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| [2,33] Ἔτυχε δέ τις ἡμῖν νεανίσκος παρασκηνῶν, ὅς, ἐπεὶ καιρὸς
 ἦν ἀρίστου, φιλοφρονούμενος ἡμᾶς συναριστᾶν ἠξίου. καὶ ἡμῖν δὲ ὁ
 Σάτυρος παρέφερεν· ὥστε εἰς μέσον καταθέμενοι ἃ εἴχομεν τὸ ἄριστον 
 ἐκοινωνοῦμεν, ἤδη δὲ καὶ λόγον.  λέγω δὴ πρῶτος· "Πόθεν,
 ὦ νεανίσκε, καὶ τίνα σε δεῖ καλεῖν;" "Ἐγὼ Μενέλαος," εἶπεν, "τὸ
 δὲ γένος Αἰγύπτιος. τὰ δὲ ὑμέτερα τίνα;"  "Ἐγὼ Κλειτοφῶν,
 οὗτος Κλεινίας, Φοίνικες ἄμφω." "Τίς οὖν ἡ πρόφασις ὑμῖν τῆς
 ἀποδημίας;" "Ἢν σὺ πρῶτος ἡμῖν φράσῃς, καὶ τὰ παρ´ ἡμῶν ἀκούσῃ."
 | [2,33] Dans ce vaisseau, qui était rempli d'un grand nombre de voyageurs, 
nous nous trouvâmes assis auprès d'un jeune homme avec qui nous liâmes 
conversation. Lorsque l'heure du dîner fut venue, il nous pria poliment de 
manger avec lui ; nous acceptâmes son offre, et nous joignîmes nos 
provisions aux siennes. Il nous apprit qu'il était Égyptien, et qu'il s'appelait 
Ménélas. Nous lui rendîmes la pareille, et nous formâmes ainsi entre nous une 
petite société. Après le repas, je lui demandai quel était le motif de son voyage.
 |  | [2,34] Λέγει οὖν ὁ Μενέλαος· "Τὸ μὲν κεφάλαιον τῆς ἐμῆς ἀποδημίας 
 ἔρως βάσκανος καὶ θήρα δυστυχής. ἤρων μειρακίου καλοῦ· τὸ
 δὲ μειράκιον φιλόθηρον ἦν. ἐπεῖχον τὰ πολλά, κρατεῖν οὐκ ἠδυνάμην.
 ὡς δὲ οὐκ ἔπειθον, εἱπόμην κἀγὼ ἐπὶ τὰς ἄγρας. ἐθηρῶμεν οὖν
 ἱππεύοντες ἄμφω καὶ τὰ πρῶτα ηὐτυχοῦμεν, τὰ λεπτὰ διώκοντες
 τῶν θηρίων.  ἐξαίφνης δὲ σῦς τῆς ὕλης προπηδᾷ, καὶ τὸ μειράκιον
 ἐδίωκε· καὶ ὁ σῦς ἐπιστρέφει τὴν γένυν καὶ ἀντιπρόσωπος ἐχώρει
 δρόμῳ, καὶ τὸ μειράκιον οὐκ ἐξετρέπετο, βοῶντος ἐμοῦ καὶ κεκραγότος· 
 ‘Ἕλκε τὸν ἵππον, μετένεγκε τὰς ἡνίας· πονηρὸν τὸ θηρίον.’
 ἀνᾴξας δὲ ὁ σῦς σπουδῇ ἔτρεχεν ὡς ἐπ´ αὐτόν·  καὶ οἱ μὲν συνέπιπτον 
 ἀλλήλοις, ἐμὲ δὲ τρόμος, ὡς εἶδον, λαμβάνει· καὶ φοβούμενος
 μὴ φθάσῃ τὸ θηρίον καὶ πατάξῃ τὸν ἵππον, ἐναγκυλωσάμενος τὸ
 ἀκόντιον, πρὶν ἀκριβῶς καταστοχάσασθαι τοῦ σκοποῦ, πέμπω τὸ
 βέλος· τὸ δὲ μειράκιον παραθέον ἁρπάζει τὴν βολήν. τίνα οἴει με
 τότε ψυχὴν ἔχειν; εἰ καὶ ψυχὴν εἶχον ὅλως, ὡς ἂν ἄλλος τις ἀποθάνοι 
 ζῶν. τὸ δὲ οἰκτρότερον, τὰς χεῖρας ὤρεγέ μοι μικρὸν ἔτι
 ἐμπνέων καὶ περιέβαλλε καὶ ἀποθνῄσκων οὐκ ἐμίσει με τὸν πονηρὸν
 ὁ ὑπ´ ἐμοῦ πεφονευμένος, ἀλλὰ τὴν ψυχὴν ἀφῆκε τῇ φονευσάσῃ μου
 περιπλεκόμενος δεξιᾷ.  ἄγουσιν οὖν με ἐπὶ τὸ δικαστήριον οἱ τοῦ
 μειρακίου γονεῖς οὐκ ἄκοντα· καὶ γὰρ ἐπελθὼν ἀπελογούμην οὐδέν, 
 θανάτου δὲ ἐτιμώμην ἐμαυτῷ. ἐλεήσαντες οὖν οἱ δικασταὶ προσετιμήσαντό 
 μοι τριετῆ φυγήν, ἧς νῦν τέλος ἐχούσης αὖθις ἐπὶ τὴν
 ἐμαυτοῦ καταίρω."  ἐπεδάκρυσεν ὁ Κλεινίας αὐτοῦ λέγοντος Πάτροκλον 
 πρόφασιν, ἀναμνησθεὶς Χαρικλέους. καὶ ὁ Μενέλαος, "Τἀμὰ
 δακρύεις," ἔφη, "ἢ καὶ σέ τι τοιοῦτον ἐξήγαγε;" στενάξας οὖν ὁ
 Κλεινίας καταλέγει τὸν Χαρικλέα καὶ τὸν ἵππον, κἀγὼ τἀμαυτοῦ.
 | [2,34] « Une chasse malheureuse en est la cause, nous dit-il. J'avais un ami que 
Vénus aurait pris pour son fils, s'il n'eût été encore plus beau que l'Amour. Je 
l'aimais avec une tendresse que je ne puis vous dépeindre. Il avait une passion 
extrême pour les exercices de Diane. Autant qu'il m'était possible, je tâchais 
de l'éloigner de ce plaisir dangereux, mais son funeste penchant l'emportait 
presque toujours sur mes conseils. Ne pouvant l'arrêter, je le suivais. Tant que 
nous nous bornâmes à faire la guerre aux bêtes faibles et timides, le sort ne nous 
suscita aucune disgrâce. Mais enfin nous vîmes un jour sortir d'une forêt un 
sanglier fougueux ; mon ami, loin d'en être épouvanté, courut à sa rencontre. 
En vain lui criai-je de détourner la bride de son cheval, et d'éviter ce cruel tyran 
des bois ; il n'écoutait que son courage. Le sanglier s'avança impétueusement 
contre lui : ce spectacle me fit frémir d'horreur. Saisi, troublé, ne sachant plus 
ce que je faisais, je lançai mon javelot sur l'animal redoutable ; mais, hélas ! 
mon cher ami reçut le coup. Que devins-je ? Quelle croyez-vous que fut alors 
la situation de mon âme, si même il me resta quelque partie 
de mon âme dans ce moment affreux ? Je demeurai froid, abattu, et tel qu'un 
homme dont la vie est prête à s'éteindre. Ce qui acheva de me percer le coeur, 
ce fut de voir que mon ami, au lieu de m'accabler d'une juste haine, 
m'embrassait tendrement, et rendait les derniers soupirs en baisant la main 
qui venait de lui donner la mort. Ses parents me poursuivirent en 
justice ; je me livrai à leur vengeance, j'exagérai mon crime, et je me condamnai 
moi-même au châtiment le plus rigoureux. Les juges, touchés de compassion, 
se contentèrent de m'exiler pour trois ans. Le temps de ma peine est expiré, je 
retourne dans ma patrie. »
Clinias ne put écouter cette histoire sans se retracer le destin de son cher 
Chariclès, et ce triste souvenir lui arracha des larmes.
«Est-ce mon infortune qui vous fait pleurer, lui dit Ménélas, ou bien vous 
est-il arrivé quelque malheur semblable ? »
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