[6,488] οὕτω (488a) δυσαπόδεικτον; ἄκουε δ’ οὖν τῆς εἰκόνος, ἵν’ ἔτι μᾶλλον ἴδῃς
ὡς γλίσχρως εἰκάζω. οὕτω γὰρ χαλεπὸν τὸ πάθος τῶν ἐπιεικεστάτων, ὃ πρὸς
τὰς πόλεις πεπόνθασιν, ὥστε οὐδ’ ἔστιν ἓν οὐδὲν ἄλλο τοιοῦτον πεπονθός,
ἀλλὰ δεῖ ἐκ πολλῶν αὐτὸ συναγαγεῖν εἰκάζοντα καὶ ἀπολογούμενον ὑπὲρ
αὐτῶν, οἷον οἱ γραφῆς τραγελάφους καὶ τὰ τοιαῦτα μειγνύντες
γράφουσιν. νόησον γὰρ τοιουτονὶ γενόμενον εἴτε πολλῶν νεῶν πέρι εἴτε
μιᾶς· ναύκληρον μεγέθει μὲν καὶ (488b) ῥώμῃ ὑπὲρ τοὺς ἐν τῇ νηὶ πάντας,
ὑπόκωφον δὲ καὶ ὁρῶντα ὡσαύτως βραχύ τι καὶ γιγνώσκοντα περὶ
ναυτικῶν ἕτερα τοιαῦτα, τοὺς δὲ ναύτας στασιάζοντας πρὸς ἀλλήλους
περὶ τῆς κυβερνήσεως, ἕκαστον οἰόμενον δεῖν κυβερνᾶν, μήτε μαθόντα
πώποτε τὴν τέχνην μέτε ἔχοντα ἀποδεῖξαι διδάσκαλον ἑαυτοῦ μηδὲ
χρόνον ἐν ᾧ ἐμάνθανεν, πρὸς δὲ τούτοις φάσκοντας μηδὲ διδακτὸν εἶναι,
ἀλλὰ καὶ τὸν λέγοντα ὡς διδακτὸν ἑτοίμους κατατέμνειν, αὐτοὺς δὲ αὐτῷ
ἀεὶ τῷ (488c) ναυκλήρῳ περικεχύσθαι δεομένους καὶ πάντα ποιοῦντας ὅπως
ἂν σφίσι τὸ πηδάλιον ἐπιτρέψῃ, ἐνίοτε δ’ ἂν μὴ πείθωσιν ἀλλὰ ἄλλοι
μᾶλλον, τοὺς μὲν ἄλλους ἢ ἀποκτεινύντας ἢ ἐκβάλλοντας ἐκ τῆς νεώς,
τὸν δὲ γενναῖον ναύκληρον μανδραγόρᾳ ἢ μέθῃ ἤ τινι ἄλλῳ
συμποδίσαντας τῆς νεὼς ἄρχειν χρωμένους τοῖς ἐνοῦσι, καὶ πίνοντάς τε
καὶ εὐωχουμένους πλεῖν ὡς τὸ εἰκὸς τοὺς τοιούτους, πρὸς δὲ τούτοις
(488d) ἐπαινοῦντας ναυτικὸν μὲν καλοῦντας καὶ κυβερνητικὸν καὶ
ἐπιστάμενον τὰ κατὰ ναῦν, ὃς ἂν συλλαμβάνειν δεινὸς ᾖ ὅπως ἄρξουσιν
ἢ πείθοντες ἢ βιαζόμενοι τὸν ναύκληρον, τὸν δὲ μὴ τοιοῦτον ψέγοντας ὡς
ἄχρηστον, τοῦ δὲ ἀληθινοῦ κυβερνήτου πέρι μηδ’ ἐπαΐοντες, ὅτι ἀνάγκη
αὐτῷ τὴν ἐπιμέλειαν ποιεῖσθαι ἐνιαυτοῦ καὶ ὡρῶν καὶ οὐρανοῦ καὶ
ἄστρων καὶ πνευμάτων καὶ πάντων τῶν τῇ τέχνῃ προσηκόντων, εἰ μέλλει
τῷ ὄντι νεὼς ἀρχικὸς ἔσεσθαι, ὅπως δὲ κυβερνήσει (488e) ἐάντε τινες
βούλωνται ἐάντε μή, μήτε τέχνην τούτου μήτε μελέτην οἰόμενοι δυνατὸν
εἶναι λαβεῖν ἅμα καὶ τὴν κυβερνητικήν. τοιούτων δὴ περὶ τὰς ναῦς
γιγνομένων τὸν ὡς ἀληθῶς κυβερνητικὸν οὐχ ἡγῇ ἂν τῷ ὄντι μετεωροσκόπον
| [6,488] si difficile à résoudre. Or donc, écoute (488a) ma comparaison afin de mieux voir
encore combien je suis attaché à ce procédé. Le traitement que les États font subir aux
hommes les plus sages est si dur qu'il n'est personne au monde qui en subisse de
semblable, et que, pour en composer une image, celui qui les veut défendre est obligé
de réunir les traits de multiples objets, à la manière des peintres qui représentent des
animaux moitié boucs et moitié cerfs, et d'autres assemblages du même genre.
Imagine donc quelque chose comme ceci se passant à bord d'un ou de plusieurs vaisseaux.
Le patron, en taille et en force, surpasse tous les membres (488b) de l'équipage, mais il est
un peu sourd, un peu myope, et a, en matière de navigation, des connaissances aussi courtes
que sa vue. Les matelots se disputent entre eux le gouvernail : chacun estime que
c'est à lui de le tenir, quoiqu'il n'en connaisse point l'art, et qu'il ne puisse dire sous
quel maître ni dans quel temps il l'a appris. Bien plus, ils prétendent que ce n'est point
un art qui s'apprenne, et si quelqu'un ose dire le contraire, ils sont (488c) prêts à le
mettre en pièces. Sans cesse autour du patron, ils l'obsèdent de leurs prières,
et usent de tous les moyens pour qu'il leur confie le gouvernail; et s'il arrive qu'ils ne
le puissent persuader, et que d'autres y réussissent, ils tuent ces derniers ou les
jettent par-dessus bord. Ensuite ils s'assurent du brave patron, soit en l'endormant
avec de la mandragore, soit en l'enivrant, soit de toute autre manière; maîtres du
vaisseau, ils s'approprient alors tout ce qu'il renferme et, buvant et festoyant,
naviguent comme peuvent naviguer de pareilles gens ; en outre, ils louent et
appellent bon marin (488d), excellent pilote, maître en l'art nautique, celui qui sait les
aider à prendre le commandement - en usant de persuasion ou de violence à l'égard
du patron - et blâment comme inutile quiconque ne les aide point : d'ailleurs, pour ce
qui est du vrai pilote, ils ne se doutent même pas qu'il doit étudier le temps, les
saisons, le ciel, les astres, les vents, s'il veut réellement devenir capable de diriger un
vaisseau ; quant à la manière de commander, avec ou sans l'assentiment de telle ou
telle partie de (488e) l'équipage, ils ne croient pas qu'il soit possible de l'apprendre,
par l'étude ou par la pratique, et en même temps l'art du pilotage. Ne penses-tu pas
que sur les vaisseaux où se produisent de pareilles scènes
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