[12,960] τῷ δὲ πολιτικῷ νομοθετοῦντι παραχωρεῖν χρὴ τὰ
τοιάδε· δακρύειν (960a) μὲν τὸν τετελευτηκότα ἐπιτάττειν ἢ μὴ
ἄμορφον, θρηνεῖν δὲ καὶ ἔξω τῆς οἰκίας φωνὴν ἐξαγγέλλειν
ἀπαγορεύειν, καὶ τὸν νεκρὸν εἰς τὸ φανερὸν προάγειν τῶν
ὁδῶν κωλύειν, καὶ ἐν ταῖς ὁδοῖς πορευόμενον φθέγγεσθαι, καὶ
πρὸ ἡμέρας ἔξω τῆς πόλεως εἶναι. ταῦτα δὴ κείσθω τε οὕτω
περὶ τὰ τοιαῦτα νόμιμα, καὶ ὁ μὲν πειθόμενος ἔστω ζημίας
ἐκτός, ὁ δὲ ἀπειθῶν ἑνὶ τῶν νομοφυλάκων ὑπὸ πάντων
ζημιούσθω (960b) τῇ δοξάσῃ πᾶσι κοινῇ ζημίᾳ. ὅσαι δ' ἄλλαι
γίγνονται περὶ τελευτήσαντας ταφαὶ εἴτε καὶ ἄταφοι πράξεις,
περὶ πατροφόνων καὶ ἱεροσύλων καὶ τῶν τοιούτων πάντων,
εἰρημέναι ἐν τοῖς ἔμπροσθεν κεῖνται διὰ νόμων, ὥστε σχεδὸν ἡ
νομοθεσία τέλος ἂν ἡμῖν ἔχοι· τῶν πάντων δ' ἑκάστοτε τέλος οὐ
τὸ δρᾶσαί τι σχεδὸν οὐδὲ τὸ κτήσασθαι κατοικίσαι τ' ἐστίν,
ἀλλὰ τῷ γεννηθέντι σωτηρίαν ἐξευρόντα τελέως ἀεί, τότ' ἤδη
νομίζειν πᾶν ὅσον δεῖ πραχθῆναι πεπρᾶχθαι, πρότερον (960c) δ'
ἀτελὲς εἶναι τὸ ὅλον.
(Κλεινίας)
καλῶς, ὦ ξένε, λέγεις· πρὸς ὅτι δὲ τὸ νῦν αὖ ῥηθὲν εἴρηται,
φράζ' ἔτι σαφέστερον.
CHAPITRE X. (Ἀθηναῖος)
ὦ Κλεινία, πολλὰ τῶν ἔμπροσθεν καλῶς ὕμνηται, σχεδὸν δὲ
οὐχ ἥκιστα τὰ τῶν Μοιρῶν προσρήματα.
(Κλεινίας) ποῖα δή;
(Ἀθηναῖος)
τὸ Λάχεσιν μὲν τὴν πρώτην εἶναι, Κλωθὼ δὲ τὴν δευτέραν, τὴν
Ἄτροπον δὴ τρίτην σώτειραν τῶν λεχθέντων, ἀπῃκασμένα τῇ
τῶν κλωσθέντων τῷ πυρὶ τὴν ἀμετάστροφον (960d)
ἀπεργαζομένων δύναμιν· ἃ δὴ καὶ πόλει καὶ πολιτείᾳ δεῖ μὴ
μόνον ὑγίειαν καὶ σωτηρίαν τοῖς σώμασι παρασκευάζειν, ἀλλὰ
καὶ εὐνομίαν ἐν ταῖς ψυχαῖς, μᾶλλον δὲ σωτηρίαν τῶν νόμων.
ἡμῖν δ' ἔτι μοι φαίνεσθαι δοκεῖ τοῦτ' ἐλλεῖπον τοῖς νόμοις εἶναι,
πῶς χρὴ τὴν ἀμετάστροφον αὐτοῖς ἐγγίγνεσθαι κατὰ φύσιν δύναμιν.
(Κλεινίας)
οὐ σμικρὸν λέγεις, εἴπερ ἐστὶ μὴ δυνατὸν εὑρεῖν ὅπῃ γίγνοιτ' ἂν
παντὶ κτῆμά τι τοιοῦτον.
(960e) (Ἀθηναῖος)
ἀλλ' ἔστι μὴν δυνατόν, ὥς γέ μοι τὰ νῦν παντάπασι καταφαίνεται.
(Κλεινίας)
μὴ τοίνυν ἀφιστώμεθα μηδενὶ τρόπῳ, πρὶν ἂν τοῦτ' αὐτὸ
ἐκπορισώμεθα τοῖς εἰρημένοις νόμοις· γελοῖον γὰρ τό γε μάτην
πονήσαντα ὁτιοῦν εἰς μηδὲν βέβαιον καταβαλεῖν.
(Ἀθηναῖος) ὀρθῶς παρακελεύῃ, καὶ ἐμὲ τοιοῦτον εὑρήσεις ἄλλον.
(Κλεινίας)
καλῶς δὴ λέγεις. τίς οὖν δή, φῄς, σωτηρία γίγνοιτ' ἂν καὶ τίνα
τρόπον πολιτείᾳ τε καὶ τοῖς νόμοις ἡμῖν;
| [12,960] Il faut encore reconnaître au législateur de la cité le droit d'édicter
les mesures que je vais dire. Il serait déplacé d'ordonner ou de défendre de
pleurer le mort ; mais il faut interdire les lamentations et les cris poussés
hors de la maison et empêcher de porter le cadavre à découvert dans les rues,
de crier pendant le trajet et d'être hors de la ville avant le jour.
Tels seront donc les usages approuvés par la loi en ces matières.
Si on les suit, on ne sera sujet à aucune amende ;
mais si l'on désobéit sur ce point à l'un des gardiens des lois, on sera
condamné à la peine que tous ces magistrats réunis jugeront à propos
d'infliger. Pour les sépultures particulières qu'on fera à certains morts,
comme les parricides, les sacrilèges et autres criminels du même genre,
nous en avons parlé plus haut et édicté les lois qui les concernent, en
sorte que notre plan de législation est à peu près achevé.
Néanmoins, quelle que soit une entreprise, elle n'est pas terminée parce
qu'on a exécuté ou acquis quelque chose ou fondé un établissement ; c'est
seulement lorsqu'on a trouvé le moyen de maintenir son ouvrage dans sa
perfection qu'on peut se flatter d'avoir fait tout ce qu'il faut ;
jusque-là l'ouvrage est imparfait.
(CLINIAS) C'est bien dit, étranger, mais explique-nous encore plus
clairement en vue de quoi tu dis ce que tu viens de dire.
CHAPITRE X.
(L'ATHÉNIEN) Les anciens, Clinias, ont donné de beaux noms à bien des
choses, mais on peut dire que ceux des Moires ne sont pas les moins beaux.
(CLINIAS) Quels noms leur ont-ils donnés ?
(L'ATHÉNIEN) Ils ont appelé la première Lakhésis, la seconde Clôthô, la
troisième, qui maintient les décisions du sort, Atropos. Elles ont été
ainsi nommées parce qu'elles maintiennent fermement les destins qu'elles
ont filés et les empêchent de se détordre. C'est ce qu'il faut faire en
tout État et tout gouvernement ; il ne faut pas seulement procurer aux
corps la santé et la sûreté, mais aussi mettre dans les âmes l'amour des
lois ou plutôt de la conservation des lois. C'est ce me semble, ce qui
manque encore à nos lois, c'est qu'elles soient naturellement si bien
filées qu'on ne puisse plus les détordre.
(CLINIAS) Ce n'est pas une petite affaire, en admettant que ce soit
possible, de trouver le moyen de conserver ainsi les biens que l'on possède.
(L'ATHÉNIEN) Eh bien, c'est possible, autant que j'en puis juger en ce moment.
(CLINIAS) Il ne faut en aucune manière nous décourager, avant d'avoir
procuré cet avantage à nos lois ; car il est ridicule de ne pas fonder
son ouvrage sur des fondations solides et d'avoir pris de la peine pour rien.
(L'ATHÉNIEN) Tu fais bien de m'encourager, et tu vas voir que je partage ton avis.
(CLINIAS) J'en suis ravi. Quel est donc, dis-tu, ce moyen de conserver notre
État et les lois, et comment faut-il s'y prendre ?
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