[2,1] ΚΕΦΑΛΑΙΟΝ Α'.
§ 1. Ὅτι μὲν οὖν οὔτε γέγονεν ὁ πᾶς οὐρανὸς οὔτ´ ἐνδέχεται φθαρῆναι, καθάπερ τινές φασιν αὐτόν, ἀλλ´ ἔστιν εἷς καὶ ἀΐδιος, ἀρχὴν μὲν καὶ τελευτὴν οὐκ ἔχων τοῦ παντὸς αἰῶνος, ἔχων δὲ καὶ περιέχων ἐν αὑτῷ τὸν ἄπειρον χρόνον, ἔκ τε τῶν εἰρημένων ἔξεστι λαμβάνειν τὴν πίστιν, καὶ διὰ τῆς δόξης τῆς παρὰ τῶν ἄλλως λεγόντων καὶ γεννώντων αὐτόν· εἰ γὰρ οὕτως μὲν ἔχειν ἐνδέχεται, καθ´ ὃν δὲ τρόπον ἐκεῖνοι γενέσθαι λέγουσιν οὐκ ἐνδέχεται, μεγάλην ἂν ἔχοι καὶ τοῦτο ῥοπὴν (284b) εἰς πίστιν περὶ τῆς ἀθανασίας αὐτοῦ καὶ τῆς ἀϊδιότητος.
§ 2. Διόπερ καλῶς ἔχει συμπείθειν ἑαυτὸν τοὺς ἀρχαίους καὶ μάλιστα πατρίους ἡμῶν ἀληθεῖς εἶναι λόγους, ὡς ἔστιν ἀθάνατόν τι καὶ θεῖον τῶν ἐχόντων μὲν κίνησιν, ἐχόντων δὲ τοιαύτην ὥστε μηθὲν εἶναι πέρας αὐτῆς, ἀλλὰ μᾶλλον ταύτην τῶν ἄλλων πέρας· τό τε γὰρ πέρας τῶν περιεχόντων ἐστί, καὶ αὕτη τέλειος οὖσα περιέχει τὰς ἀτελεῖς καὶ τὰς ἐχούσας πέρας καὶ παῦλαν, αὐτὴ μὲν οὐδεμίαν οὔτ´ ἀρχὴν ἔχουσα οὔτε τελευτήν, ἀλλ´ ἄπαυστος οὖσα τὸν ἄπειρον χρόνον, τῶν δ´ ἄλλων τῶν μὲν αἰτία τῆς ἀρχῆς, τῶν δὲ δεχομένη τὴν παῦλαν.
§ 3. Τὸν δ´ οὐρανὸν καὶ τὸν ἄνω τόπον οἱ μὲν ἀρχαῖοι τοῖς θεοῖς ἀπένειμαν ὡς ὄντα μόνον ἀθάνατον· ὁ δὲ νῦν μαρτυρεῖ λόγος ὡς ἄφθαρτος καὶ ἀγένητος, ἔτι δ´ ἀπαθὴς πάσης θνητῆς δυσχερείας ἐστίν, πρὸς δὲ τούτοις ἄπονος διὰ τὸ μηδεμιᾶς προσδεῖσθαι βιαίας ἀνάγκης, ἣ κατέχει κωλύουσα φέρεσθαι πεφυκότα αὐτὸν ἄλλως· πᾶν γὰρ τὸ τοιοῦτον ἐπίπονον, ὅσῳπερ ἂν ἀϊδιώτερον ᾖ, καὶ διαθέσεως τῆς ἀρίστης ἄμοιρον.
§ 4. Διόπερ οὔτε κατὰ τὸν τῶν παλαιῶν μῦθον ὑποληπτέον ἔχειν, οἵ φασιν Ἄτλαντός τινος αὐτῷ προσδεῖσθαι τὴν σωτηρίαν· ἐοίκασι γὰρ καὶ τοῦτον οἱ συστήσαντες τὸν λόγον τὴν αὐτὴν ἔχειν ὑπόληψιν τοῖς ὕστερον· ὡς γὰρ περὶ βάρος ἐχόντων καὶ γεηρῶν ἁπάντων τῶν ἄνω σωμάτων ὑπέστησαν αὐτῷ μυθικῶς ἀνάγκην ἔμψυχον.
§ 5. Οὔτε δὴ τοῦτον τὸν τρόπον ὑποληπτέον, οὔτε διὰ τὴν δίνησιν θάττονος τυγχάνοντα φορᾶς τῆς οἰκείας ῥοπῆς ἔτι σώζεσθαι τοσοῦτον χρόνον, καθάπερ Ἐμπεδοκλῆς φησιν.
§ 6. Ἀλλὰ μὴν οὐδ´ ὑπὸ ψυχῆς εὔλογον ἀναγκαζούσης μένειν ἀΐδιον· οὐδὲ γὰρ τῆς ψυχῆς οἷόν τ´ εἶναι τὴν τοιαύτην ζωὴν ἄλυπον καὶ μακαρίαν· ἀνάγκη γὰρ καὶ τὴν κίνησιν μετὰ βίας οὖσαν, εἴπερ κινεῖ φέρεσθαι πεφυκότος τοῦ πρώτου σώματος ἄλλως καὶ κινεῖ συνεχῶς, ἄσχολον εἶναι καὶ πάσης ἀπηλλαγμένην ῥαστώνης ἔμφρονος, εἴ γε μηδ´ ὥσπερ τῇ ψυχῇ τῇ τῶν θνητῶν ζῴων ἐστὶν ἀνάπαυσις ἡ περὶ τὸν ὕπνον γινομένη τοῦ σώματος ἄνεσις, ἀλλ´ ἀναγκαῖον Ἰξίονός τινος μοῖραν κατέχειν αὐτὴν ἀΐδιον καὶ ἄτρυτον.
Εἰ δή, καθάπερ εἴπομεν, (285a) ἐνδέχεται τὸν εἰρημένον ἔχειν τρόπον περὶ τῆς πρώτης φορᾶς, οὐ μόνον αὐτοῦ περὶ τῆς ἀϊδιότητος οὕτως ὑπολαβεῖν ἐμμελέστερον, ἀλλὰ καὶ τῇ μαντείᾳ τῇ περὶ τὸν θεὸν μόνως ἂν ἔχοιμεν οὕτως ὁμολογουμένως ἀποφαίνεσθαι συμφώνους λόγους. Ἀλλὰ τῶν μὲν τοιούτων λόγων ἅλις ἔστω τὸ νῦν.
| [2,1] CHAPITRE PREMIER.
§ 1. On peut donc, d'après tout ce qui précède, voir clairement que l'ensemble du ciel n'a pas été créé, qu'il ne peut pas davantage périr, comme le disent quelques philosophes, mais qu'il est un et éternel, et qu'il n'a ni commencement ni fin, durant toute l'éternité. C'est là une conviction certaine que l'on peut tirer, et de ce que nous avons dit ici, et des opinions, mêmes de ceux qui soutiennent un système différent, et qui supposent que le ciel a été créé. En effet si les choses peuvent être telles que nous les expliquons, et si elles ne peuvent pas être de la manière que ces philosophes l'indiquent, ce serait déjà là une bien grande présomption (284b) en faveur de l'immortalité et de l'éternité du ciel.
§ 2. Aussi est-il bon de se persuader que les traditions antiques, et surtout celles que nous avons reçues de nos pères, sont d'une incontestable vérité, quand elles nous apprennent qu'il y a quelque chose d'immortel et de divin, dans les choses qui ont le mouvement, mais qui l'ont de manière à ce que ce mouvement lui-même n'ait jamais de limite, et qu'il soit au contraire la limite de tout le reste. En effet, la limite est une de ces choses qui enveloppent les autres choses. Or comme le mouvement circulaire est parfait en lui-même, il enveloppe tous les mouvements incomplets qui ont une limite et un point d'arrêt, n'ayant lui-même ni commencement ni fin, et étant sans interruption ni repos, durant l'éternité tout entière. Il est pour les autres mouvements le principe d'où ils tirent leur origine, ou bien la fin dans laquelle ils s'arrêtent et cessent. Aussi les anciens ont-ils attribué aux Dieux le ciel et le lieu supérieur, comme étant le seul lieu qui soit éternel.
§ 3. La présente étude sera une preuve de plus que le ciel est impérissable, qu'il est incréé et qu'il est à l'abri de toute atteinte et de toute perturbation mortelle. Il faut ajouter que le ciel ne connaît pas de fatigue, parce qu'il n'est pas besoin qu'en dehors de lui, une nécessité violente le contraigne et lui imprime un mouvement contraire à celui qu'il aurait naturellement ; car tout mouvement contre nature est d'autant plus pénible et fatigant qu'il est plus durable, et qu'il n'est pas conforme à la meilleure disposition possible.
§ 4. Voilà pourquoi il ne faut pas croire à cette vieille fable qui prétend que le monde, pour se conserver tel qu'il est, et en dehors de ses lois régulières, a besoin de quelque Atlas. Ceux qui ont jadis imaginé cette idée étrange me semblent avoir eu des conceptions tout aussi fausses que ceux qui, venus plus tard, ont imaginé, non moins fabuleusement, qu'il y avait dans le monde une nécessité intérieure qui lui donnait la vie, de même qu'on l'imagine pour les corps de l'espace supérieure, quand on les suppose pesants et terrestres.
§ 5. Il ne faut pas plus admettre aveuglément ces hypothèses qu'on ne doit admettre que le monde ne se maintient, et ne dure depuis si longtemps, que parce qu'il reçoit, par la rotation qui lui est propre, un mouvement plus rapide que sa tendance à descendre, ainsi que le veut Empédocle.
§ 6. Il ne serait pas non plus rationnel de croire que le ciel ne demeure éternellement ce qu'il est que par l'action d'une âme qui l'y force nécessairement. L'âme ne pourrait pas avoir à ces conditions une existence tranquille et fortunée ; et dès l'instant que le mouvement s'accomplit avec violence, en emportant le corps qui aurait primitivement un autre mouvement naturel, et en l'emportant continuellement, il faut nécessairement que ce mouvement soit sans cesse agité, et qu'il n'ait rien de cette facilité que donne l'intelligence. Il n'y a pas pour cette âme, comme pour l'âme des animaux mortels, un repos, lequel est le délassement du corps dans le sommeil ; et il faut alors qu'il y ait dans le monde une âme éternelle et infatigable, qui subisse en quelque sorte la destinée d'un Ixion. Si donc, je le répète, (285a) il en est peut être du mouvement primitif, ainsi que nous l'avons dit, non seulement il est plus sage de s'en tenir à l'opinion exprimée par nous par rapport à son éternité ; mais, en outre, c'est pour nous l'unique moyen de pouvoir exposer des théories qui soient en plein accord avec ce que la divination nous apprend de Dieu. Mais, ce que nous venons de dire ici sur un tel sujet, c'en doit être assez.
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