[13,72] ᾿Εν τούτοις ὁ ῾Ερμησιάναξ σφάλλεται συγχρονεῖν
οἰόμενος Σαπφὼ καὶ ᾿Ανακρέοντα, τὸν μἐν κατὰ Κῦρον καὶ
Πολυκράτην γενόμενον, τὴν δἐ κατ' ᾿Αλυάττην τὸν Κροίσου
πατέρα. Χαμαιλέων δ' ἐν τῷ περὶ Σαπφοῦς καὶ λέγειν τινάς
φησιν εἰς αὐτὴν πεποιῆσθαι ὑπὸ ᾿Ανακρέοντος τάδε ·
Σφαίρῃ δεῦτέ με πορφυρεῇ
βάλλων χρυσοκόμης ῎Ερως
νήνι ποικιλισαμβάλῳ
συμπαίζειν προκαλεῖται.
ἥ δ' (ἐστὶν γὰρ ἀπ' εὐκτίνου
Λέσβου) τὴν μὲν ἐμὴν κόμην
(λευκὴ γάρ) καταμέμφεται,
πρὸς δ' ἄλλην τινὰ χάσκει.
Καὶ τὴν Σαπφώ δὲ πρὸς αὐτὸν ταῦτά φησιν εἰπεῖν ·
κεῖνον, ὦ χρυσόθρονε Μοῦσ' , ἔνισπες
ὕμνον, ἐκ τᾶς καλλιγύναικος ἐσθλᾶς
Τήιος χώρας ὃν ἄειδε τερπνῶς
πρέσβυς ἀγαυός.
῞Οτι δὲ οὔκ ἐστι Σαπφοῦς τοῦτο τὸ ᾆσμα παντί που δῆλον.
᾿Εγὼ δὲ ἡγοῦμαι παίζειν τὸν ῾Ερμησιάνακτα περὶ τοῦ
ἔρωτος. Καὶ γὰρ Δίφιλος ὁ κωμῳδιοποιὸς πεποίηκεν ἐν
Σαπφοῖ δράματι Σαπφοῦς ἐραστὰς ᾿Αρχίλοχον καὶ
῾Ιππώνακτα.
Ταῦθ' ὑμῖν, ὦ ἑταῖροι, οὐκ ἀμερίμνως δοκῶ τὸν ἐρωτικὸν
τοῦτον πεποιῆσθαι κατάλογον, οὐκ ὢν οὕτως ἐρωτομανὴ ὡς
διαβάλλων μ' εἴρηκεν ὁ Κύνουλκος ἀλλ' ἐρωτικὸς μὲν εἶναι
ὁμολογῶ, ἐρωτομανὴς δὲ οὔ.
Τίς δ' ἔστ' ἀνάγκη δυστυχεῖν ἐν πλείοσιν,
ἐξὸν σιωπᾶν κἀν σκότῳ κρύπτειν τάδε ;
Αίσχύλος ἔφη ὁ ᾿Αλεξανδρεὺς ἐν ᾿Αμφιτρύωνι. Οὗτος δέ
ἐστιν Αἰσχύλος ὁ καὶ τὰ Μεσσηνιακὰ ἔπη συνθείς, ἀνήρ
εὐπαίδευτος.
| [13,72] Dans ces lignes, Hermésianax commet une erreur
flagrante en supposant que Sappho et Anacréon étaient
contemporains : le poète vécut à l’époque de Cyrus et de
Polycrate, tandis que Sappho écrivit au temps d'Alyatte, le
père de Crésus. Pourtant Chaméléon, dans son livre sur
Sappho, déclare que les vers suivants furent bien
composés par Anacréon pour la Lesbienne ; bien des
auteurs, selon lui, en sont persuadés :
«Maintenant Éros aux cheveux d’or, qui me lance sa balle
pourpre, m'invite à folâtrer avec la jeune fille à la sandale brodée.
Mais elle, native de la charmante Lesbos, se moque de mes
cheveux, parce qu’ils sont blancs, et elle s’émerveille pour un
autre… une femme !»
Et, dans ces vers, Chaméléon prétend que Sappho aurait
ainsi répondu :
«L'hymne que tu vas prononcer, ô muse au trône d'or, est
celui que l'homme de Téos, vieil homme glorieux de la terre
hospitalière aux belles femmes, chanta pour notre seul plaisir.»
Mais, d’évidence, ce chant n'est point de la main de
Sappho : il peut être adressé à n’importe qui.
Pour ma part, je m’accorde à penser que c'est
uniquement par jeu littéraire qu’Hermésianax évoque de
telles amours. Car, rappelons-le, le poète comique
Diphilos, dans sa Sappho, ne donne à la poétesse que deux
amants : Archiloque et Hipponax.
Voilà donc, mes amis, j’ai concocté à votre intention, et
avec soin, ce catalogue érotique, n'étant pas moi-même
érotomane, comme l’a dit Cynulcos sur un ton injurieux :
certes, j’admets que je suis fort porté sur Eros, mais point érotomane.
«Pourquoi s'obliger à souffrir en lâchant trop de mots, alors
qu’on peut rester silencieux et cacher tout cela dans l'ombre ?»
Ces vers sont tirés de l’Amphitryon d’Eschyle
d’Alexandrie, le même à qui l'on doit une Epopée de
Messénie, et qui est un bel érudit.
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