[13,23] ῎Αλεξις δ' ἐν τῷ ἐπιγραφομένῳ δράματι ᾿Ισοστάσιον τὴν ἑταιρικὴν παρασκευὴν καὶ τὰς
δι' ἐπιτεχνήσεως κομμώσεις τῶν ἑταιρῶν οὕτως ἐκτίθεται·
Πρῶτα μὲν γὰρ πρὸς τὸ κέρδος καὶ τὸ συλᾶν τοὺς πέλας
πάντα τἄλλ' αὐταῖς πάρεργα γίνεται, ῥάπτουσι δὲ
πᾶσιν ἐπιβουλάς. ᾿Επειδὰν δ' εὐπορήσωσίν ποτε,
ἀνέβαλον καινὰς ἑταίρας, πρωτοπείρους τῆς τέχνης·
εὐθὺς ἀναπλάττουσι ταύτας, ὥστε μήτε τοὺς τρόπους
μήτε τὰς ὄψεις ὁμοίας διατελεῖν οὔσας ἔτι.
Τυγχάνει μικρά τις οὔσα· φελλὸς ἐν ταῖς βαυκίσιν
ἐγκεκάττυται. Μακρά τις· διάβαθρον λεπτὸν φορεῖ
τήν τε κεφαλὴν ἐπὶ τὸν ὦμον καταβαλοῦσ' ἐξέρχεται·
τοῦτο τοῦ μήκους ἀφεῖλεν. Οὐκ ἔχει τις ἰσχία·
ὑπενέδυσ' ἐρραμέν' αὐτήν, ὥστε τὴν εὐπυγίαν
ἀναβοᾶν τοὺς εἰσιδόντας. Κοιλίαν <ἁδρὰν> ἔχει·
στηθί' ἔστ' αὐταῖσι τούτων ὧν ἔχουσ' οἱ κωμικοί·
ὀρθὰ προσθεῖσαι τοιαῦτα τοὔκλυτον τῆς κοιλίας
ὡσπερεὶ κοντοῖσι τούτοις εἰς τὸ πρόσθ' ἀπήγαγον.
Τὰς ὀφρῦς πυρρὰς ἔχει τις· ζωγραφοῦσιν ἀσβόλῳ.
Συμβέβηκ' εἶναι μέλαιναν· κατέπλασεν ψιμυθίῳ.
Λευκόχρως λίαν τίς ἐστιν· παιδέρωτ' ἐντρίβεται.
Καλὸν ἔχει τοῦ σώματός τι· τοῦτο γύμνον δείκνυται.
Εὐφυεῖς ὀδόντας ἔσχεν· ἐξ ἀνάγκης δεῖ γελᾶν,
ἵνα θεωρώσ' οἱ παρόντες τὸ στόμ' ὡς κομψὸν φορεῖ.
Ἂν δὲ μὴ χαίρῃ γελώσα, διατελεῖ τὴν ἡμέραν
ἔνδον, ὥσπερ τοῖς μαγείροις ἅ παράκειθ' ἑκάστοτε,
ἡνίκ' ἂν πολώσιν αἰγων κρανία, ξυλήφιον
μυρρίνης ἔχουσα λεπτὸν ὀρθὸν ἐν τοῖς χείλεσιν·
ὥστε τῷ χρόνῳ σέσηρεν, ἄν τε βούλητ' ἄν τε μή.
{῎Οψεις διὰ τούτων σκευοποιοῦσι τῶν τεχνῶν.}
| [13,23] Alexis, dans sa pièce, "La Juste mesure", nous fait un compte-rendu
des procédés usuels auxquels ont recours les prostituées,
nous révélant par-là même tous les artifices servant à valoriser leur corps.
«Chez elles, tout est bon pour faire du fric et dépouiller leurs voisins, le
reste est accessoire. Ainsi donc, elles ourdissent des complots contre tout le monde.
Dès qu’elles se sont enrichies, elles engagent dans leur maison quelques
filles bien fraîches, pour faire leur «apprentissage» et elles les
métamorphosent tant et si bien, qu’elles ne conservent plus rien de leur
apparence d’antan.
Bon, supposez qu'une fille est trop petite : qu’à cela ne tienne, on lui coud
une semelle de liège dans ses chaussures. L’autre est trop grande ? On lui fait
porter un mince escarpin, et on l’incite à marcher en enfonçant sa tête entre les
épaules : sa taille n’en est que plus réduite. L’autre n’est pas très trapue ? On
la bourre d’étoffes sous sa robe, afin d’exciter les passants dans la rue,
estomaqués à la vue d’une si parfaite cambrure. Elle a trop de ventre ? On
l’enserre dans un corset comme on fait pour les acteurs comiques : ainsi, on
dégage la poitrine, elles tirent alors en avant, comme si avec ces perches, elles
renfonçaient l'estomac (texte corrompu). Une autre a des sourcils trop roux ?
Elle les peint avec du noir de fumée. Une d’elles a le teint trop mat ? On lui
badigeonne la face avec du blanc de céruse. Elle est trop pâlotte ? Elle se frotte
les joues avec du fard. Une fille a une partie du corps particulièrement
attirante ? Aussitôt, on la met en valeur. Elle a de jolies dents ? Alors, elle a
pour mission de rire en toutes circonstances pour montrer aux gens combien sa
bouche est délicate. Le rire n’est pas son fort ? Elle reste confinée dans son
intérieur, et, comme chez les bouchers, qui garnissent leurs têtes de veau sur
leurs étals, elles doivent sans discussion tenir entre les lèvres un brin de myrte
bien raide : à force, elle finit par se dérider.
Tels sont les stratagèmes mis en œuvre par ces femmes pour façonner leur
corps et leur visage.»
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