[19,9] Μετὰ δὲ ταῦτα συναγαγὼν ἐκκλησίαν κατηγόρησε
μὲν τῶν ἑξακοσίων καὶ τῆς ὑπ´ αὐτῶν προγεγενημένης
ὀλιγαρχίας, καθαρὰν δὲ φήσας τὴν πόλιν πεποιηκέναι
τῶν δυναστεύειν ἐπιχειρούντων ἀπεφαίνετο τῷ δήμῳ
τὴν αὐτονομίαν εἰλικρινῆ παραδιδόναι καὶ βούλεσθαί
ποτε τῶν πόνων ἀπολυθεὶς ἰδιωτεύειν ἴσος ὢν πᾶσι.
καὶ ταῦτα λέγων τὸ μὲν χλαμύδιον αὑτοῦ περιέσπασε,
τὸ δ´ ἱμάτιον μεταλαβὼν ἀπῄει, τῶν πολλῶν ἑαυτὸν
ἀποδείξας ἕνα. ταῦτα δ´ ἔπραττε τὸν δημοτικὸν ὑποκρινόμενος καὶ σαφῶς
εἰδὼς τοὺς πλείους τῶν ἐκκλησιαζόντων μετεσχηκότας τῶν ἀσεβημάτων καὶ διὰ
τοῦτο μηδέποτ´ ἂν βουληθέντας ἄλλῳ τὴν στρατηγίαν ἐγχειρίσαι. εὐθὺ γοῦν οἱ
διαπεφορηκότες τὰ τῶν ἠτυχηκότων ἐβόων μὴ καταλιπεῖν ἑαυτούς, ἀλλὰ
προσδέξασθαι τὴν τῶν ὅλων ἐπιμέλειαν. ὁ δὲ τὸ μὲν πρῶτον ἡσυχίαν
εἶχεν, εἶτα τοῦ πλήθους βιαιότερον ἐγκειμένου προσδέξασθαι μὲν ἔφησε τὴν
στρατηγίαν, μὴ μέντοι γε μετ´ ἄλλων ἄρξειν· οὐ γὰρ ὑπομενεῖν, ὧν ἂν ἕτεροι
παρανομήσωσι, τούτων αὐτὸν συνάρχοντα λόγον ἀποδιδόναι κατὰ τοὺς νόμους.
συγχωρήσαντος δὲ τοῦ πλήθους μοναρχεῖν οὗτος μὲν ἐχειροτονήθη στρατηγὸς
αὐτοκράτωρ καὶ τὸ λοιπὸν φανερῶς ἐδυνάστευε καὶ
τῆς πόλεως ἐπιμέλειαν ἐποιεῖτο, τῶν δ´ ἀκεραίων Συρακοσίων οἱ μὲν διὰ τὸν
φόβον ἠναγκάζοντο καρτερεῖν, οἱ δ´ ὑπὸ τοῦ πλήθους κατισχυόμενοι τὴν
ἔχθραν εἰς κενὸν οὐκ ἐτόλμων ἐνδείκνυσθαι. πολλοὶ
δὲ καὶ τῶν ἀπόρων καὶ κατάχρεων ἄσμενοι τὴν μεταβολὴν προσεδέξαντο·
ἐπηγγέλλετο γὰρ Ἀγαθοκλῆς κατὰ
τὴν ἐκκλησίαν καὶ χρεῶν ἀποκοπὰς ποιήσεσθαι καὶ
τοῖς πένησι χώραν δωρήσεσθαι. ἀπὸ δὲ τούτων γενόμενος τοῦ μὲν ἔτι
φονεύειν ἢ κολάζειν τινὰς ἀπέστη,
μεταβαλόμενος δ´ εἰς τοὐναντίον εὐγνωμόνως τοῖς
πλήθεσι προσεφέρετο καὶ πολλοὺς μὲν εὐεργετῶν, οὐκ
ὀλίγους δ´ ἐπαγγελίαις μετεωρίζων, πάντας δὲ λόγοις
φιλανθρώποις δημαγωγῶν οὐ μετρίας ἀποδοχῆς ἐτύγχανεν. ἔχων δὲ τηλικαύτην
δυναστείαν οὔτε διάδημα
ἀνέλαβεν οὔτε δορυφόρους εἶχεν οὔτε δυσεντευξίαν
ἐζήλωσεν, ἅπερ εἰώθασι ποιεῖν σχεδὸν ἅπαντες οἱ τύραννοι. ἐπεμελήθη δὲ καὶ
τῶν προσόδων καὶ τῆς τῶν ὅπλων καὶ βελῶν παρασκευῆς, ἔτι δὲ πρὸς ταῖς
ὑπαρχούσαις μακραῖς ναυσὶν ἑτέρας ἐναυπηγήσατο.
προσελάβετο δὲ καὶ τῶν ἐν τῇ μεσογείῳ χωρίων καὶ
πόλεων τὰς πλείστας. καὶ τὰ μὲν κατὰ Σικελίαν ἐν τούτοις ἦν.
| [19,9] Il convoqua ensuite une assemblée générale dans
laquelle il accusa les six cents d'avoir favorisé l'oligarchie,
et il ajouta que, la ville étant maintenant purgée de ceux
qui prétendaient à l'usurpation du pouvoir, le peuple avait
recouvré son indépendance absolue; enfin il déclara qu'il
voulait maintenant se retirer des affaires et vivre en simple
particulier sur le pied d'une parfaite égalité avec tous les
citoyens. En prononçant ces paroles, il ôta sa chlamyde,
revêtit la tunique ordinaire, et se mêla à la foule. En agissant
ainsi, il savait parfaitement que la majorité de l'assemblée,
ayant trempé dans ces forfaits, ne voudrait jamais
choisir d'autre chef que lui. Aussitôt tous ceux qui avaient
pris part au pillage des biens des infortunés citoyens demandèrent
à grands cris qu'Agathocle ne les abandonnât
pas, mais qu'il prit en main l'autorité suprême. Agathocle
se tint d'abord à l'écart; mas la foule, insistant plus vivement,
il consentit à prendre le commandement, à la condition
qu'il ne le partagerait avec aucun collègue : « Je ne
veux pas, disait-il, expier les fautes que des collègues au
pouvoir pourraient commettre en transgressant les lois. »
L'assemblée lui conféra donc le commandement militaire
avec les pouvoirs d'un monarque absolu. Il se chargea ainsi
de toute l'administration de l'État et exerça souverainement
l'autorité souveraine. Quant aux Syracusains qui
avaient échappé à toutes ces exécutions sanglantes, les uns
se laissèrent dominer par la crainte ; les autres, contenus
par la populace, ne montrèrent qu'une haine impuissante,
tandis que les pauvres et les endettés accueillirent avec
joie ce changement politique. En effet, un des premiers
soins d'Agathocle fut de promettre, en pleine assemblée,
l'abolition des dettes et la distribution des terres aux indigents.
Il fit en partie cesser les meurtres et les vengeances,
et, changeant soudain de conduite, il se montra affectueux
et bienveillant envers la multitude ; il donna aux uns des
récompenses, stimula les autres par des promesses, et, affectant
envers tous un langage plein de douceur et d'humanité,
il se concilia une affection non médiocre. Au reste,
tout en exerçant l'autorité souveraine, il ne porta pas de
diadème, ne s'entoura point de gardes, et ne se rendit pas
d'un accès difficile, comme le font habituellement presque
tous les tyrans. Il administra bien les revenus publics,
remplit les magasins d'armes, et fit construire plusieurs
vaisseaux longs qu'il ajouta à la flotte déjà existante.
Enfin, il fit ranger sous son autorité la plupart des places
et des villes de l'intérieur du pays. Tel était l'état des affaires en Sicile.
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