[13,28] ᾿Εγὼ γάρ, ὦ ἄνδρες σύσσιτοι, οὐ κατὰ τὰς Μεταγένους Αὔρας ἢ τὸν ᾿Αρισταγόρου
Μαμμάκυθον
ὑμῖν ὀρχηστρίδας εἶπον ἑταίρας
ὡραίας πρότερον, νῦν δ' οὐχ ὑμῖν ἀγορεύω
ἄρτι χνοαζούσας αὐλητρίδας, αἵ τε τάχιστα
ἀνδρῶν φορτηγῶν ὑπὸ γούνατα μισθοῦ ἔλυσαν,
ἀλλὰ περὶ τῶν ὄντως ἑταιρῶν τὸν λόγον πεποίημαι τουτέστιν τῶν φιλίαν ἄδολον συντηρεῖν
δυναμένων, ἃς ὁ Κύνουλκος τολμᾷ λοιδορεῖν, <τὰς> μόνας τῶν ἄλλων γυναικῶν τῷ τῆς
φιλίας ὀνόματι προσηγορευμένας {ἢ} ἀπὸ τῆς παρὰ τοῖς ᾿Αθηναίοις καλουμένης ῾Εταίρας
{τῆς} ᾿Αφροδίτης. Περὶ ἧς φησιν ὁ ᾿Αθηναῖος ᾿Απολλόδωρος ἐν τοῖς περὶ Θεῶν οὕτως.
«῾Εταίραν δὲ τὴν ᾿Αφροδίτην τὴν τοὺς ἑταίρους καὶ τὰς ἑταίρας συνάγουσαν· τοῦτο δ' ἐστὶν
φίλας.» Καλοῦσι γοῦν καὶ αἱ ἐλεύθεραι γυναῖκες ἔτι καὶ νῦν καὶ αἱ παρθένοι τὰς συνήθεις
καὶ φίλας ἑταίρας, ὡς ἡ Σαπφώ·
Τὰδε νῦν ἑταίραις
ταῖς ἐμαῖσι τερπνὰ καλῶς ἀείσω.
Καὶ ἔτι·
Λατὼ καὶ Νιόβα μάλα μὲν φίλαι ἦσαν ἑταῖραι.
Καλοῦσι δὲ καὶ τὰς μισθαρνούσας ἑταίρας καὶ τὸ ἐπὶ συνουσίαις μισθαρνεῖν ἑταιρεῖν, οὐκ
ἔτι πρὸς τὸ ἔτυμον ἀναφέροντες, ἀλλὰ πρὸς τὸ εὐσχημονέστερον, καθὸ δή καὶ Μένανδρος
ἐν Παρακαταθήκῃ ἀπο τῶν ἑταιρῶν τοὺς ἑταίρους διαστέλλων φησί·
Πεποιήκατ' ἔργον οὐχ ἑταίρων γὰρ
< - - - ἀλλ' ἑταίρων>· ταὐτὰ δ' ὄντα γράμματα
τὴν προσαγόρευσιν οὐ σφόδρ' εὔσχημον ποιεῖ.
| [13,28] Quant à moi, camarades de table, en citant les Brises de Metagène ou
l'Idiot d'Aristagoras, je ne veux pas vous dire ceci :
«Je vous ai parlé d'abord des superbes prostituées danseuses ; je ne vous
ai pas parlé non plus des petites joueuses de flûte, qui, très vite, moyennant
argent, ont vidé de leurs forces nos pauvres marins, à bord de leur navires.»
Non, je désire vous entretenir des courtisanes au sens propre,
celles qui exercent une amitié sans feinte, ces femmes que Cynulcos
couvre d’opprobre, alors qu'elles sont les seules au monde qui
méritent vraiment de porter le nom d’amies, ce nom que, chez les
Athéniens, elles se sont vues décerner en tant que compagnes
d'Aphrodite.
À leur sujet, voyons ce que dit Apollodore d'Athènes dans son
livre sur les Dieux :
«L'Aphrodite courtisane réunit des compagnons et des compagnes,
c'est-à-dire des amies.»
Aujourd’hui encore, les femmes honorables, tout comme les
jeunes filles, ont l’habitude d’appeler leurs amies intimes «chères
compagnes». Sappho ne faisait pas autrement :
«Voici de joyeuses chansons que je chanterai maintenant pour mes compagnes.»
Et encore :
«Léto et Niobé étaient en effet deux compagnes qui m’étaient chères.»
Il est vrai qu’on appelle «compagnes», ces femmes qui se font
payer pour coucher avec un homme. On dit «faire la compagne»
quand quelqu’un monnaye ses faveurs : on use alors d’un mot ayant
à l’origine un sens tout à fait honnête. Ménandre a compris cela et,
dans la Caution, il fait nettement la distinction entre la
«compagne», au sens noble et la «compagne» au sens péjoratif:
«Vous faites le travail non pas des prostituées mais celui d'amies : dans les
deux cas, le mot est identique ; mais si la prononciation est défectueuse, on
commet vite une grosse bévue !»
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