[5] Οὐκοῦν ὁ μὲν ἐν Δελφοῖς θεὸς τὸ «Γνῶθι σαυτὸν» προαγορεύει,
Ἡράκλειτος δὲ «ἐδιζησάμην ἐμεωυτόν»,
ἀλλὰ καὶ Πυθαγόρας οἵ τε ἀπ´ ἐκείνου μέχρι Θεοφράστου
τὸ κατὰ δύναμιν ὁμοιοῦσθαι θεῷ φασι, καὶ γὰρ καὶ Ἀριστοτέλης·
ὃ γὰρ ἡμεῖς ποτέ, τοῦτο ὁ θεὸς ἀεί· γελοῖον εἰ
τὸν θεὸν ἑαυτὸν μὴ εἰδέναι· κομιδῇ γὰρ οὐθὲν εἴσεται
τῶν ἄλλων, εἴπερ ἑαυτὸν ἀγνοοίη· πάντα γὰρ αὐτός
ἐστιν, εἴπερ ἐν ἑαυτῷ καὶ παρ´ ἑαυτῷ ἔχοι τῶν ὁπωσοῦν
ὄντων τὰς αἰτίας, εἴτε ἀθανάτων ἀθανάτους, εἴτε
ἐπικήρων οὐ θνητὰς οὐδὲ ἐπικήρους, ἀϊδίους δὲ καὶ
μενούσας ἀεὶ καὶαἳ τούτοις εἰσὶν αἰτίαι τῆς ἀειγενεσίας.
Ἀλλ´ οὗτος μὲν ὁ λόγος ἐστὶ μείζων.
Ὅτι δὲ μία τέ ἐστιν ἀλήθεια καὶ φιλοσοφία μία καὶ
ταύτης εἰσὶν ἐρασταὶ ξύμπαντες ὧν τε ὑπεμνήσθην μικρῷ
πρότερον, ὧν τε ἐν δίκῃ νῦν εἴποιμι ἂν τοὔνομα, τοὺς τοῦ
Κιτιέως ὁμιλητὰς λέγω, οἵ, τὰς πόλεις ἰδόντες ἀποδιδρασκούσας
τὸ λίαν ἀκραιφνὲς καὶ καθαρὸν τῆς ἐλευθερίας
τοῦ κυνός, ἐσκέπασαν αὐτόν, ὥσπερ οἶμαι, παραπετάσμασιν
οἰκονομίᾳ καὶ τῇ χρηματιστικῇ καὶ τῇ πρὸς τὴν
γυναῖκα συνόδῳ καὶ παιδοτροφίᾳ, ἵν´ οἶμαι ταῖς πόλεσιν
αὐτὸν ἐγγύθεν ἐπιστήσωσι φύλακα· ὅτι δὲ τὸ «Γνῶθι
σαυτὸν» κεφάλαιον τίθενται φιλοσοφίας, οὐ μόνον ἐξ ὧν
κατεβάλλοντο ξυγγραμμάτων ὑπὲρ αὐτοῦ τούτου πεισθείης
ἄν, εἴπερ ἐθέλοις, ἀλλὰ πολὺ πλέον ἀπὸ τοῦ τῆς φιλοσοφίας
τέλους· τὸ γὰρ ὁμολογουμένως ζῆν τῇ φύσει τέλος
ἐποιήσαντο, οὗπερ οὐχ οἷόν τε τυχεῖν τὸν ἀγνοοῦντα τίς
καὶ ὁποῖος πέφυκεν· ὁ γὰρ ἀγνοῶν ὅστις ἐστίν, οὐκ εἴσεται
δήπουθεν ὅτι πράττειν ἑαυτῷ προσήκει, ὥσπερ οὐδὲ τὸν
σίδηρον ἀγνοῶν εἴσεται, εἴτε αὐτῷ τέμνειν εἴτε μὴ προσήκει,
καὶ ὅτου δεῖ τῷ σιδήρῳ πρὸς τὸ δύνασθαι τὸ ἑαυτοῦ
πράττειν· ἀλλ´ ὅτι μὲν ἡ φιλοσοφία μία τέ ἐστι καὶ πάντες,
ὡς ἔπος εἰπεῖν, ἑνός τινος ἐφιέμενοι ὁδοῖς ἐπὶ τοῦτο
διαφόροις ἦλθον, ἀπόχρη τοσαῦτα νῦν εἰπεῖν.
Ὑπὲρ δὲ τοῦ κυνισμοῦ σκεπτέον ἐστίν.
| [5] Ainsi le précepte du dieu de Delphes, c'est : « Connais-toi
toi-même. » Héraclite dit à son tour : « Je me suis étudié moi-mème. »
Pythagore et tous ceux qui l'ont suivi, jusqu'à Théophraste,
ont dit qu'il fallait se rapprocher le plus possible de la
Divinité. C'est aussi la doctrine d'Aristote. Et de fait ce que
nous sommes quelquefois, Dieu l'est toujours. Il serait donc
absurde que Dieu ne se connût pas lui-même, puisque, s'il ne
se connaissait pas, il ne connaîtrait rien des autres choses. Or,
il est tout, et par conséquent il a en lui et près de lui les causes
de tous les êtres, à savoir les causes immortelles des êtres
immortels, et les causes, non pas précisément mortelles ou
casuelles des êtres périssables, mais constantes et éternelles de
la génération incessante de ces êtres. Mais en voilà bien long
sur ce sujet. Le fait est que la vérité est une, et une la philosophie,
qu'elle a pour amants tous ceux que je viens de dire
tout à l'heure et ceux dont je pourrais aussi maintenant citer le
nom, j'entends les disciples du philosophe de Cittium. Ceux-ci
voyant l'aversion des villes pour la liberté franche et crue du
cynique, ont enveloppé sa doctrine d'une espèce de voile, en
y rattachant l'économie, le négoce, l'union des sexes et l'éducation
des enfants, dans l'intention, je crois, de faire entrer de
plus près cette philosophie dans la garde des cités. Quant au
précepte "Connais-toi toi-même", ils l'ont adopté comme
base de leur système, ainsi qu'on peut s'en convaincre, si l'on
veut, non seulement par les écrits qu'ils ont publiés sur cette
maxime, mais mieux encore en considérant le but de la philosophie.
En général, on a dit que ce but était de vivre conformément
à la nature. Mais comment atteindre ce but si l'on
ignore quel on est. Car un homme qui ne sait pas ce qu'il est
ne saura certes point ce qu'il doit faire, de même que celui qui
ne sait pas ce que c'est que le fer, ne saura pas s'il est propre
ou non à couper ni ce qu'il faut faire pour qu'il coupe. Ainsi,
la philosophie est une, et tous les philosophes, pour ainsi dire,
tendant au même but, y arrivent par des routes différentes. Il
suffit de l'avoir établi : passons maintenant à l'examen du cynisme.
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