| [34] XXXIV - Τούτων τοίνυν ἕνεκα, ὦ Κέβης, οἱ δικαίως φιλομαθεῖς κόσμιοί εἰσι καὶ ἀνδρεῖοι, οὐχ ὧν οἱ πολλοὶ ἕνεκά φασιν· ἢ σὺ οἴει;
 - (84a) Οὐ δῆτα ἔγωγε.
 - Οὐ γάρ· ἀλλ᾽ οὕτω λογίσαιτ᾽ ἂν ψυχὴ ἀνδρὸς φιλοσόφου, καὶ οὐκ ἂν
 οἰηθείη τὴν μὲν φιλοσοφίαν χρῆναι αὐτὴν λύειν, λυούσης δὲ ἐκείνης, αὐτὴν
 παραδιδόναι ταῖς ἡδοναῖς καὶ λύπαις ἑαυτὴν πάλιν αὖ ἐγκαταδεῖν καὶ
 ἀνήνυτον ἔργον πράττειν Πηνελόπης τινὰ ἐναντίως ἱστὸν μεταχειριζομένης,
 ἀλλὰ γαλήνην τούτων παρασκευάζουσα, ἑπομένη τῷ λογισμῷ καὶ ἀεὶ ἐν
 τούτῳ οὖσα, τὸ ἀληθὲς καὶ τὸ θεῖον καὶ τὸ ἀδόξαστον (84b) θεωμένη καὶ ὑπ᾽
 ἐκείνου τρεφομένη, ζῆν τε οἴεται οὕτω δεῖν ἕως ἂν ζῇ, καὶ ἐπειδὰν
 τελευτήσῃ, εἰς τὸ συγγενὲς καὶ εἰς τὸ τοιοῦτον ἀφικομένη ἀπηλλάχθαι τῶν
 ἀνθρωπίνων κακῶν. Εκ δὴ τῆς τοιαύτης τροφῆς οὐδὲν δεινὸν μὴ φοβηθῇ,
 (ταῦτα δ᾽ ἐπιτηδεύσασα,) ὦ Σιμμία τε καὶ Κέβης, ὅπως μὴ διασπασθεῖσα ἐν
 τῇ ἀπαλλαγῇ τοῦ σώματος ὑπὸ τῶν ἀνέμων διαφυσηθεῖσα καὶ διαπτομένη
 οἴχηται καὶ οὐδὲν ἔτι οὐδαμοῦ ᾖ. »
 | [34] XXXIV. — Voilà donc pour quelles raisons, Cébès, les véritables amis du savoir sont tempérants et courageux, et non pour les raisons que le vulgaire s’imagine. Est-ce que tu
 penserais comme lui ?
 — Moi ? non certes.
 — Et tu fais bien : c’est comme je le dis que raisonne l’âme du philosophe. Elle ne pense
 pas que la philosophie doive la délier pour qu’au moment où elle la délie, elle
 s’abandonne aux plaisirs et aux peines et se laisse enchaîner à nouveau et pour qu’elle
 s’adonne au travail sans fin de Pénélope défaisant sa toile. Au contraire, elle se ménage
 le calme du côté des passions, suit la raison et ne s’en écarte jamais, contemple ce qui est
 vrai, divin et ne relève pas de l’opinion, et s’en nourrit, convaincue que c’est ainsi qu’elle
 doit vivre, durant toute la vie, puis après la mort, s’en aller vers ce qui lui est apparenté
 et ce qui est de même nature qu’elle, délivrée des maux humains. Une âme ainsi nourrie,
 Simmias et Cébès, et qui a pratiqué ce détachement n’a pas du tout à craindre d’être
 mise en pièces en quittant le corps, et, dispersée par les vents, de s’envoler dans tous les
 sens et de n’être plus nulle part. »
 
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