[7,1325a] (1) ἣ πολιτεύεται δηλονότι καλῶς, εἴπερ ἐνδέχεται πόλιν
οἰκεῖσθαί που καθ' ἑαυτὴν νόμοις χρωμένην σπουδαίοις, ἧς τῆς
πολιτείας ἡ σύνταξις οὐ πρὸς πόλεμον οὐδὲ πρὸς τὸ κρατεῖν ἔσται
τῶν πολεμίων: (5) μηθὲν γὰρ ὑπαρχέτω τοιοῦτον. δῆλον ἄρα ὅτι
πάσας τὰς πρὸς τὸν πόλεμον ἐπιμελείας καλὰς μὲν θετέον, οὐχ ὡς
τέλος δὲ πάντων ἀκρότατον, ἀλλ' ἐκείνου χάριν ταύτας. τοῦ δὲ
νομοθέτου τοῦ σπουδαίου ἐστὶ τὸ θεάσασθαι πόλιν καὶ γένος
ἀνθρώπων καὶ πᾶσαν ἄλλην κοινωνίαν, ζωῆς ἀγαθῆς πῶς
(10) μεθέξουσι καὶ τῆς ἐνδεχομένης αὐτοῖς εὐδαιμονίας. διοίσει
μέντοι τῶν ταττομένων ἔνια νομίμων: καὶ τοῦτο τῆς νομοθετικῆς
ἐστιν ἰδεῖν, ἐάν τινες ὑπάρχωσι γειτνιῶντες, ποῖα πρὸς ποίους
ἀσκητέον ἢ πῶς τοῖς καθήκουσι πρὸς ἑκάστους χρηστέον. ἀλλὰ
τοῦτο μὲν κἂν ὕστερον τύχοι τῆς προσηκούσης (15) σκέψεως, πρὸς τί
τέλος δεῖ τὴν ἀρίστην πολιτείαν συντείνειν:
CHAPITRE III.
πρὸς δὲ τοὺς ὁμολογοῦντας μὲν τὸν μετ' ἀρετῆς εἶναι βίον
αἱρετώτατον, διαφερομένους δὲ περὶ τῆς χρήσεως αὐτοῦ, λεκτέον
ἡμῖν πρὸς ἀμφοτέρους αὐτούς ̔οἱ μὲν γὰρ ἀποδοκιμάζουσι τὰς
πολιτικὰς ἀρχάς, νομίζοντες τὸν τοῦ ἐλευθέρου (20) βίον ἕτερόν τινα
εἶναι τοῦ πολιτικοῦ καὶ πάντων αἱρετώτατον, οἱ δὲ τοῦτον ἄριστον:
ἀδύνατον γὰρ τὸν μηθὲν πράττοντα πράττειν εὖ, τὴν δ' εὐπραγίαν
καὶ τὴν εὐδαιμονίαν εἶναι ταὐτόν̓ ὅτι τὰ μὲν ἀμφότεροι λέγουσιν
ὀρθῶς τὰ δὲ οὐκ ὀρθῶς, οἱ μὲν ὅτι ὁ τοῦ ἐλευθέρου βίος τοῦ
δεσποτικοῦ ἀμείνων. (25) τοῦτο γὰρ ἀληθές: οὐθὲν γὰρ τό γε δούλῳ ᾗ
δοῦλος χρῆσθαι σεμνόν: ἡ γὰρ ἐπίταξις ἡ περὶ τῶν ἀναγκαίων
οὐδενὸς μετέχει τῶν καλῶν. τὸ μέντοι νομίζειν πᾶσαν ἀρχὴν εἶναι
δεσποτείαν οὐκ ὀρθόν: οὐ γὰρ ἔλαττον διέστηκεν ἡ τῶν ἐλευθέρων
ἀρχὴ τῆς τῶν δούλων ἢ αὐτὸ τὸ φύσει ἐλεύθερον τοῦ (30) φύσει
δούλου. διώρισται δὲ περὶ αὐτῶν ἱκανῶς ἐν τοῖς πρώτοις λόγοις. τὸ δὲ
μᾶλλον ἐπαινεῖν τὸ ἀπρακτεῖν τοῦ πράττειν οὐκ ἀληθές: ἡ γὰρ
εὐδαιμονία πρᾶξίς ἐστιν, ἔτι δὲ πολλῶν καὶ καλῶν τέλος ἔχουσιν αἱ
τῶν δικαίων καὶ σωφρόνων πράξεις.
καίτοι τάχ' ἂν ὑπολάβοι τις τούτων οὕτω διωρισμένων (35) ὅτι τὸ
κύριον εἶναι πάντων ἄριστον: οὕτω γὰρ ἂν πλείστων καὶ καλλίστων
κύριος εἴη πράξεων. ὥστε οὐ δεῖν τὸν δυνάμενον ἄρχειν παριέναι τῷ
πλησίον, ἀλλὰ μᾶλλον ἀφαιρεῖσθαι, καὶ μήτε πατέρα παίδων μήτε
παῖδας πατρὸς μήθ' ὅλως φίλον φίλου μηθένα ὑπόλογον ποιεῖσθαι
μηδὲ (40) πρὸς τοῦτο φροντίζειν: τὸ γὰρ ἄριστον αἱρετώτατον, τὸ δ' εὖ
πράττειν ἄριστον. τοῦτο μὲν οὖν ἀληθῶς ἴσως λέγουσιν,
| [7,1325a] à la seule condition d'être bien administré et d'avoir de bonnes lois. Dans
cette cité-là, la constitution ne sera certainement tournée ni à la guerre ni à la
conquête, idées que personne n'y peut même supposer.
§ 10. Ainsi donc, il est clair que ces institutions guerrières, quelque belles qu'elles
soient, doivent être non point le but suprême de l'État, mais seulement des
moyens pour l'atteindre. Le vrai législateur ne songera qu'à donner à la cité
entière, aux individus divers qui la composent, et à tous les autres membres de
l'association, la part de vertu et de bonheur qui peut leur appartenir, modifiant
selon les cas le système et les exigences de ses lois : et si l'État a des voisins, la
législation aura soin de prévoir les relations qu'il convient d'entre-tenir avec eux,
et les devoirs que l'on doit remplir à leur égard. Cet objet aussi sera traité plus tard
par nous comme il mérite de l'être, quand nous déterminerons quel est le but où
doit tendre le gouvernement parfait.
CHAPITRE III.
§ 1. On convient, avons-nous dit, que l'objet qu'on doit rechercher essentiellement
dans la vie, c'est la vertu ; mais on ne s'accorde pas sur l'emploi qu'on doit donner
à la vie. Examinons les deux opinions contraires. Ici l'on condamne toutes
fonctions politiques, et l'on soutient que la vie d'un véritable homme libre, à
laquelle on donne une haute préférence, diffère complètement de la vie de
l'homme d'État ; là, on met au contraire la vie politique au-dessus de toute autre,
parce que celui qui n'agit pas ne peut faire acte de vertu, et que bonheur et actions
vertueuses sont choses identiques. Ces opinions sont toutes en partie vraies, en
partie fausses. Qu'il vaille mieux vivre comme un homme libre que de vivre
comme un maître d'esclaves, cela est vrai ; l'emploi d'un esclave, en tant
qu'esclave, n'est pas chose fort noble ; et les ordres d'un maître pour les détails de
la vie de chaque jour n'ont rien de commun avec le beau.
§ 2. Mais c'est une erreur de croire que toute autorité soit nécessairement une
autorité de maître. L'autorité sur des hommes libres et l'autorité sur des esclaves,
ne diffèrent pas moins que la nature de l'homme libre et la nature de l'esclave ;
c'est ce que nous avons assez démontré au début de cet ouvrage. Mais on a grand
tort de préférer l'inaction au travail ; car le bonheur n'est que dans l'activité, et les
hommes justes et sages ont toujours dans leur actions des fins aussi nombreuses
qu'honorables.
§ 3. Mais, pourrait-on dire, en partant de ces principes mêmes : « Une puissance
absolue est le plus grand des biens, puisqu'elle permet de multiplier autant qu'on
le veut les belles actions. Lors donc qu'on peut s'emparer du pouvoir, il ne faut pas
le laisser à d'autres mains ; il faut même au besoin le leur arracher. Relation de fils,
de père, d'amis, les uns envers les autres, tout doit être repoussé, sacrifié ; il faut
saisir à tout prix le bien suprême, et ici le bien suprême c'est le succès. »
§ 4. Cette objection serait vraie, tout au plus,
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