[8,45] Ἐπεὶ δὲ σύνεγγυς ἀλλήλων ἐγένοντο,
πρώτη μὲν αὐτῷ δεξιωσομένη προσῆλθεν ἡ μήτηρ πένθιμά
τ´ ἠμφιεσμένη τρύχη καὶ τὰς ὁράσεις ἐκτετηκυῖα
ὑπὸ τῶν δακρύων, ἐλεεινὴ σφόδρα. ἣν ὁ Μάρκιος
ἰδὼν ἄτεγκτος τέως καὶ στερρός, οἷος ἅπασι τοῖς ἀνιαροῖς
ἀντέχειν, οὐθὲν ἔτι τῶν λελογισμένων φυλάττειν
ἱκανὸς ἦν, ἀλλ´ ᾤχετο φερόμενος ὑπὸ τῶν παθῶν ἐπὶ
τὸ ἀνθρώπινον, καὶ περιβαλὼν αὐτὴν ἠσπάζετο καὶ
ταῖς ἡδίσταις φωναῖς ἀνεκάλει καὶ μέχρι πολλοῦ κλαίων
τε καὶ περιέπων κατεῖχεν ἐκλελυμένην καὶ ῥέουσαν ἐπὶ
τὴν γῆν. ὡς δὲ τῶν ἀσπασμῶν τῆς μητρὸς ἅλις εἶχε,
τὴν γυναῖκα προσελθοῦσαν δεξιωσάμενος ἅμα τοῖς
τέκνοις εἶπεν· Ἀγαθῆς γυναικὸς ἔργον ἐποίησας, ὦ
Οὐολουμνία, μείνασα παρὰ τῇ μητρί μου καὶ οὐκ ἐγκαταλιποῦσα
τὴν ἐρημίαν αὐτῆς ἔμοιγε πασῶν ἡδίστην
κεχάρισαι δωρεάν. μετὰ ταῦτα τῶν παιδίων ἑκάτερον
προσαγόμενος καὶ τοὺς προσήκοντας ἀσπασμοὺς ἀποδούς,
ἐπέστρεψεν αὖθις πρὸς τὴν μητέρα καὶ λέγειν
ἐκέλευσε, τίνος δεομένη πάρεστιν. ἡ δὲ πάντων ἀκουόντων
ἔφησεν ἐρεῖν, οὐθενὸς γὰρ ἀνοσίου δεήσεσθαι,
παρεκάλει τ´ αὐτόν, ἐν ᾧ καθεζόμενος εἰώθει χωρίῳ
δικάζειν τοῖς ὄχλοις, ἐν τούτῳ καθίσαι. καὶ ὁ Μάρκιος ἀσμένως τὸ
ῥηθὲν ἐδέξατο ὡς δὴ περιουσίᾳ τε
πολλῇ τῶν δικαίων πρὸς τὴν ἔντευξιν αὐτῆς χρησόμενος καὶ ἐν
καλῷ ποιούμενος τοῖς ὄχλοις τὴν ἀπόκρισιν. ἐλθὼν δ´ ἐπὶ τὸ
στρατηγικὸν βῆμα πρῶτον
μὲν ἐκέλευσε τοῖς ὑπηρέταις καθελεῖν ἀπ´ αὐτοῦ τὸν
δίφρον καὶ θεῖναι χαμαί, μητρὸς ὑψηλότερον οὐκ οἰόμενος δεῖν
τόπον ἔχειν, οὐδ´ ἐξουσίᾳ χρῆσθαι κατ´
ἐκείνης οὐδεμιᾷ· ἔπειτα παρακαθισάμενος τοὺς ἐπιφανεστάτους
τῶν θ´ ἡγεμόνων καὶ λοχαγῶν, καὶ τῶν ἄλλων ἐάσας παρεῖναι τὸν
βουλόμενον, ἐκέλευσε τὴν μητέρα λέγειν.
| [8,45] XIII. AUSSITÔT qu' il fut auprès de la troupe, sa mère en habit de
deuil, les yeux baignés de larmes, et abattus de tristesse, s'approcha la
première pour le saluer, tout son extérieur excitait la compassion. Marcius
qui jusques là avait paru inflexible, et qui s'était, pour ainsi dire, raidi
contre tout ce qu'il y avait de plus capable de le toucher, ne peut tenir plus
longtemps quand il aperçoit Véturie en cet état : les sentiments
d'humanité ont alors plus de force sur son cœur que toute autre
considération. Il l'embrasse, il la salue, il se sert des termes les plus
tendres, il l'appelle sa mère; il répand un torrent de larmes ; et la voyant
abattue de tristesse il la soutient de peur qu'elle ne tombe par terre. Après
avoir rendu ses devoirs à sa mère en s'adressant à sa femme et à ses enfants:
« Volumnie, lui dit- il, vous avez agi comme une sage et fidèle
épouse, en demeurant toujours avec ma mère; rien ne me pouvait faire un
plus grand plaisir que d'apprendre que vous ne l'avez point abandonnée
dans le temps de l'affliction.»
Ayant ainsi parlé, il s'approche de ses deux fils, il les embrasse, il les
baise avec une tendresse paternelle.
XIV. ENSUITE Marcius se tourne vers sa mère : il la presse de lui
dire le sujet qui l'amène. Véturie lui répond qu' elle va s'en expliquer en
présence de tout le monde, qu'elle ne lui demandera rien qui ne soit juste
et et raisonnable, et qu'elle le prie de lui donner audience au même
endroit où il avait accoutumé de rendre la justice au peuple. Marcius y
consent volontiers, persuadé qu'il ne manquera pas {d'un grand nombre}
de bonnes raisons pour éluder ses demandes, et qu'il est plus à propos
de répondre à sa mère devant toute son armée, dont la présence justifiera
son refus. Il s'avance vers son tribunal, et d'abord il ordonne aux licteurs
d'en descendre son siège pour le placer à terre, afin de n'être pas plus
élevé que Véturie, et de ne lui point parler avec un air de supériorité. Il
fait ranger autour de lui les plus distingués de ses colonels et de ses
capitaines, permettant à tous les Volsques de se trouver à l'audience puis
il déclare à sa mère qu'il est prêt de l'écouter.
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