[11,508] Οἱ δὲ συντεθέντες ὑπ´ αὐτοῦ Νόμοι (508) καὶ τούτων ἔτι πρότερον ἡ Πολιτεία τί
πεποιήκασιν; καίτοι γε ἔδει καθάπερ τὸν Λυκοῦργον τοὺς Λακεδαιμονίους καὶ τὸν
Σόλωνα τοὺς Ἀθηναίους καὶ τὸν Ζάλευκον τοὺς Θουρίους, καὶ αὐτόν, εἴπερ ἦσαν
χρήσιμοι, πεῖσαί τινας τῶν Ἑλλήνων αὐτοῖς χρήσασθαι.
«Νόμος γάρ ἐστιν,» ὥς φησιν Ἀριστοτέλης, «λόγος ὡρισμένος καθ´ ὁμολογίαν
κοινὴν πόλεως, μηνύων πῶς δεῖ πράττειν ἕκαστα.»
Ὁ δὲ Πλάτων πῶς; οὐκ ἄτοπον τριῶν Ἀθηναίων γενομένων νομοθετῶν τῶν γε δὴ
γνωριζομένων, Δράκοντος καὶ αὐτοῦ τοῦ Πλάτωνος καὶ Σόλωνος, τῶν μὲν τοῖς νόμοις
ἐμμένειν τοὺς πολίτας, (508b) τῶν δὲ τοῦ Πλάτωνος καὶ προσκαταγελᾶν; ὁ δ´ αὐτὸς
λόγος καὶ περὶ τῆς Πολιτείας· εἰ καὶ πασῶν εἴη αὕτη βελτίων, μὴ πείθοι δ´ ἡμᾶς,
τί πλέον; ἔοικεν οὖν ὁ Πλάτων οὐ τοῖς οὖσιν ἀνθρώποις γράψαι τοὺς νόμους, ἀλλὰ
τοῖς ὑπ´ αὐτοῦ διαπλαττομένοις, ὥστε καὶ ζητεῖσθαι τοὺς χρησομένους. Ἐχρῆν οὖν ἃ
πείσει λέγων ταῦτα καὶ γράφειν καὶ μὴ ταὐτὰ ποιεῖν τοῖς εὐχομένοις, ἀλλὰ τοῖς
τῶν ἐνδεχομένων ἀντεχομένοις.
(118) Χωρὶς τοίνυν τούτων εἴ τις διεξίοι τοὺς Τιμαίους αὐτοῦ καὶ τοὺς Γοργίας,
(508c) καὶ τοὺς ἄλλους δὲ τοὺς τοιούτους διαλόγους, ἐν οἷς καὶ περὶ τῶν ἐν τοῖς
μαθήμασι διεξέρχεται καὶ περὶ τῶν κατὰ φύσιν καὶ περὶ πλειόνων ἄλλων, οὐδ´ ὣς
διὰ ταῦτα θαυμαστέος ἐστίν. Ἔχει γάρ τις καὶ παρ´ ἑτέρων ταῦτα λαβεῖν ἢ βέλτιον
λεχθέντα ἢ μὴ χεῖρον. Καὶ γὰρ Θεόπομπος ὁ Χῖος ἐν τῷ κατὰ τῆς Πλάτωνος διατριβῆς
«Τοὺς πολλούς, φησί, τῶν διαλόγων αὐτοῦ ἀχρείους καὶ ψευδεῖς ἄν τις εὕροι·
ἀλλοτρίους δὲ τοὺς πλείους, ὄντας (508d) ἐκ τῶν Ἀριστίππου διατριβῶν, ἐνίους δὲ
κἀκ τῶν Ἀντισθένους, πολλοὺς δὲ κἀκ τῶν Βρύσωνος τοῦ Ἡρακλεώτου.» Ἀλλὰ τὰ κατὰ
τὸν ἄνθρωπον ἅπερ ἐπαγγέλλεται καὶ ἡμεῖς ζητοῦμεν ἐκ τῶν ἐκείνου λόγων, (ὅπερ)
οὐχ εὑρίσκομεν, ἀλλὰ συμπόσια μὲν καὶ λόγους ὑπὲρ ἔρωτος εἰρημένους καὶ μάλα
ἀπρεπεῖς, οὓς καταφρονῶν τῶν ἀναγνωσομένων συνέθηκεν, ὥσπερ καὶ οἱ πολλοὶ τῶν
μαθητῶν αὐτοῦ τυραννικοί τινες καὶ διάβολοι γενόμενοι.
(119) Εὐφραῖος μὲν γὰρ παρὰ (508e) Περδίκκᾳ τῷ βασιλεῖ διατρίβων ἐν Μακεδονίᾳ
οὐχ ἧττον αὐτοῦ (ἐβασίλευε) φαῦλος ὢν καὶ διάβολος (ὃς) οὕτω ψυχρῶς συνέταξε τὴν
ἑταιρίαν τοῦ βασιλέως ὥστε οὐκ ἐξῆν τοῦ συσσιτίου μετασχεῖν, εἰ μή τις ἐπίσταιτο
γεωμετρεῖν ἢ φιλοσοφεῖν. Ὅθεν Φιλίππου τὴν ἀρχὴν παραλαβόντος Παρμενίων αὐτὸν ἐν
Ὠρεῷ λαβὼν ἀπέκτεινεν, ὥς φησι Καρύστιος ἐν Ἱστορικοῖς Ὑπομνήμασι. Καὶ Κάλλιππος
δ´ ὁ Ἀθηναῖος, μαθητὴς καὶ αὐτὸς Πλάτωνος, ἑταῖρος Δίωνος (508f) καὶ συμμαθητὴς
γενόμενος καὶ συναποδημήσας αὐτῷ εἰς Συρακούσας, ὁρῶν ἤδη τὸν Δίωνα
ἐξιδιοποιούμενον τὴν μοναρχίαν ἀποκτείνας αὐτὸν καὶ αὐτὸς τυραννεῖν ἐπιχειρήσας
ἀπεσφάγη.
Εὐαίων δ´ ὁ Λαμψακηνός, ὥς φησιν Εὐρύπυλος καὶ Δικαιοκλῆς ὁ Κνίδιος ἐνενηκοστῷ
καὶ πρώτῳ Διατριβῶν, ἔτι δὲ Δημοχάρης ὁ ῥήτωρ ἐν τῷ ὑπὲρ Σοφοκλέους πρὸς Φίλωνα,
δανείσας τῇ πατρίδι ἀργύριον ἐπὶ ἐνεχύρῳ τῇ ἀκροπόλει (καὶ) ἀφυστερησάσης
τυραννεῖν ἐβουλεύετο, ἕως συνδραμόντες ἐπ´ αὐτὸν οἱ Λαμψακηνοὶ καὶ τὰ χρήματα
ἀποδόντες ἐξέβαλον.
| [11,508] Quant aux lois qu'il a imaginées, (508) et à la république qu'il avait déjà
composée auparavant, quel effet ont-elles produit? Il fallait donc qu'il
persuadât à quelques peuples de la Grèce d'en faire usage, comme Lycurgue le
persuada aux Lacédémoniens, Solon aux Athéniens, et Zaleucus aux Thuriens : car,
dit très bien Aristote :
«La loi est un discours déterminé par le consentement unanime de la ville,
indiquant comment il faut faire chaque chose.»
Comment donc n'y aurait-il pas d'absurdité dans le procédé de Platon,
puisqu'Athènes ayant produit trois législateurs, Dracon, Solon et Platon, les
citoyens ont adopté les lois des deux premiers, (508b) et ont fait un badinage
du dernier? On peut en dire autant de sa république. Qu'elle soit si l'on veut
la meilleure de toute ; si elle ne nous engage pas à en adopter le plan, de quoi
nous sert-elle? Il semble donc que Platon n'ait pas écrit de lois pour les
hommes qui existent, mais pour ceux qu'il imagine; de sorte qu'il lui reste à
chercher ceux qui voudront faire usage de ses écrits. Il devait donc n'écrire
que ce dont il pouvait persuader les autres par la parole même, et ne pas agir
comme ceux qui font des vœux, mais comme ceux qui profitent du présent.
(118) Mais sans nous arrêter davantage à ces écrits, parcourons son Timée, son
Gorgias, (508c) et les autres dialogues de ce genre, où il traite des questions
relatives aux mathématiques, à la physique, et à nombre d'autres sujets, nous ne
trouverons assurément rien de si merveilleux chez lui. On pourra voir chez
d'autres les mêmes choses, ou mieux traitées, ou au moins aussi bien.
En effet, Théopompe de Chio dit, dans son ouvrage sur l'École de Platon, que la
plupart des dialogues de ce philosophe sont inutiles, et de purs mensonges; il
ajoute que plusieurs, loin de lui appartenir, sont pris (508d) des Diatribes
d'Aristippe, quelques-uns des écrits d'Antisthène, et le plus grand nombre tirés
des écrits de Bryson d'Héraclée; mais pour ce qui regarde particulièrement le
cœur de l'homme, c'est en vain qu'on y cherche ce qu'il promet ; on ne l'y
trouve pas. Nous y voyons au contraire des festins, des discours sur l'amour, et
très déplacés, qu'il a composés en se moquant d'avance de ceux qui les liraient,
comme ont agi la plupart de ses disciples, gens portés à dominer sans réserve,
et calomniateurs.
(119) Euphrée, étant en Macédoine auprès du roi (508e) Perdiccas, n'y a pas
moins régné que ce prince; or, c'était un méchant homme, et un calomniateur. Il
avait si fort refroidi tous les amis du roi, qu'il ne lui laissait plus pour
convives que des géomètres et des philosophes. Voilà aussi pourquoi Parménion le
rencontrant à Orée, lorsque Philippe fut sur le trône, le tua sans pitié, comme
le rapporte Carystius dans ses Commentaires Historiques. Callippus d'Athènes,
disciple de Platon, ami de Dion, (508f) et même son condisciple, étant parti
avec lui pour Syracuse, crut s'apercevoir que Dion cherchait à s'emparer de la
monarchie ; aussitôt il le tua : mais il fut tué lui- même, comme il cherchait à
s'emparer à son tour de la souveraine autorité.
Si l'on en croit Eurypyle, Dioclèsde Cnide, au liv. 21 de ses Diatribes, et
l'ouvrage que Démocharès le rhéteur adresse à Philon, concernant Sophocle, il
est vrai qu'Evagon de Lampsaque, ayant prêté de l'argent à intérêt à sa patrie,
et reçu pour gage la citadelle de cette ville, voulut s'emparer de l'autorité
souveraine, pendant qu'on différait de lui remettre cet argent ; mais les
habitants de Lampsaque, s'êtant réunis contre lui, firent la somme, le payèrent,
et le chassèrent.
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