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[2,0] LIVRE II.
| [2,0] LIVRE DEUXIÈME.
| [2,1] Ἅμα δὲ ἑαυτοὺς ἐπαινοῦντες ἐπὶ τὸ δωμάτιον ἐβαδίζομεν τῆς
κόρης, ἀκροασόμενοι δῆθεν τῶν κιθαρισμάτων· οὐ γὰρ ἐδυνάμην
ἐμαυτοῦ κἂν ἐπ´ ὀλίγον κρατεῖν τοῦ μὴ ὁρᾶν τὴν κόρην. ἡ δὲ πρῶτον
μὲν ᾖσεν Ὁμήρου τὴν πρὸς τὸν λέοντα τοῦ συὸς μάχην. ἔπειτά τι
καὶ τῆς ἁπαλῆς μούσης ἐλίγαινε· ῥόδον γὰρ ἐπῄνει τὸ ᾆσμα.
εἴ τις τὰς καμπὰς τῆς ᾠδῆς περιελὼν ψιλὸν ἔλεγεν ἁρμονίας τὸν λόγον,
οὕτως ἂν εἶχεν ὁ λόγος· "Εἰ τοῖς ἄνθεσιν ἤθελεν ὁ Ζεὺς ἐπιθεῖναι
βασιλέα, τὸ ῥόδον ἂν τῶν ἀνθέων ἐβασίλευε. γῆς ἐστι κόσμος, φυτῶν
ἀγλάϊσμα, ὀφθαλμὸς ἀνθέων, λειμῶνος ἐρύθημα, κάλλος ἀστράπτον·
ἔρωτος πνέει, Ἀφροδίτην προξενεῖ, εὐώδεσι φύλλοις κομᾷ, εὐκινήτοις
πετάλοις τρυφᾷ, τὸ πέταλον τῷ Ζεφύρῳ γελᾷ." ἡ μὲν ταῦτα
ᾖδεν· ἐγὼ δὲ ἐδόκουν τὸ ῥόδον ἐπὶ τῶν χειλέων αὐτῆς ὁρᾶν, ὡς
εἴ τις τῆς κάλυκος τὸ περιφερὲς εἰς τὴν τοῦ στόματος ἔκλεισε μορφήν.
| [2,1] J'étais demeuré dans le jardin avec Satyrus. Les impressions
du plaisir que je venais de goûter m'y retinrent quelques
instants. Lorsqu'elles commencèrent à s'affaiblir, je rentrai
dans la maison, et mon amour me conduisit à l'appartement de
Leucippe. Je la trouvai qui, mariant sa voix aux accords de son luth,
chantait les vers où le divin Homère a décrit le combat d'un
lion et d'un sanglier. Ensuite elle nous dit cette chanson, que les
charmes de labouche qui la prononçait gravèrent dans mon esprit :
Aimable rose, au lever de l'aurore,
Un essaim de zéphyrs badine autour de toi ;
Chacun jure qu'il t'adore,
Chacun d'eux te promet une éternelle foi.
Mais le soleil, en se couchant dans l'onde,
Voit à leurs tendres soins succéder le mépris ;
La troupe ingrate et vagabonde
Déserte sans scrupule avec ton coloris.
Tel est le sort de la belle jeunesse :
Mille coeurs enchaînés s'offrent à ses désirs,
Mais bientot survient la vieillesse,
La fleur tombe, et l'amour cherche ailleurs ses plaisirs.
Pendant que Leucippe chantait ainsi sur la rose, il me semblait
que j'en voyais une sur ses lèvres. Mes oreilles et mes
regards étaient occupés si délicieusement
que mon coeur suffisait à peine au plaisir qu'il ressentait.
| [2,2] Καὶ ἄρτι πέπαυτο τῶν κιθαρισμάτων, καὶ πάλιν δείπνου καιρὸς
ἦν. ἦν γὰρ ἑορτὴ προτρυγαίου Διονύσου τότε. τὸν γὰρ Διόνυσον
Τύριοι νομίζουσιν ἑαυτῶν, ἐπεὶ καὶ τὸν Κάδμου μῦθον ᾄδουσι.
καὶ τῆς ἑορτῆς διηγοῦνται πατέρα μῦθον, οἶνον οὐκ εἶναί ποτε παρ´
ἀνθρώποις ὅπου μήπω παρ´ αὐτοῖς, οὐ τὸν μέλανα τὸν ἀνθοσμίαν,
οὐ τὸν τῆς Βιβλίας ἀμπέλου, οὐ τὸν Μάρωνος τὸν Θρᾴκιον, οὐ Χῖον
ἐκ Λακαίνης, οὐ τὸν Ἰκάρου τὸν νησιώτην, ἀλλὰ τούτους μὲν ἅπαντας
ἀποίκους εἶναι Τυρίων οἴνων, τὴν δὲ πρώτην παρ´ αὐτοῖς φῦναι
τῶν οἴνων μητέρα. εἶναι γὰρ ἐκεῖ τινα φιλόξενον ποιμένα, οἷον
Ἀθηναῖοι τὸν Ἰκάριον λέγουσι, καὶ τοῦτον ἐνταῦθα τοῦ μύθου γενέσθαι
πατέρα, ὅσον Ἀττικὸν εἶναι δοκεῖν. ἐπὶ τοῦτον ἧκεν ὁ Διόνυσος
τὸν βουκόλον· ὁ δὲ αὐτῷ παρατίθησιν ὅσα γῆ τρέφει καὶ μαζοὶ βοῶν.
ποτὸν δὲ ἦν παρ´ αὐτοῖς οἷον καὶ ὁ βοῦς ἔπινεν· οὔπω γὰρ τὸ
ἀμπέλινον ἦν. καὶ ὁ Διόνυσος ἐπαινεῖ τῆς φιλοφροσύνης τὸν
ποιμένα καὶ αὐτῷ προτείνει κύλικα φιλοτησίαν. τὸ δὲ ποτὸν οἶνος
ἦν. ὁ δὲ πιὼν ὑφ´ ἡδονῆς βακχεύεται καὶ λέγει πρὸς τὸν θεόν·
"Πόθεν, ὦ ξένε, σοὶ τὸ ὕδωρ τοῦτο τὸ πορφυροῦν; πόθεν οὕτως
εὗρες αἷμα γλυκύ; οὐ γάρ ἐστιν ἐκεῖνο τὸ χαμαὶ ῥέον.
τὸ μὲν γὰρ ἐς τὰ στέρνα καταβαίνει καὶ λεπτὴν ἔχει τὴν ἡδονήν, τοῦτο δὲ
καὶ πρὸ τοῦ στόματος τὰς ῥῖνας εὐφραίνει καὶ θιγόντι μὲν ψυχρόν
ἐστιν, εἰς τὴν γαστέρα δὲ καταθορὸν ἀναπνεῖ κάτωθεν ἡδονῆς πῦρ."
καὶ ὁ Διόνυσος ἔφη· "Τοῦτό ἐστιν ὀπώρας ὕδωρ, τοῦτό ἐστιν αἷμα βότρυος."
ἄγει πρὸς τὴν ἄμπελον ὁ θεὸς τὸν βουκόλον, καὶ τῶν
βοτρύων λαβὼν ἅμα καὶ θλίβων καὶ δεικνὺς τὴν ἄμπελον, "Τοῦτο
μέν ἐστιν," ἔφη, "τὸ ὕδωρ, τοῦτο δὲ ἡ πηγή." ὁ μὲν οὖν οἶνος
οὕτως ἐς ἀνθρώπους παρῆλθεν, ὡς ὁ Τυρίων λόγος.
| [2,2] Lorsqu'il fut temps de souper, mon père fit servir un festin
magnifique en l'honneur de Bacchus, surnommé le Vendangeur,
dont alors on célébrait la fête. Les Tyriens le tiennent pour un de
leurs dieux tutélaires, fondés sur ce qu'il descend de leur nation par
Cadmus. Cette solennité forme l'un des principaux articles
du culte qu'ils lui rendent, et voici quelle en est l'origine. Ils disent
que dans les premiers âges du monde, le vin était
inconnu aux mortels ; que cette liqueur précieuse prit naissance
dans leur pays ; qu'il s'y trouva un pasteur qui observait
religieusement les droits de l'hospitalité, homme doux, affable
et tel qu'un certain Icare, dont les Athéniens racontent à peu
près la même chose ; qu'un jour il présenta toutes sortes de fruits
à Bacchus, qui s'était retiré dans sa maison, mais qu'il
ne lui offrit que le breuvage insipide que la nature verse sans distinction
pour les hommes et pour les animaux ; que le dieu, content
de l'humanité de son hôte, lui donna du vin pour marque de sa
bienveillance ; que le berger, charmé d'un nectar si délicieux, tressaillit
de plaisir, et, se tournant vers Bacchus : « D'où vient cette eau
pourprée ? s'écria-t-il d'un air simple. Ou plutôt, en quel lieu du
monde trouve-t-on ce sang qui flatte le goût avec tant de douceur?
Car ceci ne ressemble point à la boisson que les ruisseaux et les
fontaines nous fournissent, boisson sans agrément qui ne
fait qu'apaiser notre soif, au lieu que celle-ci parfume l'odorat,
embaume la bouche, et, quoique froide en apparence,
porte une chaleur voluptueuse jusqu'au fond du sein. »
On ajoute qu'à ces mots Bacchus mena le pasteur dans un endroit
planté de vignes, qu'il prit du raisin, et, qu'en ayant exprimé
le jus: « Voilà, dit-il, d'où sort cette eau divine ; voilà d'où vient
ce sang merveilleux : les fruits que tu vois en sont la source. »
C'est ainsi que l'art de faire du vin fut enseigné aux hommes, si l'on
en croit le peuple de Tyr.
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