάς.
965 τουτουμενὶ Φορμίσιος Μεγαίνετός θ Μανῆς,
σαλπιγγολογχυπηνάδαι, σαρκασμοπιτυοκάμπται,
οὑμοὶ δὲ Κλειτοφῶν τε καὶ Θηραμένης κομψός.
(Διόνυσος)
Θηραμένης; σοφός γἀνὴρ καὶ δεινὸς ἐς τὰ πάντα,
ὃς ἢν κακοῖς που περιπέσῃ καὶ πλησίον παραστῇ,
970 πέπτωκεν ἔξω τῶν κακῶν, οὐ Χῖος ἀλλὰ Κεῖος.
(Εὐριπίδης)
τοιαῦτα μέντοὐγὼ φρονεῖν
τούτοισιν εἰσηγησάμην,
λογισμὸν ἐνθεὶς τῇ τέχνῃ
καὶ σκέψιν, ὥστἤδη νοεὶν
975 ἅπαντα καὶ διειδέναι
τά τἄλλα καὶ τὰς οἰκίας
οἰκεῖν ἄμεινον πρὸ τοῦ
κἀνασκοπεῖν, ”πῶς τοῦτἔχει;
ποῦ μοι τοδί; τίς τοῦτἔλαβε;“
(Διόνυσος)
980 νὴ τοὺς θεοὺς νῦν γοῦν Ἀθηναίων
ἅπας τις εἰσιὼν
κέκραγε πρὸς τοὺς οἰκέτας
ζητεῖ τε, ”ποῦστιν χύτρα;
τίς τὴν κεφαλὴν ἀπεδήδοκεν
985 τῆς μαινίδος; τὸ τρύβλιον
τὸ περυσινὸν τέθνηκέ μοι·
ποῦ τὸ σκόροδον τὸ χθιζινόν;
τίς τῆς ἐλάας παρέτραγεν;“
τέως δἀβελτερώτατοι
990 κεχηνότες Μαμμάκυθοι
Μελιτίδαι καθῆντο.
(Χορός)
τάδε μὲν λεύσσεις φαίδιμἈχιλλεῦ·
σὺ δὲ τί φέρε πρὸς ταῦτα λέξεις;
μόνον ὅπως . . .
μή σ θυμὸς ἁρπάσας
995 ἐκτὸς οἴσει τῶν ἐλαῶν·
δεινὰ γὰρ κατηγόρηκεν.
ἀλλὅπως γεννάδα
μὴ πρὸς ὀργὴν ἀντιλέξεις,
ἀλλὰ συστείλας ἄκροισι
[950] ou maître, jeune fille ou vieille.
ESCHYLE. Ne méritais-tu pas la mort pour cette audace ?
EURIPIDE. Non, par Apollon ! Je faisais une oeuvre démocratique.
DIONYSOS. Laissons cela de côté, mon cher ; car la discussion
sur ce point ne serait pas pour toi une très belle affaire.
EURIPIDE. De plus j'ai appris à ces gens-ci à parler.
ESCHYLE. J'en conviens, mais avant de le leur apprendre, que
n'as-tu craqué par le milieu !
EURIPIDE. Et puis la mise en oeuvre des règles subtiles, les
coins et recoins des mots, réfléchir, voir, comprendre, ruser,
aimer, intriguer, soupçonner le mal, songer à tout.
ESCHYLE. J'en conviens.
EURIPIDE. Introduisant sur la scène la vie intime, nos
habitudes quotidiennes, de manière à provoquer la critique : car
chacun s'y connaissant pouvait critiquer mon procédé. Mais je
ne faisais pas un fracas capable de troubler la raison, je ne les
frappais point d'étonnement avec des Cycnos et des Memnons
guindés sur des chevaux dont les harnais résonnent. Tu vas
connaître quels sont ses disciples et les miens. A lui Phormisios,
Mégaenétos de Magnésie, hérissés de trompettes, de lances et de
barbes, dont les sarcasmes plient les pins ; à moi Clitophon et le
gracieux Thèramène.
DIONYSOS. Thèramène, cet homme habile et prêt à tout, qui,
tombant dans quelque méchante affaire, et voyant l'imminence,
se tire de peine, en disant qu'il n'est pas de Chios, mais de Céos ?
EURIPIDE. Voilà comment je suis parvenu à leur former le
jugement, en introduisant dans mon art le raisonnement et la
réflexion ; de sorte que maintenant ils comprennent et pénètrent
tout, gouvernent mieux leur maison qu'autrefois, en se disant : «
Où en est cette affaire ? Qu'est devenu ceci ? Qui a pris cela ? »
DIONYSOS. Oui ! de par les dieux ! Aujourd'hui tout Athénien
rentrant chez lui crie à ses serviteurs et s'informe : « Où est la
marmite ? Qui a mangé la tête de l'anchois ? Le plat que j'ai
acheté l'an dernier n'existe plus. Où est l'ail d'hier ? Qui a mangé
les olives? » Auparavant, c'étaient des sots, bouche béante,
plantés là, comme des Mammacythes et des Mélitides.
LE CHOEUR.
« Tu vois cela, brillant Achille ! » Et toi, voyons, que vas-tu
répondre ? Seulement, que la passion ne t'emporte pas au delà
des oliviers : car son attaque a été vive. Mais, ô mon brave, ne
riposte pas avec colère ; cargue tes voiles


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Dernière mise à jour : 14/07/2005