[25] -- καὶ οὗτοι. τί δέ, οἱ βουλευταί; -- καὶ οἱ βουλευταί.
ἀλλ᾽ ἄρα, ὦ Μέλητε, μὴ οἱ ἐν τῇ ἐκκλησίᾳ, οἱ ἐκκλησιασταί, διαφθείρουσι
τοὺς νεωτέρους; ἢ κἀκεῖνοι βελτίους ποιοῦσιν ἅπαντες;
-- κἀκεῖνοι.
πάντες ἄρα, ὡς ἔοικεν, Ἀθηναῖοι καλοὺς κἀγαθοὺς ποιοῦσι πλὴν ἐμοῦ,
ἐγὼ δὲ μόνος διαφθείρω. οὕτω λέγεις;
-- πάνυ σφόδρα ταῦτα λέγω.
πολλήν γέ μου κατέγνωκας δυστυχίαν. καί μοι ἀπόκριναι· ἦ καὶ περὶ
ἵππους οὕτω σοι δοκεῖ ἔχειν; οἱ μὲν (25b) βελτίους ποιοῦντες αὐτοὺς
πάντες ἄνθρωποι εἶναι, εἷς δέ τις ὁ διαφθείρων; ἢ τοὐναντίον τούτου πᾶν
εἷς μέν τις ὁ βελτίους οἷός τ᾽ ὢν ποιεῖν ἢ πάνυ ὀλίγοι, οἱ ἱππικοί, οἱ δὲ
πολλοὶ ἐάνπερ συνῶσι καὶ χρῶνται ἵπποις, διαφθείρουσιν; οὐχ οὕτως
ἔχει, ὦ Μέλητε, καὶ περὶ ἵππων καὶ τῶν ἄλλων ἁπάντων ζῴων; πάντως
δήπου, ἐάντε σὺ καὶ Ἄνυτος οὐ φῆτε ἐάντε φῆτε· πολλὴ γὰρ ἄν τις
εὐδαιμονία εἴη περὶ τοὺς νέους εἰ εἷς μὲν μόνος αὐτοὺς διαφθείρει, οἱ δ᾽
ἄλλοι (25c) ὠφελοῦσιν. ἀλλὰ γάρ, ὦ Μέλητε, ἱκανῶς ἐπιδείκνυσαι ὅτι
οὐδεπώποτε ἐφρόντισας τῶν νέων, καὶ σαφῶς ἀποφαίνεις τὴν σαυτοῦ
ἀμέλειαν, ὅτι οὐδέν σοι μεμέληκεν περὶ ὧν ἐμὲ εἰσάγεις.
ἔτι δὲ ἡμῖν εἰπέ, ὦ πρὸς Διὸς Μέλητε, πότερόν ἐστιν οἰκεῖν ἄμεινον ἐν
πολίταις χρηστοῖς ἢ πονηροῖς; ὦ τάν, ἀπόκριναι· οὐδὲν γάρ τοι χαλεπὸν
ἐρωτῶ. οὐχ οἱ μὲν πονηροὶ κακόν τι ἐργάζονται τοὺς ἀεὶ ἐγγυτάτω αὑτῶν
ὄντας, οἱ δ᾽ ἀγαθοὶ ἀγαθόν τι;
-- πάνυ γε.
(25d) ἔστιν οὖν ὅστις βούλεται ὑπὸ τῶν συνόντων βλάπτεσθαι μᾶλλον ἢ
ὠφελεῖσθαι; ἀποκρίνου, ὦ ἀγαθέ· καὶ γὰρ ὁ νόμος κελεύει ἀποκρίνεσθαι.
ἔσθ᾽ ὅστις βούλεται βλάπτεσθαι;
-- οὐ δῆτα.
φέρε δή, πότερον ἐμὲ εἰσάγεις δεῦρο ὡς διαφθείροντα τοὺς νέους καὶ
πονηροτέρους ποιοῦντα ἑκόντα ἢ ἄκοντα;
-- ἑκόντα ἔγωγε.
τί δῆτα, ὦ Μέλητε; τοσοῦτον σὺ ἐμοῦ σοφώτερος εἶ τηλικούτου ὄντος
τηλικόσδε ὤν, ὥστε σὺ μὲν ἔγνωκας ὅτι οἱ μὲν κακοὶ κακόν τι ἐργάζονται
ἀεὶ τοὺς μάλιστα πλησίον (25e) ἑαυτῶν, οἱ δὲ ἀγαθοὶ ἀγαθόν, ἐγὼ δὲ δὴ
εἰς τοσοῦτον ἀμαθίας ἥκω ὥστε καὶ τοῦτ᾽ ἀγνοῶ, ὅτι ἐάν τινα μοχθηρὸν
ποιήσω τῶν συνόντων, κινδυνεύσω κακόν τι λαβεῖν ὑπ᾽ αὐτοῦ, ὥστε
τοῦτο <τὸ> τοσοῦτον κακὸν ἑκὼν ποιῶ, ὡς φῂς σύ; ταῦτα ἐγώ σοι οὐ
πείθομαι, ὦ Μέλητε, οἶμαι δὲ οὐδὲ ἄλλον ἀνθρώπων οὐδένα· ἀλλ᾽ ἢ οὐ
διαφθείρω, ἢ εἰ διαφθείρω, (26a) ἄκων,
| [25] MÉLITUS. Ils le peuvent aussi.
SOCRATE. Et les sénateurs?
MÉLITUS. Les sénateurs de même.
SOCRATE. Mais, mon cher Mélitus, tous ceux qui viennent
dans les assemblées du peuple corrompent-ils aussi
les jeunes gens, ou sont-ils aussi tous capables de les
rendre meilleurs?
MÉLITUS. Ils en sont aussi tous capables.
SOGRATE. Il suit donc de là que tous les Athéniens peuvent
rendre les jeunes gens meilleurs, hors moi seul; il
n'y a que moi qui les corrompe; n'est-ce pas là ce que tu dis?
MÉLITUS. C'est cela même.
SOCRATE. Vraiment, c'est avoir du malheur! Mais continue
de me répondre : Te parait-il qu'il en soit de même
des chevaux? tous les hommes peuvent-ils les rendre
meilleurs, et n'y en a-t-il qu'un seul qui ait le secret
de les gâter? ou est-ce tout le contraire? n'y a-t-il
qu'un homme seul, ou un petit nombre d'écuyers
qui puissent les rendre meilleurs? et le reste des
hommes, s'ils s'en servent, ne les gâtent-ils pas?
n'en est-il pas de même de tons les animaux? Oui,
sans doute, soit qu'Anytus et toi vous en conveniez,
ou que vous n'en conveniez point. Car ce serait un
grand bonheur et un grand avantage pour la jeunesse
qu'il n'y eût qu'un homme capable de la corrompre,
et que tous les autres pussent la redresser.
Mais tu as suffisamment prouvé, Mélitus, que l'éducation
de la jeunesse ne t'a jamais fort inquiété; et
tu viens encore de faire paraître clairement que tu
ne t'es jamais mis en peine de la chose même pour
laquelle tu m'as fait mettre en accusation.
D'ailleurs, je te prie, par Jupiter, Mélitus, de répondre
à ceci : Lequel est le plus avantageux d'habiter
avec des gens de bien, ou d'habiter avec des
méchants? Réponds-moi, mon ami, car je ne te demande
rien de difficile. N'est-il pas vrai que les méchants
font toujours quelque mal à ceux qui les fréquentent, et que les
bons font toujours quelque bien à ceux qui vivent avec eux?
MÉLITUS. Sans doute.
SOCRATE. Y a-t-il donc quelqu'un qui préfère recevoir du
préjudice de ceux qu'il fréquente à en recevoir de
l'utilité! Réponds-moi; car la loi ordonne de répondre.
Y a-t-il quelqu'un qui aime mieux recevoir du mal que du bien?
MÉLITUS. Non, il n'y a personne.
SOCRATE. Mais voyons, quand tu m'accuses de corrompre
la jeunesse et de la rendre plus méchante, dis-tu
que je la corromps sciemment, ou sans le vouloir?
MÉLITUS. Sciemment.
SOCRATE. Quoi donc, Mélitus, à ton âge, ta sagesse
surpasse-t-elle de si loin la mienne à l'âge où je suis, que tu
saches fort bien que les méchants font toujours du
mal à ceux qui les fréquentent, et que les bons leur
font du bien, et que je sois, moi, tellement ignorant
que je ne sache pas que si je rends méchant quelqu'un
de ceux qui me suivent, je m'expose à en recevoir du mal,
et que je ne laisse pas de m'attirer ce mal, le voulant et le sachant?
En cela, Mélitus, je ne te crois point, et je ne pense pas qu'il y ait
un homme au monde qui puisse te croire. Il faut de
deux choses l'une, ou que je ne corrompe pas les jeunes gens, ou,
si je les corromps, que ce soit malgré moi et sans le savoir :
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