[20] Ἀλλὰ νὴ Δί' εἰς τὰς τῶν μετοίκων λῃτουργίας εἰσποιεῖ πολλούς.
Ἀλλ' ἐὰν δείξῃ πέντε, ἐγὼ ληρεῖν ὁμολογῶ. Θήσω τοίνυν ἐγὼ μὴ
τοιοῦτον εἶναι τοῦτο, ἀλλὰ καὶ τῶν μετοίκων πλείονας ἢ τοσούτους, ἐὰν ὁ
νόμος τεθῇ, τοὺς λῃτουργοῦντας ἔσεσθαι, καὶ τῶν πολιτῶν μηδέν' ἐκ
τριηραρχίας ὑπάρξειν ἀτελῆ. Σκεψώμεθα δὴ τί τοῦτο τῇ πόλει, ἐὰν ἅπαντες
οὗτοι λῃτουργῶσιν· φανήσεται γὰρ οὐδὲ πολλοῦ δεῖ τῆς γενησομένης ἄξιον
αἰσχύνης. (21) Ὅρα δ' οὑτωσί. Εἰσὶ τῶν ξένων ἀτελεῖς δέκα θήσω· καὶ μὰ
τοὺς θεούς, ὅπερ εἶπον ἀρτίως, οὐκ οἶμαι πέντ' εἶναι. Καὶ μὴν τῶν γε
πολιτῶν οὐκ εἰσὶ πλείους ἢ πέντ' ἢ ἕξ. Οὐκοῦν ἀμφοτέρων ἑκκαίδεκα.
Ποιήσωμεν αὐτοὺς εἴκοσιν, εἰ δὲ βούλεσθε, τριάκοντα. Πόσοι δή ποτ' εἰσὶν
οἱ κατ' ἐνιαυτὸν τὰς ἐγκυκλίους λῃτουργίας λῃτουργοῦντες, χορηγοὶ καὶ
γυμνασίαρχοι καὶ ἑστιάτορες; Ἑξήκοντ' ἴσως ἢ μικρῷ πλείους σύμπαντες
οὗτοι. (22) Ἵν' οὖν τριάκοντ' ἄνθρωποι πλείους παρὰ πάντα τὸν χρόνον
λῃτουργήσωσιν ἡμῖν, τοὺς ἅπαντας ἀπίστως πρὸς ἡμᾶς αὐτοὺς διαθῶμεν; Ἀλλ'
ἴσμεν ἐκεῖνο δήπου, ὅτι λῃτουργήσουσιν μέν, ἄνπερ ἡ πόλις ᾖ, πολλοὶ καὶ
οὐκ ἐπιλείψουσιν, εὖ δὲ ποιεῖν ἡμᾶς οὐδεὶς ἐθελήσει, τοὺς πρότερον
ποιήσαντας ἐὰν ἠδικημένους ἴδῃ. (23) Εἶεν. Εἰ δὲ δὴ τὰ μάλιστ' ἐπέλειπον
οἱ χορηγεῖν οἷοί τε, πρὸς Διὸς πότερον κρεῖττον ἦν εἰς συντέλειαν ἀγαγεῖν
τὰς χορηγίας ὥσπερ τὰς τριηραρχίας, ῎ἢ τοὺς εὐεργέτας ἀφελέσθαι τὰ
δοθέντα; Ἐγὼ μὲν ἐκεῖν' οἶμαι. Νῦν μέν γε τὸν χρόνον, ὃν ἂν τούτων ἕκαστος
λῃτουργῇ, δίδωσι τὴν ἀνάπαυσιν αὐτοῖς μόνον, μετὰ ταῦτα δ' οὐδὲν ἔλαττον
ἕκαστος αὐτῶν ἀναλώσει· τότε δ' ἄν, μικρᾶς συντελείας ἀπὸ τῶν ὑπαρχόντων
ἑκάστῳ γιγνομένης, οὐδὲν ἔπασχε δεινὸν οὐδείς, οὐδ' εἰ πάνυ μικρὰ
κεκτημένος ἦν.
(24) Οὕτω τοίνυν τινές, ὦ ἄνδρες Ἀθηναῖοι, σφόδρ' ἔχουσ' ἀλογίστως ὥστ'
ἐπιχειροῦσι λέγειν πρὸς μὲν ταῦτ' οὐδέν, ἄλλα δὲ τοιαδί, ὡς ἄρα δεινόν, εἰ
ἐν κοινῷ μὲν μηδ' ὁτιοῦν ὑπάρχει τῇ πόλει, ἰδίᾳ δέ τινες πλουτήσους
ἀτελείας ἐπειλημμένοι. Ἔστι δὲ ταῦτ' ἀμφότερ' οὐχὶ δίκαιον λέγειν. Εἰ μὲν
γάρ τις ἔχει πολλὰ μηδὲν ὑμᾶς ἀδικῶν, οὐχὶ δεῖ δήπου τούτῳ βασκαίνειν· εἰ
δ' ὑφῃρημένον φήσουσιν ἤ τιν' ἄλλον οὐχ ὃν προσήκει τρόπον, εἰσὶ νόμοι
καθ' οὓς προσήκει κολάζειν. Ὅτε δὲ τοῦτο μὴ ποιοῦσιν, οὐδὲ τὸν λόγον
αὐτοῖς τοῦτον λεκτέον. (25) Καὶ μὴν περὶ τοῦ γε μὴ εἶναι χρήματα κοινὰ τῇ
πόλει, ἐκεῖν' ὑμᾶς δεῖ σκοπεῖν, ὅτι οὐδὲν ἔσεσθ' εὐπορώτεροι, τὰς ἀτελείας
ἐὰν ἀφέλησθε· οὐ γὰρ κοινωνεῖ ταῖς δημοσίαις προσόδοις καὶ περιουσίαις
ταῦτα τἀναλώματ' οὐδέν. Χωρὶς δὲ τούτων νυνὶ τῇ πόλει, δυοῖν ἀγαθοῖν
ὄντοιν, πλούτου καὶ τοῦ πρὸς ἅπαντας πιστεύεσθαι, ἐστὶ τὸ τῆς πίστεως
ὑπάρχον. Εἰ δέ τις οἴεται δεῖν, ὅτι χρήματ' οὐκ ἔχομεν, μηδὲ δόξαν ἔχειν
ἡμᾶς χρηστήν, οὐ καλῶς φρονεῖ. Ἐγὼ μὲν γὰρ εὔχομαι τοῖς θεοῖς, μάλιστα μὲν
ἡμῖν καὶ χρήματα πολλὰ γενέσθαι, εἰ δὲ μή, τό γε πιστοῖς εἶναι καὶ
βεβαίοις δοκεῖν διαμεῖναι.
(26) Φέρε δὴ καὶ τὰς εὐπορίας, ἃς ἀναπαυομένους τινὰς εὐπορήσειν οὗτοι
φήσουσιν, εἰς δέον ὑμῖν γιγνομένας δείξω. Ἴστε γὰρ δήπου τοῦθ' ὅτι τῶν
τριηραρχιῶν οὐδείς ἐστ' ἀτελὴς οὐδὲ τῶν εἰσφορῶν τῶν εἰς τὸν πόλεμον.
Οὔκουν ὁ πολλὰ κεκτημένος, οὗτος, ὅστις ἂν ᾖ, πόλλ' εἰς ταῦτα συντελεῖ;
Πᾶσ' ἀνάγκη. Καὶ μὴν ὅτι δεῖ τὴν εὐπορίαν εἰς ταῦθ' ὑπάρχειν πλείστην τῇ
πόλει, πάντες ἂν ὁμολογήσειαν· παρὰ μὲν γὰρ τὰς ἐπὶ τῶν χορηγιῶν δαπάνας
ἡμέρας μέρος μικρὸν ἡ χάρις τοῖς θεωμένοις ἡμῶν, παρὰ δὲ τὰς τῶν εἰς τὸν
πόλεμον παρασκευῶν ἀφθονίας πάντα τὸν χρόνον ἡ σωτηρία πάσῃ τῇ πόλει. (27)
Ὥσθ' ὅσον ἐνθάδ' ἀφίετε, ἐκεῖ κομίζεσθε, καὶ δίδοτ' ἐν τιμῆς μέρει ταῦθ' ἃ
καὶ μὴ λαβοῦσιν ἔστιν ἔχειν τοῖς τοῦ τριηραρχεῖν ἄξια κεκτημένοις. Ἀλλὰ
μὴν ὅτι τῶν τριηραρχιῶν οὐδείς ἐστ' ἀτελής, οἶμαι μὲν ὑμᾶς εἰδέναι πάντας,
ὅμως δὲ καὶ τὸν νόμον ὑμῖν αὐτὸν ἀναγνώσεται. Λαβὲ τὸν περὶ τῶν
τριηραρχιῶν νόμον καὶ λέγε τοῦτ' αὐτό.
ΝΟΜΟΣ. Ἀτελῆ δὲ μηδένα εἶναι τριηραρχίας πλὴν τῶν ἐννέα ἀρχόντων.
(28) Ὁρᾶθ' ὡς σαφῶς, ὦ ἄνδρες Ἀθηναῖοι, μηδέν' εἶναι τριηραρχίας ἀτελῆ
διείρηκεν ὁ νόμος πλὴν τῶν ἐννέ' ἀρχόντων. Οὐκοῦν οἱ μὲν ἐλάττω κεκτημένοι
τοῦ τριηραρχίας ἄξι' ἔχειν ἐν ταῖς εἰσφοραῖς συντελοῦσιν εἰς τὸν πόλεμον,
οἱ δ' ἐφικνούμενοι τοῦ τριηραρχεῖν εἰς ἀμφότερ' ὑμῖν ὑπάρξουσι χρήσιμοι,
καὶ τριηραρχεῖν καὶ εἰσφέρειν. Τίν' οὖν ῥᾳστώνην τοῖς πολλοῖς ὁ σός, ὦ
Λεπτίνη, ποιεῖ νόμος, εἰ μιᾶς ἢ δυοῖν φυλαῖν ἕνα χορηγὸν καθίστησιν, ὃς
ἀνθ' ἑνὸς ἄλλου τοῦθ' ἅπαξ ποιήσας ἀπηλλάξεται; Ἐγὼ μὲν οὐχ ὁρῶ. Τῆς δέ γ'
αἰσχύνης ὅλην ἀναπίμπλησι τὴν πόλιν καὶ τῆς ἀπιστίας. Οὔκουν ὅτε πολλῷ
μείζονα βλάψει τῶν ὠφελειῶν ὧν ἔχει, προσήκει λελύσθαι παρὰ τοῖσδ' αὐτόν;
Ἔγωγ' ἂν φαίην.
(29) Ἔτι δ', ὦ ἄνδρες δικασταί, διὰ τὸ γεγράφθαι ἐν τῷ νόμῳ διαρρήδην
αὐτοῦ « ΜηδP | [20] Oui, dira-t-on, mais pour les liturgies des métèques cette loi donne
beaucoup de noms nouveaux. — S'il en montre seulement cinq, je consens à
passer pour un homme qui parle au hasard. Mais je suppose qu'il n'en sera
pas ainsi; parmi les métèques il y en aura plus de cinq qui, si la loi
passe, seront appelés à fournir les liturgies, et parmi les citoyens nul
ne sera dispensé pour cause de triérarchie. Voyons donc ce que l'État peut
gagner à ce que toutes ces personnes supportent les liturgies. Le profit
ne vaut pas à beaucoup près la honte qui rejaillira sur nous. (21) Suivez
mon calcul. Combien y a-t-il d'étranges jouissant de l'immunité?
Mettons-en dix, et, par tous les dieux, comme je le disais tout à l'heure,
je ne crois pas qu'il y en ait cinq. Quant aux citoyens, il n'y en a pas
plus de cinq ou six. Cela fait seize en tout. Allons jusqu'à vingt, et si
vous voulez jusqu'à trente. Combien y a-t-il de personnes qui supportent
dans une année les liturgies à tour de rôle, celles de chorèges, de
gymnasiarques, d'hestiateurs? Il peut y en avoir en tout soixante, pas
beaucoup plus. (22) Ainsi, pour avoir trente personnes de plus, qui nous
fournissent des liturgies durant toute une période de temps, nous voulons
qu'on n'ait plus foi en notre parole? Mais nous le savons bien, tant
qu'Athènes existera, grand sera le nombre de ceux qui fourniront des
liturgies, et il n'en manquera jamais. Quant à nous servir, c'est autre
chose; on n'y sera plus disposé dès qu'on verra les services antérieurs
payés d'ingratitude. (23) D'ailleurs, soit. Manquât-on de sujets aptes à
devenir chorèges, ne vaudrait-il pas mieux, en vérité, faire fournir les
chorégies par groupes, comme les triérarchies, que d'enlever à nos
bienfaiteurs les dons que nous leur avons faits? Pour moi, je le crois,
car, après tout, le soulagement apporté par Leptine aux contribuables ne
peut être que du temps pendant lequel chacun des nouveaux appelés fournira
sa liturgie. Ce temps écoulé, ils n'auront pas moins à dépenser,
tandis qu'en formant des groupes, chacun contribuerait modérément,
selon ses facultés, et nul n'aurait à se plaindre, si mince que fût son avoir.
(24) Il y a des gens, Athéniens, qui, se trouvant à bout de raisons,
n'entreprennent même pas de répondre à cela, mais ont recours à d'autres
moyens. C'est, disent-ils, une chose intolérable que l'État n'ait rien
dans le trésor public, et que cependant certaines personnes possèdent de
grandes fortunes particulières protégées par l'immunité. Mais cet argument
pèche dans ses deux termes. En effet, voilà un homme qui possède une
grande fortune sans avoir aucun tort envers vous; ne vous livrez pas
contre lui aux suggestions de l'envie. Dira-t-on qu'il s'est enrichi par
des détournements, ou par d'autres moyens illicites? Il y a des lois,
faites ce qu'elles prescrivent, et punissez. Du moment qu'on n'en fait
rien, je dis qu'on n'a pas le droit de tenir ce langage. (25) Quant à
l'absence de fonds dans le trésor public, il vous faut considérer ceci :
Vous n'en serez pas plus riches si vous supprimez les immunités. En effet,
les dépenses dont on est affranchi par l'immunité n'ont rien de commun
avec les revenus et les ressources de l'État. Et d'ailleurs de ces deux
avantages : être riches et inspirer confiance à tous, nous possédons le
second. Parce que nous n'avons pas d'argent, faut-il renoncer à notre
bonne renommée? Non, l'honneur ne permet pas d'y penser. Pour moi, je
demande sans doute aux dieux de nous rendre riches; mais riches ou non, je
veux qu'on croie à notre parole et qu'on ne cesse pas de nous regarder
comme des gens sur lesquels on peut compter.
(26) Je vais plus loin. Ces fortunes qui vont, dit-on, grandir n'ayant pas
de charges à supporter, je vais vous prouver que vous en profiterez. Vous
savez en effet que nul n'est exempt des triérarchies, ni des contributions
levées en vue de la guerre. Donc celui qui possède de grands biens,
celui-là, quel qu'il soit, contribue pour une grande part. Cela est forcé.
Et maintenant il faut procurer à l'État, pour cette fin, des ressources
aussi grandes que possible. Tout le monde en conviendra. En effet, que
produisent les dépenses faites pour les chorégies? Un plaisir qui dure une
faible partie d'un jour pour ceux d'entre nous qui assistent au spectacle.
Mais l'abondance des préparatifs faits en vue de la guerre est un gage de
sécurité pour tous les citoyens. (27) Par conséquent, ce que vous
abandonnez d'un côté, vous le gagnez de l'autre, et vous donnez comme
récompense, à ceux qui possèdent le cens soumis aux triérarchies, un
avantage dont ils jouissent déjà de plein droit. Sans doute vous êtes
suffisamment instruits de ce fait que nul n'est exempt des triérarchies.
Toutefois on va vous lire le texte même de la loi. Prends la loi sur les
triérarchies et donnes-en lecture. LOI.
Nul ne sera exempt des triérarchies, à l'exception des neuf archontes.
(28) Vous voyez, Athéniens, avec quelle précision la loi dispose que nul
ne sera exempt des triérarchies, à l'exception des neuf archontes. Par
conséquent ceux dont la fortune n'atteint pas le cens soumis aux
triérarchies concourront aux dépenses de la guerre par le moyen des
contributions, et ceux qui atteignent le cens triérarchique. vous seront
utiles des deux façons, soit en servant comme triérarques, soit en prenant
part aux contributions. Quel est donc, Leptine, le soulagement que ta loi
procure au plus grand nombre, quand elle donne, par une ou deux tribus, un
seul chorège de plus, qui sera libéré après avoir fait une fois le service
au lieu et place d'un seul antre? Pour moi, je ne le vois pas. Ce qui est
certain, c'est que cette loi, qui nous couvre de honte, fait qu'on n'aura
plus foi en nous. Si donc elle a beaucoup plus d'inconvénients que
d'avantages, n'est-il pas à propos qu'elle soit annulée par les juges qui
m'écoutent? Pour ce qui me concerne, je n'hésiterais pas à répondre : Oui.
(29) Voici autre chose, juges. Il a écrit expressément dans sa loi : « Nul
citoyen, nul isotèle, nul étranger ne sera exempt. » Mais exempt de
quoi? de la chorégie ni de quelque autre chose? C'est ce qu'il ne fait pas
connaître. Il dit simplement : « Nul ne sera exempt, à l'exception des
descendants d'Harmodios et d'Aristogiton. » Or ce mot nul s'applique à
tous ceux qui ne sont pas exceptés, et dire nul étranger, sans spécifier
ceux qui sont domiciliés dans Athènes, c'est enlever au prince de Bosphore,
Leucon, et à ses enfants, la récompense que vous leur avez donnée.
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