[1,1260b] (1260b) Ἀκόλαστος γὰρ ὢν καὶ δειλὸς οὐδὲν
ποιήσει τῶν προσηκόντων. Φανερὸν τοίνυν ὅτι ἀνάγκη μὲν
μετέχειν ἀμφοτέρους ἀρετῆς, ταύτης δ' εἶναι διαφοράς, ,ὥσπερ καὶ
τῶν φύσει ἀρχομένωνν. Καὶ τοῦτο εὐθὺς ὑφήγηται τὰ περὶ τὴν
ψυχήν· ἐν ταύτῃ γάρ ἐστι φύσει τὸ μὲν ἄρχον τὸ δ' ἀρχόμενον, ὧν
ἑτέραν φαμὲν εἶναι ἀρετήν, οἷον τοῦ λόγον ἔχοντος καὶ τοῦ ἀλόγου.
§ 6. Δῆλον τοίνυν ὅτι τὸν αὐτὸν τρόπον ἔχει καὶ ἐπὶ τῶν ἄλλων,
ὥστε φύσει πλείω τὰ ἄρχοντα καὶ ἀρχόμενα. Ἄλλον γὰρ τρόπον τὸ
ἐλεύθερον τοῦ δούλου ἄρχει καὶ τὸ ἄρρεν τοῦ θήλεος καὶ ἀνὴρ
παιδός, καὶ πᾶσιν ἐνυπάρχει μὲν τὰ μόρια τῆς ψυχῆς, ἀλλ'
ἐνυπάρχει διαφερόντως. Ὁ μὲν γὰρ δοῦλος ὅλως οὐκ ἔχει τὸ
βουλευτικόν, τὸ δὲ θῆλυ ἔχει μέν, ἀλλ' ἄκυρον, ὁ δὲ παῖς ἔχει μέν,
ἀλλ' ἀτελές.
§ 7. Διὸ τὸν μὲν ἄρχοντα τελέαν ἔχειν δεῖ τὴν διανοητικὴν ἀρετήν
(τὸ γὰρ ἔργον ἐστὶν ἁπλῶς τοῦ ἀρχιτέκτονος, ὁ δὲ λόγος
ἀρχιτέκτων), τῶν δ' ἄλλων ἕκαστον ὅσον ἐπιβάλλει αὐτοῖς. Ὁμοίως
τοίνυν ἀναγκαίως ἔχειν καὶ περὶ τὰς ἠθικὰς ἀρετὰς ὑποληπτέον,
δεῖν μὲν μετέχειν πάντας, ἀλλ' οὐ τὸν αὐτὸν τρόπον, ἀλλ' ὅσον
ἑκάστῳ πρὸς τὸ αὑτοῦ ἔργον.
§ 8. Ὥστε φανερὸν ὅτι ἔστιν ἠθικὴ ἀρετὴ τῶν εἰρημένων πάντων,
καὶ οὐχ ἡ αὐτὴ σωφροσύνη γυναικὸς καὶ ἀνδρός, οὐδ' ἀνδρεία καὶ
δικαιοσύνη, καθάπερ ᾤετο Σωκράτης, ἀλλ' ἡ μὲν ἀρχικὴ ἀνδρεία ἡ
δ' ὑπηρετική, ὁμοίως δ' ἔχει καὶ περὶ τὰς ἄλλας.
Δῆλον δὲ τοῦτο καὶ κατὰ μέρος μᾶλλον ἐπισκοποῦσιν· καθόλου
γὰρ οἱ λέγοντες ἐξαπατῶσιν ἑαυτοὺς ὅτι τὸ εὖ ἔχειν τὴν ψυχὴν
ἀρετή, ἢ τὸ ὀρθοπραγεῖν, ἤ τι τῶν τοιούτων· πολὺ γὰρ ἄμεινον
λέγουσιν οἱ ἐξαριθμοῦντες τὰς ἀρετάς, ὥσπερ Γοργίας, τῶν οὕτως
ὁριζομένων. Διὸ δεῖ, ὥσπερ ὁ ποιητὴς εἴρηκε περὶ γυναικός, οὕτω
νομίζειν ἔχειν περὶ πάντων·
Γυναικὶ κόσμον ἡ σιγὴ φέρει,
ἀλλ' ἀνδρὶ οὐκέτι τοῦτο.
§ 9. Ἐπεὶ δ' ὁ παῖς ἀτελής, δῆλον ὅτι τούτου μὲν καὶ ἡ ἀρετὴ οὐκ
αὐτοῦ πρὸς αὑτόν ἐστιν, ἀλλὰ πρὸς τὸ τέλος καὶ τὸν ἡγούμενον·
ὁμοίως δὲ καὶ δούλου πρὸς δεσπότην. Ἔθεμεν δὲ πρὸς τἀναγκαῖα
χρήσιμον εἶναι τὸν δοῦλον, ὥστε δῆλον ὅτι καὶ ἀρετῆς δεῖται
μικρᾶς, καὶ τοσαύτης ὅπως μήτε δι' ἀκολασίαν μήτε διὰ δειλίαν
ἐλλείψῃ τῶν ἔργων.
§ 10. Ἀπορήσειε δ' ἄν τις, τὸ νῦν εἰρημένον εἰ ἀληθές, ἆρα καὶ τοὺς
τεχνίτας δεήσει ἔχειν ἀρετήν· πολλάκις γὰρ δι' ἀκολασίαν
ἐλλείπουσι τῶν ἔργων. Ἢ διαφέρει τοῦτο πλεῖστον; Ὁ μὲν γὰρ
δοῦλος κοινωνὸς ζωῆς, ὁ δὲ πορρώτερον, καὶ τοσοῦτον ἐπιβάλλει
ἀρετῆς ὅσον περ καὶ δουλείας.
| [1,1260b] Intempérant, paresseux, il manquera à tous ses devoirs. Il y a donc nécessité
évidente que tous deux aient des vertus, mais des vertus aussi diverses que le sont
les espèces des êtres destinés par la nature à la soumission. C'est ce que nous
avons déjà dit de l'âme. En elle, la nature a fait deux parties distinctes : l'une pour
commander, l'autre pour obéir ; et leurs qualités sont bien diverses, l'une étant
douée de raison, l'autre en étant privée.
§ 6. Cette relation s'étend évidemment au reste des êtres ; et dans le plus grand
nombre, la nature a établi le commandement et l'obéissance. Ainsi, l'homme libre
commande à l'esclave tout autrement que l'époux à la femme, et le père, à l'enfant ;
et pourtant les éléments essentiels de l'âme existent dans tous ces êtres ; mais ils y
sont à des degrés bien divers. L'esclave est absolument privé de volonté ; la femme
en a une, mais en sous-ordre ; l'enfant n'en a qu'une incomplète.
§ 7. Il en est nécessairement de même des vertus morales. On doit les supposer
dans tous ces êtres, mais à des degrés différents, et seulement dans la proportion
indispensable à la destination de chacun d'eux. L'être qui commande doit avoir la
vertu morale dans toute sa perfection ; sa tâche est absolument celle de l'architecte
qui ordonne ; et l'architecte ici, c'est la raison. Quant aux autres, ils ne doivent
avoir de vertus que suivant les fonctions qu'ils ont à remplir.
§ 8. Reconnaissons donc que tous les individus dont nous venons de parler ont
leur part de vertu morale, mais que la sagesse de l'homme n'est pas celle de la
femme, que son courage, son équité, ne sont pas les mêmes, comme le pensait
Socrate, et que la force de l’un est toute de commandement ; celle de l'autre, toute
de soumission. Et j'en dis autant de toutes leurs autres vertus ; car ceci est encore
bien plus vrai, quand on se donne la peine d'examiner les choses en détail. C'est se
faire illusion à soi-même que de dire, en se bornant à des généralités, que « la
vertu est une bonne disposition de l'âme », et la pratique de la sagesse ; ou de
répéter telle autre explication tout aussi vague. A de pareilles définitions, je
préfère de beaucoup la méthode de ceux qui, comme Gorgias, se sont occupés de
faire le dénombrement de toutes les vertus. Ainsi, en résumé, ce que dit le poète
d'une des qualités féminines : "Un modeste silence est l'honneur de la femme,"
est également juste de toutes les autres ; cette réserve ne siérait pas à un homme.
§ 9. L'enfant étant un être incomplet, il s'ensuit évidemment que la vertu ne lui
appartient pas véritablement, mais qu'elle doit être rapportée à l'être accompli qui
le dirige. Le rapport est le même du maître à l'esclave. Nous avons établi que
l'utilité de l'esclave s'applique aux besoins de l'existence ; la vertu ne lui sera donc
nécessaire que dans une proportion fort étroite ; il n'en aura que ce qu'il en faut
pour ne point négliger ses travaux par intempérance ou paresse.
§ 10. Mais, ceci étant admis, pourra-t-on dire : Les ouvriers aussi devront donc
avoir de la vertu, puisque souvent l'intempérance les détourne de leurs travaux ?
Mais n'y a-t-il point ici une énorme différence ? L'esclave partage notre vie ;
l'ouvrier au contraire vit loin de nous et ne doit avoir de vertu qu'autant
précisément qu'il a d'esclavage ;
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