HODOI ELEKTRONIKAI
Du texte à l'hypertexte

ACHILLES TATIUS, Leucippé et Clitophon, livre II

Chapitres 3-4

  Chapitres 3-4

[2,3] Ἑορτὴν δὲ ἄγουσιν ἐκείνην τὴν ἡμέραν ἐκείνῳ τῷ θεῷ. φιλοφρονούμενος οὖν πατὴρ τά τε ἄλλα παρασκευάσας ἐς τὸ δεῖπνον ἔτυχε πολυτελέστερα καὶ κρατῆρα παρεθήκατο ἱερὸν τοῦ θεοῦ πολυτελῆ, μετὰ τὸν Γλαύκου τοῦ Χίου δεύτερον. ὑέλου μὲν τὸ πᾶν ἔργον ὀρωρυγμένης· κύκλῳ δὲ αὐτὸν ἄμπελοι περιέστεφον ἀπ´ αὐτοῦ τοῦ κρατῆρος πεφυτευμέναι. οἱ δὲ βότρυες πάντῃ περικρεμάμενοι· ὄμφαξ μὲν αὐτῶν ἕκαστος ἐφ´ ὅσον ἐστὶν κενὸς κρατήρ· ἐὰν δὲ ἐγχέῃς οἴνου, κατὰ μικρὸν βότρυς ὑποπερκάζεται καὶ σταφυλὴν τὸν ὄμφακα ποιεῖ. Διόνυσος δὲ ἐντετύπωται τῶν βοτρύων πλησίον, ἵνα τὴν ἄμπελον οἴνῳ γεωργῇ. τοῦ δὲ πότου προϊόντος ἤδη καὶ ἀναισχύντως ἐς αὐτὴν ἑώρων. Ἔρως δὲ καὶ Διόνυσος, δύο βίαιοι θεοί, ψυχὴν κατασχόντες ἐκμαίνουσιν εἰς ἀναισχυντίαν, μὲν καίων αὐτὴν τῷ συνήθει πυρί, δὲ τὸν οἶνον ὑπέκκαυμα φέρων· οἶνος γὰρ ἔρωτος τροφή. ἤδη δὲ καὶ αὐτὴ περιεργότερον εἰς ἐμὲ βλέπειν ἐθρασύνετο. καὶ ταῦτα μὲν ἡμῖν ἡμερῶν ἐπράττετο δέκα· καὶ πλέον τῶν ὀμμάτων ἐκερδαίνομεν ἐτολμῶμεν οὐδέν. [2,3] Toute notre famille s'étant mise à table, mon père me fit boire dans un vase consacré aux libations de Bacchus, et travaillé par le célèbre Glaucus de Scio. Il était de cristal ciselé, une treille qui semblait avoir pris naissance dans le fond s'élevait en serpentant jusqu'aux bords qu'elle couronnait de ses feuillages. Le pampre était entremêlé de grappes, qui paraissaient vertes lorsque la coupe était vide, et mûres lorsqu'on la remplissait de vin. Au milieu de cet agréable relief, l'art avait représenté Bacchus qui cultivait la vigne. A mesure que je buvais, mon coeur s'échauffait ; j'attachais ma vue sur le visage de Leucippe, avec une liberté qui exprimait mes désirs sans aucun ménagement. L'Amour et Bacchus sont deux divinités violentes, qui mettent sans peine la pudeur en déroute : l'un allume le feu, l'autre l'entretient et l'anime. Leucippe découvrit dans mes yeux le secret de mon âme, les siens s'enhardirent à me considérer plus attentivement qu'ils n'avaient fait jusqu'alors. Nous nous en tînmes pendant dix jours à ce commerce muet de regards tendres et passionnés.
[2,4] Κοινοῦμαι δὴ τῷ Σατύρῳ τὸ πᾶν καὶ συμπράττειν ἠξίουν· δὲ ἔλεγε καὶ αὐτὸς μὲν ἐγνωκέναι πρὶν παρ´ ἐμοῦ μαθεῖν, ὀκνεῖν δὲ ἐλέγχειν βουλόμενον λανθάνειν. γὰρ μετὰ κλοπῆς ἐρῶν ἂν ἐλεγχθῇ πρός τινος, ὡς ὀνειδίζοντα τὸν ἐλέγξαντα μισεῖ. "Ἤδη δέ," ἔφη, "καὶ τὸ αὐτόματον ἡμῶν προὐνόησεν. γὰρ τὸν θάλαμον αὐτῆς πεπιστευμένη Κλειὼ κεκοινώνηκέ μοι καὶ ἔχει πρός με ὡς ἐραστήν. ταύτην παρασκευάσω κατὰ μικρὸν πρὸς ἡμᾶς οὕτως ἔχειν, ὡς καὶ συναίρεσθαι πρὸς τὸ ἔργον. δεῖ δέ σε καὶ τὴν κόρην μὴ μέχρι τῶν ὀφθαλμῶν πειρᾶν, ἀλλὰ καὶ ῥῆμα δριμύτερον εἰπεῖν. τότε δὲ πρόσαγε τὴν δευτέραν μηχανήν. θίγε χειρός, θλῖψον δάκτυλον, θλίβων στέναξον. ἢν δὲ ταῦτά σου ποιοῦντος καρτερῇ καὶ προσίηται, σὸν ἔργον ἤδη δέσποινάν τε καλεῖν καὶ φιλῆσαι τράχηλον." "Πιθανῶς μέν," ἔφην, "νὴ τὴν Ἀθηνᾶν, ἐς τὸ ἔργον παιδοτριβεῖς· δέδοικα δὲ μὴ ἄτολμος ὢν καὶ δειλὸς ἔρωτος ἀθλητὴς γένωμαι." "Ἔρως, γενναῖε," ἔφη, "δειλίας οὐκ ἀνέχεται. ὁρᾷς αὐτοῦ τὸ σχῆμα ὡς ἔστι στρατιωτικόν· τόξα καὶ φαρέτρα καὶ βέλη καὶ πῦρ, ἀνδρεῖα πάντα καὶ τόλμης γέμοντα. τοιοῦτον οὖν ἐν σεαυτῷ θεὸν ἔχων δειλὸς εἶ καὶ φοβῇ; ὅρα μὴ καταψεύδῃ τοῦ θεοῦ. ἀρχὴν δὲ ἐγώ σοι παρέξω. τὴν Κλειὼ γὰρ ἀπάξω μάλιστα ὅταν ἐπιτήδειον ἴδω καιρὸν τοῦ σε τῇ παρθένῳ δύνασθαι καθ´ αὑτὸν συνεῖναι μόνῃ." [2,4] Enfin j'eus recours à Satyrus, et je le priai d'employer quelque heureux stratagème pour hâter l'accomplissement de mes désirs. « La fortune vous protège, me dit-il, car Clio, qui est la fille de chambre de votre maîtresse, vit en bonne intelligence avec moi. J'arrangerai si bien les choses, qu'elle vous prêtera son entremise pour conclure promptement l'affaire. Mais ce n'est pas assez de confier à vos yeux le soin de sonder la volonté de Leucippe ; il faut parler clairement et faire jouer quelque autre machine qui vise plus droit au but. Prenez-lui la main, serrez-lui les doigts, et soupirez en les serrant. Si vous apercevez qu'elle souffre ces petites façons sans mépris et sans colère, osez lui toucher le cou, le flatter, le baiser... — Mon cher Satyrus, répliquai-je, tes conseils sont charmants. Ils s'accordent avec mes voeux les plus doux ; mais je suis si neuf et si simple ! je tremble d'être un mauvais soldat dans la milice de l'Amour. — Seigneur, reprit Satyrus, Cupidon ne souffre point de lâcheté dans son empire. Ne voyez-vous pas que toute sa parure est guerrière ? son flambeau, son carquois, ses flèches, ses dards annoncent sa vigueur et son courage. Plein d'un dieu si vif, vous laisserez-vous abattre par une frayeur ridicule ; languirez-vous dans un engourdissement indigne de votre jeunesse ? Prenez-y garde, ce serait avoir pris à tort le glorieux titre d'amant. Je vais commencer à travailler pour vous. J'épierai l'instant où vous pourrez vous entretenir avec Leucippe, sans craindre des témoins indiscrets. Clio et moi, nous nous tiendrons à l'écart. »


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Dernière mise à jour : 10/02/2006