[13,55] ᾽Αρίστιππος δὲ κατ' ἔτος δύο μῆνας συνδιημερέυεν αὐτῇ
ἐν Αἰγινῃ τοῖς Ποσειδωνίοις· καὶ ὀνειδιζόμενος ὑπὸ οἰκέτου,
ὅτι «Σὺ μὲν αὐτῇ τοσοῦτον ἀργύριον δίδως, ἣ δὲ προῖκα
Διογένει τῷ κυνὶ συγκυλίεται», ἀπεκρίνατο «Ἐγὼ Λαίδι
χορηγῶ πολλά, ἵνα αὐτὸς αὐτῆς ἀπολαύω, οὐχ ἵνα μὴ ἄλλος.
» Τοῦ δὲ Διογένους εἰπόντος αὐτῷ· «Ἀρίστιππε, κοινῇ
συνοικεῖς πόρνῃ. Ἢ κύνιζε οὖν, ὡς έγώ, ἢ πέπαυσο» - καὶ ό
Αρίστιππος «Ἆρά γε μή τί σοι ἄτοπον δοκεῖ εἶναι, Διόγενες,
οἰκιαν οἰκεῖν ἐν ᾗ πρότερον ᾤκησαν ἄλλοι;» «Οὐ γάρ» ἔφη.
«Τί δὲ ναῦν ἐν ᾗ πολλοὶ πεπλεύκασιν;» «οὐδὲ τοῦτο» ἐφη. «
Οὕτως οὖν οὐδὲ γυναικὶ συνεῖναι ἄτοπόν ἐστιν ᾖ πολλοὶ
κέχρηνται.» Νυμφόδωρος δ' ὁ Συρακόσιος ἐν τῷ περὶ τῶν έν
Σικελίᾳ Θαυμαζομένων ἐξ Ὑκκάρου φησὶν Σικελικοῦ
φρουρίου εἶναι τήν Λαίδα. Στράττις δ' ἐν Μακεδόσιν ἢ
Παυσανίᾳ Κορινθίαν αὐτὴν εἶναί φησιν διὰ τούτων·
Εἰσὶν δὲ πόθεν αἱ παῖδες αὗται καὶ τίνες;
Β. Νυνὶ μὲν ἥκουσιν Μεγαρόθεν, εἰσὶ δὲ
Κορίνθιαι· Λαὶς μὲν ἡδὶ Μεγακλέους.
Τίμαιος δ' ἐν τῇ τρισκαιδεκάτῃ τῶν ῾Ιστοριῶν ἐξ Ὑκκάρων·
καθὰ καὶ Πολέμων εἴηκεν, ἀναιρεθῆναι φάσκων αὐτὴν ὑπό
τινων γυναικῶν ἐν Θετταλίᾳ, ἐρασθεῖσάν τινος Παυσανίου
Θετταλοῦ, κατὰ φθόνον καὶ δυσζηλίαν {ταῖς} ξυλίναις
χελώναις τυπτομένην ἐν ᾽Αφροδίτης ἱερῷ. Διὸ καὶ τὸ τέμενος
κληθῆναι άνοσίας ᾽Αφροδίτης. Δείκνυσθαι δ' αὐτῆς τάφον
παρὰ τῷ Πηνειῷ σημεῖον ἔχοντα ὑδρίαν λιθίνην καὶ
έπίγραμμα τόδε·
Τῆσδέ ποθ' ἡ μεγάλαυχος ἀνίκητός τε πρὸς ἀλκήν
Ἑλλὰς δουλώθη κάλλεος ἰσοθέου,
Λαίδος· ἣν ἐτέκνωσεν Ἔρως, θρέψεν δὲ Κόρινθος·
κεῖται δ' ἐν κλεινοῖς Θετταλικοῖς πεδίοις.
Αὐτοσχεδιάζουσιν οὖν οἱ λέγοντες αὐτὴν ἐν Κορίνθῳ
τεθάφθαι πρὸς τῷ Κρανείῳ.
| [13,55] Chaque année, à l’occasion des Fêtes de Poséidon, Aristippe
vivait deux mois en compagnie de Laïs à Egine. Hicétas lui reprocha
vivement cette liaison en ces termes :
«Tu lui donnes plein d’argent alors qu’elle se fait tirer sans vergogne et
gratis par Diogène le cynique.»
Alors, Aristippe lui rétorqua :
«Je suis très généreux envers Laïs pour qu’elle me contente, non pas pour
l’empêcher d’aller baiser ailleurs !»
Diogène lui dit un jour :
«Tu vis avec une putain. Tu ferais mieux de te faire cynique comme moi. Ou
alors, autre solution : renonce à elle et maîtrise-toi.»
Alors Aristippe :
«Es-tu choqué d‘habiter dans une maison que d’autres ont occupée avant toi ?
- Non, dit Diogène.
- Es-tu choqué de naviguer sur un vaisseau où déjà d’autres ont navigué ?
- Bien sûr que non !
- Donc, il n’est pas choquant en soi de coucher avec une femme qui a déjà servi !»
Nymphodoros de Syracuse écrit dans ses Merveilles de la Sicile,
que Laïs était née à Hyccara, un avant-poste sicilien.
Toutefois, Strattis, dans ses Macédoniens ou dans son Pausanias,
avance l’idée qu’elle était Corinthienne. Voici ce qu’il dit :
«- D’où viennent ces filles ? Et qui sont-elles ?
- Elles sont venues de Mégare, mais elles sont Corinthiennes. En premier
lieu, citons Laïs, qui appartient à Mégaclès.»
Dans le treizième livre de ses Histoires, Timaios déclare aussi
qu’elle était bien originaire d’Hyccara.
S’il faut porter crédit à ce que dit Polémon, elle aurait été enlevée
par des Thessaliennes, jalouse de sa liaison avec un certain
Pausanias, puis battue à mort par celles-ci à grands coups de
fauteuils de bois dans le temple d’Aphrodite. Et c’est pourquoi le
sanctuaire prit le nom d’Aphrodite pêcheresse.
On montre le tombeau de Laïs sur les bords du fleuve Pénée. Sur
la stèle, on peut lire l’épigramme suivante :
«Ci-gît une beauté divine dont la fière Hellade fut l’indicible esclave : Laïs.
Éros l’engendra ; Corinthe la nourrit ; Elle repose maintenant dans les plaines
glorieuses de Thessalie.»
Ceux qui prétendent qu’elle est enterrée à Corinthe près du
Cranéion sont à côté de la plaque.
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