[365] διὰ θυσιῶν καὶ (365a) παιδιᾶς ἡδονῶν εἰσι μὲν ἔτι ζῶσιν, εἰσὶ δὲ καὶ
τελευτήσασιν, ἃς δὴ τελετὰς καλοῦσιν, αἳ τῶν ἐκεῖ κακῶν ἀπολύουσιν
ἡμᾶς, μὴ θύσαντας δὲ δεινὰ περιμένει.
Ταῦτα πάντα, ἔφη, ὦ φίλε Σώκρατες, τοιαῦτα καὶ τοσαῦτα λεγόμενα
ἀρετῆς πέρι καὶ κακίας, ὡς ἄνθρωποι καὶ θεοὶ περὶ αὐτὰ ἔχουσι τιμῆς, τί
οἰόμεθα ἀκουούσας νέων ψυχὰς ποιεῖν, ὅσοι εὐφυεῖς καὶ ἱκανοὶ ἐπὶ πάντα
τὰ λεγόμενα ὥσπερ ἐπιπτόμενοι συλλογίσασθαι ἐξ αὐτῶν ποῖός τις ἂν
(b) ὢν καὶ πῇ πορευθεὶς τὸν βίον ὡς ἄριστα διέλθοι; λέγοι γὰρ ἂν ἐκ τῶν
εἰκότων πρὸς αὑτὸν κατὰ Πίνδαρον ἐκεῖνο τὸ Πότερον δίκᾳ τεῖχος ὕψιον ἢ
σκολιαῖς ἀπάταις ἀναβὰς καὶ ἐμαυτὸν οὕτω περιφράξας διαβιῶ; τὰ μὲν
γὰρ λεγόμενα δικαίῳ μὲν ὄντι μοι, ἐὰν μὴ καὶ δοκῶ ὄφελος οὐδέν φασιν
εἶναι, πόνους δὲ καὶ ζημίας φανεράς· ἀδίκῳ δὲ δόξαν δικαιοσύνης
παρεσκευασμένῳ θεσπέσιος βίος λέγεται. (c) οὐκοῦν, ἐπειδὴ τὸ δοκεῖν, ὡς
δηλοῦσί μοι οἱ σοφοί, καὶ τὰν ἀλάθειαν βιᾶται καὶ κύριον εὐδαιμονίας, ἐπὶ
τοῦτο δὴ τρεπτέον ὅλως· πρόθυρα μὲν καὶ σχῆμα κύκλῳ περὶ ἐμαυτὸν
σκιαγραφίαν ἀρετῆς περιγραπτέον, τὴν δὲ τοῦ σοφωτάτου ᾿Αρχιλόχου
ἀλώπεκα ἑλκτέον ἐξόπισθεν κερδαλέαν καὶ ποικίλην. “᾿Αλλὰ γάρ, φησί
τις, οὐ ῥᾴδιον ἀεὶ λανθάνειν κακὸν ὄντα.” Οὐδὲ γὰρ ἄλλο οὐδὲν εὐπετές,
(d) φήσομεν, τῶν μεγάλων· ἀλλ’ ὅμως, εἰ μέλλομεν εὐδαιμονήσειν, ταύτῃ
ἰτέον, ὡς τὰ ἴχνη τῶν λόγων φέρει. ἐπὶ γὰρ τὸ λανθάνειν συνωμοσίας τε
καὶ ἑταιρίας συνάξομεν, εἰσίν τε πειθοῦς διδάσκαλοι σοφίαν δημηγορικήν
τε καὶ δικανικὴν διδόντες, ἐξ ὧν τὰ μὲν πείσομεν, τὰ δὲ βιασόμεθα, ὡς
πλεονεκτοῦντες δίκην μὴ διδόναι. “᾿Αλλὰ δὴ θεοὺς οὔτε λανθάνειν οὔτε
βιάσασθαι δυνατόν.” Οὐκοῦν, εἰ μὲν μὴ εἰσὶν ἢ μηδὲν αὐτοῖς τῶν
ἀνθρωπίνων μέλει, τί καὶ ἡμῖν (e) μελητέον τοῦ λανθάνειν; εἰ δὲ εἰσί τε
καὶ ἐπιμελοῦνται, οὐκ ἄλλοθέν τοι αὐτοὺς ἴσμεν ἢ ἀκηκόαμεν ἢ ἔκ τε τῶν
νόμων καὶ τῶν γενεαλογησάντων ποιητῶν, οἱ δὲ αὐτοὶ οὗτοι λέγουσιν ὡς
εἰσὶν οἷοι θυσίαις τε καὶ εὐχωλαῖς ἀγανῇσιν καὶ ἀναθήμασιν παράγεσθαι
ἀναπειθόμενοι, οἷς ἢ ἀμφότερα ἢ οὐδέτερα πειστέον.
| [365] de son vivant ou après sa mort, par des sacrifices et des fêtes
qu'ils appellent mystères. Ces pratiques nous délivrent des maux de
l'autre monde, mais si nous les négligeons de terribles supplices
nous attendent.
Tous ces discours, mon cher Socrate, et tant d'autres
semblables qu'on tient sur la vertu, le vice, et l'estime que leur
accordent les hommes et les dieux, quel effet pensons-nous
qu'ils produisent sur l'âme du jeune homme doué d'un bon
naturel qui les entend, et qui est capable, comme butinant d'un
propos à l'autre, d'en recueillir une réponse à cette question :
que faut-il être et quelle route doit-on suivre pour traverser la
vie (365b) de la meilleure façon possible ? Il est vraisemblable
qu'il se dira à lui-même avec Pindare : Gravirai-je par la justice
ou par les ruses obliques une plus haute enceinte pour m'y fortifier et
y passer ma vie ? D'après ce qu'on rapporte, si je suis juste
sans le paraître je n'en tirerai aucun profit, mais des ennuis et
des dommages évidents ; injuste, mais pourvu d'une
réputation de justice, on dit (365c) que je mènerai une vie
divine. Donc puisque l'apparence, ainsi que me le montrent les
sages, fait violence à la vérité, et qu'elle est maîtresse du
bonheur, vers elle je dois tendre tout entier. Comme façade et
décor je dois tracer autour de moi une vaine image de vertu, et
tirer derrière le renard du très sage Archiloque, animal
subtil et fertile en ruses. « Mais, dira-t-on, il n'est pas facile de
toujours se cacher quand on est méchant. » Non, en effet,
répondrons-nous, et aussi bien aucune grande entreprise n'est
aisée ; cependant, si nous voulons être heureux, (365d) nous
devons suivre la voie qui nous est tracée par ces discours.
Pour ne pas être découverts, nous formerons des associations
et des hétairies, et il y a des maîtres de persuasion pour nous
enseigner l'éloquence publique et judiciaire ; grâce à ces
secours, persuadant en ceci, faisant violence en cela, nous
l'emporterons sans encourir de châtiment. « Mais, poursuivra-t-on,
il n'est pas possible d'échapper au regard des dieux ni de
leur faire violence. » Est-ce donc que, s'ils n'existent pas, ou
s'ils ne s'occupent pas des affaires humaines, nous devons
nous soucier de leur échapper ? Et s'ils existent et s'occupent
de nous, (365e) nous ne les connaissons que par ouï-dire et par
les généalogies des poètes ; or ceux-ci prétendent qu'ils sont
susceptibles, par des sacrifices, « de bonnes prières », ou des
offrandes, de se laisser fléchir, et il faut croire à ces deux
choses ou n'en croire aucune.
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