[7,1323b] (1) καὶ τὸ ζῆν εὐδαιμόνως, εἴτ' ἐν τῷ χαίρειν ἐστὶν εἴτ' ἐν ἀρετῇ
τοῖς ἀνθρώποις εἴτ' ἐν ἀμφοῖν, ὅτι μᾶλλον ὑπάρχει τοῖς τὸ ἦθος μὲν
καὶ τὴν διάνοιαν κεκοσμημένοις εἰς ὑπερβολήν, περὶ δὲ τὴν ἔξω
κτῆσιν τῶν ἀγαθῶν μετριάζουσιν, ἢ τοῖς (5) ἐκεῖνα μὲν κεκτημένοις
πλείω τῶν χρησίμων, ἐν δὲ τούτοις ἐλλείπουσιν: οὐ μὴν ἀλλὰ καὶ
κατὰ τὸν λόγον σκοπουμένοις εὐσύνοπτόν ἐστιν. τὰ μὲν γὰρ ἐκτὸς
ἔχει πέρας, ὥσπερ ὄργανόν τι, ̔πᾶν τε τὸ χρήσιμον εἴς τἰ, ὧν τὴν
ὑπερβολὴν ἢ βλάπτειν ἀναγκαῖον ἢ μηθὲν ὄφελος εἶναι τοῖς
(10) ἔχουσιν, τῶν δὲ περὶ ψυχὴν ἕκαστον ἀγαθῶν, ὅσῳ περ ἂν
ὑπερβάλλῃ, τοσούτῳ μᾶλλον χρήσιμον εἶναι, εἰ δεῖ καὶ τούτοις
ἐπιλέγειν μὴ μόνον τὸ καλὸν ἀλλὰ καὶ τὸ χρήσιμον. ὅλως τε δῆλον
ὡς ἀκολουθεῖν φήσομεν τὴν διάθεσιν τὴν ἀρίστην ἑκάστου
πράγματος πρὸς ἄλληλα κατὰ τὴν ὑπεροχὴν (15) ἥνπερ εἴληχε ταῦτα
ὧν φαμεν αὐτὰς εἶναι διαθέσεις (ταύτας). ὥστ' εἴπερ ἐστὶν ἡ ψυχὴ καὶ
τῆς κτήσεως καὶ τοῦ σώματος τιμιώτερον καὶ ἁπλῶς καὶ ἡμῖν,
ἀνάγκη καὶ τὴν διάθεσιν τὴν ἀρίστην ἑκάστου ἀνάλογον τούτων
ἔχειν. ἔτι δὲ τῆς ψυχῆς ἕνεκεν ταῦτα πέφυκεν αἱρετὰ καὶ δεῖ πάντας
(20) αἱρεῖσθαι τοὺς εὖ φρονοῦντας, ἀλλ' οὐκ ἐκείνων ἕνεκεν τὴν ψυχήν.
ὅτι μὲν οὖν ἑκάστῳ τῆς εὐδαιμονίας ἐπιβάλλει τοσοῦτον ὅσον περ
ἀρετῆς καὶ φρονήσεως καὶ τοῦ πράττειν κατὰ ταύτας, ἔστω
συνωμολογημένον ἡμῖν, μάρτυρι τῷ θεῷ χρωμένοις, ὃς εὐδαίμων μέν
ἐστι καὶ μακάριος, δι' οὐθὲν δὲ τῶν (25) ἐξωτερικῶν ἀγαθῶν ἀλλὰ δι'
αὑτὸν αὐτὸς καὶ τῷ ποιός τις εἶναι τὴν φύσιν, ἐπεὶ καὶ τὴν εὐτυχίαν
τῆς εὐδαιμονίας διὰ ταῦτ' ἀναγκαῖον ἑτέραν εἶναι ̔τῶν μὲν γὰρ
ἐκτὸς ἀγαθῶν τῆς ψυχῆς αἴτιον ταὐτόματον καὶ ἡ τύχη, δίκαιος δ'
οὐδεὶς οὐδὲ σώφρων ἀπὸ τύχης οὐδὲ διὰ τὴν τύχην ἐστίν̓: ἐχόμενον
(30) δ' ἐστὶ καὶ τῶν αὐτῶν λόγων δεόμενον καὶ πόλιν εὐδαίμονα τὴν
ἀρίστην εἶναι καὶ πράττουσαν καλῶς. ἀδύνατον δὲ καλῶς πράττειν
τοῖς μὴ τὰ καλὰ πράττουσιν: οὐθὲν δὲ καλὸν ἔργον οὔτ' ἀνδρὸς οὔτε
πόλεως χωρὶς ἀρετῆς καὶ φρονήσεως: ἀνδρεία δὲ πόλεως καὶ
δικαιοσύνη καὶ φρόνησις (35) τὴν αὐτὴν ἔχει δύναμιν καὶ μορφὴν ὧν
μετασχὼν ἕκαστος τῶν ἀνθρώπων λέγεται δίκαιος καὶ φρόνιμος καὶ
σώφρων. ἀλλὰ γὰρ ταῦτα μὲν ἐπὶ τοσοῦτον ἔστω πεφροιμιασμένα τῷ
λόγῳ: οὔτε γὰρ μὴ θιγγάνειν αὐτῶν δυνατόν, οὔτε πάντας τοὺς
οἰκείους ἐπεξελθεῖν ἐνδέχεται λόγους, ἑτέρας γάρ ἐστιν ἔργον
σχολῆς (40) ταῦτα: νῦν δὲ ὑποκείσθω τοσοῦτον, ὅτι βίος μὲν ἄριστος,
καὶ χωρὶς ἑκάστῳ καὶ κοινῇ ταῖς πόλεσιν,
| [7,1323b] que le bonheur, soit qu'on le place dans les jouissances ou dans la vertu,
ou bien dans l'un et l'autre la fois, appartient surtout aux coeurs les plus purs, aux
intelligences les plus distinguées, et qu'il est fait pour les hommes modérés dans
l'amour de ces biens qui tiennent si peu à nous, plutôt que pour les hommes qui,
possédant ces biens extérieurs fort au delà des besoins, restent pourtant si pauvres
des véritables richesses.
§ 4. Indépendamment des faits, la raison seule suffit à bien démontrer ceci. Les
biens extérieurs ont une limite comme tout autre instrument ; et les choses qu'on
dit si utiles, sont précisément celles dont l'abondance nous embarrasse
inévitablement, ou ne nous sert vraiment en rien. Pour les biens de l'âme, au
contraire, c'est en proportion même de leur abondance qu'ils nous sont utiles, si
toutefois il convient de parler d'utilité dans des choses qui sont avant tout
essentiellement belles. En général, il est évident que la perfection suprême de
choses que l'on compare, pour connaître la supériorité de l'une sur l'autre, est
toujours en rapport direct avec la distance même où sont entre elles ces choses,
dont nous étudions les qualités spéciales. Si donc l'âme, à parler d'une manière
absolue et même relativement à nous, est plus précieuse que la richesse et que le
corps, sa perfection et la leur seront dans une relation analogue. Suivant les lois de
la nature, tous les biens extérieurs ne sont désirables que dans l'intérêt de l'âme ; et
les hommes sages ne doivent les souhaiter que pour elle, tandis que l'âme ne doit
jamais être considérée en vue de ces biens.
§ 5. Ainsi, nous regarderons comme un point parfaitement accordé, que le
bonheur est toujours en proportion de la vertu et de la sagesse, et de la soumission
à leurs lois, prenant ici pour témoin de nos paroles Dieu lui-même, dont la félicité
suprême ne dépend pas de biens extérieurs, mais est toute en lui-même et dans
l'essence de sa propre nature. Aussi, la différence du bonheur à la fortune consiste
nécessairement, en ce que les circonstances fortuites et le hasard peuvent nous
procurer les biens placés en dehors de l'âme, tandis que l'homme n'est ni juste ni
sage au hasard ou par l'effet du hasard. Une conséquence de ce principe, appuyée
sur les mêmes raisons, c'est que l'État le plus parfait est en même temps le plus
heureux, et le plus prospère. Le bonheur ne peut jamais suivre le vice ; l'État non
plus que l'homme ne réussit qu'à la condition de la vertu et de la sagesse ; pour
l'État, le courage la sagesse, la vertu, se produisent avec la même portée, avec les
mêmes formes qu'elles ont dans l'individu ; et c'est même parce que l'individu les
possède, qu'il est appelé juste, sage et tempérant.
§ 6. Nous ne pousserons pas plus loin ces idées préliminaires ; il nous était
impossible de ne point toucher ce sujet ; mais ce n'est pas ici le lieu de lui donner
tous les développements qu'il comporte ; ils appartiennent à un autre ouvrage.
Constatons seulement que le but essentiel de la vie pour l'individu isolé, aussi
bien que pour l'État en général,
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