[12,950] (950a) καινοτομίας ἀλλήλοις ἐμποιούντων ξένων ξένοις·
ὃ δὴ τοῖς μὲν εὖ πολιτευομένοις διὰ νόμων ὀρθῶν βλάβην ἂν φέροι
μεγίστην πασῶν, ταῖς δὲ πλείσταις πόλεσιν, ἅτε οὐδαμῶς
εὐνομουμέναις, οὐδὲν διαφέρει φύρεσθαι δεχομένους τε αὐτοῖς
ξένους καὶ αὐτοὺς εἰς τὰς ἄλλας ἐπικωμάζοντας πόλεις, ὅταν
ἐπιθυμήσῃ τις ἀποδημίας ὁπῃοῦν καὶ ὁπότε, εἴτε νέος εἴτε καὶ
πρεσβύτερος ὤν. τὸ δ' αὖ μήτε ἄλλους δέχεσθαι μήτε αὐτοὺς
ἄλλοσε ἀποδημεῖν ἅμα μὲν οὐκ ἐγχωρεῖ τό γε (950b) παράπαν,
ἔτι δὲ ἄγριον καὶ ἀπηνὲς φαίνοιτ' ἂν τοῖς ἄλλοις ἀνθρώποις,
ὀνόμασίν τε χαλεποῖς ταῖσιν λεγομέναις ξενηλασίαις
χρωμένους καὶ τρόποις αὐθάδεσι καὶ χαλεποῖς, ὡς δοκοῖεν ἄν·
χρὴ δὲ οὔποτε περὶ σμικροῦ ποιεῖσθαι τὸ δοκεῖν ἀγαθοὺς εἶναι
τοῖς ἄλλοις ἢ μὴ δοκεῖν. οὐ γὰρ ὅσον οὐσίας ἀρετῆς
ἀπεσφαλμένοι τυγχάνουσιν οἱ πολλοί, τοσοῦτον καὶ τοῦ
κρίνειν τοὺς ἄλλους ὅσοι πονηροὶ καὶ χρηστοί, θεῖον δέ τι καὶ
εὔστοχον ἔνεστι καὶ τοῖσιν κακοῖς, ὥστε πάμπολλοι (950c) καὶ
τῶν σφόδρα κακῶν εὖ τοῖς λόγοις καὶ ταῖς δόξαις διαιροῦνται
τοὺς ἀμείνους τῶν ἀνθρώπων καὶ τοὺς χείρονας. διὸ καλὸν ταῖς
πολλαῖς πόλεσι τὸ παρακέλευμά ἐστιν, προτιμᾶν τὴν εὐδοξίαν
πρὸς τῶν πολλῶν. τὸ μὲν γὰρ ὀρθότατον καὶ μέγιστον, ὄντα
ἀγαθὸν ἀληθῶς οὕτω τὸν εὔδοξον βίον θηρεύειν, χωρὶς δὲ
μηδαμῶς, τόν γε τέλεον ἄνδρα ἐσόμενον, καὶ δὴ καὶ τῇ κατὰ
Κρήτην οἰκιζομένῃ πόλει πρέπον ἂν εἴη δόξαν πρὸς τῶν ἄλλων
ἀνθρώπων ὅτι (950d) καλλίστην τε καὶ ἀρίστην
παρασκευάζεσθαι πρὸς ἀρετήν· πᾶσα δ' ἐλπὶς αὐτὴν ἐκ τῶν
εἰκότων, ἄνπερ κατὰ λόγον γίγνηται, μετ' ὀλίγων ἥλιον ὄψεσθαι
καὶ τοὺς ἄλλους θεοὺς ἐν ταῖς εὐνόμοις πόλεσι καὶ χώραις.
ὧδε οὖν χρὴ ποιεῖν περὶ ἀποδημίας εἰς ἄλλας χώρας
καὶ τόπους καὶ περὶ ὑποδοχῆς ξένων. πρῶτον μὲν νεωτέρῳ
ἐτῶν τετταράκοντα μὴ ἐξέστω ἀποδημῆσαι μηδαμῇ μηδαμῶς,
ἔτι τε ἰδίᾳ μηδενί, δημοσίᾳ δ' ἔστω κήρυξιν ἢ πρεσβείαις ἢ καί
τισι θεωροῖς· (950e) τὰς δὲ κατὰ πόλεμον καὶ στρατείας
ἀποδημίας οὐκ ἐν ἐκδημίαις πολιτικαῖς ἄξιον ἀγορεύειν ὡς
τούτων οὔσας. Πυθώδε τῷ Ἀπόλλωνι καὶ εἰς Ὀλυμπίαν τῷ Διὶ
καὶ εἰς Νεμέαν καὶ εἰς Ἰσθμὸν χρὴ πέμπειν κοινωνοῦντας
θυσιῶν τε καὶ ἀγώνων τούτοις τοῖς θεοῖς, πέμπειν δὲ εἰς
δύναμιν ὅτι πλείστους ἅμα καὶ καλλίστους τε καὶ ἀρίστους,
| [12,950] par suite des nouveautés que les étrangers apportent les uns chez les
autres, et qui causent à ceux qui ont un bon régime politique le plus grave
des préjudices. Art contraire, pour la plupart des États, vu qu'ils sont régis par des
lois défectueuses, il ne leur importe pas du tout de s'exposer à ce mélange en
recevant des étrangers chez eux et en partant en partie de plaisir pour d'autres pays,
lorsqu'il leur prend fantaisie de voyager en quelque endroit et en quelque
temps que ce soit dans leur jeunesse, soit dans un âge plus avancé. D'un
autre côté, refuser de recevoir des étrangers et ne pouvoir aller soi-même
voyager dans un autre pays, ce sont là deux choses inadmissibles et qui
paraîtraient sauvages et barbares aux autres hommes. Ils nous
reprocheraient ce qu'ils appellent l'expulsion des étrangers et nous
prendraient pour des gens arrogants et durs. Il ne faut jamais faire peu
de cas de la réputation bonne ou mauvaise que l'on a chez les autres; car
la plupart des gens peuvent manquer de vertu véritable, mais ils n'en
jugent pas moins exactement de la méchanceté et de la nocivité des autres,
et les méchants eux-mêmes ont une perspicacité quasi divine, au point que
très souvent des gens très corrompus savent fort bien discerner dans leurs
discours et dans leur for intérieur les hommes vertueux des pervers. Aussi
est-ce dans la plupart des États une excellente maxime de faire grand cas
de la réputation qu'on peut avoir chez les autres. Mais ce qui est le
meilleur et le plus important, c'est d'être réellement vertueux et de ne
rechercher la réputation qu'à cette condition, si l'on aspire à la vertu
parfaite. Il convient donc dans l'État que nous fondons en Crète de nous
ménager près des autres la plus belle et la meilleure réputation de vertu,
et nous avons tout lieu d'espérer, si d'après les vraisemblances elle est
fondée selon notre idée, que le Soleil et les autres dieux la verront sous
peu au nombre des États et des pays bien policés.
Voici donc ce qu'il faut faire au sujet des voyages en d'autres pays et
d'autres villes et de la réception des étrangers. En premier lieu, qu'il
ne soit permis en aucune manière à tout citoyen au-dessous de quarante ans
de voyager à l'étranger, quelque part que ce soit, et qu'aucun n'ait le
droit de voyager à titre privé, mais seulement au nom de l'État, en
qualité de héraut, d'ambassadeur ou de délégué aux fêtes de la Grèce.
Quant aux absences pour la guerre ou les expéditions militaires, il ne
faut pas les compter parmi les voyages officiels, comme si elles étaient
de même nature. On enverra à Pythô en l'honneur d'Apollon, à Olympie en
l'honneur de Zeus, à Némée et à l'Isthme des délégués pour participer aux
sacrifices et aux jeux célébrés pour ces dieux, et l'on tâchera d'y envoyer
en aussi grand nombre que possible les citoyens les mieux faits et
les plus vertueux,
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