[1,1260a] (1260a) τό τε γὰρ ἄρρεν φύσει τοῦ θήλεος ἡγεμονικώτερον,
εἰ μή που συνέστηκε παρὰ φύσιν, καὶ τὸ πρεσβύτερον καὶ τέλειον
τοῦ νεωτέρου καὶ ἀτελοῦς.
§ 2. ἐν μὲν οὖν ταῖς πολιτικαῖς ἀρχαῖς ταῖς πλείσταις μεταβάλλει τὸ
ἄρχον καὶ τὸ ἀρχόμενον (ἐξ ἴσου γὰρ εἶναι βούλεται τὴν φύσιν καὶ
διαφέρειν μηδέν), ὅμως δέ, ὅταν τὸ μὲν ἄρχῃ τὸ δ' ἄρχηται, ζητεῖ
διαφορὰν εἶναι καὶ σχήμασι καὶ λόγοις καὶ τιμαῖς, ὥσπερ καὶ
Ἄμασις εἶπε τὸν περὶ τοῦ ποδανιπτῆρος λόγον· τὸ δ' ἄρρεν ἀεὶ πρὸς
τὸ θῆλυ τοῦτον ἔχει τὸν τρόπον. Ἡ δὲ τῶν τέκνων ἀρχὴ βασιλική·
τὸ γὰρ γεννῆσαν καὶ κατὰ φιλίαν ἄρχον καὶ κατὰ πρεσβείαν ἐστίν,
ὅπερ ἐστὶ βασιλικῆς εἶδος ἀρχῆς. Διὸ καλῶς Ὅμηρος τὸν Δία
προσηγόρευσεν εἰπὼν
Πατὴρ ἀνδρῶν τε θεῶν τε
Τὸν βασιλέα τούτων ἁπάντων. Φύσει γὰρ τὸν βασιλέα διαφέρειν
μὲν δεῖ, τῷ γένει δ' εἶναι τὸν αὐτόν· ὅπερ πέπονθε τὸ πρεσβύτερον
πρὸς τὸ νεώτερον καὶ ὁ γεννήσας πρὸς τὸ τέκνον.
§ 3. Φανερὸν τοίνυν ὅτι πλείων ἡ σπουδὴ τῆς οἰκονομίας περὶ τοὺς
ἀνθρώπους ἢ περὶ τὴν τῶν ἀψύχων κτῆσιν, καὶ περὶ τὴν ἀρετὴν
τούτων ἢ περὶ τὴν τῆς κτήσεως, ὃν καλοῦμεν πλοῦτον, καὶ τῶν
ἐλευθέρων μᾶλλον ἢ δούλων. Πρῶτον μὲν οὖν περὶ δούλων
ἀπορήσειεν ἄν τις, πότερον ἔστιν ἀρετή τις δούλου παρὰ τὰς
ὀργανικὰς καὶ διακονικὰς ἄλλη τιμιωτέρα τούτων, οἷον σωφροσύνη
καὶ ἀνδρεία καὶ δικαιοσύνη καὶ τῶν ἄλλων τῶν τοιούτων ἕξεων, ἢ
οὐκ ἔστιν οὐδεμία παρὰ τὰς σωματικὰς ὑπηρεσίας (ἔχει γὰρ
ἀπορίαν ἀμφοτέρως· εἴτε γὰρ ἔστιν, τί διοίσουσι τῶν ἐλευθέρων;
Εἴτε μὴ ἔστιν, ὄντων ἀνθρώπων καὶ λόγου κοινωνούντων ἄτοπον).
§ 4. Σχεδὸν δὲ ταὐτόν ἐστι τὸ ζητούμενον καὶ περὶ γυναικὸς καὶ
παιδός, πότερα καὶ τούτων εἰσὶν ἀρεταί, καὶ δεῖ τὴν γυναῖκα εἶναι
σώφρονα καὶ ἀνδρείαν καὶ δικαίαν, καὶ παῖς ἔστι καὶ ἀκόλαστος καὶ
σώφρων, ἢ οὔ; Καθόλου δὴ τοῦτ' ἐστὶν ἐπισκεπτέον περὶ ἀρχομένου
φύσει καὶ ἄρχοντος, πότερον ἡ αὐτὴ ἀρετὴ ἢ ἑτέρα. Εἰ μὲν γὰρ δεῖ
ἀμφοτέρους μετέχειν καλοκαγαθίας, διὰ τί τὸν μὲν ἄρχειν δέοι ἂν
τὸν δὲ ἄρχεσθαι καθάπαξ; Οὐδὲ γὰρ τῷ μᾶλλον καὶ ἧττον οἷόν τε
διαφέρειν· τὸ μὲν γὰρ ἄρχεσθαι καὶ ἄρχειν εἴδει διαφέρει, τὸ δὲ
μᾶλλον καὶ ἧττον οὐδέν.
§ 5. Εἰ δὲ τὸν μὲν δεῖ τὸν δὲ μή, θαυμαστόν. Εἴτε γὰρ ὁ ἄρχων μὴ
ἔσται σώφρων καὶ δίκαιος, πῶς ἄρξει καλῶς; Εἴθ' ὁ ἀρχόμενος, πῶς
ἀρχθήσεται καλῶς;
| [1,1260a] L'homme, sauf les exceptions contre nature, est appelé à commander plutôt
que la femme, de même que l'être le plus âgé et le plus accompli est appelé à commander
à l'être plus jeune et incomplet.
§ 2. Dans la constitution républicaine, on passe ordinairement par une alternative
d'obéissance et d'autorité, parce que tous les membres doivent y être
naturellement égaux et semblables en tout ; ce qui n'empêche pas qu'on cherche à
distinguer la position de chef et de subordonné, tant qu'elle dure, par quelque
signe extérieur, par des dénominations, par des honneurs. C'est aussi ce que
pensait Amasis, quand il racontait l'histoire de sa cuvette. Le rapport de l'homme
à la femme reste toujours tel que je viens de le dire. L'autorité du père sur ses
enfants est au contraire toute royale. L'affection et l'âge donnent le pouvoir aux
parents aussi bien qu'aux rois; et quand Homère appelle Jupiter
"... Père immortel des hommes et des dieux,"
il a bien raison d'ajouter qu'il est aussi leur roi ; car un roi doit à la fois être supérieur à
ses sujets par ses facultés naturelles, et cependant être de la même race qu'eux; et telle
est précisément la relation du plus vieux au plus jeune, et du père à l'enfant.
§ 3. Il n'est pas besoin de dire qu'on doit mettre bien plus de soin à
l'administration des hommes qu'à celle des choses inanimées, à la perfection des
premiers qu'à la perfection des secondes, qui constituent la richesse ; bien plus de
soin à la direction des êtres libres qu'à celle des esclaves. La première question,
quant à l'esclave, c'est de savoir si l'on peut attendre de lui, au delà de sa vertu
d'instrument et de serviteur, quelque vertu, comme la sagesse, le courage, l'équité,
etc. ; ou bien, s'il ne peut avoir d'autre mérite que ses services tout corporels. Des
deux côtés, il y a sujet de doute. Si l'on suppose ces vertus aux esclaves, où sera
leur différence avec les hommes libres ? Si on les leur refuse, la chose n'est pas
moins absurde ; car ils sont hommes, et ont leur part de raison.
§ 4. La question est à peu près la même pour la femme et l'enfant. Quelles sont
leurs vertus spéciales ? La femme peut-elle être sage, courageuse et juste comme
un homme ? L'enfant peut-il être sage et dompter ses passions, ou ne le peut-il pas ?
Et d'une manière générale, l'être fait par la nature pour commander et l'être
destiné à obéir doivent-ils posséder les mêmes vertus ou des vertus différentes ? Si
tous deux ont un mérite absolument égal, d'où vient que l'un doit commander, et
l'autre obéir à jamais ? Il n'y a point ici de différence possible du plus au moins :
autorité et obéissance diffèrent spécifiquement, et entre le plus et le moins il
n'existe aucune différence de ce genre.
§ 5. Exiger des vertus de l'un, n'en point exiger de l'autre serait encore plus
étrange. Si l'être qui commande n'a ni sagesse ni équité, comment pourra-t-il bien
commander ? Si l'être qui obéit est privé de ces vertus, comment pourra-t-il bien obéir?
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