[7,1324a] (1) ὁ μετ' ἀρετῆς κεχορηγημένης ἐπὶ τοσοῦτον ὥστε μετέχειν
τῶν κατ' ἀρετὴν πράξεων, πρὸς δὲ τοὺς ἀμφισβητοῦντας, ἐάσαντας
ἐπὶ τῆς νῦν μεθόδου, διασκεπτέον ὕστερον, εἴ τις τοῖς εἰρημένοις
τυγχάνει μὴ πειθόμενος.
CHAPITRE II.
(5) πότερον δὲ τὴν εὐδαιμονίαν τὴν αὐτὴν εἶναι φατέον ἑνός τε
ἑκάστου τῶν ἀνθρώπων καὶ πόλεως ἢ μὴ τὴν αὐτήν, λοιπόν ἐστιν
εἰπεῖν. φανερὸν δὲ καὶ τοῦτο. πάντες γὰρ ἂν ὁμολογήσειαν εἶναι τὴν
αὐτήν. ὅσοι γὰρ ἐν πλούτῳ τὸ ζῆν εὖ τίθενται ἐφ' ἑνός, οὗτοι καὶ τὴν
πόλιν ὅλην, ἐὰν ᾖ πλουσία, (10) μακαρίζουσιν: ὅσοι τε τὸν
τυραννικὸν βίον μάλιστα τιμῶσιν, οὗτοι καὶ πόλιν τὴν πλείστων
ἄρχουσαν εὐδαιμονεστάτην ἂν εἶναι φαῖεν: εἴ τέ τις τὸν ἕνα δι'
ἀρετὴν ἀποδέχεται, καὶ πόλιν εὐδαιμονεστέραν φήσει τὴν
σπουδαιοτέραν. ἀλλὰ ταῦτ' ἤδη δύο ἐστὶν ἃ δεῖται σκέψεως, ἓν μὲν
πότερος αἱρετώτερος (15) βίος, ὁ διὰ τοῦ συμπολιτεύεσθαι καὶ
κοινωνεῖν πόλεως ἢ μᾶλλον ὁ ξενικὸς καὶ τῆς πολιτικῆς κοινωνίας
ἀπολελυμένος, ἔτι δὲ τίνα πολιτείαν θετέον καὶ ποίαν διάθεσιν
πόλεως ἀρίστην, εἴτε πᾶσιν ὄντος αἱρετοῦ κοινωνεῖν πόλεως εἴτε καὶ
τισὶ μὲν μὴ τοῖς δὲ πλείστοις. ἐπεὶ δὲ τῆς πολιτικῆς (20) διανοίας καὶ
θεωρίας τοῦτ' ἐστὶν ἔργον, ἀλλ' οὐ τὸ περὶ ἕκαστον αἱρετόν, ἡμεῖς δὲ
ταύτην προῃρήμεθα νῦν τὴν σκέψιν, ἐκεῖνο μὲν πάρεργον ἂν εἴη,
τοῦτο δὲ ἔργον τῆς μεθόδου ταύτης. ὅτι μὲν οὖν ἀναγκαῖον εἶναι
πολιτείαν ἀρίστην ταύτην τάξιν καθ' ἣν κἂν ὁστισοῦν ἄριστα
πράττοι καὶ ζῴη (25) μακαρίως, φανερόν ἐστιν: ἀμφισβητεῖται δὲ παρ'
αὐτῶν τῶν ὁμολογούντων τὸν μετ' ἀρετῆς εἶναι βίον αἱρετώτατον
πότερον ὁ πολιτικὸς καὶ πρακτικὸς βίος αἱρετὸς ἢ μᾶλλον ὁ πάντων
τῶν ἐκτὸς ἀπολελυμένος, οἷον θεωρητικός τις, ὃν μόνον τινές φασιν
εἶναι φιλόσοφον. σχεδὸν γὰρ τούτους τοὺς (30) δύο βίους τῶν
ἀνθρώπων οἱ φιλοτιμότατοι πρὸς ἀρετὴν φαίνονται προαιρούμενοι,
καὶ τῶν προτέρων καὶ τῶν νῦν: λέγω δὲ δύο τόν τε πολιτικὸν καὶ τὸν
φιλόσοφον. διαφέρει δὲ οὐ μικρὸν ποτέρως ἔχει τὸ ἀληθές: ἀνάγκη
γὰρ τόν γε εὖ φρονοῦντα πρὸς τὸν βελτίω σκοπὸν συντάττεσθαι, καὶ
τῶν (35) ἀνθρώπων ἕκαστον καὶ κοινῇ τὴν πολιτείαν. νομίζουσι δ' οἱ
μὲν τὸ τῶν πέλας ἄρχειν δεσποτικῶς μὲν γιγνόμενον μετ' ἀδικίας
τινὸς εἶναι τῆς μεγίστης, πολιτικῶς δὲ τὸ μὲν ἄδικον οὐκ ἔχειν,
ἐμπόδιον δὲ ἔχειν τῇ περὶ αὐτὸν εὐημερίᾳ: τούτων δ' ὥσπερ ἐξ
ἐναντίας ἕτεροι τυγχάνουσι δοξάζοντες: μόνον (40) γὰρ ἀνδρὸς τὸν
πρακτικὸν εἶναι βίον καὶ πολιτικόν, ἐφ' ἑκάστης γὰρ ἀρετῆς οὐκ εἶναι
πράξεις μᾶλλον τοῖς ἰδιώταις ἢ τοῖς τὰ κοινὰ πράττουσι καὶ πολιτευομένοις.
| [7,1324a] c'est d'atteindre à ce noble degré de la vertu de faire tout ce qu'elle
ordonne. Quant aux objections qu'on peut adresser à ce principe,
nous n'y répondrons point dans la discussion actuelle, comptant les
examiner plus tard, s'il subsiste encore des doutes après qu'on nous aura entendu.
CHAPITRE II.
§ 1. Il nous reste à rechercher si le bonheur se constitue d'éléments identiques ou
divers, pour les individus et pour l'État. Mais évidemment chacun convient que
ces éléments sont identiques. Si l'on place la félicité de l'individu dans la richesse,
on n'hésitera point à déclarer l'État parfaitement heureux, dès qu'il est riche ; si
pour l'individu l'on estime par-dessus tout un pouvoir tyrannique, l'État sera
d'autant plus heureux que sa domination sera plus vaste ; si pour l'homme on
trouve la félicité suprême dans la vertu, l'État le plus sage sera également le plus
fortuné.
§ 2. Deux points ici méritent surtout notre attention : d'abord la vie politique, la
participation aux affaires de l'État, est-elle préférable pour l'individu ? Ou vaut-il
mieux qu'il vive partout en étranger, et libre de tout engagement public ? Et en
second lieu, quelle constitution, quel système politique doit-on adopter de
préférence : ou de celui qui admet tous les citoyens sans exception au maniement
des affaires, ou de celui qui, en faisant quelques exceptions, y appelle du moins la
majorité ? Cette dernière question intéresse la science et la théorie politiques, qui
ne s'inquiètent pas des convenances individuelles ; et comme ce sont précisément
des considérations de ce genre qui nous occupent ici, nous laisserons de côté la
seconde question pour nous attacher à la première, qui formera l'objet spécial de
cette portion de notre traité.
§ 3. D'abord, l'État le plus parfait est évidemment celui où chaque citoyen, quel
qu'il soit, peut, grâce aux lois, pratiquer le mieux la vertu, et s'assurer le plus de
bonheur. Tout en accordant que la vertu doit être l'objet capital de la vie, bien des
gens se demandent si la vie politique et active vaut mieux qu'une vie dégagée de
toute obligation extérieure, et donnée tout entière à la méditation, la seule vie qui,
selon quelques-uns, soit digne du philosophe. Les partisans les plus sincères qu'ait
comptés la vertu, soit de nos jours, soit autrefois, ont tous embrassé l'une ou
l'autre de ces occupations, la politique ou la philosophie.
§ 4. Ici la vérité est de haute importance ; car tout individu, s'il est sage, et tout État
aussi bien que l'individu, adoptera nécessairement la voie qui lui semblera la
meilleure. Dominer ce qui nous entoure est aux yeux de quelques gens une criante
injustice, si le pouvoir est exercé despotiquement ; et, quand le pouvoir est légal,
s'il cesse d'être injuste, c'est pour devenir un obstacle au bonheur personnel de
celui qui l'exerce. Dans une opinion diamétralement opposée, et qui a aussi ses
partisans, on prétend que la vie pratique et politique est la seule qui convienne à
l'homme, et que la vertu, sous toutes ses formes, n'appartient pas plus aux simples
particuliers qu'à ceux qui dirigent les affaires générales de la société.
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