[1,1256b] CHAPITRE III. (1256b) § 1. Ὅλως δὲ περὶ πάσης κτήσεως καὶ χρηματιστικῆς
θεωρήσωμεν κατὰ τὸν ὑφηγημένον τρόπον, ἐπείπερ καὶ ὁ δοῦλος
τῆς κτήσεως μέρος τι ἦν. Πρῶτον μὲν οὖν ἀπορήσειεν ἄν τις
πότερον ἡ χρηματιστικὴ ἡ αὐτὴ τῇ οἰκονομικῇ ἐστιν ἢ μέρος τι, ἢ
ὑπηρετική, καὶ εἰ ὑπηρετική, πότερον ὡς ἡ κερκιδοποιικὴ τῇ
ὑφαντικῇ ἢ ὡς ἡ χαλκουργικὴ τῇ ἀνδριαντοποιίᾳ (οὐ γὰρ ὡσαύτως
ὑπηρετοῦσιν, ἀλλ' ἡ μὲν ὄργανα παρέχει, ἡ δὲ τὴν ὕλην· λέγω δὲ
ὕλην τὸ ὑποκείμενον ἐξ οὗ τι ἀποτελεῖται ἔργον, οἷον ὑφάντῃ μὲν
ἔρια ἀνδριαντοποιῷ δὲ χαλκόν). Ὅτι μὲν οὖν οὐχ ἡ αὐτὴ ἡ
οἰκονομικὴ τῇ χρηματιστικῇ, δῆλον (τῆς μὲν γὰρ τὸ πορίσασθαι,
τῆς δὲ τὸ χρήσασθαι· τίς γὰρ ἔσται ἡ χρησομένη τοῖς κατὰ τὴν
οἰκίαν παρὰ τὴν οἰκονομικήν;)
§ 2. Πότερον δὲ μέρος αὐτῆς ἐστί τι ἢ ἕτερον εἶδος, ἔχει
διαμφισβήτησιν· εἰ γάρ ἐστι τοῦ χρηματιστικοῦ θεωρῆσαι πόθεν
χρήματα καὶ κτῆσις ἔσται, ... Ἥ δὲ κτῆσις πολλὰ περιείληφε μέρη
καὶ ὁ πλοῦτος, ὥστε πρῶτον ἡ γεωργικὴ πότερον μέρος τι τῆς
οἰκονομικῆς ἢ ἕτερόν τι γένος, καὶ καθόλου ἡ περὶ τὴν τροφὴν
ἐπιμέλεια καὶ κτῆσις;
§ 3. Ἀλλὰ μὴν εἴδη γε πολλὰ τροφῆς, διὸ καὶ βίοι πολλοὶ καὶ τῶν
ζῴων καὶ τῶν ἀνθρώπων εἰσίν· οὐ γὰρ οἷόν τε ζῆν ἄνευ τροφῆς,
ὥστε αἱ διαφοραὶ τῆς τροφῆς τοὺς βίους πεποιήκασι διαφέροντας
τῶν ζῴων. Τῶν τε γὰρ θηρίων τὰ μὲν ἀγελαῖα τὰ δὲ σποραδικά
ἐστιν, ὁποτέρως συμφέρει πρὸς τὴν τροφὴν αὐτοῖς διὰ τὸ τὰ μὲν
ζῳοφάγα τὰ δὲ καρποφάγα τὰ δὲ παμφάγα αὐτῶν εἶναι, ὥστε πρὸς
τὰς ῥᾳστώνας καὶ τὴν αἵρεσιν τὴν τούτων ἡ φύσις τοὺς βίους αὐτῶν
διώρισεν, ἐπεὶ δ' οὐ ταὐτὸ ἑκάστῳ ἡδὺ κατὰ φύσιν ἀλλὰ ἕτερα
ἑτέροις, καὶ αὐτῶν τῶν ζῳοφάγων καὶ τῶν καρποφάγων οἱ βίοι
πρὸς ἄλληλα διεστᾶσιν.
§ 4. Ὁμοίως δὲ καὶ τῶν ἀνθρώπων. Πολὺ γὰρ διαφέρουσιν οἱ
τούτων βίοι. Οἱ μὲν οὖν ἀργότατοι νομάδες εἰσίν νἡ γὰρ ἀπὸ τῶν
ἡμέρων τροφὴ ζῴων ἄνευ πόνου γίνεται σχολάζουσιν· ἀναγκαίου
δ' ὄντος μεταβάλλειν τοῖς κτήνεσι διὰ τὰς νομὰς καὶ αὐτοὶ
ἀναγκάζονται συνακολουθεῖν, ὥσπερ γεωργίαν ζῶσαν
γεωργοῦντεσσ· οἱ δ' ἀπὸ θήρας ζῶσι, καὶ θήρας ἕτεροι ἑτέρας, οἷον
οἱ μὲν ἀπὸ λῃστείας, οἱ δ' ἀφ' ἁλιείας, ὅσοι λίμνας καὶ ἕλη καὶ
ποταμοὺς ἢ θάλατταν τοιαύτην προσοικοῦσιν, οἱ δ' ἀπ' ὀρνίθων ἢ
θηρίων ἀγρίων· τὸ δὲ πλεῖστον γένος τῶν ἀνθρώπων ἀπὸ τῆς γῆς
ζῇ καὶ τῶν ἡμέρων καρπῶν.
§ 5. Οἱ μὲν οὖν βίοι τοσοῦτοι σχεδόν εἰσιν, ὅσοι γε αὐτόφυτον ἔχουσι τὴν
ἐργασίαν καὶ μὴ δι' ἀλλαγῆς καὶ καπηλείας πορίζονται τὴν τροφήν,
| [1,1256b] CHAPITRE III.
§ 1. Puisque aussi bien l'esclave fait partie de la propriété, nous allons étudier,
suivant notre méthode ordinaire, la propriété en général et l'acquisition des biens.
La première question est de savoir si la science de l'acquisition ne fait qu'un avec
la science domestique, ou si elle en est une branche, ou seulement un auxiliaire. Si
elle en est l'auxiliaire, est-ce comme l'art de faire des navettes sert à l'art de tisser ?
ou bien comme l'art de fondre les métaux sert au statuaire ? Les services de ces
deux arts subsidiaires sont en effet bien distincts : là, c'est l'instrument qui est
fourni ; ici, c'est la matière. J'entends par matière la substance qui sert à
confectionner un objet : par exemple, la laine pour le fabricant, l'airain pour le
statuaire. Ceci montre que l'acquisition des biens ne se confond pas avec
l'administration domestique, puisque l'une emploie ce que l'autre fournit. A qui
appartient-il, en effet, de mettre en oeuvre les fonds de la famille, si ce n'est à
l'administration domestique ?
§ 2. Reste à savoir si l'acquisition des choses n'est qu'une branche de cette
administration, ou bien une science à part. D'abord, si celui qui possède cette
science doit connaître les sources de la richesse et de la propriété, on doit convenir
que la propriété et la richesse embrassent des objets bien divers. En premier lieu,
on peut se demander si l'art de l'agriculture, et en général la recherche et
l'acquisition des aliments, est compris clans l'acquisition des biens, ou s'il forme
un mode spécial d'acquérir.
§ 3. Mais les genres d'alimentation sont extrêmement variés ; et de là, cette
multiplicité de genres de vie chez l'homme et chez les animaux, dont aucun ne
peut subsister sans aliments. Par suite, ce sont précisément ces diversités-là qui
diversifient les existences des animaux. Dans l'état sauvage, les uns vivent en
troupes, les autres s'isolent, selon que l'exige l'intérêt de leur subsistance, parce
que les uns sont carnivores, les autres frugivores, et les autres omnivores. C'est
pour leur faciliter la recherche et le choix des aliments que la nature leur a
déterminé un genre spécial de vie. La vie des carnivores et celle des frugivores
différent justement en ce qu'ils n'aiment point par instinct la même nourriture, et
que chacun d'eux a des goûts particuliers.
§ 4. On en peut dire autant des hommes. Leurs modes d'existence ne sont pas
moins divers. Les uns, dans un désoeuvrement absolu, sont nomades ; sans peine
et sans travail, ils se nourrissent de la chair des animaux qu'ils élèvent. Seulement,
comme leurs troupeaux sont forcés, pour trouver pâture, de changer constamment
de place, eux aussi sont contraints de les suivre ; c'est comme un champ vivant
qu'ils cultivent. D'autres subsistent de proie ; mais la proie des uns n'est pas celle
des autres : pour ceux-ci, c'est le pillage ; pour ceux-là, c'est la pêche, quand ils
habitent le bord des étangs ou des marais, les rivages des fleuves ou de la mer ;
d'autres chassent les oiseaux et les bêtes fauves. Mais la majeure partie du genre
humain vit de la culture de la terre et de ses fruits.
§ 5, Voici donc à peu près tous les modes d'existence où l'homme n'a besoin d'apporter
que son travail personnel, sans demander sa subsistance aux échanges ou au commerce :
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