[12,966] (966a) (Ἀθηναῖος)
μήπω τὸ πῶς ἂν μηχανησαίμεθα λέγωμεν· εἰ δεῖ δὲ ἢ μή,
πρῶτον βεβαιωσώμεθα τῇ συνομολογίᾳ πρὸς ἡμᾶς αὐτούς.
(Κλεινίας) ἀλλὰ μὴν δεῖ γε, εἴπερ δυνατόν.
CHAPITRE XIII. (Ἀθηναῖος)
τί δὲ δή; περὶ καλοῦ τε καὶ ἀγαθοῦ ταὐτὸν τοῦτο διανοούμεθα;
ὡς πόλλ' ἔστιν μόνον ἕκαστον τούτων τοὺς φύλακας ἡμῖν
γνωστέον, ἢ καὶ ὅπως ἕν τε καὶ ὅπῃ;
(Κλεινίας) σχεδὸν ἔοικ' ἐξ ἀνάγκης δεῖν καὶ ὅπως ἓν διανοεῖσθαι.
(966b) (Ἀθηναῖος)
τί δ', ἐννοεῖν μέν, τὴν δὲ ἔνδειξιν τῷ λόγῳ ἀδυνατεῖν ἐνδείκνυσθαι;
(Κλεινίας) καὶ πῶς; ἀνδραπόδου γάρ τινα σὺ λέγεις ἕξιν.
(Ἀθηναῖος)
τί δέ; περὶ πάντων τῶν σπουδαίων ἆρ' ἡμῖν αὑτὸς λόγος, ὅτι δεῖ
τοὺς ὄντως φύλακας ἐσομένους τῶν νόμων ὄντως εἰδέναι τὰ
περὶ τὴν ἀλήθειαν αὐτῶν, καὶ λόγῳ τε ἱκανοὺς ἑρμηνεύειν
εἶναι καὶ τοῖς ἔργοις συνακολουθεῖν, κρίνοντας τά τε καλῶς
γιγνόμενα καὶ τὰ μὴ κατὰ φύσιν;
(Κλεινίας) πῶς γὰρ οὔ;
(966c) (Ἀθηναῖος)
μῶν οὖν οὐχ ἓν τῶν καλλίστων ἐστὶν τὸ περὶ τοὺς θεούς, ὃ δὴ
σπουδῇ διεπερανάμεθα, ὡς εἰσίν τε καὶ ὅσης φαίνονται κύριοι
δυνάμεως, εἰδέναι τε εἰς ὅσον δυνατόν ἐστιν ταῦτ' ἄνθρωπον
γιγνώσκειν, καὶ τοῖς μὲν πλείστοις τῶν κατὰ πόλιν
συγγιγνώσκειν τῇ φήμῃ μόνον τῶν νόμων συνακολουθοῦσιν,
τοῖς δὲ φυλακῆς μεθέξουσιν μηδὲ ἐπιτρέπειν, ὃς ἂν μὴ
διαπονήσηται τὸ πᾶσαν πίστιν λαβεῖν τῶν οὐσῶν περὶ θεῶν;
τὴν δὲ μὴ ἐπιτροπὴν εἶναι τὸ μηδέποτε (966d) τῶν
νομοφυλάκων αἱρεῖσθαι τὸν μὴ θεῖον καὶ διαπεπονηκότα πρὸς
αὐτά, μηδ' αὖ τῶν πρὸς ἀρετὴν ἔγκριτον γίγνεσθαι;
(Κλεινίας)
δίκαιον γοῦν, ὡς λέγεις, τὸν περὶ τὰ τοιαῦτα ἀργὸν ἢ ἀδύνατον
ἀποκρίνεσθαι πόρρω τῶν καλῶν.
(Ἀθηναῖος)
ἆρα οὖν ἴσμεν ὅτι δύ' ἐστὸν τὼ περὶ θεῶν ἄγοντε εἰς πίστιν, ὅσα
διήλθομεν ἐν τοῖς πρόσθεν;
(Κλεινίας) ποῖα;
(Ἀθηναῖος)
ἓν μὲν ὃ περὶ τὴν ψυχὴν ἐλέγομεν, ὡς πρεσβύτατόν (966e) τε
καὶ θειότατόν ἐστιν πάντων ὧν κίνησις γένεσιν παραλαβοῦσα
ἀέναον οὐσίαν ἐπόρισεν· ἓν δὲ τὸ περὶ τὴν φοράν, ὡς ἔχει
τάξεως, ἄστρων τε καὶ ὅσων ἄλλων ἐγκρατὴς νοῦς ἐστιν τὸ πᾶν
διακεκοσμηκώς. ὁ γὰρ ἰδὼν ταῦτα μὴ φαύλως μηδ' ἰδιωτικῶς,
οὐδεὶς οὕτως ἄθεος ἀνθρώπων ποτὲ πέφυκεν,
| [12,966] (L'ATHÉNIEN) Avant de parler du moyen, commençons par décider
d'un commun accord s'il faut ou non le chercher.
(CLINIAS) Il le faut, si c'est possible.
CHAPITRE XIII.
(L'ATHÉNIEN) Mais quoi ? ne pensons-nous pas la même chose au sujet du beau
et du bien ? Nos gardiens doivent-ils se borner à savoir que chacune de
ces choses est plusieurs, et ignorer comment et par où elle est une ?
(CLINIAS) Il me paraît à peu près indispensable qu'ils conçoivent aussi
comment elle est une.
(L'ATHÉNIEN) Suffit-il qu'ils le conçoivent, s'ils sont d'ailleurs
incapables de le démontrer par le discours ?
(CLINIAS) Assurément non ; autrement, ils n'auraient pas plus d'esprit que
des esclaves.
(L'ATHÉNIEN) Mais quoi ? ne faut-il pas en dire autant de tous les objets
d'un intérêt sérieux ? N'est-il pas nécessaire que ceux qui sont destinés
à être des gardiens réels connaissent réellement le vrai sur ces objets,
qu'ils soient capables de les expliquer par la parole, de s'y conformer
dans la pratique et de juger ce qui est ou n'est pas naturellement beau ?
(CLINIAS) Sans contredit.
(L'ATHÉNIEN) Une des plus belles connaissances n'est-elle pas celle qui
concerne les dieux, leur existence et l'étendue de leur puissance, que
nous avons démontrées minutieusement, et que tout homme doit connaître
autant que possible. La plupart des habitants de notre État sont
excusables de se borner à écouter la voix des lois ; mais pour ceux qui
prendront part à la garde de l'État, il ne faut prendre que ceux qui se
seront appliqués à rassembler toutes les preuves de l'existence et du
pouvoir des dieux, et il ne faut jamais laisser choisir comme gardien des
lois ni compter parmi les hommes vertueux quiconque ne sera pas un homme
divin et profondément versé dans ces matières.
(CLINIAS) Il est juste en effet de tenir, comme tu dis, pour étrangers aux
belles choses ceux qui sont indolents ou incapables de s'y appliquer.
(L'ATHÉNIEN) Ne savons-nous pas qu'il y a deux choses qui conduisent à
croire tout ce que nous avons exposé précédemment ?
(CLINIAS) Lesquelles ?
(L'ATHÉNIEN) La première est ce que nous avons dit de l'âme, qu'elle est le
plus ancien et le plus divin de tous les êtres que le mouvement a fait
naître et doués d'une essence éternelle. L'autre est l'ordre qui règne
dans les révolutions des astres et de tous les autres corps gouvernés par
l'intelligence qui a arrangé l'univers. Il n'est personne qui, après avoir
considéré cet ordre avec un esprit attentif et au-dessus du commun, soit
tellement ennemi des dieux
|