[405] (405a) Ἀκολασίας δὲ καὶ νόσων πληθυουσῶν ἐν πόλει ἆρ’ οὐ
δικαστήριά τε καὶ ἰατρεῖα πολλὰ ἀνοίγεται, καὶ δικανική τε καὶ ἰατρικὴ
σεμνύνονται, ὅταν δὴ καὶ ἐλεύθεροι πολλοὶ καὶ σφόδρα περὶ αὐτὰ
σπουδάζωσιν;
Τί γὰρ οὐ μέλλει;
Τῆς δὲ κακῆς τε καὶ αἰσχρᾶς παιδείας ἐν πόλει ἆρα μή τι μεῖζον ἕξεις
λαβεῖν τεκμήριον ἢ τὸ δεῖσθαι ἰατρῶν καὶ δικαστῶν ἄκρων μὴ μόνον τοὺς
φαύλους τε καὶ χειροτέχνας, ἀλλὰ καὶ τοὺς ἐν ἐλευθέρῳ σχήματι
προσποιουμένους τε(b)θράφθαι; ἢ οὐκ αἰσχρὸν δοκεῖ καὶ ἀπαιδευσίας
μέγα τεκμήριον τὸ ἐπακτῷ παρ’ ἄλλων, ὡς δεσποτῶν τε καὶ κριτῶν, τῷ
δικαίῳ ἀναγκάζεσθαι χρῆσθαι, καὶ ἀπορίᾳ οἰκείων;
Πάντων μὲν οὖν, ἔφη, αἴσχιστον.
῏Η δοκεῖ σοι, ἦν δ’ ἐγώ, τούτου αἴσχιον εἶναι τοῦτο, ὅταν δή τις μὴ
μόνον τὸ πολὺ τοῦ βίου ἐν δικαστηρίοις φεύγων τε καὶ διώκων
κατατρίβηται, ἀλλὰ καὶ ὑπὸ ἀπειροκαλίας ἐπ’ αὐτῷ δὴ τούτῳ πεισθῇ
καλλωπίζεσθαι, ὡς δεινὸς (c) ὢν περὶ τὸ ἀδικεῖν καὶ ἱκανὸς πάσας μὲν
στροφὰς στρέφεσθαι, πάσας δὲ διεξόδους διεξελθὼν ἀποστραφῆναι
λυγιζόμενος, ὥστε μὴ παρασχεῖν δίκην, καὶ ταῦτα σμικρῶν τε καὶ οὐδενὸς
ἀξίων ἕνεκα, ἀγνοῶν ὅσῳ κάλλιον καὶ ἄμεινον τὸ παρασκευάζειν τὸν
βίον αὑτῷ μηδὲν δεῖσθαι νυστάζοντος δικαστοῦ;
Οὔκ, ἀλλὰ τοῦτ’, ἔφη, ἐκείνου ἔτι αἴσχιον.
Τὸ δὲ ἰατρικῆς, ἦν δ’ ἐγώ, δεῖσθαι ὅτι μὴ τραυμάτων ἕνεκα ἤ τινων
ἐπετείων νοσημάτων ἐπιπεσόντων, ἀλλὰ δι’ (d) ἀργίαν τε καὶ δίαιταν
οἵαν διήλθομεν, ῥευμάτων τε καὶ πνευμάτων ὥσπερ λίμνας
ἐμπιμπλαμένους φύσας τε καὶ κατάρρους νοσήμασιν ὀνόματα τίθεσθαι
ἀναγκάζειν τοὺς κομψοὺς Ἀσκληπιάδας, οὐκ αἰσχρὸν δοκεῖ;
Καὶ μάλ’, ἔφη· ὡς ἀληθῶς καινὰ ταῦτα καὶ ἄτοπα νοσημάτων ὀνόματα.
Οἷα, ἦν δ’ ἐγώ, ὡς οἶμαι, οὐκ ἦν ἐπ’ Ἀσκληπιοῦ. (e) τεκμαίρομαι δέ,
ὅτι αὐτοῦ οἱ ὑεῖς ἐν Τροίᾳ Εὐρυπύλῳ τετρωμένῳ ἐπ’ οἶνον Πράμνειον
| [405] Mais si le dérèglement et les maladies se multiplient (405a)
dans une cité, ne s'ouvrira-t-il pas beaucoup de
tribunaux et de cliniques ? la chicane et la médecine
y seront en honneur quand les hommes libres eux-mêmes
s'y appliqueront nombreux et avec ardeur.
Comment cela n'arriverait-il pas ?
Or, du vice et de la bassesse de l'éducation dans une cité
est-il plus grande preuve que le besoin de médecins et de
juges habiles, non seulement pour les gens du commun
et les artisans, mais encore pour ceux qui se piquent
d'avoir reçu une éducation libérale ? Ou bien penserais-tu
que ce n'est pas une honte et une grande (405b) preuve
de manque d'éducation que d'être forcé d'avoir recours à
une justice d'emprunt, et de rendre les autres maîtres et
juges de son droit, faute de justice personnelle ?
C'est la plus grande honte qui soit ! dit-il.
Mais ne crois-tu pas qu'il y ait honte plus grande encore
quand, non content de passer la majeure partie de sa vie
devant les tribunaux à soutenir ou à intenter des procès,
on se vante par vulgarité d'être habile à commettre
l'injustice, de pouvoir jouer tous les tours, (405c) s'enfuir
par toutes les issues, et plier comme l'osier pour éviter le
châtiment ? Et cela pour des intérêts mesquins et
méprisables, parce qu'on ne sait pas combien il est plus
beau et meilleur d'ordonner sa vie de façon à n'avoir pas
besoin d'un juge somnolent ?
C'est là, avoua-t-il, honte plus grande encore.
D'un autre côté, recourir à l'art du médecin, non pas
pour des blessures ou pour quelqu'une de ces maladies
(405d) que ramènent les saisons, mais parce que, sous
l'effet de la paresse et du régime que nous avons décrit,
on s'emplit d'humeurs et de vapeurs comme un étang, et
contraindre les subtils enfants d'Asclépios à donner à ces
maladies les noms de « flatulences » et de « catarrhes »,
n'est-ce pas, aussi, une chose honteuse ?
Si, répondit-il, et vraiment ce sont des noms de maladies
nouveaux et étranges.
Tels, repris-je, qu'il n'en existait pas, je crois, au (405e)
temps d'Asclépios. Je le conjecture parce que ses fils, à
Troie, ne blâmèrent point la femme qui fit boire à
Eurypyle blessé du vin Pramnien
|