[12,944] ῥᾴδιον μὲν οὖν οὐδαμῶς διορίσαι τούτων θάτερον, (944a)
ὅμως δὲ χρὴ τὸν νόμον ἁμῶς γέ πως ὁρίζειν πειρᾶσθαι κατὰ μέρη.
μύθῳ δὴ προσχρώμενοι ἅμ' εἴπωμεν, εἰ κομισθεὶς ἐπὶ σκηνὴν ἄνευ τῶν
ὅπλων Πάτροκλος ἔμπνους ἐγένεθ', οἷον δὴ μυρίοις συνέπεσεν, τὰ δὲ
πρότερα ἐκεῖνα ὅπλα, ἃ Πηλεῖ φησιν ὁ ποιητὴς παρὰ θεῶν προῖκα ἐν
τοῖς γάμοις ἐπιδοθῆναι Θέτιδι, ταῦτα δὲ Ἕκτωρ εἶχεν, ἐξῆν ἂν
τῶν τότε ὅσοι κακοὶ ὀνειδίζειν ὅπλων ἀποβολὴν τῷ τοῦ
Μενοιτίου. ἔτι δὲ ὁπόσοι κατὰ κρημνῶν ῥιφέντες ἀπώλεσαν
(944b) ὅπλα, ἢ κατὰ θάλατταν, ἢ χειμώνων ἐν κόποις
ὑποδεξαμένης αὐτοὺς ἐξαίφνης πολλῆς ῥύσεως ὕδατος, ἢ μυρί'
ἂν ἔχοι τις τοιαῦτα παραμυθούμενος ἐπᾴδειν, εὐδιάβολον
κακὸν καλλύνων· τεμεῖν δὴ χρεὼν κατὰ δύναμιν τὸ μεῖζον καὶ
τὸ δυσχερέστερον κακὸν ἀπὸ τοῦ ἐναντίου. σχεδὸν οὖν ἐν τοῖς
ὀνείδεσιν ἔχει τινὰ τομὴν ἡ τούτων τῶν ὀνομάτων ἐπιφορά·
ῥίψασπις μὲν γὰρ οὐκ ἐν πᾶσιν ὀνομάζοιτ' ἂν (944c) δικαίως,
ἀποβολεὺς δὲ ὅπλων. οὐχ ὁμοίως γὰρ ὅ τε ἀφαιρεθεὶς μετ'
εἰκυίας βίας γίγνοιτ' ἂν ῥίψασπις ὅ τε ἀφεὶς ἑκών, διαφέρει δὲ
ὅλον που καὶ τὸ πᾶν. ὧδ' οὖν δὴ λεγέσθω νόμῳ· ἐὰν
καταλαμβανόμενός τις ὑπὸ πολεμίων καὶ ἔχων ὅπλα μὴ
ἀναστρέφῃ καὶ ἀμύνηται, ἀφῇ δὲ ἑκὼν ἢ ῥίψῃ, ζωὴν αἰσχρὰν
ἀρνύμενος μετὰ κάκης μᾶλλον ἢ μετ' ἀνδρείας καλὸν καὶ
εὐδαίμονα θάνατον, τοιαύτης μὲν ὅπλων ἀποβολῆς (944d) ἔστω
δίκη ῥιφθέντων, τῆς δὲ εἰρημένης ἔμπροσθεν ὁ δικάζων μὴ
ἀμελείτω σκοπεῖν. τὸν γὰρ κακὸν ἀεὶ δεῖ κολάζειν, ἵν' ἀμείνων
ᾖ, οὐ τὸν δυστυχῆ· οὐδὲν γὰρ πλέον. ζημία δὴ τῷ τὴν τοιαύτην
ἀμυντηρίων ὅπλων εἰς τοὐναντίον ἀφέντι δύναμιν τίς ἄρα
γίγνοιτ' ἂν πρόσφορος; οὐ γὰρ δυνατὸν ἀνθρώπῳ δρᾶν
τοὐναντίον ὥς ποτε θεόν φασι δρᾶσαι, Καινέα τὸν Θετταλὸν ἐκ
γυναικὸς μεταβαλόντα εἰς ἀνδρὸς φύσιν· ἦν γὰρ ἀνδρὶ
ῥιψάσπιδι τρόπον τινὰ πρέπουσα πασῶν (944e) μάλιστα ἡ
'κείνῃ τῇ γενέσει ἐναντία γένεσις, εἰς γυναῖκα ἐξ ἀνδρὸς
μεταβαλοῦσα, τιμωρία τούτῳ γενομένη. νῦν δ' ὅτι τούτων
ἐγγύτατα φιλοψυχίας ἕνεκα, ἵνα τὸν ἐπίλοιπον βίον μὴ
κινδυνεύῃ, ζῇ δὲ ὡς πλεῖστον χρόνον ὢν κακὸς ὀνείδει
συνεχόμενος, ἔστω νόμος ὅδε ἐπὶ τούτοις· Ἀνὴρ ὃς ἂν ὄφλῃ
δίκην ὡς αἰσχρῶς ἀποβαλὼν ὅπλα πολεμικά,
| [12,944] Quoiqu'il ne soit pas facile de distinguer l'un de ces cas des autres,
il faut pourtant que la loi essaye en quelque façon de les distinguer
suivant les circonstances particulières.
Disons donc, en recourant à la fable, que, si Patrocle rapporté dans sa tente
sans ses armes, eût eu encore un souffle de vie, comme cela est arrivé à
mille autres, tandis que les premières armes du fils de Pélée que les
dieux avaient données, dit le poète, à Thétis, le jour de ses noces,
étaient entre les mains d'Hector, tous les lâches de l'armée auraient pu
alors reprocher au fils de Ménaitios d'avoir jeté ses armes. On
pourrait citer encore tous ceux qui ont perdu leurs armes pour avoir été
précipités de lieux escarpés, ou qui les ont perdues en mer ou dans des
lieux où, surpris par la tempête, ils ont été emportés par des torrents
d'eau, et mille autres cas semblables que l'on fait valoir pour se
justifier et excuser un mal sujet à la calomnie.
Il faut donc autant que possible distinguer ce qu'il y a de plus honteux
et de plus fâcheux en ce genre de ce qui ne l'est pas. Cette distinction
se trouve en quelque sorte dans les noms injurieux qu'on se donne en ces
occasions. Par exemple, il ne serait pas juste de dire de tous ceux qui
ont perdu leur bouclier qu'ils sont des lâches parce qu'ils l'ont jeté, et
le cas de celui qui a été vraiment dépouillé de son bouclier par la
violence n'est pas le même que le cas de celui qui s'en est défait
volontairement ; il en diffère même du tout à tout. Posons donc, la loi
suivante : Si quelqu'un, surpris par les ennemis avec ses armes à la main,
au lieu de leur faire face et de se défendre, les lâche volontairement ou
les jette, préférant s'assurer vite une vie honteuse plutôt que
d'affronter courageusement une belle et heureuse mort, on aura action
contre lui pour s'être défait de ses armes en les jetant, tandis que pour
le cas cité plus haut le juge n'aura pas à s'en occuper. Il faut toujours
punir les lâches, pour qu'ils s'améliorent, mais non les malheureux ; car
cela n'avance à rien.
Mais quel est le châtiment qui convient à celui qui, ayant des armes pour
se défendre, les a jetées pour se rendre ? Il n'est pas possible à l'homme
de faire le contraire de ce qu'un dieu fit, dit-on, quand il métamorphosa
en homme le thessalien Kaineus, qui jusque-là avait été femme.
Cependant, pour un homme qui a jeté son bouclier, il n'y a point de
châtiment qui serait en quelque sorte mieux justifié que la métamorphose
contraire à celle de Kaineus, le changement d'homme en femme. Mais, pour
en approcher le plus possible, afin de favoriser son amour de la vie, afin
qu'il passe le reste de ses jours sans courir aucun risque et qu'il vive
le plus longtemps possible dans sa lâcheté et sa honte, voici la loi que
nous portons à ce sujet: Si un homme a été condamné pour avoir perdu
honteusement ses armes de guerre,
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