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[1,49] Τοῦ δὴ λοιποῦ προσεῖχον αὐτῷ ὁ δῆμος
καὶ ἡδέως καὶ τυραννεῖσθαι ἤθελον πρὸς
αὐτοῦ· ὁ δ' οὐχ εἵλετο, ἀλλὰ καὶ Πεισίστρατον
τὸν συγγενῆ, καθά φησι Σωσικράτης,
προαισθόμενος τὸ ἐφ' ἑαυτῷ διεκώλυσεν.
Ἄξας γὰρ εἰς τὴν ἐκκλησίαν μετὰ δόρατος καὶ
ἀσπίδος προεῖπεν αὐτοῖς τὴν ἐπίθεσιν τοῦ
Πεισιστράτου· καὶ οὐ μόνον, ἀλλὰ καὶ βοηθεῖν
ἕτοιμος εἶναι, λέγων ταῦτα· ἄνδρες Ἀθηναῖοι,
τῶν μὲν σοφώτερος, τῶν δὲ ἀνδρειότερός εἰμι·
σοφώτερος μὲν τῶν τὴν ἀπάτην Πεισιστράτου
μὴ συνιέντων, ἀνδρειότερος δὲ τῶν
ἐπισταμένων μέν, διὰ δέος δὲ σιωπώντων. Καὶ
ἡ βουλή, Πεισιστρατίδαι ὄντες, μαίνεσθαι
ἔλεγον αὐτόν· ὅθεν εἶπε ταυτί·
Δείξει δὴ μανίην μὲν ἐμὴν βαιὸς χρόνος ἀστοῖς,
δείξει, ἀληθείης ἐς μέσον ἐρχομένης.
| [1,49] Depuis ce temps-là le peuple fit tant de cas de
lui, qu'il n'y avait personne qui ne souhaitât qu'il prît
le gouvernement de la ville; mais, loin d'acquiescer à
leurs vœux, il fit tout son possible pour empêcher que
Pisistrate son parent ne parvint à la souveraineté, à
laquelle il savait qu'il aspirait. Ayant convoqué le
peuple, il se présenta armé dans l'assemblée, et
découvrit les intrigues de Pisistrate, protestant même
qu'il était prêt de combattre pour la défense publique.
« Athéniens, dit-il, il se trouve que je suis plus sage et
plus courageux que quelques uns de vous, plus sage
que ceux qui ignorent les menées de Pisistrate, et plus
courageux que ceux qui les connaissent et n'osent
rompre le silence. » Mais le sénat étant favorable à
Pisistrate, Solon fut traité d'insensé ; à quoi il répondit :
« Bientôt le temps fera connaître aux
Athéniens le genre de ma folie, lorsque
la vérité aura percé les nuages qui la couvrent. »
| [1,50] Τὰ δὲ περὶ τῆς τοῦ Πεισιστράτου
τυραννίδος ἐλεγεῖα προλέγοντος αὐτοῦ ταῦτα ἦν·
Ἐκ νεφέλης φέρεται χιόνος μένος ἠδὲ χαλάζης·
βροντὴ δ' ἐκ λαμπρῆς γίγνεται ἀστεροπῆς·
ἀνδρῶν δ' ἐκ μεγάλων πόλις ὄλλυται· ἐς δὲ μονάρχου
δῆμος ἀιδρίῃ δουλοσύνην ἔπεσεν.
Ἤδη δὲ αὐτοῦ κρατοῦντος οὐ πείθων ἔθηκε τὰ
ὅπλα πρὸ τοῦ στρατηγείου καὶ εἰπών, « Ὦ
πατρίς, βεβοήθηκά σοι καὶ λόγῳ καὶ ἔργῳ, »
ἀπέπλευσεν εἰς Αἴγυπτον καὶ εἰς Κύπρον, καὶ
πρὸς Κροῖσον ἦλθεν, ὅτε καὶ ἐρωτηθεὶς ὑπ'
αὐτοῦ, « Τίς σοι δοκεῖ εὐδαίμων; » « Τέλλος, »
ἔφη, « Ἀθηναῖος καὶ Κλέοβις καὶ Βίτων » καὶ
τὰ θρυλούμενα.
| [1,50] Il dépeignit aussi la tyrannie dont on était
menacé, dans ces vers élégiaques :
"Comme la neige et la grêle roulent dans
l'atmosphère au gré des vents, que la
foudre et les éclairs éclatent, et causent
un fracas horrible, de même on voit
souvent des villes s'écrouler sous la
puissance des grands, et la liberté d'un
peuple dégénérer en dur esclavage".
Enfin Pisistrate ayant usurpé la souveraineté, jamais
Solon ne put se résoudre à plier sous le joug; il posa
ses armes devant la cour du sénat, en s'écriant :
« Chère patrie, je te quitte avec le témoignage de
t'avoir servie par mes conseils et ma conduite. » Il
s'embarqua pour l'Égypte, d'où il passa en Chypre et
de là à la cour de Crésus. Ce fameux prince lui
demanda qui était celui qu'il estimait heureux :
«Telles l'Athénien, dit-il, Cléobis et Biton; » à quoi il
ajouta d'autres choses qu'on rapporte communément.
| [1,51] Φασὶ δέ τινες ὅτι κοσμήσας ἑαυτὸν ὁ
Κροῖσος παντοδαπῶς καὶ καθίσας εἰς τὸν
θρόνον ἤρετο αὐτὸν εἴ τι θέαμα κάλλιον
τεθέαται· ὁ δέ « ἀλεκτρυόνας, » εἶπε, « <καὶ>
φασιανοὺς καὶ ταώς· φυσικῷ γὰρ ἄνθει
κεκόσμηνται καὶ μυρίῳ καλλίονι » ἐκεῖθέν τε
ἀπαλλαγεὶς ἐγένετο ἐν Κιλικίᾳ, καὶ πόλιν
συνῴκισεν ἣν ἀφ' ἑαυτοῦ Σόλους ἐκάλεσεν·
ὀλίγους τέ τινας τῶν Ἀθηναίων ἐγκατῴκισεν,
οἳ τῷ χρόνῳ τὴν φωνὴν ἀποξενωθέντες
σολοικίζειν ἐλέχθησαν.
Καί εἰσιν οἱ μὲν ἔνθεν Σολεῖς, οἱ δ' ἀπὸ
Κύπρου Σόλιοι. Ὅτε δὲ τὸν Πεισίστρατον
ἔμαθεν ἤδη τυραννεῖν, τάδε ἔγραψε πρὸς τοὺς Ἀθηναίους·
| [1,51] On raconte aussi que Crésus, assis sur son trône
et revêtu de ses ornements royaux, avec toute la
pompe imaginable, lui demanda s'il avait jamais vu
un spectacle plus beau : « Oui, répondit-il, c'est celui
des coqs, des faisans et des paons ; car ces animaux
tiennent leur éclat de la nature, et sont parés de mille
beautés. » Ayant pris congé de Crésus, il se rendit en
Cilicie, où il bâtit une ville qu'il appela Solos de son
nom. Il la peupla de quelques Athéniens, qui, avec le
temps, ayant corrompu leur langue, furent dits faire
des solécismes; on les appela les habitants de Solos,
au lieu que ceux qui portent ce nom en Chypre furent
nommés Soliens.
Solon, informé que Pisistrate se maintenait dans son
usurpation, écrivit aux Athéniens en ces termes :
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