[7,1333b] (1) μᾶλλον δ' εἰρήνην ἄγειν καὶ σχολάζειν, καὶ τἀναγκαῖα καὶ
τὰ χρήσιμα δὲ πράττειν, τὰ δὲ καλὰ δεῖ μᾶλλον. ὥστε πρὸς τούτους
τοὺς σκοποὺς καὶ παῖδας ἔτι ὄντας παιδευτέον καὶ τὰς ἄλλας ἡλικίας,
ὅσαι δέονται (5) παιδείας.
οἱ δὲ νῦν ἄριστα δοκοῦντες πολιτεύεσθαι τῶν Ἑλλήνων, καὶ τῶν
νομοθετῶν οἱ ταύτας καταστήσαντες τὰς πολιτείας, οὔτε πρὸς τὸ
βέλτιστον τέλος φαίνονται συντάξαντες τὰ περὶ τὰς πολιτείας οὔτε
πρὸς πάσας τὰς ἀρετὰς τοὺς νόμους καὶ τὴν παιδείαν, ἀλλὰ
φορτικῶς ἀπέκλιναν (10) πρὸς τὰς χρησίμους εἶναι δοκούσας καὶ
πλεονεκτικωτέρας. παραπλησίως δὲ τούτοις καὶ τῶν ὕστερόν τινες
γραψάντων ἀπεφήναντο τὴν αὐτὴν δόξαν: ἐπαινοῦντες γὰρ τὴν
Λακεδαιμονίων πολιτείαν ἄγανται τοῦ νομοθέτου τὸν σκοπόν, ὅτι
πάντα πρὸς τὸ κρατεῖν καὶ πρὸς πόλεμον ἐνομοθέτησεν. ἃ (15) καὶ
κατὰ τὸν λόγον ἐστὶν εὐέλεγκτα καὶ τοῖς ἔργοις ἐξελήλεγκται νῦν.
ὥσπερ γὰρ οἱ πλεῖστοι τῶν ἀνθρώπων ζηλοῦσι τὸ πολλῶν δεσπόζειν,
ὅτι πολλὴ χορηγία γίγνεται τῶν εὐτυχημάτων, οὕτω καὶ Θίβρων
ἀγάμενος φαίνεται τὸν τῶν Λακώνων νομοθέτην, καὶ τῶν ἄλλων
ἕκαστος τῶν (20) γραφόντων περὶ τῆς πολιτείας αὐτῶν, ὅτι διὰ τὸ
γεγυμνάσθαι πρὸς τοὺς κινδύνους πολλῶν ἦρχον: καίτοι δῆλον ὡς
ἐπειδὴ νῦν γε οὐκέτι ὑπάρχει τοῖς Λάκωσι τὸ ἄρχειν, οὐκ εὐδαίμονες,
οὐδ' ὁ νομοθέτης ἀγαθός. ἔστι δὲ τοῦτο γελοῖον, εἰ μένοντες ἐν τοῖς
νόμοις αὐτοῦ, καὶ μηδενὸς ἐμποδίζοντος (25) πρὸς τὸ χρῆσθαι τοῖς
νόμοις, ἀποβεβλήκασι τὸ ζῆν καλῶς. οὐκ ὀρθῶς δ' ὑπολαμβάνουσιν
οὐδὲ περὶ τῆς ἀρχῆς ἣν δεῖ τιμῶντα φαίνεσθαι τὸν νομοθέτην: τοῦ
γὰρ δεσποτικῶς ἄρχειν ἡ τῶν ἐλευθέρων ἀρχὴ καλλίων καὶ μᾶλλον
μετ' ἀρετῆς. ἔτι δὲ οὐ διὰ τοῦτο δεῖ τὴν πόλιν εὐδαίμονα νομίζειν
(30) καὶ τὸν νομοθέτην ἐπαινεῖν, ὅτι κρατεῖν ἤσκησεν ἐπὶ τὸ τῶν
πέλας ἄρχειν: ταῦτα γὰρ μεγάλην ἔχει βλάβην. δῆλον γὰρ ὅτι καὶ
τῶν πολιτῶν τῷ δυναμένῳ τοῦτο πειρατέον διώκειν, ὅπως δύνηται
τῆς οἰκείας πόλεως ἄρχειν: ὅπερ ἐγκαλοῦσιν οἱ Λάκωνες Παυσανίᾳ
τῷ βασιλεῖ, καίπερ (35) ἔχοντι τηλικαύτην τιμήν.
οὔτε δὴ πολιτικὸς τῶν τοιούτων λόγων καὶ νόμων οὐθεὶς οὔτε
ὠφέλιμος οὔτε ἀληθής ἐστιν. ταὐτὰ γὰρ ἄριστα καὶ ἰδίᾳ καὶ κοινῇ,
τόν τε νομοθέτην ἐμποιεῖν δεῖ ταῦτα ταῖς ψυχαῖς τῶν ἀνθρώπων: τήν
τε τῶν πολεμικῶν ἄσκησιν οὐ τούτου χάριν δεῖ μελετᾶν, ἵνα
καταδουλώσωνται (40) τοὺς ἀναξίους, ἀλλ' ἵνα πρῶτον μὲν αὐτοὶ μὴ
δουλεύσωσιν ἑτέροις, ἔπειτα ὅπως ζητῶσι τὴν ἡγεμονίαν τῆς
ὠφελείας ἕνεκα τῶν ἀρχομένων,
| [7,1333b] mais le loisir et la paix sont préférables ; il faut savoir accomplir le
nécessaire et l'utile ; cependant le beau est supérieur à l'un et à l'autre. Ce sont
donc là des directions qu'il convient de donner aux citoyens, dès leur enfance, et
pendant tout le temps qu'ils restent soumis à des maîtres.
§ 10. Les gouvernements qui semblent aujourd'hui les meilleurs de la Grèce,
comme les législateurs qui les ont fondés, ne paraissent point avoir rapporté leurs
institutions à une fin supérieure, ni dirigé leurs lois et l'éducation publique vers
l'ensemble des vertus ; mais ils ont incliné assez peu noblement à celles qui
semblent devoir être utiles et plus capables de satisfaire l'ambition. Des auteurs
plus récents ont soutenu à peu près les mêmes opinions ; et ils ont admiré
hautement la constitution de Lacédémone, et loué le fondateur qui l'a tournée tout
entière vers la conquête et la guerre.
§ 11. La raison suffit aisément à condamner ces principes, comme les faits eux-mêmes, accomplis sous nos yeux, se sont chargés d'en prouver la fausseté.
Partageant le sentiment qui pousse les hommes en général à la conquête, en vue
des bénéfices de la victoire, Thibron et tous ceux qui ont écrit sur le gouvernement
de Lacédémone, semblent porter aux nues son illustre législateur, parce que, grâce
au mépris de tous les périls, sa république a su se faire une vaste domination.
§ 12. Mais, à cette heure, que la puissance spartiate est détruite, tout le monde
convient que Lacédémone n'est point heureuse, ni son législateur irréprochable.
N'est-il pas extraordinaire, cependant, que conservant les institutions de
Lycurgue, et pouvant sans obstacle les suivre à son gré, elle ait perdu toute sa
félicité ? Mais c'est qu'on se trompe aussi sur la nature de la puissance que
l'homme politique doit s'efforcer de mettre en honneur. Commander à des
hommes libres vaut bien mieux, et est bien plus conforme à la vertu, que de
commander à des esclaves.
§ 13. De plus, il ne faut pas croire un État heureux, ni un législateur fort habile,
quand ils n'ont songé qu'aux dangereux travaux de la conquête. Avec des
principes aussi déplorables, chaque citoyen ne pensera évidemment qu'à usurper
le pouvoir absolu dans sa propre patrie, dès qu'il pourra s'en rendre maître ; ce
dont pourtant Lacédémone n'a pas manqué de faire un crime au roi Pausanias,
que toute sa gloire ne put défendre. De pareils principes et les lois qu'ils dictent,
ne sont pas dignes d'un homme d'État ; ils sont aussi faux qu'ils sont funestes. Le
législateur ne doit déposer dans le coeur des hommes que des sentiments
également bons pour le public et pour les particuliers.
§ 14. Si l'on s'exerce aux combats, ce doit être non point en vue de soumettre à
l'esclavage des peuples qui ne méritent point ce joug ignominieux ; mais ce doit
être d'abord pour n'être point subjugué soi-même; ensuite, pour ne conquérir le
pouvoir que dans l'intérêt des sujets;
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