[120] Οἴομαι τοίνυν καὶ τοῦτον τὸν λόγον Λεπτίνην ἐρεῖν, ὡς τὰς εἰκόνας
καὶ τὴν σίτησιν οὐκ ἀφαιρεῖται τῶν εἰληφότων ὁ νόμος, οὐδὲ τῆς πόλεως τὸ
τιμᾶν τοὺς ὄντας ἀξίους, ἀλλ' ἔσται χαλκοῦς ἱστάναι καὶ σίτησιν διδόναι
καὶ ἄλλ' ὅ τι ἂν βούλησθε, πλὴν τούτου. Ἐγὼ δ' ὑπὲρ ὧν μὲν τῇ πόλει
καταλείπειν φήσει, τοσοῦτο λέγω· ὅταν ὧν ἐδώκατέ τῳ πρότερόν τι, τοῦτ'
ἀφέλησθε, καὶ τὰς ὑπολοίπους ἀπίστους ποιήσετε πάσας δωρειάς. Τί γὰρ ἔσται
πιστότερον τὸ τῆς εἰκόνος ἢ τῆς σιτήσεως ἢ τὸ τῆς ἀτελείας, ἣν πρότερόν
τισι δόντες ἀφῃρημένοι φανεῖσθε; (121) Ἔτι δ' εἰ μηδὲν ἔμελλε τοῦτ'
ἔσεσθαι δυσχερές, οὐδ' ἐκεῖνο καλῶς ἔχειν ἡγοῦμαι, εἰς τοιαύτην ἄγειν
ἀνάγκην τὴν πόλιν δι' ἧς ἅπαντας ἐξ ἴσου τῶν αὐτῶν ἀξιώσει τοῖς τὰ μέγιστ'
εὐεργετοῦσιν, ἢ μὴ τοῦτο ποιοῦσα χάριν τισὶν οὐκ ἀποδώσει. Μεγάλων μὲν οὖν
εὐεργεσιῶν οὔθ' ὑμῖν συμφέρει συμβαίνειν πολλάκις καιρόν, οὔτ' ἴσως ῥᾴδιον
αἰτίῳ γενέσθαι· (122) μετρίων δὲ καὶ ὧν ἂν ἐν εἰρήνῃ τις καὶ πολιτείᾳ
δύναιτ' ἐφικέσθαι, εὐνοίας, δικαιοσύνης, ἐπιμελείας, τῶν τοιούτων, καὶ
συμφέρειν ἔμοιγε δοκεῖ καὶ χρῆναι διδόναι τὰς τιμάς. Δεῖ τοίνυν μεμερίσθαι
καὶ τὰ τῶν δωρειῶν, ἵν' ἧς ἂν ἄξιος ὢν ἕκαστος φαίνηται, ταύτην παρὰ τοῦ
δήμου λαμβάνῃ τὴν δωρειάν. (123) Ἀλλὰ μὴν ὑπὲρ ὧν γε τοῖς εὑρημένοις τὰς
τιμὰς καταλείπειν φήσει, οἱ μὲν ἁπλᾶ πάνυ καὶ δίκαι' ἂν εἴποιεν, πάνθ' ὅσα
τῶν αὐτῶν ἕνεκ' αὐτοῖς ἔδοτ' εὐεργεσιῶν ἀξιοῦντες ἔχειν, οἱ δὲ φενακίζειν
τὸν ὡς καταλείπεται λέγοντά τι αὐτοῖς. Ὁ γὰρ ἄξια τῆς ἀτελείας εὖ
πεποιηκέναι δόξας καὶ ταύτην παρ' ὑμῶν λαβὼν τὴν τιμὴν μόνην, ἢ ξένος ἢ
καί τις πολίτης, ἐπειδὰν ἀφαιρεθῇ ταύτην, τίν' ἔχει λοιπὴν δωρειάν,
Λεπτίνη; Οὐδεμίαν δήπου. Μὴ τοίνυν διὰ μὲν τοῦ τῶνδε κατηγορεῖν ὡς φαύλων
ἐκείνους ἀφαιροῦ, δι' ἃ δ' αὖ καταλείπειν ἐκείνοις φήσεις, τούσδ' ὃ μόνον
λαβόντες ἔχουσι, τοῦτ' ἀφέλῃ. (124) Ὡς δ' ἁπλῶς εἰπεῖν, οὐκ, εἰ τῶν πάντων
ἀδικήσομέν τιν' ἢ μείζον' ἢ ἐλάττονα, δεινόν ἐστιν, ἀλλ' εἰ τὰς τιμάς, αἷς
ἂν ἀντ' εὖ ποιήσωμέν τινας, ἀπίστους καταστήσομεν· οὐδ' ὁ πλεῖστος ἔμοιγε
λόγος περὶ τῆς ἀτελείας ἐστίν, ἀλλ' ὑπὲρ τοῦ πονηρὸν ἔθος τὸν νόμον
εἰσάγειν καὶ τοιοῦτον δι' οὗ πάντ' ἄπισθ' ὅσ' ὁ δῆμος δίδωσιν ἔσται.
(125) Ὃν τοίνυν κακουργότατον οἴονται λόγον εὑρηκέναι πρὸς τὸ τὰς ἀτελείας
ὑμᾶς ἀφελέσθαι πεῖσαι, βέλτιόν ἐστι προειπεῖν, ἵνα μὴ λάθητ'
ἐξαπατηθέντες. Ἐροῦσ' ὅτι ταῦθ' ἱερῶν ἐστιν ἅπαντα τἀναλώματα αἱ χορηγίαι
καὶ αἱ γυμνασιαρχίαι· δεινὸν οὖν, εἰ τῶν ἱερῶν ἀτελής τις ἀφεθήσεται. Ἐγὼ
δὲ τὸ μέν τινας, οἷς ὁ δῆμος ἔδωκεν, ἀτελεῖς εἶναι τούτων δίκαιον ἡγοῦμαι,
ὃ δὲ νῦν οὗτοι ποιήσουσιν, ἐὰν ἄρα ταῦτα λέγωσι, τοῦτ' εἶναι δεινὸν
νομίζω. (126) Εἰ γὰρ ἃ κατὰ μηδέν' ἄλλον ἔχουσι τρόπον δεῖξαι δίκαιον ὑμᾶς
ἀφελέσθαι, ταῦτ' ἐπὶ τῷ τῶν θεῶν ὀνόματι ποιεῖν ζητήσουσιν, πῶς οὐκ
ἀσεβέστατον ἔργον καὶ δεινότατον πράξουσιν; Χρὴ γάρ, ὡς γοῦν ἐμοὶ δοκεῖ,
ὅσα τις πράττει τοὺς θεοὺς ἐπιφημίζων, τοιαῦτα φαίνεσθαι οἷα μηδ' ἂν ἐπ'
ἀνθρώπου πραχθέντα πονηρὰ φανείη. Ὅτι δ' οὐκ ἔστι ταὐτὸν ἱερῶν ἀτέλειαν
ἔχειν καὶ λῃτουργιῶν, ἀλλ' οὗτοι τὸ τῶν λῃτουργιῶν ὄνομ' ἐπὶ τὸ τῶν ἱερῶν
μεταφέροντες ἐξαπατᾶν ζητοῦσι, Λεπτίνην ὑμῖν αὐτὸν ἐγὼ παρα σχήσομαι
μάρτυρα. (127) Γράφων γὰρ ἀρχὴν τοῦ νόμου « Λεπτίνης εἶπεν » φησίν, «
ὅπως ἂν οἱ πλουσιώτατοι λῃτουργῶσιν, ἀτελῆ μηδέν' εἶναι πλὴν τῶν ἀφ'
Ἁρμοδίου καὶ Ἀριστογείτονος. » Καίτοι εἰ ἦν ἱερῶν ἀτέλειαν ἔχειν ταὐτὸ
καὶ λῃτουργιῶν, τί τοῦτο μαθὼν προσέγραψεν; Οὐδὲ γὰρ τούτοις ἀτέλεια τῶν
γ' ἱερῶν ἐστιν δεδομένη. Ἵνα δ' εἰδῆθ' ὅτι ταῦτα τοῦτον ἔχει τὸν τρόπον,
λαβέ μοι πρῶτον μὲν τῆς στήλης τἀντίγραφα, εἶτα τὴν ἀρχὴν τοῦ νόμου τοῦ
Λεπτίνου. Λέγε.
ΑΝΤΙΓPΑΦΑ ΣΤΗΛΗΣ.
(128) Ἀκούετε τῶν ἀντιγράφων τῆς στήλης, ὦ ἄνδρες Ἀθηναῖοι, ἀτελεῖς αὐτοὺς
εἶναι κελευόντων πλὴν ἱερῶν. Λέγε δὴ τὴν ἀρχὴν τοῦ νόμου τοῦ Λεπτίνου.
ΝΟΜΟΣ.
Καλῶς· κατάθες. Γράψας « Ὅπως ἂν οἱ πλουσιώτατοι λῃτουργῶσι, » « Μηδέν'
εἶναι » προσέγραψεν « Ἀτελῆ πλὴν τῶν ἀφ' Ἁρμοδίου καὶ Ἀριστογείτονος. »
Τίνος ἕνεκα, εἴ γε τὸ τῶν ἱερῶν τέλος ἐστὶ λῃτουργεῖν; Αὐτὸς γὰρ οὑτωσὶ
τἀναντία τῇ στήλῃ γεγραφώς, ἂν τοῦτο λέγῃ, φανήσεται. (129) Ἡδέως δ' ἂν
ἔγωγ' ἐροίμην Λεπτίνην· τίνος αὐτοῖς τὴν ἀτέλειαν ἢ σὺ νῦν καταλείπειν
φήσεις ἢ ἐκείνους τότε δοῦναι, τὰς λῃτουργίας ὅταν εἶναι φῇς ἱερῶν; Τῶν
μὲν γὰρ εἰς τὸν πόλεμον πασῶν εἰσφορῶν καὶ τριηραρχιῶν ἐκ τῶν παλαιῶν
νόμων οὐκ εἴσ' ἀτελεῖς· τῶν δὲ λῃτουργιῶν, εἴπερ εἴσ' ἱερῶν, οὐδ' ἔχουσιν.
| [120] Leptine va sans doute vous dire encore que sa loi ne retire ni les
statues, ni la nourriture au Prytanée à ceux qui ont reçu ces faveurs, et
qu'elle n'enlève pas à cette ville la faculté de récompenser ceux qui en
sont dignes, qu'il sera toujours permis d'ériger des statues d'airain et
de donner la nourriture, en un mot tout ce que vous voudrez, excepté
l'immunité. Et moi, en ce qui touche les droits qu'il vous laisse, je ne
dirai qu'un mot : Si après avoir donné vous retirez ensuite quelque chose,
vous frappez d'incertitude tout le reste de vos dons; car en quoi la
statue ou la nourriture seront-elles plus assurées que l'immunité? (121)
Or on vous aura vus retirer l'immunité après l'avoir donnée. D'ailleurs,
n'y eût-il à cela aucun inconvénient, voici une autre chose qui me paraît
mauvaise : c'est de réduire cette ville à la nécessité de décerner à tous
également les récompenses réservées aux services les plus signalés, ou,
autrement, de ne pas pouvoir en certains cas témoigner sa reconnaissance.
Et pourtant, pour les grands services, il n'est pas à souhaiter pour nous
que l'occasion s'en présente souvent, et peut-être n'en rend-on pas comme
on veut; (122) au contraire, les services moyens, à la hauteur desquels on
peut atteindre en temps de paix, dans l'administration de l'État, la bonne
volonté, l'esprit de justice, l'application et les autres dispositions de
ce genre, voilà ce qui est utile, à mon avis, et ce qu'il faut
récompenser. II faut donc mettre des distinctions entre les récompenses
dont vous disposez, pour que chacun soit classé d'après son mérite et
récompensé par le peuple en conséquence. (123) Quant à la prétention de
Leptine de laisser quelque chose à ceux qui ont obtenu des récompenses, je
réponds : Les uns n'ont qu'un mot à dire, très simple et très juste : « Nous
voulons garder tout ce que vous nous avez donné comme récompense d'un
seul et même service. » Les autres diront qu'on se moque d'eux quand on
prétend leur laisser quelque chose. En effet, celui qui a paru digne de
l'immunité à cause de ses services, et qui a reçu de vous cette
récompense et rien de plus, étranger ou citoyen, si vous lui retirez
l'immunité, quelle récompense lui restera-t-il, Leptine? Aucune. Retirer
quelque chose aux premiers parce que tels ou tels sont en faute, retirer
aux seconds tout ce qu'ils ont reçu parce que tu laisses, dis-tu, quelque
chose aux premiers, non, cela n'est pas possible. (124) En un mot, si nous
faisons plus ou moins de tort à tel ou tel, ce n'est pas là qu'est le mal;
il est en ceci que désormais, par notre fait, nul ne pourra plus se fier
aux récompenses que nous aurons données. Et le principal objet de mon
discours n'est pas l'immunité; je soutiens que la loi introduit une
pratique mauvaise; il en résultera qu'on ne pourra plus se fier aux dons
conférés par le peuple.
(125) Voici maintenant l'argument sur l'effet duquel ils comptent le plus
pour vous déterminer à reprendre les immunités. Il vaut mieux vous en
parler d'avance, pour que vous ne tombiez pas dans le piége sans vous en
apercevoir. Ils diront que toutes ces dépenses de chorégie et de
gymnasiarchie rentrent dans les dépenses du culte; or il serait fâcheux
qu'on fût dispensé de contribuer pour le culte. Je pense, moi, tout le
contraire. Certaines personnes, auxquelles le peuple a fait cette faveur,
peuvent être justement exemptées de ces dépenses, et ce qu'il y a de
fâcheux, selon moi, c'est la conduite de mes adversaires, s'ils viennent,
en effet, vous tenir ce langage. Ils n'ont aucun autre moyen de vous
prouver qu'il est juste de retirer les immunités. (126) S'ils cherchent à
y réussir en employant le nom des dieux, peut-on rien imaginer de plus
impie et de plus horrible? Car, à mon sens du moins, rien de ce qu'on fait
au nom des dieux ne doit être mauvais, même à un point de vue purement
humain. Or je dis que ce n'est pas la même chose d'être exempté des frais
du culte ou des liturgies. Eux, au contraire, détournent le mot de
liturgies pour l'appliquer aux frais du culte, et cherchent ainsi à vous
tromper. C'est sur quoi Leptine lui-même va me servir de témoin. (127)
Voici, en effet, comment il s'exprime dès le début de sa loi : « Leptine a
dit : Pour que les liturgies soient supportées par les plus riches,
personne ne sera exempt, à l'exception des descendants d'Harmodios et
d'Aristogiton. » Pourtant, si c'était la même chose d'être exempt des
frais du culte ou des liturgies, à quoi a-t-il pensé en ajoutant cette
exception? En effet, jamais l'exemption des frais du culte n'a été donnée
aux descendants dont il s'agit. Pour vous faire voir qu'il en est
réellement ainsi, prends-moi d'abord les copies de la stèle, et ensuite le
commencement de la loi de Leptine. Lis.
COPIES DE LA STÈLE.
(128) Vous entendez ce que portent les copies de la stèle, Athéniens :
elles déclarent que les descendants d'Harmodios et d'Aristogiton seront
exempts de tout, à l'exception des frais du culte. Lis maintenant le
commencement de la loi de Leptine. LOI.
C'est bien. Remets cette pièce. Leptine avait écrit : « Pour que les
liturgies soient supportées par les plus riches, personne ne sera exempt.»
Il a ajouté : « excepté les descendants d'Harmodios et d 'Aristogiton ».
Pourquoi, si la contribution aux frais da culte est une liturgie ? Car
alors, en disant cela, il se met en contradiction avec la stèle. (129)
J'adresserais volontiers à Leptine cette question : Sur quoi porte
l'exemption que tu prétends leur laisser, que nos ancêtres leur ont
donnée, si, comme tu le dis, les liturgies sont comprises dans les frais
du culte? Car, d'après les lois anciennes, ils ne sont dispensés ni des
contributions de guerre ni des triérarchies, et quant aux liturgies, si
elles s'appliquent aux frais du culte, ils n'en sont pas affranchis.
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