[13,54] Τοσαῦτ' εἰπὼν μετά τινος τροχιλίας ὁ Μυρτίλος «Μή τι
τοιοῦτοι ὑμεῖς οἱ φιλόσοφοι, ἔφη, οἱ καὶ πρὸ τῶν Ἡδονικῶν
καλουμένων αὐτοὶ τὸν τῆς ἡδονῆς τοῖχον ὑποσκάπτοντες,
ὥς που ό Ἐρατοσθένης ἔφη. Κἀμοὶ μὲν τὰ καλὰ τῶν ἑταιρῶν
ἀποφθέγματα πεπεράνθω μέχρι τούτων· ἐπ' ἄλλο δ' εἶδος
μεταβήσομαι λόγων. Καὶ πρῶτον μὲν μνησθήσομαι τοῦ
φιλαληθεστάτου ᾽Επικούρου· ὅστις έγκυκλίου παιδείας
ἀμύητος ὢν ἐμακάριζε καὶ τοὺς ὁμοίως αὐτῷ ἐπὶ
φιλοσοφίαν παρερχομένους, τοιαύτας φωνὰς προιέμενος· «
Μακαρίζω σε, ὦ οὗτος, ὅτι καθαρὸς πάσης παιδείας ἐπὶ
φιλοσοφίαν ὥρμησαι.» Ὅθεν αὐτὸν καὶ ὁ Τίμων φησὶν
Γραμμοδιδασκαλίδην, ἀναγωγότατον ζωόντων.
Οὗτος οὖν ὁ Ἐπίκουρος οὐ Λεόντιον εἷχεν ἐρωμένην τὴν ἐπὶ
έταιρείᾳ διαβόητον γενομένην; ἣ δὲ οὐδ' ὅτε φιλοσοφεῖν
ἤρξατο ἐπαύσατο ἑταιροῦσα, πᾶσι δὲ τοῖς Ἐπικουρείοις
συνῆν ἐν τοῖς κήποις, Ἐπικούρῳ δὲ καὶ ἀναφανδόν· ὥστ'
ἐκεῖνον πολλἠν φροντίδα ποιούμενον αὐτῆς τοῦτ' ἐμφανίζειν
διὰ τῶν πρὸς ῞Ερμαρχον Ἐπιστολῶν.
| [13,54] Laïs était originaire d’Hyccara, une ville de Sicile. Polémon
nous dit dans son ouvrage consacré à Timaios qu’elle y fut capturée
et emmenée à Corinthe. C’est alors qu’elle devint la maîtresse
d’Aristippe, de Démosthène et de Diogène le cynique. On raconte
que l’Aphrodite de Corinthe, celle qu’on appelle Mélainis, lui
apparut dans un songe et lui révéla qu’elle aurait des amants
prestigieux. Hypéride nous parle d’elle dans son deuxième Discours
contre Aristagoras.
Un jour, le peintre Apelle la surprit alors qu’elle était occupée à
puiser de l’eau à la fontaine de Pirène : il fut tellement extasié par
tant de beauté qu’il la convia à un festin qu’il organisait entre amis.
On ne manqua pas de le railler pour avoir amené non pas une
courtisane, comme c’était habituel, mais une jeune fille inexperte. À
cela, il répondit :
«Ne soyez pas étonné ! Sa beauté est une promesse de volupté : attendez
donc trois ans et vous verrez !»
Socrate avait fait la même promesse en ce qui concerne Theodoté
l’Athénienne, comme l’indique Xénophon dans un passage de ses
Mémorables :
«Comme on lui affirmait que cette femme était fort désirable et que ses seins étaient
d’une fermeté que nul ne pouvait décrire, Socrate dit :
«Rendons une petite visite à cette donzelle ! Nous ne pouvons juger une chose à partir
d’une rumeur.»
Laïs était d’une beauté si saisissante que les artistes venaient la
voir pour dessiner ses seins et son corps. Quand vint le moment de
rivaliser avec Phryné, elle prit une foule de clients, sans faire la
moindre distinction entre le riche et le pauvre et sans faire la fine
bouche pour qui que ce soit.
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