[7,1331b] (1) τὴν δὲ τῶν ὠνίων ἀγορὰν ἑτέραν τε δεῖ ταύτης εἶναι καὶ
χωρίς, ἔχουσαν τόπον εὐσυνάγωγον τοῖς τε ἀπὸ τῆς θαλάττης
πεμπομένοις καὶ τοῖς ἀπὸ τῆς χώρας πᾶσιν.
ἐπεὶ δὲ τὸ πλῆθος διαιρεῖται τῆς πόλεως εἰς ἱερεῖς (5) καὶ εἰς
ἄρχοντας, πρέπει καὶ τῶν ἱερέων συσσίτια περὶ τὴν τῶν ἱερῶν
οἰκοδομημάτων ἔχειν τὴν τάξιν. τῶν δ' ἀρχείων ὅσα περὶ τὰ
συμβόλαια ποιεῖται τὴν ἐπιμέλειαν, περί τε γραφὰς δικῶν καὶ τὰς
κλήσεις καὶ τὴν ἄλλην τὴν τοιαύτην διοίκησιν, ἔτι δὲ περὶ τὴν
ἀγορανομίαν καὶ τὴν καλουμένην (10) ἀστυνομίαν, πρὸς ἀγορᾷ μὲν
δεῖ καὶ συνόδῳ τινὶ κοινῇ κατεσκευάσθαι, τοιοῦτος δ' ὁ περὶ τὴν
ἀναγκαίαν ἀγοράν ἐστι τόπος: ἐνσχολάζειν μὲν γὰρ τὴν ἄνω
τίθεμεν, ταύτην δὲ πρὸς τὰς ἀναγκαίας πράξεις. μεμιμῆσθαι δὲ χρὴ
τὴν εἰρημένην τάξιν καὶ τὰ περὶ τὴν χώραν: καὶ γὰρ ἐκεῖ τοῖς
(15) ἄρχουσιν οὓς καλοῦσιν οἱ μὲν ὑλωροὺς οἱ δὲ ἀγρονόμους καὶ
φυλακτήρια καὶ συσσίτια πρὸς φυλακὴν ἀναγκαῖον ὑπάρχειν, ἔτι δὲ
ἱερὰ κατὰ τὴν χώραν εἶναι νενεμημένα, τὰ μὲν θεοῖς τὰ δὲ ἥρωσιν.
ἀλλὰ τὸ διατρίβειν νῦν ἀκριβολογουμένους καὶ λέγοντας περὶ τῶν
τοιούτων ἀργόν ἐστιν: οὐ (20) γὰρ χαλεπόν ἐστι τὰ τοιαῦτα νοῆσαι,
ἀλλὰ ποιῆσαι μᾶλλον: τὸ μὲν γὰρ λέγειν εὐχῆς ἔργον ἐστί, τὸ δὲ
συμβῆναι τύχης. διὸ περὶ μὲν τῶν τοιούτων τό γε ἐπὶ πλεῖον ἀφείσθω
τὰ νῦν.
CHAPITRE XII.
περὶ δὲ τῆς πολιτείας αὐτῆς, ἐκ τίνων καὶ ποίων (25) δεῖ συνεστάναι
τὴν μέλλουσαν ἔσεσθαι πόλιν μακαρίαν καὶ πολιτεύσεσθαι καλῶς,
λεκτέον. ἐπεὶ δὲ δύ' ἐστὶν ἐν οἷς γίγνεται τὸ εὖ πᾶσι, τούτοιν δ' ἐστὶν
ἓν μὲν ἐν τῷ τὸν σκοπὸν κεῖσθαι καὶ τὸ τέλος τῶν πράξεων ὀρθῶς, ἓν
δὲ τὰς πρὸς τὸ τέλος φερούσας πράξεις εὑρίσκειν ̔ἐνδέχεται γὰρ
(30) ταῦτα καὶ διαφωνεῖν ἀλλήλοις καὶ συμφωνεῖν: ἐνίοτε γὰρ ὁ μὲν
σκοπὸς ἔκκειται καλῶς, ἐν δὲ τῷ πράττειν τοῦ τυχεῖν αὐτοῦ
διαμαρτάνουσιν, ὁτὲ δὲ τῶν μὲν πρὸς τὸ τέλος πάντων
ἐπιτυγχάνουσιν, ἀλλὰ τὸ τέλος ἔθεντο φαῦλον, ὁτὲ δὲ ἑκατέρου
διαμαρτάνουσιν, οἷον περὶ ἰατρικήν: οὔτε γὰρ (35) ποῖόν τι δεῖ τὸ
ὑγιαῖνον εἶναι σῶμα κρίνουσιν ἐνίοτε καλῶς, οὔτε πρὸς τὸν
ὑποκείμενον αὐτοῖς ὅρον τυγχάνουσι τῶν ποιητικῶν: δεῖ δ' ἐν ταῖς
τέχναις καὶ ἐπιστήμαις ταῦτα ἀμφότερα κρατεῖσθαι, τὸ τέλος καὶ τὰς
εἰς τὸ τέλος πράξεις, ὅτι μὲν οὖν τοῦ τε εὖ ζῆν καὶ τῆς εὐδαιμονίας
ἐφίενται (40) πάντες, φανερόν, ἀλλὰ τούτων τοῖς μὲν ἐξουσία
τυγχάνει τοῖς δὲ οὔ, διά τινα τύχην ἢ φύσιν δεῖται γὰρ καὶ χορηγίας
τινὸς τὸ ζῆν καλῶς,
| [7,1331b] Loin de cette place, et bien séparée d'elle, sera celle qui est destinée au
marché ; le lieu sera d'un facile accès à tous les transports venant de la mer ou de
l'intérieur du pays.
§ 3. Puisque le corps des citoyens se partage en pontifes et en magistrats, il est
convenable que les repas communs des pontifes aient lieu dans le voisinage des
édifices consacrés. Quant aux magistrats chargés de prononcer sur les contrats, sur
les actions criminelles et civiles, et sur toutes les affaires de ce genre, ou bien
chargés de la surveillance des marchés et de ce qu'on nomme la police de la ville,
le lieu de leurs repas doit être situé près de la place publique et d'un quartier
fréquenté. Le voisinage de la place du marché, où se font toutes les transactions,
sera surtout convenable à cet effet. Quant à l'autre place dont nous avons parlé
plus haut, elle doit jouir toujours d'un calme absolu ; celle-ci, au contraire, sera
destinée à toutes les relations matérielles et indispensables.
§ 4. Toutes les divisions urbaines que nous venons d'énumérer, devront aussi se
répéter dans les cantons ruraux. Là, les magistrats, qu'on les appelle, ou
conservateurs des forêts, ou inspecteurs des campagnes, auront aussi des corps de
garde pour la surveillance, et des repas communs. Dans les campagnes également,
seront répartis quelques temples, consacrés les uns aux dieux, les autres aux héros.
Il est du reste inutile de nous arrêter à des détails plus précis sur cet objet : ce sont
là des choses très faciles à imaginer, quoiqu'elles le soient beaucoup moins à
mettre en pratique. Pour les dire, il suffit de se laisser aller à son désir ; mais il faut
l'appui de la fortune pour les exécuter. Aussi, nous nous contenterons de ce que
nous avons exposé sur ce sujet.
CHAPITRE XII. § 1. Examinons maintenant ce que sera la constitution elle-même,
et quelles qualités doivent posséder les membres qui composent la cité pour que le
bonheur et l'ordre de l'État soient parfaitement assurés. Le bonheur en général ne
s'obtient qu'à deux conditions : l'une, que le but, la fin qu'on se propose, soit
louable ; la seconde, qu'on puisse accomplir les actes qui y conduisent. Il est
également possible, et que ces deux conditions se rencontrent, et qu'elles ne se
rencontrent point. Parfois le but est excellent, et l'on ne possède pas les moyens
propres à l'atteindre ; parfois on a toutes les ressources nécessaires pour y arriver,
et le but est mauvais ; enfin on peut se tromper tout à la fois sur le but et sur les
moyens ; témoin la médecine : tantôt elle ne sait pas juger comme il faut du
remède qui doit guérir le mal ; tantôt elle ne possède pas les moyens nécessaires à
la guérison qu'elle se propose. Dans tous les arts, dans toutes les sciences, il faut
donc que le but et les moyens qui peuvent y conduire soient également bons et
forts.
§ 2. II est clair que tous les hommes souhaitent la vertu et le bonheur ; mais y
atteindre est permis aux uns et interdit aux autres ; et c'est un effet, soit des
circonstances, soit de la nature. La vertu ne s'obtient qu'à certaines conditions,
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