HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

LUCIEN, Les dialogues des morts

Chapitre 24

  Chapitre 24

[24] ΜΙΝΩΟΣ ΚΑΙ ΣΩΣΤΡΑΤΟΥ
<1> ΜΙΝΩΣ
μὲν λῃστὴς οὑτοσὶ Σώστρατος εἰς τὸν Πυριφλεγέθοντα
ἐμβεβλήσθω͵ δὲ ἱερόσυλος ὑπὸ τῆς Χιμαίρας διασπασθήτω͵ δὲ
τύραννος͵ Ἑρμῆ͵ παρὰ τὸν Τιτυὸν ἀποταθεὶς ὑπὸ τῶν γυπῶν καὶ αὐτὸς
κειρέσθω τὸ ἧπαρ͵ ὑμεῖς δὲ οἱ ἀγαθοὶ ἄπιτε κατὰ τάχος εἰς τὸ Ἠλύσιον
πεδίον καὶ τὰς μακάρων νήσους κατοικεῖτε͵ ἀνθ΄ ὧν δίκαια ἐποιεῖτε παρὰ
τὸν βίον.
ΣΩΣΤΡΑΤΟΣ
Ἄκουσον͵ Μίνως͵ εἴ σοι δίκαια δόξω λέγειν.
ΜΙΝΩΣ
Νῦν ἀκούσω αὖθις; οὐ γὰρ ἐξελήλεγξαι͵ Σώστρατε͵ πονηρὸς ὢν
καὶ τοσούτους ἀπεκτονώς;
ΣΩΣΤΡΑΤΟΣ
Ἐλήλεγμαι μέν͵ ἀλλ΄ ὅρα͵ εἰ δικαίως κολασθήσομαι.
ΜΙΝΩΣ
Καὶ πάνυ͵ εἴ γε ἀποτίνειν τὴν ἀξίαν δίκαιον.
ΣΩΣΤΡΑΤΟΣ
Ὅμως ἀπόκριναί μοι͵ Μίνως· βραχὺ γάρ τι ἐρήσομαί σε.
ΜΙΝΩΣ
Λέγε͵ μὴ μακρὰ μόνον͵ ὡς καὶ τοὺς ἄλλους διακρίνωμεν ἤδη.
ΣΩΣΤΡΑΤΟΣ
<2> Ὁπόσα ἔπραττον ἐν τῷ βίῳ͵ πότερα ἑκὼν ἔπραττον
ἐπεκέκλωστό μοι ὑπὸ τῆς Μοίρας;
ΜΙΝΩΣ
Ὑπὸ τῆς Μοίρας δηλαδή.
ΣΩΣΤΡΑΤΟΣ
Οὐκοῦν καὶ οἱ χρηστοὶ ἅπαντες καὶ οἱ πονηροὶ δοκοῦντες ἡμεῖς
ἐκείνῃ ὑπηρετοῦντες ταῦτα ἐδρῶμεν;
ΜΙΝΩΣ
Ναί͵ τῇ Κλωθοῖ͵ ἑκάστῳ ἐπέταξε γεννηθέντι τὰ πρακτέα.
ΣΩΣΤΡΑΤΟΣ
Εἰ τοίνυν ἀναγκασθείς τις ὑπ΄ ἄλλου φονεύσειέν τινα οὐ δυνάμενος
ἀντιλέγειν ἐκείνῳ βιαζομένῳ͵ οἷον δήμιος δορυφόρος͵ μὲν δικαστῇ
πεισθείς͵ δὲ τυράννῳ͵ τίνα αἰτιάσῃ τοῦ φόνου;
ΜΙΝΩΣ
Δῆλον ὡς τὸν δικαστὴν τὸν τύραννον͵ ἐπεὶ οὐδὲ τὸ ξίφος αὐτό·
ὑπηρετεῖ γὰρ ὄργανον ὂν τοῦτο πρὸς τὸν θυμὸν τῷ πρώτῳ παρασχόντι
τὴν αἰτίαν.
ΣΩΣΤΡΑΤΟΣ
Εὖ γε͵ Μίνως͵ ὅτι καὶ ἐπιδαψιλεύῃ τῷ παραδείγματι. ἢν δέ τις
ἀποστείλαντος τοῦ δεσπότου ἥκῃ αὐτὸς χρυσὸν ἄργυρον κομίζων͵ τίνι
τὴν χάριν ἰστέον τίνα εὐεργέτην ἀναγραπτέον;
ΜΙΝΩΣ
Τὸν πέμψαντα͵ Σώστρατε· διάκονος γὰρ κομίσας ἦν.
ΣΩΣΤΡΑΤΟΣ
<3> Οὐκοῦν ὁρᾷς πῶς ἄδικα ποιεῖς κολάζων ἡμᾶς ὑπηρέτας
γενομένους ὧν Κλωθὼ προσέταττεν͵ καὶ τούτους τιμήσας τοὺς
διακονησαμένους ἀλλοτρίοις ἀγαθοῖς; οὐ γὰρ δὴ ἐκεῖνό γε εἰπεῖν ἔχοι τις
ὡς ἀντιλέγειν δυνατὸν ἦν τοῖς μετὰ πάσης ἀνάγκης προστεταγμένοις.
ΜΙΝΩΣ
Σώστρατε͵ πολλὰ ἴδοις ἂν καὶ ἄλλα οὐ κατὰ λόγον γιγνόμενα͵ εἰ
ἀκριβῶς ἐξετάζοις. πλὴν ἀλλὰ σὺ τοῦτο ἀπολαύσεις τῆς ἐπερωτήσεως͵
διότι οὐ λῃστὴς μόνον͵ ἀλλὰ καὶ σοφιστής τις εἶναι δοκεῖς. ἀπόλυσον
αὐτόν͵ Ἑρμῆ͵ καὶ μηκέτι κολαζέσθω. ὅρα δὲ μὴ καὶ τοὺς ἄλλους νεκροὺς
τὰ ὅμοια ἐρωτᾶν διδάξῃς.
[24] MINOS ET SOSTRATE. 1. MINOS. Que ce brigand de Sostrate soit plongé dans le pyriphlégéthon ? que ce sacrilège soit mis en pièces par la Chimère ; que ce tyran, Mercure, soit étendu près de Tityus, et qu'il ait, comme lui, le foie dévore par des vautours ! Pour vous, hommes de bien, allez plutôt dans les Champs-Elysées, devenez citoyens des îles Fortunées, pour prix de vos vertus durant la vie. SOSTRATE. Écoute-moi, Minos, s'il te semble que j'aie raison. MINOS. Que je t'écoute encore ? N'as-tu pas été convaincu, Sostrate, d'être un scélérat, un affreux tueur de gens ? SOSTRATE. J'en ai été convaincu, mais examine s'il est juste que j'en sois puni. MINOS. Certainement, si l'on doit rendre à chacun selon ses oeuvres. SOSTRATE. Cependant, réponds-moi, Minos ; je n'ai qu'un mot à te dire. MINOS. Parle ; mais sois bref : j'en ai d'autres encore à juger. 2. SOSTRATE. Tout ce que j'ai fait durant ma vie, l'ai-je fait de mon plein gré, ou la trame de mes actions n'était-elle pas filée par la Parque ? MINOS. C'est la Parque qui l'avait filée. SOSTRATE. En ce cas, gens de bien ou scélérats seulement en apparence, nous ne sommes donc que ses serviteurs, lorsque nous agissons. MINOS. C'est juste : vous obéissez à Clotho, qui assigne à chacun, au moment de sa naissance, tout ce qu'il doit faire. SOSTRATE. Si donc un homme est contraint d'en tuer un autre, sans pouvoir résister à celui qui l'y force, par exemple un bourreau, un doryphore, qui obéissent l'un au juge, l'autre au tyran, qui doit-on accuser de l'homicide ? MINOS. Il est évident que c'est 1e juge ou le tyran : on ne peut accuser l'épée, ministre et instrument de colère, pour celui qui est la cause première du meurtre. SOSTRATE. A merveille, Minos : tu me fournis plus d'exemples qu'il ne m'en faut. Et maintenant, si un esclave va, par ordre de son maître, porter de l'or ou de l'argent à quelqu'un, à qui doit-on en savoir gré ? Qui doit-on inscrire au rang des bienfaiteurs ? MINOS. Celui qui envoie l’esclave, Sostrate : le porteur n'est que son ministre. 3. SOSTRATE. Tu vois alors quelle injustice tu commets en nous punissant, nous les ministres des ordres de Clotho, et en récompensant les dispensateurs d'un bien qui n'était point à eux. On ne saurait dire, en effet, que nous ayons été les maîtres de résister aux ordres impérieux de la Nécessité. MINOS. Sostrate, tu verrais bien d'autres choses, qui ne te paraîtraient pas plus logiques, si tu regardais de bien près. Aussi, tout le profit que te valent tes questions, c'est de paraître aussi bon sophiste qu'insigne brigand. Cependant, détache-le, Mercure, et qu'on ne le punisse plus. Et toi, ne t'avise pas d'apprendre aux autres morts à nous faire des questions semblables.


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Dernière mise à jour : 28/09/2006