[7,1325b] (1) εἴπερ ὑπάρξει τοῖς ἀποστεροῦσι καὶ βιαζομένοις τὸ τῶν
ὄντων αἱρετώτατον: ἀλλ' ἴσως οὐχ οἷόν τε ὑπάρχειν, ἀλλ' ὑποτίθενται
τοῦτο ψεῦδος. οὐ γὰρ ἔτι καλὰς τὰς πράξεις ἐνδέχεται εἶναι τῷ μὴ
διαφέροντι τοσοῦτον ὅσον ἀνὴρ γυναικὸς ἢ πατὴρ (5) τέκνων ἢ
δεσπότης δούλων: ὥστε ὁ παραβαίνων οὐθὲν ἂν τηλικοῦτον
κατορθώσειεν ὕστερον ὅσον ἤδη παρεκβέβηκε τῆς ἀρετῆς. τοῖς γὰρ
ὁμοίοις τὸ καλὸν καὶ τὸ δίκαιον ἐν τῷ ἐν μέρει, τοῦτο γὰρ ἴσον καὶ
ὅμοιον: τὸ δὲ μὴ ἴσον τοῖς ἴσοις καὶ τὸ μὴ ὅμοιον τοῖς ὁμοίοις παρὰ
φύσιν, οὐδὲν δὲ τῶν (10) παρὰ φύσιν καλόν. διὸ κἂν ἄλλος τις ᾖ
κρείττων κατ' ἀρετὴν καὶ κατὰ δύναμιν τὴν πρακτικὴν τῶν ἀρίστων,
τούτῳ καλὸν ἀκολουθεῖν καὶ τούτῳ πείθεσθαι δίκαιον. δεῖ δ' οὐ
μόνον ἀρετὴν ἀλλὰ καὶ δύναμιν ὑπάρχειν, καθ' ἣν ἔσται πρακτικός.
ἀλλ' εἰ ταῦτα λέγεται καλῶς καὶ τὴν εὐδαιμονίαν (15) εὐπραγίαν
θετέον, καὶ κοινῇ πάσης πόλεως ἂν εἴη καὶ καθ' ἕκαστον ἄριστος βίος
ὁ πρακτικός. ἀλλὰ τὸν πρακτικὸν οὐκ ἀναγκαῖον εἶναι πρὸς ἑτέρους,
καθάπερ οἴονταί τινες, οὐδὲ τὰς διανοίας εἶναι μόνας ταύτας
πρακτικάς, τὰς τῶν ἀποβαινόντων χάριν γιγνομένας ἐκ τοῦ
πράττειν, ἀλλὰ πολὺ μᾶλλον (20) τὰς αὐτοτελεῖς καὶ τὰς αὑτῶν
ἕνεκεν θεωρίας καὶ διανοήσεις: ἡ γὰρ εὐπραξία τέλος, ὥστε καὶ
πρᾶξίς τις. μάλιστα δὲ καὶ πράττειν λέγομεν κυρίως καὶ τῶν
ἐξωτερικῶν πράξεων τοὺς ταῖς διανοίαις ἀρχιτέκτονας. ἀλλὰ μὴν
οὐδ' ἀπρακτεῖν ἀναγκαῖον τὰς καθ' αὑτὰς πόλεις ἱδρυμένας καὶ
(25) ζῆν οὕτω προῃρημένας: ἐνδέχεται γὰρ κατὰ μέρη καὶ τοῦτο
συμβαίνειν: πολλαὶ γὰρ κοινωνίαι πρὸς ἄλληλα τοῖς μέρεσι τῆς
πόλεώς εἰσιν. ὁμοίως δὲ τοῦτο ὑπάρχει καὶ καθ' ἑνὸς ὁτουοῦν τῶν
ἀνθρώπων: σχολῇ γὰρ ἂν ὁ θεὸς εἶχε καλῶς καὶ πᾶς ὁ κόσμος, οἷς
οὐκ εἰσὶν ἐξωτερικαὶ πράξεις (30) παρὰ τὰς οἰκείας τὰς αὐτῶν. ὅτι μὲν
οὖν τὸν αὐτὸν βίον ἀναγκαῖον εἶναι τὸν ἄριστον ἑκάστῳ τε τῶν
ἀνθρώπων καὶ κοινῇ ταῖς πόλεσι καὶ τοῖς ἀνθρώποις, φανερόν ἐστιν.
CHAPITRE IV.
ἐπεὶ δὲ πεφροιμίασται τὰ νῦν εἰρημένα περὶ αὐτῶν, καὶ περὶ τὰς
ἄλλας πολιτείας ἡμῖν τεθεώρηται πρότερον, (35) ἀρχὴ τῶν λοιπῶν
εἰπεῖν πρῶτον ποίας τινὰς δεῖ τὰς ὑποθέσεις εἶναι περὶ τῆς
μελλούσης κατ' εὐχὴν συνεστάναι πόλεως. οὐ γὰρ οἷόν τε πολιτείαν
γενέσθαι τὴν ἀρίστην ἄνευ συμμέτρου χορηγίας. διὸ δεῖ πολλὰ
προϋποτεθεῖσθαι καθάπερ εὐχομένους, εἶναι μέντοι μηθὲν τούτων
ἀδύνατον: λέγω δὲ (40) οἷον περί τε πλήθους πολιτῶν καὶ χώρας.
ὥσπερ γὰρ καὶ τοῖς ἄλλοις δημιουργοῖς, οἷον ὑφάντῃ καὶ ναυπηγῷ,
| [7,1325b] si les spoliations et la violence pouvaient jamais donner le bien suprême ;
mais comme il n'est point possible que jamais elles le donnent,
l'hypothèse est radicalement fausse. Pour faire de grandes choses,
il faut l'emporter sur ses semblables autant que l'homme l'emporte sur la
femme, le père sur les enfants, le maître sur l'esclave ; et celui qui aura d'abord
violé les lois de la vertu, ne pourra jamais faire autant de bien qu'il aura
premièrement fait de mal. Entre créatures semblables, il n'y a d'équité, de justice,
que dans la réciprocité ; c'est elle qui constitue la ressemblance et l'égalité.
L'inégalité entre égaux, la disparité entre pairs sont des faits contre nature ; et rien
de ce qui est contre nature ne peut être bien. Mais s'il se rencontre un mortel
supérieur par son mérite, et par des facultés toutes puissantes qui le portent sans
cesse au bien, c'est celui-là qu'il convient de prendre pour guide, c'est à celui-là
qu'il est juste d'obéir. Toutefois la vertu seule ne suffit pas, il faut encore la
puissance de la mettre en action.
§ 5. Si donc ce principe est vrai, si le bonheur consiste à bien faire, l'activité est,
pour l'État en masse aussi bien que pour les individus en particulier, l'affaire
capitale de la vie. Ce n'est pas à dire pour cela que la vie active doive
nécessairement, comme on le pense en général, se rapporter aux autres hommes,
et que les seules pensées vraiment actives soient celles qui ne visent qu'à des
résultats positifs, suites de l'action même. Les pensées actives sont bien plutôt les
réflexions et les méditations toutes personnelles, qui n'ont pour sujet que de
s'étudier elles-mêmes ; bien faire est leur but ; et cette volonté est déjà presque une
action ; l'idée d'activité s'applique éminemment à la pensée ordonnatrice qui
combine et dispose les actes extérieurs.
§ 6. L'isolement, lors même qu'il est volontaire, avec toutes les conditions
d'existence qu'il amène après lui, n'impose donc pas nécessairement à l'État d'être
inactif. Chacune des parties qui composent la cité peut être active, par les relations
mêmes qu'elles ont toujours nécessairement entre elles. On en peut dire autant de
tout individu pris à part quel qu'il soit ; car autrement Dieu et le monde
n'existeraient pas, puisque leur action n'a rien d'extérieur et qu'elle reste
concentrée en eux-mêmes.
§ 7. Ainsi le but suprême de la vie est nécessairement le même pour l'homme pris
individuellement, que pour les hommes réunis et pour l'État en général.
CHAPITRE IV.
§ 1. Après les considérations préliminaires que nous venons de développer, et
celles auxquelles nous nous sommes livrés sur les diverses formes de
gouvernements, nous aborderons ce qui nous reste à dire en indiquant quels
seraient les principes nécessaires et essentiels d'un gouvernement fait à souhait.
Comme cet État parfait ne peut exister sans les conditions indispensables à sa
perfection même, il est permis de se les donner toutes, par hypothèse, telles qu'on
les désire, pourvu qu'on n'aille point jusqu'à l'impossible ; par exemple, en ce qui
concerne le nombre des citoyens et l'étendue du territoire.
§ 2. Si l'ouvrier en général, le tisserand, le constructeur de navires
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