[13,41] Περὶ δὲ τοῦ εἰρημένου τῆς Μανίας ὀνόματος ὁ Μάχων
τάδε φησίν·
Ἴσως ἂν ἀπορήσαι τις εὐλόγως θ' ἅμα
τῶν νῦν ἀκροατῶν, εἴ τις ᾿Αττικὴ γυνὴ
προσηγορεύετ' ἢ ἐνομίσθη Μανία.
Αἰσχρὸν γὰρ ὄνομα Φρυγιακὸν γυναῖκ' ἔχειν,
καὶ ταῦθ' ἑταίραν ἐκ μέσης τῆς ῾Ελλάδος,
μὴ τὴν ᾿Αθηναίων τι κωλῦσαι πόλιν,
ὑφ' ἧς ἅπαντές εἰσ' ἐπηνορθωμένοι.
Τὸ μὲν οὗν ὑπάρχον εὐθέως ἐκ παιδἰου
αὐτῇ Μέλιττ' ἦν ὄνομα. Τῳ μεγέθει μὲν <ἦν>
τῶν τότε γυναικῶν βραχύ τι καταδεεστέρα·
φωνῇ δ' ὁμιλίᾳ τε κεχορηγημένη
πάνυ τ' εὐπρόσωπος οὖσα καὶ καταπλητικὴ
πολλοὺς ἐραστὰς καὶ πολίτας καὶ ξένους
ἔχουσ' - ὅπου περὶ <τῆς> γυναικός τις λόγος
γένοιτο, μανίαν τὴν Μέλιτταν ὡς καλὴν
ἔφασκον εἶναι, καὶ προσεξειργάζετο
αὐτὴ τὸ πλεῖον. ῾Ηνίκα σκώψειε γάρ
ῥημάτιον εὐθὺ τοῦτο 'μάνίαν' ἀνεβόα,
αὐτή θ' ὅτ' ἐπαινοίη τιν' ἢ ψέγοι πάλιν,
ἐπ' ἀμφοτέρων προσέκειτο μανία τῶν λόγων.
Διὸ τῆς μανίας τὸ ῥῆμ' ἐπεκτείνας δοκεῖ
καλέσαι τις αὐτὴν τῶν ἐραστῶν Μανίαν·
μᾶλον τὸ πάρεργον ἐπεκράτησ' ἢ τοὔνομα.
᾿Εδόκει δὲ λιθιᾶν, ὡς ἔοιχ', ἡ Μανία·
Γνάθαινα δ' εἰς τὰ στρώμαθ' ὅτι προίετο,
ἐνουθετήθη τοῦτό πως ὑπὸ Διφίλου.
Μετὰ ταῦτα δ' ἡ Γνάθαινα πρὸς τὴν Μανίαν
ἐλοιδορεῖτο καὶ λέγει «Τί τοῦτο, παῖ,
εἰ καὶ λίθον εἶχες;» ῾Υπολαβοῦσ' ἡ Μανία
«῎Εδωκ' ἄν, ἵν' εἶχες, φήσ', ἀποψᾶσθαι, τάλαν.»
| [13,41] En ce qui concerne Mania, dont le nom a été mentionné plus
haut, voyons de plus près ce que Machon dit à son propos :
«Sans doute mon noble auditoire s’étonnera-t-il, et pour cause, qu’une
femme athénienne de souche ait pu en toute liberté porter le nom de Mania. Il
est particulièrement scandaleux qu’une femme, aussi vénale soit-elle, se soit
affublée d’un nom d’esclave phrygienne, alors qu’elle est née en plein cœur de
la Grèce. Il est aussi scandaleux que la cité d'Athènes, dont le gouvernement
assure normalement le bon maintien de ses citoyens dans le droit chemin, n’ait
pu empêcher d’une manière ou d’une autre une telle bévue.
Précisons que, dans son enfance, Mania s’appelait Mélitta. Il faut avouer que
par la taille, elle était au-dessous des autres femmes de son âge. Toutefois,
grâce à sa voix charmeuse et sa conversation fleurie, dotée de surcroît d’un
beau visage, elle parvint à susciter l’admiration de nombreux amants, parmi
ses concitoyens comme parmi les étrangers. Partout où l’on parlait d’elle, force
est de constater que les gens disaient ceci : «Mélitta ? C’est fou comme elle
est belle !» Elle-même fit plus que tout autre pour mériter son surnom de
Mania (Mania signifie folie). En effet, dès qu’une mot d’esprit lui plaisait, elle se
mettait à trépigner et à crier bien haut : «C’est fou !». Quand elle félicitait ou
alors blâmait quelqu’un, elle ne pouvait s’empêcher de lui lancer également un
«C’est fou !». Finalement, il semble qu’un de ses amants ait fini par allonger
le «ma»" de mania et qu’il lui ait collé ce surnom. Et très vite, plus que son
nom d’origine, ce fut son surnom qui fut employé par ses proches.
On rapporte que Mania a souffert de la maladie de la pierre. On dit aussi –
c’est Diphilos qui le confie - que Gnathaina avait des pertes et souillait les
draps de son lit.
Un jour, alors que Gnathaina s’était emportée contre Mania, elle lui dit :
«Eh bien, ma petit chérie, que ferais-tu si tu tenais une pierre ?»
La riposte fut immédiate :
«Je te la donnerais immédiatement pour que tu te torches le cul, ma vieille !»
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