[1,4] καὶ περὶ μὲν ἀκροατοῦ, καὶ πῶς ἀποδεκτέον, καὶ τί
προτιθέμεθα, πεφροιμιάσθω ταῦτα.
Λέγωμεν δ´ ἀναλαβόντες, ἐπειδὴ πᾶσα γνῶσις καὶ προαίρεσις ἀγαθοῦ τινὸς ὀρέγεται, τί ἐστὶν οὗ λέγομεν τὴν
πολιτικὴν ἐφίεσθαι καὶ τί τὸ πάντων ἀκρότατον τῶν πρακτῶν
ἀγαθῶν. ὀνόματι μὲν οὖν σχεδὸν ὑπὸ τῶν πλείστων ὁμολογεῖται·
τὴν γὰρ εὐδαιμονίαν καὶ οἱ πολλοὶ καὶ οἱ χαρίεντες
λέγουσιν, τὸ δ´ εὖ ζῆν καὶ τὸ εὖ πράττειν ταὐτὸν ὑπολαμβάνουσι
τῷ εὐδαιμονεῖν· περὶ δὲ τῆς εὐδαιμονίας, τί
ἐστιν, ἀμφισβητοῦσι καὶ οὐχ ὁμοίως οἱ πολλοὶ τοῖς σοφοῖς
ἀποδιδόασιν. οἳ μὲν γὰρ τῶν ἐναργῶν τι καὶ φανερῶν, οἷον
ἡδονὴν ἢ πλοῦτον ἢ τιμήν, ἄλλοι δ´ ἄλλο—πολλάκις δὲ
καὶ ὁ αὐτὸς ἕτερον· νοσήσας μὲν γὰρ ὑγίειαν, πενόμενος δὲ
πλοῦτον· συνειδότες δ´ ἑαυτοῖς ἄγνοιαν τοὺς μέγα τι καὶ
ὑπὲρ αὐτοὺς λέγοντας θαυμάζουσιν. ἔνιοι δ´ ᾤοντο παρὰ τὰ
πολλὰ ταῦτα ἀγαθὰ ἄλλο τι καθ´ αὑτὸ εἶναι, ὃ καὶ τούτοις
πᾶσιν αἴτιόν ἐστι τοῦ εἶναι ἀγαθά. ἁπάσας μὲν οὖν ἐξετάζειν
τὰς δόξας ματαιότερον ἴσως ἐστίν, ἱκανὸν δὲ τὰς μάλιστα
ἐπιπολαζούσας ἢ δοκούσας ἔχειν τινὰ λόγον. μὴ λανθανέτω δ´
ἡμᾶς ὅτι διαφέρουσιν οἱ ἀπὸ τῶν ἀρχῶν λόγοι καὶ οἱ ἐπὶ
τὰς ἀρχάς. εὖ γὰρ καὶ ὁ Πλάτων ἠπόρει τοῦτο καὶ ἐζήτει, πότερον
ἀπὸ τῶν ἀρχῶν ἢ ἐπὶ τὰς ἀρχάς ἐστιν ἡ ὁδός, ὥσπερ
ἐν τῷ σταδίῳ ἀπὸ τῶν ἀθλοθετῶν ἐπὶ τὸ πέρας ἢ ἀνάπαλιν.
ἀρκτέον μὲν γὰρ ἀπὸ τῶν γνωρίμων, ταῦτα δὲ διττῶς· τὰ
μὲν γὰρ ἡμῖν τὰ δ´ ἁπλῶς. ἴσως οὖν ἡμῖν γε ἀρκτέον ἀπὸ
τῶν ἡμῖν γνωρίμων. διὸ δεῖ τοῖς ἔθεσιν ἦχθαι καλῶς τὸν
περὶ καλῶν καὶ δικαίων καὶ ὅλως τῶν πολιτικῶν ἀκουσόμενον ἱκανῶς. ἀρχὴ γὰρ τὸ ὅτι, καὶ εἰ τοῦτο φαίνοιτο ἀρκούντως,
οὐδὲν προσδεήσει τοῦ διότι· ὁ δὲ τοιοῦτος ἔχει ἢ
λάβοι ἂν ἀρχὰς ῥᾳδίως. ᾧ δὲ μηδέτερον ὑπάρχει τούτων,
ἀκουσάτω τῶν Ἡσιόδου·
οὗτος μὲν πανάριστος ὃς αὐτὸς πάντα νοήσῃ,
ἐσθλὸς δ´ αὖ κἀκεῖνος ὃς εὖ εἰπόντι πίθηται.
ὃς δέ κε μήτ´ αὐτὸς νοέῃ μήτ´ ἄλλου ἀκούων
ἐν θυμῷ βάλληται, ὃ δ´ αὖτ´ ἀχρήιος ἀνήρ.
| [1,4] CHAPITRE IV :
En ce qui concerne l'auditeur, la démonstration à suivre et notre dessein, en
voilà assez. Mais reprenons la question ; puisque toute connaissance et toute
décision librement prise vise quelque bien, quel est le but que nous assignons à
la politique et quel est le souverain bien de notre activité ? 2. Sur son nom du
moins il y a assentiment presque général : c'est le bonheur, selon la masse
et selon l'élite, qui supposent que bien vivre et réussir sont synonymes de vie
heureuse ; mais sur la nature même du bonheur, on ne s'entend plus et les
explications des sages et de la foule sont en désaccord. 3. Les uns jugent que
c'est un bien évident et visible, tel que le plaisir, la richesse, les honneurs
; pour d'autres la réponse est différente ; et souvent pour le même individu
elle varie : p. ex., malade il donne la préférence à la santé, pauvre à la
richesse. Ceux qui sont conscients de leur ignorance écoutent avec admiration
les beaux parleurs et leurs prétentions ; quelques-uns par contre pensent qu'en
plus de tous ces biens, il en est un autre qui existe par lui-même, qui est la
cause précisément de tous les autres. 4. L'examen de toutes ces opinions est
apparemment assez vain et il suffit d'étudier les plus répandues et celles qui
paraissent avoir un fondement raisonnable. 5. N'oublions pas la différence
existant entre les raisonnements qui partent des principes et ceux qui tendent à
en établir. Platon lui-même se trouvait sur ce point, et à juste titre,
embarrassé et il cherchait à préciser si la marche à suivre allait aux principes
ou partait des principes ; de même qu'on peut se demander si les coureurs,
dans le stade, doivent partir des athlothètes vers l'extrémité du stade ou
inversement. Ce qu'il y a de sûr, c'est qu'il faut partir du connu ; or ce qui
nous est connu l'est de deux façons : relativement à nous et absolument. 6.
Vraisemblablement, ici il nous faut partir de ce qui nous est connu. Ainsi
faut-il déjà avoir une bonne éducation morale, si l'on veut entendre parler avec
profit de l'honnête, du juste, et en un mot de la politique. 7. Or le principe
en cette matière, c'est le fait ; s'il nous apparaissait avec suffisamment
d'évidence, nous n'aurions plus besoin du pourquoi. Un homme qui se trouve
dans ce cas possède déjà les principes, ou tout au moins serait capable de les
acquérir facilement, mais quiconque n'aurait aucun de ces avantages doit écouter
les paroles d'Hésiode :
Celui-là a une supériorité absolue, qui sait tout par lui-même;
Sage aussi est celui qui écoute les bons conseils ;
Mais ne savoir rien par soi-même et ne pas graver dans son coeur
Les paroles d'autrui, c'est n'être absolument bon à rien.
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