HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Démosthène, Contre Leptine (discours complet)

Paragraphes 40-49

  Paragraphes 40-49

[40] Καὶ μὴν οὐδ' ὅπως οὐκ ἀντιδώσει τῷ Λεύκωνί τις, ἂν βούληται, δύναμαι σκοπούμενος εὑρεῖν. Χρήματα μὲν γάρ ἐστιν ἀεὶ παρ' ὑμῖν αὐτοῦ, κατὰ δὲ τὸν νόμον τοῦτον, ἐάν τις ἐπ' αὔτ' ἔλθῃ, στερήσεται τούτων λῃτουργεῖν ἀναγκασθήσεται. Ἔστι δ' οὐ τὸ τῆς δαπάνης μέγιστον ἐκείνῳ, ἀλλ' ὅτι τὴν δωρειὰν ὑμᾶς αὐτὸν ἀφῃρῆσθαι νομιεῖ. (41) Οὐ τοίνυν, ἄνδρες Ἀθηναῖοι, μὴ Λεύκων ἀδικηθῇ μόνον δεῖ σκοπεῖν, φιλοτιμίας ἕνεχ' περὶ τῆς δωρειᾶς σπουδὴ γένοιτ' ἄν, οὐ χρείας, ἀλλὰ καὶ εἴ τις ἄλλος εὖ μὲν ἐποίησεν ὑμᾶς εὖ πράττων, εἰς δέον δὲ νῦν γέγον' αὐτῷ τὸ λαβεῖν παρ' ὑμῶν τὴν ἀτέλειαν. Τίς οὖν οὗτός ἐστιν; Ἐπικέρδης Κυρηναῖος, ὅς, εἴπερ τις ἄλλος τῶν εἰληφότων, δικαίως ἠξιώθη ταύτης τῆς τιμῆς, οὐ τῷ μεγάλ' θαυμάσι' ἡλίκα δοῦναι, ἀλλὰ τῷ παρὰ τοιοῦτον καιρὸν ἐν καὶ τῶν εὖ πεπονθότων ἔργον ἦν εὑρεῖν ἐθέλοντά τινα ὧν εὐεργέτητο μεμνῆσθαι. (42) Οὗτος γὰρ ἁνήρ, ὡς τὸ ψήφισμα τοῦτο δηλοῖ τὸ τότ' αὐτῷ γραφέν, τοῖς ἁλοῦσι τότ' ἐν Σικελίᾳ τῶν πολιτῶν, ἐν τοιαύτῃ συμφορᾷ καθεστηκόσιν, ἔδωκε μνᾶς ἑκατὸν καὶ τοῦ μὴ τῷ λιμῷ πάντας αὐτοὺς ἀποθανεῖν αἰτιώτατος ἐγένετο. Καὶ μετὰ ταῦτα, δοθείσης ἀτελείας αὐτῷ διὰ ταῦτα παρ' ὑμῶν, ὁρῶν ἐν τῷ πολέμῳ πρὸ τῶν τριάκοντα μικρὸν σπανίζοντα τὸν δῆμον χρημάτων, τάλαντον ἔδωκεν αὐτὸς ἐπαγγειλάμενος. (43) Σκέψασθε δὴ πρὸς Διὸς καὶ θεῶν, ἄνδρες Ἀθηναῖοι, πῶς ἂν ἄνθρωπος μᾶλλον φανερὸς γένοιτ' εὔνους ὢν ὑμῖν, πῶς ἧττον ἄξιος ἀδικηθῆναι, πρῶτον μὲν εἰ παρὼν τῷ τῆς πόλεως ἀτυχήματι μᾶλλον ἕλοιτο τοὺς ἀτυχοῦντας καὶ τὴν παρὰ τούτων χάριν, ἥτις ποτ' ἔμελλεν ἔσεσθαι, τοὺς ἐν ἐκείνῳ τῷ χρόνῳ κεκρατηκότας καὶ παρ' οἷς ἦν, δεύτερον δέ, ἑτέραν χρείαν ἰδών, εἰ φαίνοιτο διδοὺς καὶ μὴ πῶς ἰδίᾳ τὰ ὄντα σώσει προνοούμενος, ἀλλ' ὅπως τῶν ὑμετέρων μηδὲν ἐνδεῶς ἕξει τὸ καθ' αὑτόν. (44) Τοῦτον μέντοι τὸν τῷ μὲν ἔργῳ παρὰ τοὺς μεγίστους καιροὺς οὑτωσὶ κοινὰ τὰ ὄντα τῷ δήμῳ κεκτημένον, τῷ δὲ ῥήματι καὶ τῇ τιμῇ τὴν ἀτέλειαν ἔχοντα, οὐχὶ τὴν ἀτέλειαν ἀφαιρήσεσθε οὐδὲ γὰρ οὔσῃ χρώμενος φαίνεται, ἀλλὰ τὸ πιστεύειν ὑμῖν, οὗ τί γένοιτ' ἂν αἴσχιον; Τὸ τοίνυν ψήφισμ' ὑμῖν αὔτ' ἀναγνώσεται τὸ τότε ψηφισθὲν τῷ ἀνδρί. Καὶ θεωρεῖτ', ἄνδρες Ἀθηναῖοι, ὅσα ψηφίσματ' ἄκυρα ποιεῖ νόμος, καὶ οἵους ἀνθρώπους ἀδικεῖ, καὶ ἐν ὁποίοις καιροῖς χρησίμους ὑμῖν παρασχόντας ἑαυτούς· εὑρήσετε γὰρ τούτους, οὓς ἥκιστα προσῆκεν, ἀδικοῦντα. Λέγε. ΨΗΦΙΣΜΑ. (45) Τὰς μὲν εὐεργεσίας ἀνθ' ὧν εὕρετο τὴν ἀτέλειαν Ἐπικέρδης ἀκηκόατ' ἐκ τῶν ψηφισμάτων, ἄνδρες δικασταί. Σκοπεῖτε δὲ μὴ τοῦτο, εἰ μνᾶς ἑκατὸν καὶ πάλιν τάλαντον ἔδωκεν οὐδὲ γὰρ τοὺς λαβόντας ἔγωγ' ἡγοῦμαι τὸ πλῆθος τῶν χρημάτων θαυμάσαι, ἀλλὰ τὴν προθυμίαν καὶ τὸ αὐτὸν ἐπαγγειλάμενον ποιεῖν καὶ τοὺς καιροὺς ἐν οἷς. (46) Πάντες μὲν γάρ εἰσιν ἴσως ἄξιοι χάριν ἀνταπολαμβάνειν οἱ προϋπάρχοντες τῷ ποιεῖν εὖ, μάλιστα δ' οἱ παρὰ τὰς χρείας, ὧν εἷς οὗτος ἁνὴρ ὢν φαίνεται. Εἶτ' οὐκ αἰσχυνόμεθ', ἄνδρες Ἀθηναῖοι, τοὺς τοῦ τοιούτου παῖδας εἰ μηδεμίαν ποιησάμενοι τούτων μηδενὸς μνείαν ἀφῃρημένοι φανούμεθα τὴν δωρειάν, μηδὲν ἔχοντες ἐγκαλέσαι; (47) Οὐ γὰρ εἰ ἕτεροι μὲν ἦσαν οἱ τότε σωθέντες ὑπ' αὐτοῦ καὶ δόντες τὴν ἀτέλειαν, ἕτεροι δ' ὑμεῖς οἱ νῦν ἀφαιρούμενοι, ἀπολύει τοῦτο τὴν αἰσχύνην, ἀλλ' αὐτὸ δὴ τοῦτο καὶ τὸ δεινόν ἐστιν. Εἰ γὰρ οἱ μὲν εἰδότες καὶ παθόντες ἄξια τούτων ἐνόμιζον εὖ πάσχειν, ἡμεῖς δ' οἱ λόγῳ ταῦτ' ἀκούοντες ὡς ἀναξίων ἀφαιρησόμεθα, πῶς οὐχ ὑπέρδεινον ποιήσομεν; (48) αὐτὸς τοίνυν ἐστί μοι λόγος οὗτος καὶ περὶ τῶν τοὺς τετρακοσίους καταλυσάντων, καὶ περὶ τῶν ὅτ' ἔφευγεν δῆμος χρησίμους αὑτοὺς παρασχόντων· πάντας γὰρ αὐτοὺς ἡγοῦμαι δεινότατ' ἂν παθεῖν, εἴ τι τῶν τότε ψηφισθέντων αὐτοῖς λυθείη. (49) Εἰ τοίνυν τις ὑμῶν ἐκεῖνο πέπεισται, πολὺ τοῦ δεηθῆναί τινος τοιούτου νῦν ἀπέχειν τὴν πόλιν, ταῦτα μὲν εὐχέσθω τοῖς θεοῖς, κἀγὼ συνεύχομαι, λογιζέσθω δὲ πρῶτον μὲν ὅτι περὶ νόμου μέλλει φέρειν τὴν ψῆφον μὴ λυθέντι δεήσει χρῆσθαι, δεύτερον δ' ὅτι βλάπτουσιν οἱ πονηροὶ νόμοι καὶ τὰς ἀσφαλῶς οἰκεῖν οἰομένας πόλεις. Οὐ γὰρ ἂν μετέπιπτε τὰ πράγματ' ἐπ' ἀμφότερα, εἰ μὴ τοὺς μὲν ἐν κινδύνῳ καθεστηκότας καὶ πράξεις χρησταὶ καὶ νόμοι καὶ ἄνδρες χρηστοὶ καὶ πάντ' ἐξητασμέν' ἐπὶ τὸ βέλτιον προῆγε, τοὺς δ' ἐν ἁπάσῃ καθεστάναι δοκοῦντας εὐδαιμονίᾳ πάντα ταῦτ' ἀμε λούμεν' ὑπέρρει κατὰ μικρόν. [40] Je ne vois même pas comment Leucon serait à l'abri d'une réquisition d'échange, le cas échéant. En effet, il y a toujours chez vous des fonds qui lui appartiennent; or, d'après la loi qui régit cette matière, si ces fonds sont l'objet d'une réquisition d'échange, Leucon devra les abandonner ou fournir la liturgie. Ce qui le touchera le plus, ce ne sera pas sans doute la dépense, mais ce sera de se voir retirer par vous le don que vous lui avez fait. (41) Il ne suffit pas, Athéniens, d'éviter de faire tort à Leucon, qui tient sans doute à vos dons plus par gloire que par besoin. Prenez garde. Il peut se rencontrer en homme qui vous ait fait du bien étant riche, et pour qui l'immunité acquise alors soit devenue nécessaire aujourd'hui. Quel est donc cet homme? Épikerdès de Cyrène. Si quelqu'un a reçu cet honneur à juste litre, c'est bien lui, non qu'il ait donné grandement, ni en quantité extraordinaire, mais il a donné à un moment où c'était une grosse affaire de trouver, même parmi nos obligés, un seul homme disposé à se rappeler les bienfaits reçus. (42) Eh bien, cet homme, témoin le décret rédigé alors en son honneur, donna cent mines à nos concitoyens qui étaient alors prisonniers en Sicile, dans quelle triste condition vous le savez, et si tous ne sont pas morts de faim, c'est à lui surtout qu'ils le doivent. Une autre fois, après avoir reçu de vous l'immunité pour ce bon office, voyant les embarras financiers du peuple, dans la guerre qui précéda de peu les Trente, il donna encore un talent, par une libéralité toute spontanée. (43) Par Jupiter et tous les dieux, Athéniens, est-il possible qu'un homme fasse éclater davantage sa bonne volonté à votre égard, et mérite moins d'être maltraité? Une première fois, au plus fort de nos malheurs, il a préféré les vaincus et leur reconnaissance, quels qu'en dussent être les effets, à ceux qui venaient de remporter la victoire, et dont il se trouvait l'hôte. Une autre fois, voyant vos besoins, il s'est encore montré généreux, préoccupé non de conserver sa fortune personnelle, mais de faire en sorte, pour ce qui dépendait de lui, que rien chez vous ne restât en souffrance. (44) Eh bien, cet homme qui, par le fait, dans les circonstances les plus graves, a partagé avec le peuple tout ce qu'il possédait, qui ne jouit de l'immunité que de nom et à titre d'honneur, vous ne lui enlèverez pas l'immunité, puisque apparemment il n'en profite pas, mais vous lui ôterez la foi en votre parole ! Peut-on imaginer une plus grande honte ? On va vous lire les termes mêmes du décret qui fut voté, dans le temps, au sujet de cet homme ; et voyez, Athéniens, combien de décrets se trouvent paralysés par la loi, combien d'hommes sont atteints dans leurs droits, et dans quelles circonstances ces hommes vous ont rendu service. Vous reconnaîtrez que cette loi frappe ceux qui le méritent le moins. Lis. DÉCRET. (45) La lecture de ces décrets, juges, vous a fait connaître à raison de quels services Épikerdès a obtenu l'immunité, et remarquez en cela, non pas le fait d'avoir donné d'abord cent mines, et plus tard un talent — ceux mêmes qui les ont reçus ont fait, j'imagine, peu d'attention à la somme donnée, — mais la bonne volonté, le caractère spontané du bienfait, et les circonstances dans lesquelles il s'est produit. (46) Car si l'on doit de la reconnaissance à tous ceux dont on reçoit des bienfaits comme une avance, on en doit surtout lorsque ces bienfaits arrivent à propos, comme ceux d'Épikerdès. Après cela, Athéniens, pourrons-nous sans rougir, oubliant toutes choses, enlever aux enfants de cet homme la récompense dont ils jouissent, alors que nous n'avons rien à leur reprocher? (47) Qu'on ne dise pas : Autres étaient ceux qui lui durent la vie alors, et qui lui donnèrent l'immunité, autres sont ceux qui retirent aujourd'hui l'immunité. Cette circonstance, loin de rien excuser, est précisément ce qui rend l'action odieuse. Eh quoi ! ceux qui ont vu de leurs yeux, ceux qui ont senti le bienfait, ont jugé que ce bienfait méritait l'immunité, et nous, qui ne savons le fait que par ouï-dire, nous irions retirer cette faveur comme non méritée ! Peut-on rien imaginer de plus odieux? (48) J'en dis tout autant de ceux qui ont renversé les Quatre Cents, et de ceux qui ont rendu de bons offices au peuple lors de l'émigration. A mon avis, tous ces hommes seraient frappés de la manière la plus injuste, si une seule disposition des décrets rendus en leur faveur venait à être annulée. (49) Quelqu'un d'entre vous se dira peut-être : « Athènes ne se trouve pas aujourd'hui dans une semblable extrémité, à beaucoup près. » Qu'il demande pour elle cette grâce aux dieux, je la demande avec lui, mais qu'il y prenne garde. C'est sur une loi qu'il va voter. Si cette loi n'est pas annulée, on sera bien forcé de s'y conformer. Or les mauvaises lois perdent les États en apparence les mieux constitués. Ne voit-on pas constamment changer en bien ou en mal la tournure des choses? Pourquoi? C'est qu'au moment du danger les actes de vertu, les bonnes lois, le courage personnel, l'ordre mis partout, relèvent les affaires, et, dans la prospérité la plus éclatante, si tout cela est mis en oubli, l'État se trouve peu à peu miné en dessous.


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Dernière mise à jour : 18/05/2007