HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

Julien l'Apostat, Contre les chiens ignorants

Chapitre 14

  Chapitre 14

[14] Ἀλλ´ ἐπανίωμεν ἐπ´ ἐκεῖνο πάλιν ὅτι χρὴ τὸν ἀρχόμενον κυνίζειν αὑτῷ πρότερον ἐπιτιμᾶν πικρῶς καὶ ἐξελέγχειν καὶ μὴ κολακεύειν, ἀλλὰ ἐξετάζειν ὅτι μάλιστα αὑτὸν ἀκριβῶς εἰ τῇ πολυτελείᾳ τῶν σιτίων χαίρει, εἰ στρωμνῆς δεῖται μαλακῆς, εἰ τιμῆς δόξης ἐστὶν ἥττων, εἰ τοῦτο ζηλοῖ τὸ περιβλέπεσθαι καί, εἰκαὶ κενὸν εἴη, τίμιον ὅμως νομίζει. Μηδὲ εἰς συμπεριφορὰν ὄχλων καθέσθω, γευέσθω δὲ τρυφῆς μηδὲ ἄκρῳ, φασί, τῷ δακτύλῳ, ἕως αὐτὴν παντελῶς πατήσει· τότε ἤδη καὶ τῶν τοιούτων, ἂν προσπίπτῃ, θιγεῖν οὐδὲν κωλύει. Ἐπεὶ καὶ τῶν ταύρων ἀκούω τοὺς ἀσθενεστέρους ἐξίστασθαι τῆς ἀγέλης καὶ καθ´ ἑαυτοὺς νεμομένους ἀγείρειν τὴν ἰσχὺν ἐν μέρει καὶ κατ´ ὀλίγον, εἶθ´ οὕτως ἐπιέναι καὶ προκαλεῖσθαι καὶ τῆς ἀγέλης ἀμφισβητεῖν τοῖς προκατέχουσιν, ὡς μᾶλλον ἀξιώτερον προΐστασθαι. Ὅστις οὖν κυνίζειν ἐθέλει μήτε τὸν τρίβωνα μήτε τὴν πήραν μήτε τὴν βακτηρίαν καὶ τὴν κόμην ἀγαπάτω μόνον, ἵν´ ὥσπερ ἐν κώμῃ βαδίζῃ κουρείων καὶ διδασκαλείων ἐνδεεῖ ἄκαρτος καὶ ἀγράμματος, ἀλλὰ τὸν λόγον ἀντὶ τοῦ σκήπτρου καὶ τὴν ἔνστασιν ἀντὶ τῆς πήρας τῆς κυνικῆς ὑπολαμβανέτω φιλοσοφίας γνωρίσματα. Παρρησίᾳ δὲ χρηστέον αὐτῷ πρῶτον ὁπόσου πέφυκεν ἄξιος ἐπιδειξαμένῳ, ὥσπερ οἶμαι Κράτης καὶ Διογένης, οἳ πᾶσαν μὲν ἀπειλὴν τύχης καὶ εἴτε παιδιὰν εἴτε παροινίαν χρὴ φάναι τοσοῦτον ἀπέσχον τοῦ δυσκόλως ἐνεγκεῖν, ὥστε ἁλοὺς μὲν ὑπὸ τῶν καταποντιστῶν Διογένης ἔπαιζεν, Κράτης δὲ ἐδημοσίευε τὴν οὐσίαν, εἶτα {εἰς} τὸ σῶμα βλαβεὶς ἔσκωπτεν ἑαυτὸνεἰς τὴν χωλότητα τοῦ σκέλους καὶ τὸ κυρτὸν τῶν ὤμων· ἐπορεύετο δὲ ἐπὶ τὰς τῶν φίλων ἑστίας, ἄκλητος καὶ κεκλημένος, διαλλάσσων τοὺς οἰκειοτάτους ἀλλήλοις, εἴποτε στασιάζοντας αἴσθοιτο, ἐπετίμα δὲ οὐ μετὰ πικρίας, ἀλλὰ μετὰ χάριτος, οὐχ ἵνα συκοφαντεῖν δοκῇ τοὺς σωφρονισθέντας, ὠφελεῖν δὲ ἐθέλων αὐτούς τε ἐκείνους καὶ τοὺς ἀκούοντας. Καὶ οὐ τοῦτο ἦν τὸ προηγούμενον αὐτοῖς τέλος· ἀλλ´, ὅπερ ἔφην, ἐσκόπουν ὅπως αὐτοὶ μὲν εὐδαιμονήσωσιν, ἔμελε δὲ αὐτοῖς τῶν ἄλλων τοσοῦτον ὅσον ξυνίεσαν οἶμαι φύσει κοινωνικὸν καὶ πολιτικὸν ζῷον τὸν ἄνθρωπον εἶναι. καὶ τοὺς συμπολιτευομένους ὠφέλησαν οὐ τοῖς παραδείγμασι μόνον, ἀλλὰ καὶ τοῖς λόγοις. Ὅστις οὖν ἂν ἐθέλῃ κυνικὸς εἶναι καὶ σπουδαῖος ἀνήρ, αὑτοῦ πρότερον ἐπιμεληθείς, ὥσπερ Διογένης καὶ Κράτης ἐξελαυνέτω μὲν τῆς ψυχῆς ἅπαντα ἐκ πάσης τὰ πάθη, ὀρθῷ δὲ ἐπιτρέψας τὰ καθ´ ἑαυτὸν λόγῳ καὶ νῷ κυβερνάσθω. Κεφάλαιον γὰρ ἦν, ὡς ἐγὼ οἶμαι, τοῦτο τῆς Διογένους φιλοσοφίας. [14] Mais revenons à ce que nous disions plus haut, qu'il faut, quand on se met à être cynique, commencer par censurer sévèrement ses propres défauts et se les reprocher sans aucune indulgence. On doit s'interroger le plus exactement possible pour voir si l'on est trop enclin à la bonne chère, si l'on a besoin d'un lit bien mou, si l'on est sensible aux honneurs ou à la gloire, si l'on aime à se faire remarquer, et si toutes ces vanités semblent pourtant précieuses. Que le cynique ne se conforme pas aux moeurs de la multitude, qu'il ne touche pas aux plaisirs même du bout du doigt, comme l'on dit, jusqu'à ce qu'il soit parvenu à les fouler aux pieds : alors, si l'occasion s'en présente, rien ne l'empêchera d'y goûter. Ainsi, nous dit-on, les taureaux, qui se sentent faibles, s'isolent parfois du troupeau et paissent à part, pour essayer leurs forces pendant quelque temps, puis ils reviennent défier les anciens chefs de bande et se mesurer avec eux pour s'assurer la supériorité dont ils se croient plus dignes. Ainsi, quand on veut être cynique, il ne suffit pas de prendre le manteau, la besace, le bâton et la chevelure, et de marcher comme dans un village où il n'y a ni barbier ni maître d'école, mal peigné et illettré ; il faut avoir pour bâton la raison, pour besace cynique la constance, vrais attributs de la philosophie. On aura son franc parler quand on aura montré tout ce qu'on peut valoir. Ainsi firent, je pense, Cratès et Diogène, tous deux si éloignés de redouter les menaces, ou plutôt les caprices et les insultes avinées de la fortune, que Diogène se moqua des pirates qui l'avaient pris, et que Cratès, après avoir vendu ses biens à la criée, riait lui-même des difformités de son corps, de sa jambe boiteuse et de ses épaules bossues. Cependant il fréquentait, appelé ou non, les maisons de ses amis, afin de les réconcilier s'il apprenait qu'ils fussent en brouille. Il les reprenait sans amertume et même avec grâce, de manière que, sans dire du mal de ceux qu'il voulait corriger, il leur rendait ses leçons utiles ainsi qu'à ceux qui l'écoutaient. Mais ce n'était point là le but principal de ces hommes éminents. Comme je l'ai dit, ils cherchèrent avant tout le moyen de vivre heureux, et ils ne se soucièrent des autres qu'autant qu'ils savaient que l'homme est de sa nature un être communicatif et sociable. Voilà pourquoi ils furent utiles à leurs concitoyens non seulement par leurs exemples, mais aussi par leurs discours. Ainsi quiconque veut être cynique et homme de bien doit, avant tout, s'occuper de lui-même, comme Diogène et Cratès. Qu'il bannisse de toute son âme toutes les passions, et qu'il se gouverne par la droite raison et par le bon sens qui est en lui. Tel est, ce me semble, le point capital de la philosophie de Diogène.


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Dernière mise à jour : 7/03/2006