[12,951] οἵτινες εὐδόκιμον τὴν πόλιν ἐν ἱεραῖς τε καὶ εἰρηνικαῖς
συνουσίαις ποιήσουσι (951a) δοκεῖν, τοῖς περὶ τὸν πόλεμον
ἀντίστροφον ἀποδιδόντες δόξης παρασκευήν, ἐλθόντες δὲ
οἴκαδε διδάξουσι τοὺς νέους ὅτι δεύτερα τὰ τῶν ἄλλων ἐστὶ
νόμιμα τὰ περὶ τὰς πολιτείας. θεωροὺς δὲ ἄλλους ἐκπέμπειν
χρεὼν τοιούσδε τινὰς τοὺς νομοφύλακας παρεμένους· ἄν τινες
ἐπιθυμῶσι τῶν πολιτῶν τὰ τῶν ἄλλων ἀνθρώπων πράγματα
θεωρῆσαι κατά τινα πλείω σχολήν, ἀπειργέτω μηδεὶς τούτους
νόμος. οὔτε (951b) γὰρ ἄπειρος οὖσα πόλις ἀνθρώπων κακῶν
καὶ ἀγαθῶν δύναιτ' ἄν ποτε, ἀνομίλητος οὖσα, ἥμερος ἱκανῶς
εἶναι καὶ τέλεος, οὐδ' αὖ τοὺς νόμους διαφυλάττειν ἄνευ τοῦ
γνώμῃ λαβεῖν αὐτοὺς ἀλλὰ μὴ μόνον ἔθεσιν. εἰσὶ γὰρ ἐν τοῖς
πολλοῖς ἄνθρωποι ἀεὶ θεῖοί τινες - οὐ πολλοί - παντὸς ἄξιοι
συγγίγνεσθαι, φυόμενοι οὐδὲν μᾶλλον ἐν εὐνομουμέναις
πόλεσιν ἢ καὶ μή, ὧν κατ' ἴχνος ἀεὶ χρὴ τὸν ἐν ταῖς
εὐνομουμέναις πόλεσιν οἰκοῦντα, ἐξιόντα κατὰ θάλατταν καὶ
γῆν, ζητεῖν (951c) ὃς ἂν ἀδιάφθαρτος ᾖ, τὰ μὲν βεβαιούμενον
τῶν νομίμων, ὅσα καλῶς αὐτοῖς κεῖται, τὰ δ' ἐπανορθούμενον,
εἴ τι παραλείπεται. ἄνευ γὰρ ταύτης τῆς θεωρίας καὶ ζητήσεως
οὐ μένει ποτὲ τελέως πόλις, οὐδ' ἂν κακῶς αὐτὴν θεωρῶσιν.
(Κλεινίας) πῶς οὖν ἂν γίγνοιτ' ἀμφότερα;
CHAPITRE VI.
(Ἀθηναῖος) τῇδε. πρῶτον μὲν ὁ θεωρὸς ὁ τοιοῦτος ἡμῖν γεγονὼς ἔστω
πλειόνων ἐτῶν ἢ πεντήκοντα, ἔτι δὲ τῶν εὐδοκίμων τά τε ἄλλα
καὶ εἰς τὸν πόλεμον ἔστω γεγενημένος, (951d) εἰ μέλλει τὸ τῶν
νομοφυλάκων δεῖγμα εἰς τὰς ἄλλας μεθήσειν πόλεις· πλέον δὲ
ἑξήκοντα γεγονὼς ἐτῶν μηκέτι θεωρείτω. θεωρήσας δὲ ὁπόσ'
ἂν ἔτη βουληθῇ τῶν δέκα καὶ ἀφικόμενος οἴκαδε, εἰς τὸν
σύλλογον ἴτω τὸν τῶν περὶ νόμους ἐποπτευόντων· οὗτος δ'
ἔστω νέων καὶ πρεσβυτέρων μεμειγμένος, ἑκάστης μὲν ἡμέρας
συλλεγόμενος ἐξ ἀνάγκης ἀπ' ὄρθρου μέχριπερ ἂν ἥλιος
ἀνάσχῃ, πρῶτον μὲν τῶν ἱερέων τῶν τὰ ἀριστεῖα εἰληφότων,
ἔπειτα τῶν νομοφυλάκων (951e) τοὺς ἀεὶ πρεσβεύοντας δέκα.
ἔτι ὁ περὶ τῆς παιδείας πάσης ἐπιμελητὴς ὅ τε νέος οἵ τε ἐκ τῆς
ἀρχῆς ταύτης ἀπηλλαγμένοι. ἕκαστος δὲ τούτων μὴ μόνος,
ἀλλ' ἴτω μετὰ νέου ἀπὸ τριάκοντα ἐτῶν μέχρι τετταράκοντα,
τὸν ἀρέσκοντα αὑτῷ προσλαμβάνων.
| [12,951] afin qu'ils donnent une haute idée de notre république
et lui procurent une réputation égale à celle des exploits militaires. De
retour chez eux, ils apprendront aux jeunes que les institutions
politiques des autres peuples sont inférieures à celles de leur pays. Pour
les délégations aux fêtes solennelles, les gardiens des lois enverront
aussi des gens doués des mêmes qualités.
Si certains citoyens ont envie d'aller étudier plus à loisir ce qui se
fait ailleurs, qu'aucune loi ne les en empêche ; car un État qui ne
connaît pas ce qu'il y a de bon et de mauvais parmi les hommes et qui n'a
pas de commerce avec eux ne saurait devenir parfaitement civilisé, ni
conserver toujours ses lois, s'il se borne à les pratiquer dans ses
moeurs, sans en avoir pénétré l'esprit par la réflexion. Il se trouve
toujours en effet dans les rangs du peuple des hommes divins, en petit
nombre il est vrai, qui méritent hautement qu'on les fréquente. Ils
prennent naissance dans les États mal policés tout aussi bien que dans
ceux qui le sont bien. Les habitants des cités bien gouvernées, s'ils sont
d'une vertu incorruptible, ne doivent pas manquer de quitter leur pays
pour les suivre à la trace sur terre et sur mer, tant pour affermir ce
qu'il y a de sage dans leurs lois que pour corriger ce qu'il y a de
défectueux. Un État ne reste jamais parfait, s'il ne fait ces observations
et ces recherches, ou s'il les fait mal.
(CLINIAS) Comment s'y prendra-t-on pour affermir ou corriger les lois ?
CHAPITRE VI.
(L'ATHÉNIEN) De cette manière. Il faut d'abord que notre observateur ait
plus de cinquante ans et qu'il ait acquis une belle renommée par toute sa
conduite et notamment à la guerre, s'il veut être dans les autres États le
modèle des gardiens des lois. Dès qu'il aura passé la soixantaine, il
devra renoncer à son office d'observateur. Après l'avoir rempli pendant
ces dix années autant de temps qu'il voudra, il se rendra, dès son retour
au pays, dans l'assemblée des magistrats chargés de l'inspection des lois.
Ce conseil, mêlé de jeunes gens et de vieillards, se tiendra
nécessairement tous les jours depuis le lever jusqu'au coucher du soleil.
Il sera formé d'abord des prêtres qui auront, obtenu le prix de vertu,
ensuite des dix plus vieux gardiens des lois, enfin de celui qui préside
actuellement à toute l'éducation de la jeunesse, et de tous ceux qui ont
rempli cette charge. Aucun d'eux ne viendra seul, mais avec un jeune homme
entre trente et quarante ans, qu'il aura choisi à son gré.
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