[11] ΔΙΟΓΕΝΟΥΣ ΚΑΙ ΗΡΑΚΛΕΟΥΣ
<1> ΔΙΟΓΕΝΗΣ
Οὐχ Ἡρακλῆς οὗτός ἐστιν; οὐ μὲν οὖν ἄλλος͵ μὰ τὸν Ἡρακλέα. τὸ
τόξον͵ τὸ ῥόπαλον͵ ἡ λεοντῆ͵ τὸ μέγεθος͵ ὅλος Ἡρακλῆς ἐστιν. εἶτα
τέθνηκεν Διὸς υἱὸς ὤν; εἰπέ μοι͵ ὦ καλλίνικε͵ νεκρὸς εἶ; ἐγὼ γάρ σοι ἔθυον
ὑπὲρ γῆς ὡς θεῷ.
ΗΡΑΚΛΗΣ
Καὶ ὀρθῶς ἔθυες· αὐτὸς μὲν γὰρ ὁ Ἡρακλῆς ἐν τῷ οὐρανῷ τοῖς θεοῖς
σύνεστι καὶ ἔχει καλλίσφυρον ῞Ηβην͵ ἐγὼ δὲ εἴδωλόν εἰμι αὐτοῦ.
ΔΙΟΓΕΝΗΣ
Πῶς λέγεις; εἴδωλον τοῦ θεοῦ; καὶ δυνατὸν ἐξ ἡμισείας μέν τινα θεὸν
εἶναι͵ τεθνάναι δὲ τῷ ἡμίσει;
ΗΡΑΚΛΗΣ
Ναί· οὐ γὰρ ἐκεῖνος τέθνηκεν͵ ἀλλ΄ ἐγὼ ἡ εἰκὼν αὐτοῦ.
ΔΙΟΓΕΝΗΣ
<2> Μανθάνω· ἄντανδρόν σε τῷ Πλούτωνι παραδέδωκεν ἀνθ΄ ἑαυτοῦ͵
καὶ σὺ νῦν ἀντ΄ ἐκείνου νεκρὸς εἶ.
ΗΡΑΚΛΗΣ
Τοιοῦτό τι.
ΔΙΟΓΕΝΗΣ
Πῶς οὖν ἀκριβὴς ὢν ὁ Αἰακὸς οὐ διέγνω σε μὴ ὄντα ἐκεῖνον͵ ἀλλὰ
παρεδέξατο ὑποβολιμαῖον Ἡρακλέα παρόντα;
ΗΡΑΚΛΗΣ
Ὅτι ἐῴκειν ἀκριβῶς.
ΔΙΟΓΕΝΗΣ
Ἀληθῆ λέγεις· ἀκριβῶς γάρ͵ ὥστε αὐτὸς ἐκεῖνος εἶναι. ὅρα γοῦν μὴ τὸ
ἐναντίον ἐστὶ καὶ σὺ μὲν εἶ ὁ Ἡρακλῆς͵ τὸ δὲ εἴδωλον γεγάμηκεν τὴν
῞Ηβην παρὰ τοῖς θεοῖς.
ΗΡΑΚΛΗΣ
<3> Θρασὺς εἶ καὶ λάλος͵ καὶ εἰ μὴ παύσῃ σκώπτων εἰς ἐμέ͵ εἴσῃ
αὐτίκα οἵου θεοῦ εἴδωλόν εἰμι.
ΔΙΟΓΕΝΗΣ
Τὸ μὲν τόξον γυμνὸν καὶ πρόχειρον· ἐγὼ δὲ τί ἂν ἔτι φοβοίμην σε
ἅπαξ τεθνεώς; ἀτὰρ εἰπέ μοι πρὸς τοῦ σοῦ Ἡρακλέους͵ ὁπότε ἐκεῖνος ἔζη͵
συνῆς αὐτῷ καὶ τότε εἴδωλον ὤν; ἢ εἷς μὲν ἦτε παρὰ τὸν βίον͵ ἐπεὶ δὲ
ἀπεθάνετε͵ διαιρεθέντες ὁ μὲν εἰς θεοὺς ἀπέπτατο͵ σὺ δὲ τὸ εἴδωλον͵
ὥσπερ εἰκὸς ἦν͵ εἰς ᾅδου πάρει;
ΗΡΑΚΛΗΣ
Ἐχρῆν μὲν μηδὲ ἀποκρίνεσθαι πρὸς ἄνδρα ἐξεπίτηδες ἐρεσχηλοῦντα·
ὅμως δ΄ οὖν καὶ τοῦτο ἄκουσον· ὁπόσον μὲν γὰρ Ἀμφιτρύωνος ἐν τῷ
Ἡρακλεῖ ἦν͵ τοῦτο τέθνηκεν καί εἰμι ἐγὼ ἐκεῖνο πᾶν͵ ὃ δὲ ἦν τοῦ Διός͵ ἐν
οὐρανῷ σύνεστι τοῖς θεοῖς.
ΔΙΟΓΕΝΗΣ
<4> Σαφῶς νῦν μανθάνω· δύο γὰρ φῂς ἔτεκεν ἡ Ἀλκμήνη κατὰ τὸ
αὐτὸ Ἡρακλέας͵ τὸν μὲν ὑπ΄ Ἀμφιτρύωνι͵ τὸν δὲ παρὰ τοῦ Διός͵ ὥστε
ἐλελήθειτε δίδυμοι ὄντες ὁμομήτριοι.
ΗΡΑΚΛΗΣ
Οὔκ͵ ὦ μάταιε· ὁ γὰρ αὐτὸς ἄμφω ἦμεν.
ΔΙΟΓΕΝΗΣ
Οὐκ ἔστι μαθεῖν τοῦτο ῥᾴδιον͵ συνθέτους δύο ὄντας Ἡρακλέας͵ ἐκτὸς
εἰ μὴ ὥσπερ ἱπποκένταυρός τις ἦτε εἰς ἓν συμπεφυκότες ἄνθρωπός τε καὶ
θεός.
ΗΡΑΚΛΗΣ
Οὐ γὰρ καὶ πάντες οὕτως σοι δοκοῦσι συγκεῖσθαι ἐκ δυεῖν͵ ψυχῆς καὶ
σώματος; ὥστε τί τὸ κωλῦόν ἐστι τὴν μὲν ψυχὴν ἐν οὐρανῷ εἶναι͵ ἥπερ ἦν
ἐκ Διός͵ τὸ δὲ θνητὸν ἐμὲ παρὰ τοῖς νεκροῖς;
ΔΙΟΓΕΝΗΣ
<5> Ἀλλ΄͵ ὦ βέλτιστε Ἀμφιτρυωνιάδη͵ καλῶς ἂν ταῦτα ἔλεγες͵ εἰ
σῶμα ἦσθα͵ νῦν δὲ ἀσώματον εἴδωλον εἶ· ὥστε κινδυνεύεις τριπλοῦν ἤδη
ποιῆσαι τὸν Ἡρακλέα.
ΗΡΑΚΛΗΣ
Πῶς τριπλοῦν;
ΔΙΟΓΕΝΗΣ
Ὧδέ πως· εἰ γὰρ ὁ μέν τις ἐν οὐρανῷ͵ ὁ δὲ παρ΄ ἡμῖν σὺ τὸ εἴδωλον͵ τὸ
δὲ σῶμα ἐν Οἴτῃ κόνις ἤδη γενόμενον͵ τρία ταῦτα ἤδη γεγένηται· καὶ
σκόπει ὅντινα τὸν τρίτον πατέρα ἐπινοήσεις τῷ σώματι.
ΗΡΑΚΛΗΣ
Θρασὺς εἶ καὶ σοφιστής· τίς δαὶ καὶ ὢν τυγχάνεις;
ΔΙΟΓΕΝΗΣ
Διογένους τοῦ Σινωπέως εἴδωλον͵ αὐτὸς δὲ οὐ μὰ Δία μετ΄
ἀθανάτοισι θεοῖσιν͵ ἀλλὰ τοῖς βελτίστοις τῶν νεκρῶν σύνεστιν Ὁμήρου
καὶ τῆς τοιαύτης ψυχρολογίας καταγελῶν.
| [11] DIOGÈNE ET HERCULE.
1. DIOGÈNE. N'est-ce pas Hercule que je vois ? Par
Hercule, c'est lui-même ; voici son arc, sa massue, sa peau
de lion, sa stature : c'est Hercule tout entier ! Eh quoi ! il
est mort, lui, le fils de Jupiter ? Dis-moi, beau vainqueur, tu
es mort ? Et moi qui, sur la terre, t'offrais des sacrifices,
comme à un dieu !
HERCULE. Tu avais raison : le véritable Hercule est dans le
ciel avec les dieux ; il est l'époux d'Hébé aux pieds
charmants : moi, je suis son ombre.
DIOGÈNE. Que dis-tu ? L'ombre d'un dieu ? Est-il possible
qu'on soit dieu par une moitié et mort par l'autre ?
HERCULE. Oui, l'autre Hercule n'est pas mort, mais
seulement moi, qui suis son image.
2. DIOGÈNE. J'entends : il t'a donné comme remplaçant à
Pluton, et tu tiens ici sa place.
HERCULE. C'est quelque chose comme cela.
DIOGÈNE. Mais comment se fait-il qu'Éaque, ce juge
sévère, n'ait pas reconnu que tu n'étais pas le véritable
Hercule, et qu'il ait reçu l'Hercule supposé qui se présentait ?
HERCULE. C'est que je lui ressemble à s'y méprendre.
DIOGÈNE. C'est juste : on peut croire que c'est tout à fait
lui. Prends garde toutefois que ce ne soit le contraire, et
qu'étant, toi, le véritable Hercule, ton simulacre ne soit
l'époux d'Hébé chez les dieux.
3. HERCULE. Tu es un impertinent et un bavard, et si tu ne
cesses tes brocards contre moi, tu sauras bientôt de quel
dieu je suis l'ombre.
DIOGÈNE. Oui, je te vois l'arc en main, prêt à tirer ; mais
qu'ai-je à craindre de toi, une fois mort ! Cependant, dis-moi,
au nom de ton Hercule, quand ce héros vivait, était-il
placé près de lui comme son image, ou ne faisiez-vous
qu'un seul être dans la vie ? Puis, maintenant que vous
êtes morts, vous êtes-vous séparés, l'un pour revoler vers
les dieux, et toi, l'image, pour descendre naturellement
chez les morts ?
HERCULE. Je devrais ne pas répondre un mot à un homme
qui ne s'ingénie qu'à se moquer de moi. Toutefois écoute
bien ceci : tout ce qui dans Hercule était l'œuvre
d'Amphitryon est mort, et c'est moi qui suis ce tout ; mais
ce qui était de Jupiter vit dans le ciel avec les dieux.
4. DIOGÈNE. Je comprends à merveille. Alcmène, d'après
ce que tu dis, s'est accouchée à la fois de deux Hercules, l'un
fils d’Amphitryon, l'autre de Jupiter, et nous ne savions pas
que vous étiez deux jumeaux, issus de la même mère.
HERCULE. Mais non, imbécile ; nous étions tous les deux le
même être.
DIOGÈNE. Il n'est pas facile de comprendre que deux
Hercules n'en fissent qu'un ; à moins que vous ne fussiez,
comme les Centaures, deux natures en une seule, homme et dieu.
HERCULE. Tous les hommes ne te paraissent-ils pas
composés de deux êtres, d'une âme et d'un corps ? Qui
empêcherait que l'âme, émanée de Jupiter, ne fût dans le
ciel, et que la partie mortelle ne fût chez les morts ?
5. DIOGÈNE. Oui, très excellent fils d'Amphitryon, tu aurais
raison, si tu étais un corps ; mais tu n'es qu'une ombre, en
sorte que tu cours le risque d'imaginer encore un triple Hercule.
HERCULE. Pourquoi triple ?
DIOGÈNE. Voici pourquoi. S'il y a un Hercule dans le ciel et
une ombre d'Hercule avec nous, puis sur le mont OEta un
corps qui n'est déjà plus que poussière, cela nous étonnerait !
vois alors quel troisième père tu trouveras pour ce corps.
HERCULE. Tu es un insolent et un sophiste. Comment
t'appelles-tu ?
DIOGÈNE. L'ombre de Diogène de Sinope. Ma personne,
j'en atteste Jupiter, n'est pas du tout chez les dieux
immortels, mais parmi les meilleurs morts, où je ris
d'Homère et de ses froides inventions.
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