[8,53] Ἐὰν δὲ προπηλακίσῃς τὴν σεαυτοῦ μητέρα
καὶ ἄτιμον ἀπολύσῃς, ὅ τι μὲν αὐτῷ σοι συμβήσεται
διὰ ταῦτα παθεῖν, οὐκ ἔχω λέγειν, μαντεύομαι δ´
οὐδὲν εὐτυχές. ὅτι δ´ ἐὰν καὶ τἆλλα πάντα εὐδαιμονῇς, ἔστω γάρ,
ἡ δι´ ἐμὲ καὶ τὰς ἐμὰς συμφορὰς
παρακολουθήσουσά σοι καὶ οὐδέποτε ἀνήσουσα τὴν ψυχὴν
ὀδύνη πάντων ἀγαθῶν σοι ἀνόνητον ποιήσει τὸν
βίον, εὖ οἶδα. οὐ γὰρ ἀνέξεται Οὐετουρία τὴν δεινὴν
καὶ ἀνήκεστον ὕβριν ἐν τοσούτοις μάρτυσιν ὑβρισθεῖσα
τὸν ἐλάχιστον βιῶναι χρόνον, ἀλλ´ ἐν τοῖς ἁπάντων
ὑμῶν φίλων τε καὶ ἐχθρῶν ὄμμασιν ἐμαυτὴν διαχρήσομαι,
βαρεῖαν ἀρὰν καὶ δεινὰς ἐρινύας ἀντ´ ἐμαυτῆς
καταλιποῦσά σοι τιμωρούς. ὧν μὴ δεήσειεν, ὦ θεοὶ
τῆς Ῥωμαίων φύλακες ἡγεμονίας, ἀλλ´ εὐσεβεῖς καὶ
καλοὺς δοίητε Μαρκίῳ λογισμούς· καὶ ὥσπερ ἄρτι
προσιούσῃ μοι τούς τε πελέκεις ἀπέθετο καὶ τὰς ῥάβδους
ἔκλινε καὶ τὸν δίφρον ἀπὸ τοῦ βήματος ἔθηκε
χαμαὶ {καὶ πάντα τἆλλα, οἷς κοσμεῖσθαι τὰς αὐτοκράτορας
ἀρχὰς νόμος, τὰ μὲν ἐμείωσε, τὰ δ´ ἐκποδὼν
εἰς τέλος ἐποίησε} δῆλον ἅπασι βουλόμενος ποιῆσαι,
ὅτι τῶν μὲν ἄλλων ἄρχειν αὐτῷ προσῆκεν, ὑπὸ δὲ τῆς
μητρὸς ἄρχεσθαι· οὕτω καὶ νῦν τιμίαν καὶ περίβλεπτόν
με ποιήσετε, καὶ χαρισάμενος τὴν κοινὴν πατρίδα ἀντὶ
κακοδαιμονεστάτης εὐδαιμονεστάτην ἀποδείξειέ με πασῶν
γυναικῶν. εἰ δὲ ὅσιόν ἐστι καὶ θεμιτὸν υἱοῦ
γόνασι μητέρα προσκυλίεσθαι, καὶ τοῦτο καὶ πᾶν ἄλλο
ταπεινὸν σχῆμα καὶ λειτούργημα ὑπομενῶ σωτηρίας
ἕνεκα τῆς πατρίδος.
| [8,53] XXVI. QUE si vous rebutez votre mère et que vous la renvoyez sans
lui accorder aucune marque d'honneur, je ne saurais vous dire
précisément quelles seront les suites d'un refus si outrageant : mais
j'augure qu'il ne vous en arrivera rien que de funeste. Supposons en effet
que tous vos desseins vous réussissent, un remords de conscience vous
suivra partout: votre âme ne cessera d'être bourrelée par le souvenir de
mes malheurs : je suis sûre que la douleur d'avoir traité indignement votre
mère, ne vous permettra pas de goûter en cette vie les faveurs de la
fortune. Non, n'espérez-pas que Véturie puisse jamais se résoudre à
survivre un seul moment à sa honte, si vous la rebutez ignominieusement
devant tant de témoins. A la vue de tous ceux qui sont ici présents, tant
amis qu'ennemis, j'aurai assez de courage pour me donner la mort en
vous chargeant d'imprécations, et je conjurerai les furies les plus terribles
de venger sévèrement l'insulte que vous m'aurez faite.
« XXVII. DIEUX protecteurs de l'empire Romain, faites, s'il vous plait,
qu'il ne soit pas besoin d'en venir à de pareilles extrémités. Inspirez à
Marcius des sentiments de piété et de douceur. Et puisqu'à mon arrivée il
a mis bas les haches, baissé les faisceaux, ôté son siège de dessus son
tribunal pour le placer à terre, et retranché en partie ou ôté entièrement
les autres marques éclatantes qui l'accompagnent en qualité de général
d'armée, afin de faire voir à tout le monde que si sa dignité lui donnait
droit de commander aux autres, sa qualité de fils l'obligeait à se mettre
au-dessous de sa mère faites qu'il attire sur Véturie les respects et
l'estime de tout le monde, et qu'en m'accordant la grâce que je lui
demande pour notre commune patrie, il me tire de ce misérable état pour
me rendre la plus heureuse de toutes les femmes. S'il est permis par le
droit de la nature qu'une mère se jette aux pieds de son fils, j'y consens
volontiers, je ne refuse pas même de faire mille autres soumissions,
s'il le faut, pour le salut de ma patrie. »
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