[100] Πρῶτον μὲν τοίνυν εἰσὶν αὐτῷ κατὰ τοῦ παρεισφέροντος πολλοὶ
τρόποι, δι' ὧν, ἂν βούληται, θεῖναι τὸν νόμον αὐτὸν ἀναγκάσει. Ἔπειτ'
ἐγγυώμεθ' ἡμεῖς, ἐγώ, Φορμίων, ἄλλον εἴ τινα βούλεται, θήσειν τὸν νόμον.
Ἔστι δὲ δήπου νόμος ὑμῖν, ἐάν τις ὑποσχόμενός τι τὸν δῆμον ἢ τὴν βουλὴν ἢ
δικαστήριον ἐξαπατήσῃ, τὰ ἔσχατα πάσχειν. Ἐγγυώμεθα, ὑπισχνούμεθα· οἱ
θεσμοθέται ταῦτα γραφόντων, ἐπὶ τούτοις τὸ πρᾶγμα γιγνέσθω. (101) Μήθ'
ὑμεῖς ποιήσητε μηδὲν ἀνάξιον ὑμῶν αὐτῶν, μήτε, εἴ τις φαῦλός ἐστι τῶν
εὑρημένων τὴν δωρειάν, ἐχέτω, ἀλλ' ἰδίᾳ κατὰ τόνδε κριθήτω τὸν νόμον. Εἰ
δὲ ταῦτα λόγους καὶ φλυαρίας εἶναι φήσει, ἐκεῖνό γ' οὐ λόγος· αὐτὸς θέτω,
καὶ μὴ λεγέτω τοῦθ', ὡς οὐ θήσομεν ἡμεῖς. Κάλλιον δὲ δήπου τὸν ὑφ' ὑμῶν
κριθέντα καλῶς ἔχειν νόμον εἰσφέρειν ἢ ὃν νῦν ἀφ' αὑτοῦ τίθησιν.
(102) Ἐμοὶ δ', ὦ ἄνδρες Ἀθηναῖοι, δοκεῖ Λεπτίνης καί μοι μηδὲν ὀργισθῇς·
οὐδὲν γὰρ φλαῦρον ἐρῶ σε ἢ οὐκ ἀνεγνωκέναι τοὺς Σόλωνος νόμους ἢ οὐ
συνιέναι. Εἰ γὰρ ὁ μὲν Σόλων ἔθηκεν νόμον ἐξεῖναι δοῦναι τὰ ἑαυτοῦ ᾧ ἄν
τις βούληται, ἐὰν μὴ παῖδες ὦσι γνήσιοι, οὐχ ἵν' ἀποστερήσῃ τοὺς ἐγγυτάτω
γένει τῆς ἀγχιστείας, ἀλλ' ἵν' εἰς τὸ μέσον καταθεὶς τὴν ὠφέλειαν
ἐφάμιλλον ποιήσῃ τὸ ποιεῖν ἀλλή λους εὖ, (103) σὺ δὲ τοὐναντίον
εἰσενήνοχας μὴ ἐξεῖναι τῷ δήμῳ τῶν αὑτοῦ δοῦναι μηδενὶ μηδέν, πῶς σέ τις
φήσει τοὺς Σόλωνος ἀνεγνωκέναι νόμους ἢ συνιέναι; Ὃς ἔρημον ποιεῖς τὸν
δῆμον τῶν φιλοτιμησομένων, προλέγων καὶ δεικνὺς ὅτι τοῖς ἀγαθόν τι
ποιοῦσιν οὐδ' ὁτιοῦν ἔσται πλέον. (104) Καὶ μὴν κἀκεῖνος τῶν καλῶς
δοκούντων ἔχειν νόμων Σόλωνός ἐστι, μὴ λέγειν κακῶς τὸν τεθνεῶτα, μηδ' ἂν
ὑπὸ τῶν ἐκείνου τις ἀκούῃ παίδων αὐτός· σὺ δὲ ποιεῖς, οὐ λέγεις κακῶς τοὺς
τετελευτηκότας τῶν εὐεργετῶν, τῷ δεῖνι μεμφόμενος καὶ τὸν δεῖν' ἀνάξιον
εἶναι φάσκων, ὧν οὐδὲν ἐκείνοις προσῆκεν. Ἆρ' οὐ πολὺ τοῦ Σόλωνος
ἀποστατεῖς τῇ γνώμῃ;
(105) Πάνυ τοίνυν σπουδῇ τις ἀπήγγελλέ μοι περὶ τοῦ μηδενὶ δεῖν μηδὲν
διδόναι, μηδ' ἂν ὁτιοῦν πράξῃ, τοιοῦτόν τι λέγειν αὐτοὺς παρεσκευάσθαι, ὡς
ἄρ' οἱ Λακεδαιμόνιοι καλῶς πολιτευόμενοι καὶ Θηβαῖοι οὐδενὶ τῶν παρ'
ἑαυτοῖς διδόασι τοιαύτην οὐδεμίαν τιμήν· καίτοι καὶ παρ' ἐκείνοις τινές
εἰσιν ἴσως ἀγαθοί. Ἐμοὶ δὲ δοκοῦσιν, ὦ ἄνδρες Ἀθηναῖοι, πάντες οἱ τοιοῦτοι
λόγοι παροξυντικοὶ μὲν εἶναι πρὸς τὸ τὰς ἀτελείας ὑμᾶς ἀφελέσθαι πεῖσαι,
οὐ μέντοι δίκαιοί γ' οὐδαμῇ. Οὐ γὰρ ἀγνοῶ τοῦθ' ὅτι Θηβαῖοι καὶ
Λακεδαιμόνιοι καὶ ἡμεῖς οὔτε νόμοις οὔτ' ἔθεσιν χρώμεθα τοῖς αὐτοῖς οὔτε
πολιτείᾳ. (106) Αὐτὸ γὰρ τοῦτο πρῶτον, ὃ νῦν οὗτοι ποιήσουσιν, ἐὰν ταῦτα
λέγωσιν, οὐκ ἔξεστι ποιεῖν παρὰ τοῖς Λακεδαιμονίοις, τὰ τῶν Ἀθηναίων
ἐπαινεῖν νόμιμα οὐδὲ τὰ τῶν δείνων, πολλοῦ γε καὶ δεῖ, ἀλλ' ἃ τῇ παρ'
ἐκείνοις πολιτείᾳ συμφέρει, ταῦτ' ἐπαινεῖν ἀνάγκη καὶ ποιεῖν. Εἶτα καὶ
Λακεδαιμόνιοι τῶν μὲν τοιούτων ἀφεστᾶσιν, ἄλλαι δέ τινες παρ' ἐκείνοις
εἰσὶ τιμαί, ἃς ἀπεύξαιτ' ἂν ἅπας ὁ δῆμος ἐνταυθοῖ γενέσθαι. (107) Τίνες
οὖν εἰσιν αὗται; Τὰς μὲν καθ' ἕκαστον ἐάσω, μίαν δ' ἣ συλλαβοῦσα τὰς ἄλλας
ἔχει, δίειμι. Ἐπειδάν τις εἰς τὴν καλουμένην γερουσίαν ἐγκριθῇ παρασχὼν
αὑτὸν οἷον χρή, δεσπότης ἐστὶ τῶν πολλῶν. Ἐκεῖ μὲν γάρ ἐστι τῆς ἀρετῆς
ἆθλον τῆς πολιτείας κυρίῳ γενέσθαι μετὰ τῶν ὁμοίων, παρὰ δ' ἡμῖν ταύτης
μὲν ὁ δῆμος κύριος, καὶ ἀραὶ καὶ νόμοι καὶ φυλακαὶ ὅπως μηδεὶς ἄλλος
κύριος γενήσεται, στέφανοι δὲ καὶ ἀτέλειαι καὶ σιτήσεις καὶ τοιαῦτ' ἐστίν,
ὧν ἄν τις ἀνὴρ ἀγαθὸς ὢν τύχοι. (108) Καὶ ταῦτ' ἀμφότερ' ὀρθῶς ἔχει, καὶ
τἀκεῖ καὶ τὰ παρ' ἡμῖν. Διὰ τί; Ὅτι τὰς μὲν διὰ τῶν ὀλίγων πολιτείας τὸ
πάντας ἔχειν ἴσον ἀλλήλοις τοὺς τῶν κοινῶν κυρίους ὁμονοεῖν ποιεῖ, τὴν δὲ
τῶν δήμων ἐλευθερίαν ἡ τῶν ἀγαθῶν ἀνδρῶν ἅμιλλα, ἣν ἐπὶ ταῖς παρὰ τοῦ
δήμου δωρειαῖς πρὸς αὑτοὺς ποιοῦνται, φυλάττει. (109) Καὶ μὴν περὶ τοῦ γε
μηδὲ Θηβαίους μηδένα τιμᾶν, ἐκεῖν' ἂν ἔχειν εἰπεῖν ἀληθὲς οἴομαι. Μεῖζον,
ὦ ἄνδρες Ἀθηναῖοι, Θηβαῖοι φρονοῦσιν ἐπ' ὠμότητι καὶ πονηρίᾳ ἢ ὑμεῖς ἐπὶ
φιλανθρωπίᾳ καὶ τῷ τὰ δίκαια βούλεσθαι. Μήτ' οὖν ἐκεῖνοί ποτε παύσαιντο,
εἰ ἄρ' εὔξασθαι δεῖ, τοὺς μὲν ἑαυτοὺς ἀγαθόν τι ποιοῦντας μήτε τιμῶντες
μήτε θαυμάζοντες, τοὺς δὲ συγγενεῖς ἴστε γὰρ ὃν τρόπον Ὀρχομενὸν διέθηκαν
οὕτω μεταχειριζόμενοι, μήθ' ὑμεῖς τἀναντία τούτοις τοὺς μὲν εὐεργέτας
τιμῶντες, παρὰ δὲ τῶν πολιτῶν λόγῳ μετὰ τῶν νόμων τὰ δίκαια λαμβάνοντες.
| [100] Eh bien, d'abord, il a, s'il le veut, plusieurs moyens de contraindre
l'auteur de la contre-proposition à la convertir en loi.
Ensuite nous donnons caution, moi, Phormion, tout autre que voudra
Leptine, et nous nous engageons à faire cette loi. Vous avez une loi qui
frappe des dernières peines quiconque a fait une promesse au peuple, au
conseil, au tribunal, et ne la tient pas. Nous donnons caution, nous
promettons. Que les thesmothètes prennent acte de notre engagement, que
l'affaire soit remise en leurs mains. (101) Ainsi ne faites rien qui soit
indigne de vous, mais en même temps, si la récompense a été mal placée, ne
la laissez pas en des mains indignes. Qu'il y ait un jugement sur chaque cas
particulier, d'après la loi que voici. S'il répond que cela, ce sont des
mots et de vaines paroles, voici du moins qui n'est pas un simple mot :
qu'il fasse la loi lui-même et qu'il ne dise pas que nous ne la ferons
jamais. Après tout, il est plus honorable de présenter cette loi par vous
jugée bonne que celle qu'il propose aujourd'hui de son chef.
(102) En vérité, Athéniens, il me semble que Leptine — ne te fâche pas, je
ne te dirai rien de blessant — n'a pas lu les lois de Solon, ou ne les a
pas comprises. Quand Solon a fait une loi qui permet de donner ses biens à
qui l'on veut, en l'absence d'enfants légitimes, il n'a pas eu l'intention
de dépouiller les héritiers les plus proches en degré. Il n'a voulu
qu'une chose : engager les citoyens, par l'attrait de l'avantage
pécuniaire, à lutter entre eux de bons offices. (103) Toi, tu as posé une
règle contraire. Le peuple ne pourra plus rien donner à personne. Comment,
dès lors, pourra-t-on dire que tu as lu ou que tu as compris les lois de
Solon? car le peuple ne trouvera plus personne qui soit disposé à mériter
ses récompenses, du moment où l'on est prévenu et averti par toi qu'on n'a
rien à gagner à rendre service. (104) Pourtant, parmi les lois de Solon,
il y en a une autre dont on vante aussi la sagesse, qui défend de dire du
mal d'un mort, fût-on diffamé par les enfants de ce dernier. Toi, tu ne
dis pas de mal de nos bienfaiteurs morts, mais tu leur en fais quand tu
attaques celui-ci et que tu déclares celui-là indigne, sans qu'il y ait
aucun lien de parenté entre les uns et les autres. N'es-tu pas bien
éloigné de la pensée de Solon?
(105) On m'annonçait tout à l'heure très sérieusement que pour justifier
cette maxime : « Il ne faut jamais rien donner à personne, quelque service
qu'on ait reçu », nos adversaires tiennent tout prêt un argument dont
voici à peu près les termes : Ni les Lacédémoniens, dont le gouvernement
est si sage, ni les Thébains, n'accordent chez eux de semblable récompense
à personne, et pourtant il peut y avoir aussi chez eux des hommes de
mérite. Tous les discours de ce genre, Athéniens, me semblent des coups
d'aiguillon qu'on vous donne pour vous presser de retirer les immunités;
mais ils sont dépourvus de tout fondement. En effet, je ne puis ignorer
qu'entre les Lacédémoniens, les Thébains et nous, il n'y a aucune analogie
ni de lois, ni de moeurs, ni de gouvernement. (106) Et tout d'abord, cela
même que Leptine et ses amis se proposent de faire, si en effet ils
tiennent ce langage, n'est pas permis chez les Lacédémoniens; je veux dire
l'éloge des institutions d'Athènes ou de tout autre peuple. Loin de là, il
faut s'attacher à la forme de gouvernement établie chez eux, ne vanter
qu'elle et ne rien faire que pour elle. Ensuite, il est vrai que les
Lacédémoniens ne récompensent pas comme nous, mais il y a chez eux
d'autres façons de récompenser dont le peuple entier serait unanime à
repousser l'introduction dans cette ville. (107) Quelles sont-elles? Je ne
les examinerai pas une à une; j'en prends une seule qui contient toutes
les autres. Dès qu'un homme remplissant les conditions exigées a été jugé
digne d'entrer dans ce qu'ils appellent le sénat, il est maître, et
tout le monde lui obéit. Là, en effet, la récompense du mérite consiste à
partager l'exercice du pouvoir avec ses pairs. Chez nous, le pouvoir
appartient au peuple, et pour qu'il ne passe pas en d'autres mains, il y a
des imprécations, des lois, des garanties. Nous avons aussi des couronnes,
des immunités, la nourriture au Prytanée, et d'autres honneurs du même
genre que peuvent obtenir les hommes de mérite: (108) Ces deux façons de
faire sont également bonnes, celle de Lacédémone comme la nôtre. Pourquoi?
c'est que dans les oligarchies, l'égalité absolue entre les gouvernants
produit l'accord, et, d'autre part, dans les démocraties, le concours des
hommes de mérite qui luttent entre eux pour obtenir du peuple les
récompenses devient une garantie de la liberté. (109) Et maintenant, quand
on objecte les Thébains qui ne récompensent jamais personne, voici, je
pense, ce qu'on peut dire de vrai là-dessus : les Thébains se vantent
d'être durs et haineux, plus que vous d'être humains et justes. Eh bien,
donc, s'il y a des voeux à faire ici, qu'ils persistent à n'accorder ni
honneurs ni estime à ceux qui leur rendent service, et à maltraiter les
peuples de leur race! — vous savez ce qu'ils ont fait d'Orchomène. —
Puissiez-vous au contraire, en ne cessant pas d'honorer ceux qui vous font
du bien, n'avoir jamais à employer que la persuasion et l'autorité des
lois pour obtenir de vos concitoyens qu'ils s'acquittent envers vous!
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