[4] Ὅτι μέν τοι καὶ τὸ τῷ θεῷ κατὰ δύναμιν ὁμοιοῦσθαι
οὐκ ἄλλο τί ἐστιν ἢ τὸ τὴν ἐφικτὴν ἀνθρώποις γνῶσιν τῶν
ὄντων περιποιήσασθαι, πρόδηλον ἐντεῦθεν. Οὐ γὰρ ἐπὶ
πλούτῳ χρημάτων τὸ θεῖον μακαρίζομεν οὐδὲ ἐπ´ ἄλλῳ τινὶ
τῶν νομιζομένων ἀγαθῶν, ἀλλ´ ὅπερ Ὅμηρός φησι
«θεοὶ δέ τε πάντα ἴσασι»,
καὶ μέντοι καὶ περὶ τοῦ Διὸς
«Ἀλλὰ Ζεὺς πρότερος γεγόνει καὶ πλείονα ᾔδει»·
ἐπιστήμῃ γὰρ ἡμῶν οἱ θεοὶ διαφέρουσιν. Ἡγεῖται γὰρ
ἴσως καὶ αὐτοῖς τῶν καλῶν τὸ αὑτοὺς γινώσκειν· ὅσῳ δὴ
κρείττονες ἡμῶν εἰσι τὴν οὐσίαν, τοσούτῳ γνόντες ἑαυτοὺς
ἴσχουσι τῶν βελτιόνων ἐπιστήμην. Μηδεὶς οὖν ἡμῖν τὴν
φιλοσοφίαν εἰς πολλὰ διαιρείτω μηδὲ εἰς πολλὰ τεμνέτω,
μᾶλλον δὲ μὴ πολλὰς ἐκ μιᾶς ποιείτω. Ὥσπερ γὰρ ἀλήθεια
μία. οὕτω δὲ καὶ φιλοσοφία· θαυμαστὸν δὲ οὐδέν. εἰ κατ´
ἄλλας καὶ ἄλλας ὁδοὺς ἐπ´ αὐτὴν πορευόμεθα. Ἐπεὶ καὶ
ἄν τις θέλῃ τῶν ξένων ἢ, ναὶ μὰ Δία, τῶν πάλαι πολιτῶν
ἐπανελθεῖν εἰς Ἀθήνας, δύναιτο μὲν καὶ πλεῖν καὶ βαδίζειν,
ὁδεύων δὲ οἶμαι διὰ γῆς ἢ ταῖς πλατείαις χρῆσθαι
λεωφόροις ἢ ταῖς ἀτραποῖς καὶ συντόμοις ὁδοῖς· καὶ πλεῖν
μέντοι δυνατὸν παρὰ τοὺς αἰγιαλοὺς καὶ δὴκαὶ κατὰ τὸν
Πύλιον γέροντα «τέμνοντα πέλαγος μέσον».
Μὴ δὲ τοῦτό τις ἡμῖν προφερέτω εἴ τινες τῶν κατ´ αὐτὰς
ἰόντων τὰς ὁδοὺς ἀπεπλανήθησαν, καὶ ἀλλαχοῦ που γενόμενοι,
καθάπερ ὑπὸ τῆς Κίρκης ἢ τῶν Λωτοφάγων ἡδονῆς ἢ
δόξης ἤ τινος ἄλλου δελεασθέντες, ἀπελείφθησαν τοῦ πρόσω
βαδίζειν καὶ ἐφικνεῖσθαι τοῦ τέλους,τοὺς πρωτεύσαντας
δὲ ἐν ἑκάστῃ τῶν αἱρέσεων σκοπείτω. καὶ πάντα εὑρήσει
σύμφωνα.
| [4] Maintenant comment la ressemblance possible avec la
Divinité n'est-elle autre chose qu'une connaissance des êtres
proportionnée aux facultés humaines, c'est ce que nous allons
voir clairement. Nous ne faisons point consister le bonheur de
la Divinité dans la possession des richesses ed dans tout ce que
l'on a coutume d'appeler biens, mais dans ce que désigne
Homère dans cet hémistiche "Les cieux connaissent tout".
Et lorsqu'il dit de Jupiter :
"Jupiter, le plus vieux, connut le plus de choses".
En effet, c'est par la science que les dieux l'emportent sur
nous, et peut-être leur plus grand bonheur est-il de se connaître
eux-mêmes. Et d'autant que leur essence est supérieure
à la nôtre, d'autant, en se connaissant eux-mêmes, ils ont une
science plus relevée. Qu'on ne nous coupe donc point la philosophie
en plusieurs fragments, qu'on ne la divise point en plusieurs
tranches, ou plutôt que d'une science on n'en fasse point
plusieurs. Comme la vérité est une, une est la philosophie.
Mais il n'est pas étonnant que nous y arrivions par un grand
nombre de routes. S'il plaisait à quelque étranger, ou même,
par Jupiter, à quelque ancien citoyen de retourner à Athènes,
il pourrait s'y rendre par mer ou par terre : en allant par terre,
il peut suivre, ce semble, les grandes routes ou prendre par
des sentiers détournés et des chemins de traverse; par eau, l'on
peut longer les côtes ou cingler en pleine mer, à l'exemple du
vieillard de Pylos. Et qu'on ne m'objecte point que certains,
ayant pris les mêmes routes, se sont cependant égarés dans je
ne sais quels détours, et que, séduits par Circé ou par les Lotophages,
c'est-à-dire par le plaisir, la gloire ou quelque autre
appât, ils se sont arrêtés avant d'avoir atteint le but : il suffit
de jeter les yeux sur les chefs d'école, et l'on verra qu'ils sont
tous d'accord.
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