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[1,46] Τὸ δὲ μέγιστον, τῆς πατρίδος αὐτοῦ
{Σαλαμῖνος} ἀμφισβητουμένης ὑπό τε
Ἀθηναίων καὶ Μεγαρέων καὶ πολλάκις τῶν
Ἀθηναίων ἐπταικότων ἐν τοῖς πολέμοις καὶ
ψηφισαμένων εἴ τις ἔτι συμβουλεύσοι περὶ
Σαλαμῖνος μάχεσθαι, θανάτῳ ζημιοῦσθαι,
οὗτος μαίνεσθαι προσποιησάμενος καὶ
στεφανωσάμενος εἰσέπαισεν εἰς τὴν ἀγοράν·
ἔνθα τοῖς Ἀθηναίοις ἀνέγνω διὰ τοῦ κήρυκος
τὰ συντείνοντα περὶ Σαλαμῖνος ἐλεγεῖα καὶ
παρώρμησεν αὐτούς. Καὶ αὖθις πρὸς τοὺς
Μεγαρέας ἐπολέμησαν καὶ ἐνίκων διὰ Σόλωνα.
| [1,46] Voici une action qui lui donna beaucoup de
réputation. Les Athéniens et les Mégariens se
disputaient Salamine, sa patrie, jusqu'à se détruire les
uns les autres; et, après plusieurs pertes, les Athéniens
avaient publié un édit qui défendait sous peine de la
vie de parler du recouvrement de cette île. Solon
là-dessus recourut à cet artifice : Revêtu d'un mauvais
habit, et prenant l'air d'un homme égaré, il parut dans
les carrefours, où la curiosité ayant attroupé la foule,
il donna à lire au crieur public une pièce en vers sur
l'affaire de Salamine, dans laquelle il exhortait le
peuple à agir contre le décret. Cette lecture fit tant
d'impression sur les esprits, que dans le moment
même on déclara la guerre à ceux de Mégare, qui
furent battus, et dépouillés de la possession de l'île.
| [1,47] Ἦν δὲ τὰ ἐλεγεῖα τὰ μάλιστα
καθαψάμενα τῶν Ἀθηναίων τάδε.
Εἴην δὴ τότ' ἐγὼ Φολεγάνδριος ἢ Σικινίτης
ἀντί γ' Ἀθηναίου, πατρίδ' ἀμειψάμενος·
αἶψα γὰρ ἂν φάτις ἥδε μετ' ἀνθρώποισι γένοιτο·
Ἀττικὸς οὗτος ἀνὴρ τῶν Σαλαμιναφετῶν.
Εἶτα· Ἴομεν ἐς Σαλαμῖνα μαχησόμενοι περὶ νήσου
ἱμερτῆς χαλεπόν τ' αἶσχος ἀπωσόμενοι.
Ἔπεισε δὲ αὐτοὺς καὶ τὴν ἐν Θρᾴκῃ
χερρόνησον προσκτήσασθαι.
| [1,47] Entre autres expressions dont il s'était servi, il
émut beaucoup le peuple par celles-ci
« Que ne suis-je né à Pholégandre ou à Sicine !
Que ne puis-je changer ma patrie contre une autre !
J'entends répandre ce bruit déshonorant :
Voilà un de ces Athéniens qui ont abandonné Salamine.
Que n'allons-nous réparer cette honte en conquérant l'île ! »
Il persuada encore aux Athéniens de former des
prétentions sur la Chersonèse de Thrace;
| [1,48] Ἵνα δὲ μὴ δοκοίη βίᾳ μόνον, ἀλλὰ καὶ
δίκῃ τὴν Σαλαμῖνα κεκτῆσθαι, ἀνασκάψας
τινὰς τάφους ἔδειξε τοὺς νεκροὺς πρὸς
ἀνατολὰς ἐστραμμένους, ὡς ἦν ἔθος θάπτειν
Ἀθηναίοις· ἀλλὰ καὶ αὐτοὺς τοὺς τάφους πρὸς
ἕω βλέποντας καὶ ἀπὸ τῶν δήμων τοὺς
χρηματισμοὺς ἐγκεχαραγμένους, ὅπερ ἦν
ἴδιον Ἀθηναίων. Ἔνιοι δέ φασι καὶ ἐγγράψαι
αὐτὸν εἰς τὸν κατάλογον τοῦ Ὁμήρου μετὰ τὸν
Αἴας δ' ἐκ Σαλαμῖνος ἄγεν δυοκαίδεκα νῆας-
στῆσε δ' ἄγων ἵν' Ἀθηναίων ἵσταντο φάλαγγες.
| [1,48] et afin que l'on crût que les Athéniens avaient
droit sur la possession de Salamine, il ouvrit quelques
tombeaux, et fit remarquer que les cadavres y étaient
couchés tournés vers l'orient, ce qui était la coutume
des Athéniens, et que les cercueils même étaient
disposés de cette manière, et portaient des
inscriptions des lieux où les morts étaient nés, ce qui
était particulier aux Athéniens. C'est dans la même
vue, dit-on, qu'à ces mots qui sont dans le catalogue
qu'Homère fait des princes grecs ,
« Ajax de Salamine conduisait douze vaisseaux, »
il ajouta ceux-ci, «qui se joignirent au camp des Athéniens. »
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