[1,1258b] (1258b) Εἰς ἄπειρον οὖν ἐκείνης τῆς ἐπιθυμίας
οὔσης, καὶ τῶν ποιητικῶν ἀπείρων ἐπιθυμοῦσιν. Ὅσοι δὲ καὶ τοῦ εὖ
ζῆν ἐπιβάλλονται τὸ πρὸς τὰς ἀπολαύσεις τὰς σωματικὰς
ζητοῦσιν, ὥστ' ἐπεὶ καὶ τοῦτ' ἐν τῇ κτήσει φαίνεται ὑπάρχειν, πᾶσα
ἡ διατριβὴ περὶ τὸν χρηματισμόν ἐστι, καὶ τὸ ἕτερον εἶδος τῆς
χρηματιστικῆς διὰ τοῦτ' ἐλήλυθεν. Ἐν ὑπερβολῇ γὰρ οὔσης τῆς
ἀπολαύσεως, τὴν τῆς ἀπολαυστικῆς ὑπερβολῆς ποιητικὴν
ζητοῦσιν· κἂν μὴ διὰ τῆς χρηματιστικῆς δύνωνται πορίζειν, δι'
ἄλλης αἰτίας τοῦτο πειρῶνται, ἑκάστῃ χρώμενοι τῶν δυνάμεων οὐ
κατὰ φύσιν.
§ 20. Ἀνδρείας γὰρ οὐ χρήματα ποιεῖν ἐστιν ἀλλὰ θάρσος, οὐδὲ
στρατηγικῆς καὶ ἰατρικῆς, ἀλλὰ τῆς μὲν νίκην τῆς δ' ὑγίειαν. Οἱ δὲ
πάσας ποιοῦσι χρηματιστικάς, ὡς τοῦτο τέλος ὄν, πρὸς δὲ τὸ τέλος
ἅπαντα δέον ἀπαντᾶν.
Περὶ μὲν οὖν τῆς τε μὴ ἀναγκαίας χρηματιστικῆς, καὶ τίς, καὶ δι'
αἰτίαν τίνα ἐν χρείᾳ ἐσμὲν αὐτῆς, εἴρηται, καὶ περὶ τῆς ἀναγκαίας,
ὅτι ἑτέρα μὲν αὐτῆς οἰκονομικὴ δὲ κατὰ φύσιν ἡ περὶ τὴν τροφήν,
οὐχ ὥσπερ αὕτη ἄπειρος ἀλλ' ἔχουσα ὅρον.
§ 21. Δῆλον δὲ καὶ τὸ ἀπορούμενον ἐξ ἀρχῆς, πότερον τοῦ
οἰκονομικοῦ καὶ πολιτικοῦ ἐστιν ἡ χρηματιστικὴ ἢ οὔ, ἀλλὰ δεῖ
τοῦτο μὲν ὑπάρχειν (ὥσπερ γὰρ καὶ ἀνθρώπους οὐ ποιεῖ ἡ
πολιτική, ἀλλὰ λαβοῦσα παρὰ τῆς φύσεως χρῆται αὐτοῖς, οὕτω καὶ
τροφὴν τὴν φύσιν δεῖ παραδοῦναι γῆν ἢ θάλατταν ἢ ἄλλο τι), ἐκ δὲ
τούτων, ὡς δεῖ ταῦτα διαθεῖναι προσήκει τὸν οἰκονόμον. Οὐ γὰρ τῆς
ὑφαντικῆς ἔρια ποιῆσαι, ἀλλὰ χρήσασθαι αὐτοῖς, καὶ γνῶναι δὲ τὸ
ποῖον χρηστὸν καὶ ἐπιτήδειον, ἢ φαῦλον καὶ ἀνεπιτήδειον.
§ 22. Καὶ γὰρ ἀπορήσειεν ἄν τις διὰ τί ἡ μὲν χρηματιστικὴ μόριον
τῆς οἰκονομίας, ἡ δ' ἰατρικὴ οὐ μόριον· καίτοι δεῖ ὑγιαίνειν τοὺς
κατὰ τὴν οἰκίαν, ὥσπερ ζῆν ἢ ἄλλο τι τῶν ἀναγκαίων. Ἐπεὶ δὲ ἔστι
μὲν ὡς τοῦ οἰκονόμου καὶ τοῦ ἄρχοντος καὶ περὶ ὑγιείας ἰδεῖν, ἔστι
δ' ὡς οὔ, ἀλλὰ τοῦ ἰατροῦ, οὕτω καὶ περὶ τῶν χρημάτων ἔστι μὲν ὡς
τοῦ οἰκονόμου, ἔστι δ' ὡς οὔ, ἀλλὰ τῆς ὑπηρετικῆς· μάλιστα δέ,
καθάπερ εἴρηται πρότερον, δεῖ φύσει τοῦτο ὑπάρχειν. Φύσεως γάρ
ἐστιν ἔργον τροφὴν τῷ γεννηθέντι παρέχειν· παντὶ γάρ, ἐξ οὗ
γίνεται, τροφὴ τὸ λειπόμενόν ἐστι. Διὸ κατὰ φύσιν ἐστὶν ἡ
χρηματιστικὴ πᾶσιν ἀπὸ τῶν καρπῶν καὶ τῶν ζῴων.
§ 23. Διπλῆς δ' οὔσης αὐτῆς, ὥσπερ εἴπομεν, καὶ τῆς μὲν καπηλικῆς
τῆς δ' οἰκονομικῆς, καὶ ταύτης μὲν ἀναγκαίας καὶ ἐπαινουμένης,
| [1,1258b] Le désir de la vie n'ayant pas de bornes, on est directement porté à désirer,
pour le satisfaire, des moyens qui n'en ont pas davantage.
Ceux-là mêmes qui s'attachent à vivre sagement recherchent aussi des
jouissances corporelles ; et comme la propriété semble encore assurer ces
jouissances, tous les soins des hommes se portent à amasser du bien ; de là, naît
cette seconde branche d'acquisition dont je parle. Le plaisir ayant absolument
besoin d'une excessive abondance, on cherche tous les moyens qui peuvent la
procurer. Quand on ne peut les trouver dans les acquisitions naturelles, on les
demande ailleurs ; et l'on applique ses facultés à des usages que la nature ne leur
destinait pas.
§ 20. Ainsi, faire de l'argent n'est pas l'objet du courage, qui ne doit nous donner
qu'une mâle assurance ; ce n'est pas non plus l'objet de l'art militaire ni de la
médecine, qui doivent nous donner, l'un la victoire, l'autre la santé ; et cependant,
on ne fait de toutes ces professions qu'une affaire d'argent, comme si c'était là leur
but propre et que tout en elles dût viser à atteindre ce but. Voilà donc ce que
j'avais à dire sur les divers moyens d'acquérir le superflu ; j'ai fait voir ce que sont
ces moyens, et comment ils peuvent nous devenir un réel besoin. Quant à l'art de
la véritable et nécessaire richesse, j'ai montré qu'il était tout différent de celui-là ;
qu'il n'était que l'économie naturelle, uniquement occupée du soin de la subsistance ;
art non pas infini comme l'autre, mais ayant au contraire des limites positives.
§ 21. Ceci rend parfaitement claire la question que nous nous étions d'abord posée,
à savoir si l'acquisition des biens est ou non l'affaire du chef de famille et du chef
de l'État. Il est vrai qu'il faut toujours supposer la préexistence de ces biens. Ainsi,
la politique même ne fait pas les hommes ; elle les prend tels que la nature les lui
donne, et elle en use. De même, c'est à la nature de nous fournir les premiers
aliments, qu'ils viennent de la terre, de la mer, ou de toute autre source ; c'est
ensuite au chef de famille de disposer de ces dons comme il convient de le faire ;
c'est ainsi que le fabricant ne crée pas la laine ; mais il doit savoir l'employer, en distinguer
les qualités et les défauts, et connaître celle qui peut servir et celle qui ne le peut pas.
§ 22. On pourrait demander encore pourquoi, tandis que l'acquisition des biens
fait partie du gouvernement domestique, la médecine lui est étrangère, bien que
les membres de la famille aient besoin de santé tout autant que de nourriture, ou
de tel autre objet indispensable pour vivre. En voici la raison : si d'un côté le chef
de famille et le chef de l'État doivent s'occuper de la santé de leurs administrés,
d'un autre côté, ce soin regarde, non point eux, mais le médecin. De même, les
biens de la famille, jusqu'à certain point, concernent son chef, et, jusqu'à certain
point, concernent non pas lui, mais la nature qui doit les fournir. C'est
exclusivement à la nature, je le répète, de donner le premier fonds. C'est à la
nature d'assurer la nourriture à l'être qu'elle crée ; et, en effet, tout être reçoit les
premiers aliments de celui qui lui transmet la vie. Voilà aussi pourquoi les fruits et
les animaux forment un fonds naturel que tous les hommes savent exploiter.
§ 23. L'acquisition des biens étant double, comme nous l'avons vu, c'est-à-dire à la
fois commerciale et domestique, celle-ci nécessaire et estimée à bon droit,
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