[13,31] Περὶ δὲ τῶν ἑταιρῶν καὶ Φιλέταιρος ἐν Κυνηγίδι τάδε φησίν·
Οὐκ ἐτὸς ῾Εταίρας ἱερόν ἐστι πανταχοῦ,
ἀλλ' οὐχὶ γαμετῆς οὐδαμοῦ τῆς ῾Ελλάδος.
Οἶδα δὲ καὶ ἑορτήν τιν' ῾Εταιρίδεια ἀγομένην ἐν Μαγνησίᾳ οὐ διὰ τὰς ἑταίρας, ἀλλὰ δι'
ἑτέραν αἰτίαν, ἧς μνημονεύει ῾Ηγήσανδρος ἐν ῾Υπομνήμασι γράφων ὧδε· «Τὴν τῶν
῾Εταιριδείων ἑορτὴν συντελοῦσι Μάγνητες. ῾Ιστοροῦσι δὲ πρῶτον ᾿Ιάσοντα τὸν Αἴσονος
συναγαγόντα τοὺς ᾿Αργοναύτας ῾Εταιρείῳ Διὶ θῦσαι καὶ τὴν ἑορτὴν ῾Εταιρίδεια
προσαγονεῦσαι. Θύουσι δὲ καὶ οἱ Μακεδόνων βασιλεῖς τὰ ῾Εταιρίδεια.» Πόρνης δὲ
᾿Αφροδίτης ἱερόν ἐστι παρὰ ᾿Αβυδηνοῖς, ὥς φησι Πάμφιλος· κατεχομένης γὰρ τῆς πόλεως
δουλείᾳ τοὺς φρουροὺς τοὺς αὐτῇ ποτε θύσαντας, ὡς ἱστορεῖ Νεάνθης ἐν τοῖς Μυθικοῖς, καὶ
μεθυσθένθας ἑταίρας πλείονας προσλαβεῖν, ὧν μίαν κατακοιμηθέντας αὐτοὺς ἰδοῦσαν
ἀνελομένην τὰς κλεῖς καὶ τὸ τεῖχος ὑπερβᾶσαν ἀπαγγεῖλαι τοῖς ᾿Αβυδηνοῖς. Τοὺς δ' αὐτίκα
μεθ' ὅπλων ἀφικομένους ἀνελεῖν μὲν τοὺς φύλακας, κρατήσαντας δὲ τῶν τειχῶν καὶ
γενομένους ἐγκρατεῖς τῆς ἐλευθερίας χαριστήρια τῇ πόρνῃ ἀποδιδόντας ᾿Αφροδίτης
Πόρνης ναὸν ἱδρύσασθαι. ῎Αλεξις δ' ὁ Σάμιος ἐν δευτέρῳ ῞Ωρων Σαμιακῶν «Τὴν ἐν Σάμῳ
᾿Αφροδίτην, ἣν οἵ μὲν ἐν καλάμοις καλοῦσιν, οἵ δὲ ἐν ἕλει, ᾿Αττικαί, φησὶν, ἑταῖραι
ἱδρύσαντο αἱ συνακολουθήσασαι Περικλεῖ ὅτε ἐπολιόρκει τὴν Σάμον, ἐργασάμεναι ἱκανῶς
ἀπὸ τῆς ὥρας.» Εὐάλκης δ' ἐν τοῖς ᾿Εφεσιακοῖς καὶ ἐν ᾿Εφέσῳ φησὶν ἱερὰ ἱδρῦσθαι ῾Εταίρᾳ
᾿Αφροδίτῃ. Κλέαρχος δ' ἐν πρώτῳ ᾿Ερωτικῶν· «Γύγης, φησίν, ὁ Λυδῶν βασιλεὺς οὐ μόνον
περὶ ζῶσαν τὴν ἐρωμὲνην περιβόητος γέγονεν, ἐγχειρίσας αὑτόν τε καὶ τὴν ἀρχὴν ἐκείνῃ
πᾶσαν, ἀλλὰ καὶ τελευσάσης συναγαγὼν τοὺς ἐκ τῆς χώρας Λυδοὺς πάντας ἔχωσε μὲν
{Λυδίας} τὸ νῦν ἔτι καλούμενον τῆς ῾Εταίρας μνῆμα, εἰς ὕψος ἄρας - - - ὥστε περιοδεύοντος
αὐτοῦ τὴν ἐντὸς τοῦ Τμώλου χώραν, οὗ ἂν ἐπιστραφεῖς τύχῃ, καθορᾶν τὸ μνῆμα καὶ πᾶσι
τοῖς τὴν Λυδίαν οἰκοῦσιν ἄποπτον εἶναι.» Δημοσθένης δ' ὁ ῥήτωρ ἐν τῳ κατὰ Νεαίρας
λόγῳ, εἰ γνήσιος, ὃν ᾿Απολλόδωρος εἴρηκε, φησί· «Τὰς μὲν ἑταίρας ἡδονῆς ἕνεκα ἔχομεν, τὰ
δὲ παλλακὰς τῆς καθ' ἡμέραν θεραπείας, τὰς δὲ γυναῖκας τοῦ παιδοποιεῖσθαι γνησίως καὶ
τῶν ἔνδον φύλακα πιστὴν ἔχειν.»
| [13,31] Revenons à nos chères courtisanes sur lesquelles Philétairos a
écrit ces mots dans sa Chasseresse :
«Ce n'est pas sans raison si l’on trouve partout un temple de la Courtisane,
et nulle part un temple à la Femme mariée.»
Je sais qu’il existe une fête, les Hétairidéia qui est célébrée à
Magnésie. D’emblée, précisons qu’elle n’a pas pour fonction
d’honorer les courtisanes. Dans ses Commentaires, Hégésandros
nous en explique l’origine :
«Les Magnésiens célèbrent la fête des Hétairidéia. Ils racontent que Jason,
le fils d'Éson, quand il rassembla tous les Argonautes, fut le premier à sacrifier
à Zeus Hétairéios, donnant à cette cérémonie le nom de Hétairidéia. Les rois
de Macédoine célèbrent également ces fêtes au cours desquelles ils procèdent
à des sacrifices.»
On va même jusqu’à consacrer à Abydos un temple à l’Aphrodite
Putain, s’il faut en croire Pamphilos : en effet, lorsque la cité fut
vaincue - je ne fais que répéter ce que dit Néanthe dans ses
Légendes - la garnison qui l’occupait voulut offrir un sacrifice.
Après s’être bien enivrés, les soldats fricotèrent avec les
prostituées de la place. Or l’une d’entre elles, constatant que les
gardes s’étaient endormis, s’empara des clefs, escalada le rempart
et livra ses informations aux Abydéens. Aussitôt, ceux-ci prirent les
armes, massacrèrent les gardes et redevinrent maîtres de la
citadelle. Ayant recouvré leur liberté, les gens d’Abydos voulurent
témoigner de leur gratitude envers ces filles et leur érigèrent un
temple à l’Aphrodite Putain.»
Alexis de Samos, dans le deuxième livre de ses Annales de
Samos, nous dit ceci :
«L'Aphrodite de Samos, que certains appellent «dans les roseaux» et
d’autres «dans le marais» fut construite par les propres mains de prostituées
athéniennes, celles qui accompagnaient l'armée de Périclès lors du siège de
Samos, et qui avaient tiré d’excellents revenus de leurs charmes.»
Evalkès, dans ses Éphésiaques, nous apprend qu'à Éphèse un
temple avait été dédié à l’Aphrodite Hétaïre. Quant à Cléarchos,
voici qu’il écrit dans le premier livre de ses Érotiques :
«Gygès, roi de Lydie, est, non seulement célèbre pour avoir aimé et comblé
d’honneurs sa maîtresse – nul n’ignore qu’il remit tout son empire entre les
mains cette dernière – mais aussi pour avoir, lorsqu’elle mourut, rassemblé les
Lydiens de son royaume pour lui bâtir un sanctuaire qui, de nos jours encore,
est consacré à la Courtisane. Ce monument était si impressionnant que, de
quelque côté qu’il se tournât dans la région du mont Tmolos, le roi ne pouvait
échapper à sa vue. De même, les Lydiens distinguaient de loin les formes de
cette colossale bâtisse.»
Enfin, dans son Discours Contre Néaira, reproduit par Apollodoros -
si toutefois ce texte est bien de sa main - l'orateur Démosthène a dit ceci :
«Nous avons des putes pour le plaisir, des concubines pour l’hygiène
quotidienne, et des épouses afin de nous faire des enfants légitimes et veiller
avec diligence au soin de notre intérieur.»
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