[2,6] ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ Ϛ'.
§ 1. Εἰ γὰρ ἀνωμάλως κινήσεται, δῆλον ὅτι ἐπίτασις ἔσται καὶ ἀκμὴ καὶ ἄνεσις τῆς φορᾶς· ἅπασα γὰρ ἡ ἀνώμαλος φορὰ καὶ ἄνεσιν ἔχει καὶ ἐπίτασιν καὶ ἀκμήν. Ἀκμὴ δ´ ἐστὶν ἢ ὅθεν φέρεται ἢ οἷ ἢ ἀνὰ μέσον, οἷον ἴσως τοῖς μὲν κατὰ φύσιν οἷ φέρονται, τοῖς δὲ παρὰ φύσιν ὅθεν, τοῖς δὲ ῥιπτουμένοις ἀνὰ μέσον. Τῆς δὲ κύκλῳ φορᾶς οὐκ ἔστιν οὔτε ὅθεν οὔτε οἷ οὔτε μέσον· οὔτε γὰρ ἀρχὴ οὔτε πέρας οὔτε μέσον ἐστὶν αὐτῆς ἁπλῶς· τῷ τε γὰρ χρόνῳ ἀΐδιος καὶ τῷ μήκει συνηγμένη καὶ ἄκλαστος· ὥστ´ εἰ μή ἐστιν ἀκμὴ αὐτοῦ τῆς φορᾶς, οὐδ´ ἂν ἀνωμαλία εἴη· ἡ γὰρ ἀνωμαλία γίγνεται διὰ τὴν ἄνεσιν καὶ ἐπίτασιν.
§ 2. Ἔτι δ´ ἐπεὶ πᾶν τὸ κινούμενον ὑπό τινος κινεῖται, ἀνάγκη τὴν ἀνωμαλίαν γίγνεσθαι τῆς κινήσεως ἢ διὰ τὸ κινοῦν ἢ διὰ τὸ κινούμενον ἢ δι´ ἄμφω· εἴτε γὰρ τὸ κινοῦν μὴ τῇ αὐτῇ δυνάμει κινοῖ, εἴτε τὸ κινούμενον ἀλλοιοῖτο καὶ μὴ διαμένοι τὸ αὐτό, εἴτε ἄμφω μεταβάλλοι, οὐθὲν κωλύει ἀνωμάλως κινεῖσθαι τὸ κινούμενον. Οὐθὲν δὲ τούτων δυνατὸν περὶ τὸν οὐρανὸν γενέσθαι· τὸ μὲν γὰρ κινούμενον δέδεικται ὅτι πρῶτον καὶ ἁπλοῦν καὶ (289a) ἀγένητον καὶ ἄφθαρτον καὶ ὅλως ἀμετάβλητον, τὸ δὲ κινοῦν πολὺ μᾶλλον εὔλογον εἶναι τοιοῦτον· τὸ γὰρ πρῶτον τοῦ πρώτου καὶ τὸ ἁπλοῦν τοῦ ἁπλοῦ καὶ τὸ ἄφθαρτον καὶ ἀγένητον τοῦ ἀφθάρτου καὶ ἀγενήτου κινητικόν. Ἐπεὶ οὖν τὸ κινούμενον οὐ μεταβάλλει σῶμα ὄν, οὐδ´ ἂν τὸ κινοῦν μεταβάλλοι ἀσώματον ὄν. Ὥστε καὶ τὴν φορὰν ἀδύνατον ἀνώμαλον εἶναι.
§ 3. Καὶ γὰρ εἰ γίνεται ἀνώμαλος, ἤτοι ὅλη μεταβάλλει καὶ ὁτὲ μὲν γίνεται θάττων ὁτὲ δὲ βραδυτέρα πάλιν, ἢ τὰ μέρη αὐτῆς. Τὰ μὲν οὖν μέρη ὅτι οὐκ ἔστιν ἀνώμαλα, φανερόν· ἤδη γὰρ ἂν ἐγεγόνει διάστασις τῶν ἄστρων ἐν τῷ ἀπείρῳ χρόνῳ, τοῦ μὲν θᾶττον κινουμένου τοῦ δὲ βραδύτερον. Οὐ φαίνεται δ´ οὐθὲν ἄλλως ἔχον τοῖς διαστήμασιν.
Ἀλλὰ μὴν οὐδὲ τὴν ὅλην ἐγχωρεῖ μεταβάλλειν· ἡ γὰρ ἄνεσις ἑκάστου γίνεται δι´ ἀδυναμίαν, ἡ δ´ ἀδυναμία παρὰ φύσιν· καὶ γὰρ αἱ ἐν τοῖς ζῴοις ἀδυναμίαι πᾶσαι παρὰ φύσιν εἰσίν, οἷον γῆρας καὶ φθίσις. Ὅλη γὰρ ἴσως ἡ σύστασις τῶν ζῴων ἐκ τοιούτων συνέστηκεν ἃ διαφέρει τοῖς οἰκείοις τόποις· οὐθὲν γὰρ τῶν μερῶν ἔχει τὴν αὑτοῦ χώραν. Εἰ οὖν ἐν τοῖς πρώτοις μή ἐστι τὸ παρὰ φύσιν (ἁπλᾶ γὰρ καὶ ἄμικτα καὶ ἐν τῇ οἰκείᾳ χώρᾳ, καὶ οὐθὲν αὐτοῖς ἐναντίον), οὐδ´ ἂν ἀδυναμία εἴη, ὥστ´ οὐδ´ ἄνεσις οὐδ´ ἐπίτασις· εἰ γὰρ ἐπίτασις, καὶ ἄνεσις.
§ 4. Ἔτι δὲ καὶ ἄλογον ἄπειρον χρόνον ἀδύνατον εἶναι τὸ κινοῦν, καὶ πάλιν ἄλλον ἄπειρον δυνατόν· οὐθὲν γὰρ φαίνεται ὂν ἄπειρον χρόνον παρὰ φύσιν (ἡ δ´ ἀδυναμία παρὰ φύσιν), οὐδὲ τὸν ἴσον χρόνον παρὰ φύσιν καὶ κατὰ φύσιν, οὐδ´ ὅλως δυνατὸν καὶ ἀδύνατον· ἀνάγκη δ´, εἰ ἀνίησιν ἡ κίνησις, ἄπειρον ἀνιέναι χρόνον. Ἀλλὰ μὴν οὐδ´ ἐπιτείνειν ἀεὶ ἢ πάλιν ἀνιένται δυνατόν· ἄπειρος γὰρ ἂν εἴη καὶ ἀόριστος ἡ κίνησις, ἅπασαν δέ φαμεν ἔκ τινος εἴς τι εἶναι καὶ ὡρισμένην.
§ 5. Ἔτι δ´ εἴ τις λάβοι εἶναί τινα χρόνον ἐλάχιστον, οὗ οὐκ ἐνδέχεται ἐν ἐλάττονι κινηθῆναι τὸν οὐρανόν (ὥσπερ γὰρ οὐδὲ κιθαρίσαι οὐδὲ βαδίσαι ἐν ὁτῳοῦν χρόνῳ δυνατόν, ἀλλ´ ἔστιν ἑκάστης πράξεως ὡρισμένος ὁ ἐλάχιστος χρόνος κατὰ τὸ μὴ ὑπερβάλλειν, οὕτως οὐδὲ κινηθῆναι τὸν οὐρανὸν (289b) ἐν ὁτῳοῦν χρόνῳ δυνατόν)· εἰ οὖν τοῦτ´ ἀληθές, οὐκ ἂν εἴη ἀεὶ ἐπίτασις τῆς φορᾶς (εἰ δὲ μὴ ἐπίτασις, οὐδ´ ἄνεσις· ὁμοίως γὰρ ἄμφω καὶ θάτερον), εἴπερ τῷ αὐτῷ τε ἐπιτείνει τάχει ἢ μείζονι, καὶ ἄπειρον χρόνον.
§ 6. Λείπεται δὴ λέγειν ἐναλλὰξ εἶναι τῇ κινήσει τὸ θᾶττον καὶ τὸ βραδύτερον· τοῦτο δὲ παντελῶς ἄλογον καὶ πλάσματι ὅμοιον. Ἔτι δὲ καὶ τὸ μὴ λανθάνειν ἐπὶ τούτων εὐλογώτερον· εὐαισθητότερα γὰρ τὰ παρ´ ἄλληλα τιθέμενα. Ὅτι μὲν οὖν εἷς τε μόνος ἐστὶν ὁ οὐρανός, καὶ οὗτος ἀγένητος καὶ ἀΐδιος, ἔτι δὲ κινούμενος ὁμαλῶς, ἐπὶ τοσοῦτον ἡμῖν εἰρήσθω.
Περὶ δὲ τῶν καλουμένων ἄστρων ἑπόμενον ἂν εἴη λέγειν, ἐκ τίνων τε συνεστᾶσι καὶ ἐν ποίοις σχήμασι καὶ τίνες αἱ κινήσεις αὐτῶν.
| [2,6] CHAPITRE VI.
§ 1. Une suite de ce que nous venons d'exposer, c'est de faire voir que le mouvement du monde est uniforme, et qu'il n'est jamais irrégulier. D'ailleurs, je ne veux parler ici que du premier ciel et de la première révolution ; car pour les corps qui sont placés au-dessous, il arrive que déjà plusieurs mouvements se sont réunis et combinés en un seul. Si l'on supposait, en effet, que le ciel a un mouvement irrégulier, il est clair qu'il y aurait alors accroissement, maximum et décroissance de ce mouvement; car tout mouvement irrégulier présente accroissement, décroissance et maximum. Le maximum peut se trouver ou au point d'où part le mouvement, ou au point vers lequel il se dirige, ou bien au point intermédiaire. On peut dire, par exemple, que, pour les corps animés d'un mouvement naturel, le maximum est au point vers lequel ils sont portés ; que pour les corps qui sont mus contre nature, le maximum est au point d'où ils partent ; et qu'enfin pour les corps qu'on lance, c'est-à-dire pour les projectiles, c'est le point intermédiaire. Mais dans le mouvement circulaire, il n'y a ni point de départ, ni point d'arrivée, ni point intermédiaire; car pour ce mouvement, il n'y a vraiment ni commencement, ni fin, ni milieu, puisque ce mouvement est éternel, quant à la durée, puisqu'il se tient dans toute sa longueur, et qu'il n'a pas d'interruption qui le brise. Il s'ensuit que, s'il n'y a pas de maximum pour le mouvement du ciel, il n'y a pas non plus d'irrégularité ; car l'irrégularité ne vient que de l'accroissement et de la décroissance successive.
§ 2. Il faut ajouter que, comme tout mobile est mis en mouvement par quelque moteur, il est nécessaire que l'irrégularité du mouvement provienne, ou du moteur, ou du mobile, ou des deux à la fois. Si, en effet, le moteur ne meut plus avec la même force, ou si le mobile vient à changer et ne reste pas le même, ou si les deux changent à la fois, rien n'empêche alors que le mobile ne reçoive le mouvement d'une façon irrégulière. Mais rien de tout cela ne peut se produire pour le ciel ; car le mobile y est, comme on l'a démontré, primitif, simple, (289a) incréé, impérissable et absolument immuable. Le moteur, à plus forte raison, doit-il avoir toutes ces qualités ; car le moteur de ce qui est primitif, doit être primitif aussi ; il doit être simple pour le simple, comme il est impérissable et incréé pour l'impérissable et l'incréé. Or, si le mobile, qui est un corps, ne change pas, le moteur, qui est incorporel, peut encore moins changer que lui. Ainsi donc le mouvement de translation du ciel ne peut pas être irrégulier.
§ 3. Si le mouvement du ciel était irrégulier, ou le ciel changerait tout entier, ayant un mouvement tantôt plus rapide et tantôt plus lent ; ou bien ce seraient seulement quelques-unes de ses parties qui changeraient. Mais il est évident que ses parties ne présentent aucune irrégularité; car dans l'infinité des temps, les astres se seraient éloignés les uns des autres et se seraient distancés, l'un allant plus vite, et l'autre allant plus lentement. Or, il ne paraît pas qu'il y ait jamais eu la moindre modification dans les distances qui les séparent. Mais il n'est pas plus admissible que ce soit le mouvement tout entier, au lieu de ses parties, qui puisse changer. La décroissance en chaque chose ne peut venir que d'une impuissance ; or, l'impuissance est contre nature ; car dans les animaux toutes les impuissances sont antinaturelles, la vieillesse, par exemple, et la mort. C'est, qu'en effet, la constitution entière des animaux ne se compose guère que des éléments, qui diffèrent entr'eux par la position propre à chacun ; et il n'y a aucune des parties, dont les animaux sont formés, qui n'occupe la place qui lui appartient. Si donc dans les corps primitifs, il n'y a rien qui puisse être contre nature, parce qu'ils sont simples et sans mélange, parce qu'ils sont toujours à leur place spéciale, et qu'il n'y a rien qui leur suit contraire, il n'y a pas davantage d'impuissance pour eux. Par suite, il n'y a pas non plus décroissance, ni accroissement ; car s'il y avait accroissement, il y aurait décroissance à un moment donné.
§ 4. La raison se refuse également à croire que le moteur puisse rester impuissant pendant un temps infini, et qu'ensuite il devienne puissant durant un autre temps infini, parce qu'en effet rien de ce qui est contre nature ne peut subsister durant l'infinité du temps. Or, l'impuissance est contre nature. Il n'est pas possible davantage que ce qui est contre nature, et ce qui est selon la nature, durent l'un et l'autre pendant un temps égal ; non plus qu'en général ce qui peut, et ce qui ne peut pas, ne durent point le même temps. Si le mouvement détroit, il y a nécessité alors qu'il décroisse durant un temps infini. Mais il n'est pas plus possible qu'il s'accroisse toujours, ou qu'il se relâche ensuite également ; car alors le mouvement serait à la fois infini et indéterminé. Or, nous avons dit que tout mouvement était déterminé, et qu'il allait d'un certain point à un autre point.
§ 5. Il n'est pas plus possible d'admettre cette hypothèse, si l'on pense qu'il y a nécessairement un minimum de temps le plus petit possible, au-dessous duquel le ciel ne pourrait plus accomplir sa révolution ; car, de même qu'on ne peut, par exemple, ni marcher, ni jouer de la lyre dans un temps quelconque, mais qu'il y a pour accomplir chacune de ces actions un minimum de temps nécessaire, qu'il n'est pas possible de dépasser, de même il n'est pas possible davantage que le ciel se meuve (289b) dans un temps quelconque. Si donc ceci est exact et vrai, il s'ensuit qu'il ne peut pas y avoir un accroissement perpétuel de translation du ciel. S'il n'y a pas d'accroissement, il n'y a pas non plus de décroissance ; car ces deux changements sont soumis à des lois pareilles; et l'un s'accomplit comme l'autre, soit que leur rapidité soit égale ou plus grande, et que le mouvement dure un temps infini.
§ 6. Il ne resterait donc plus qu'à prétendre que le mouvement du ciel présente des alternatives d'accroissement et de ralentissement de vitesse ; mais c'est là une hypothèse tout à fait absurde, et ce n'est qu'une véritable rêverie. Il est bien plus raisonnable encore de supposer que ces alternatives ne pourraient pas échapper à notre observation ; et rapprochées les unes des autres, elles n'en seraient que plus sensibles.
Mais bornons-nous à ce que nous venons de dire pour montrer qu'il n'y a qu'un seul et unique ciel, qu'il est incréé, éternel, et de plus qu'il se meut d'une façon régulière et uniforme.
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